De passage au domaine pour enlever mes réservations, j’en ai profité moi aussi pour déguster l’ensemble de leurs cuvées.
En blanc, je ne ferai pas de longs commentaires.
J’ai trouvé le viognier 2008 (vin de pays) très typique du cépage, avec une belle fraîcheur, aérien, un peu court en bouche, mais très rafraîchissant. Un bon RQP.
Le côtes-du-rhône 2008 est bien fait, mais sans aucun relief, je n’y trouve aucun intérêt.
Avec le Chateauneuf-du-Pape 2008, on est face à un beau vin, élégant, riche mais pas lourd, équilibré et assez long. De beaux arômes de poire, c’est bon. Il n’a toutefois pas la longueur et la puissance des grands CdP blancs.
En rosé, deux cuvées qui ne m’ont pas ému, je les trouve trop « vineux ».
On attaque les rouges…
Le « Terre de Bussière » est un beau vin aux tannins fermes, avec une minéralité inattendue, un peu rude en l’état mais avec un bon potentiel.
Le côtes-du-rhône Tradition 2008 est bien fait, mais comme le blanc, je trouve qu’il manque de personnalité.
Côtes-du-rhône Cuvée Villages "Terre d'Argile" 2007 : J’adore cette cuvée, j’en prends tous les ans ; mais là, j’ai pris une claque. S’il n’y avait pas eu l’étiquette, j’aurais juré que c’était un CdP. Le nez est exubérant, sur des notes de cerise griotte, des senteurs de garrigue, d’épices, le tout dans un équilibre parfait, des tannins fondus, un charme fou ! Pour ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter du CdP, prenez-en par caisse, c’est une merveille.
Côtes-du-rhône Cuvée « Les Garrigues » 2007 : plus de fraîcheur et de puissance, moins de charme en l’état (moins exubérant), mais un très beau potentiel.
On monte une marche de plus avec le CdP Tradition 2007 : Il a la même définition que le « Terre d’Argile » avec plus de puissance et une très belle longueur. Je n’avais jamais goûté si bien cette cuvée. Elle a tout d’un grand CdP, exubérance aromatique, tannins fondus, fraîcheur, longueur. Après ça, je ne sais même plus quoi attendre des 2 autres cuvées. Excellent RQP de l’appellation.
CdP « Chaupin » : je suis toujours étonné de la fraîcheur de ce vin. J’avais justement ouvert un Chaupin 2003 ce dimanche (une sorte d’échauffement). Je m’attendais à un vin dominé par l’alcool (15.5° + effet canicule ?), mais pas du tout. Il s’est montré parfaitement équilibré (je l’ai servi à 15°C), long, avec une grande finesse et une élégance rare. Pas très puissant, mais soyeux, caressant, enjôleur. Mon frère a vraiment aimé son premier vin rouge avec cette bouteille, c’est un signe…
Bref, là je goûte le 2007 et je reprends une claque, ses parfums de réglisse et de cerise sont renversants, la fraîcheur est une nouvelle fois remarquable, le fond est là, il tiendra longtemps…
« Vieilles Vignes » 2007 : il ne me reste pas beaucoup d’adjectifs pour qualifier cette cuvée, alors pour faire court, disons qu’elle est encore meilleure (quoique la différence avec le tradition n’est pas très importante), en fait juste un peu plus de profondeur et de longueur et une minéralité plus marquée.
En bonus, je goûte le « Vieilles Vignes » 2001 et évidemment (pas de surprise), c’est une merveille. Il a une belle couleur tuilée, signe de son évolution, le nez est exubérant, encore très fruité (cerise et fruits noirs, senteurs de garrigue, poivre), en bouche, c’est tellement harmonieux qu’on ne pense pas boire du vin mais autre chose, rien n’agresse, ni l’alcool ni le tannin, un bébé pourrait en boire… Pourtant le fond est là, la finale est très longue, fraîche, subtile, délicate. Je me pince, ce n’est pas un rêve, juste un grand bonheur.
Et en bonus bis, « Les raisins perdus », un vin issu de moût de raisin partiellement fermenté, produit en quantités microscopiques et pas tous les ans. Du velours dans ce vin avec beaucoup de sucres résiduels. L’acidité est assez faible mais le vin n’est pas trop lourd. Je n’en boirai pas des verres tout de même. Ce vin est un bonbon.
Vous l’avez compris, je me suis régalé. Ce domaine que je commence à bien connaître a produit en 2007 des cuvées d’une qualité époustouflante, avec une grande homogénéité, une fraîcheur, une élégance et un soyeux remarquables. Ils sont déjà incroyablement accessibles, et de ce point de vue là rejoignent les 2006, mais ils en plus un fond qui les emmènera aussi loin que les 2005 ou les 2001.
Assurément, c’est un grand millésime au domaine de la Janasse. Et un grand trou dans mon compte en banque…