Yves,
Après quelques dégustations, je pense pouvoir dire que le 88 est plus élancé que le 89, qu'il a plus de potentiel.
Concernant le 88, je l'ai trouvé parfois un peu plus huileux, parfois très tonique (bu avec Charlesv en avril 2005, j'avais proposé Climens 88).
J'ai aussi ce souvenir d'une dégustation qui n'avait pas convaincu l'exellent Pierre Citerne :
Sauternes - Château d'Yquem 1988 :
DS18 - PP17 – PC(15) - LG18 – VM17,5. Note moyenne : 17,5+ - Prix : 228 €- Robe brillante, juvénile.
- Nez discret, essentiellement marqué par le bois et le menthol, avec des notes complémentaires d'ananas mûr et de guimauve.
- Pour une fois, la bouche l'emporte sur un nez plutôt disgracieux. Très jeune, certes peu bavarde en l'état, elle possède toutefois des qualités de pureté, de finesse (on pense à la dentelle d'un Climens), d'équilibre et de persistance qui signent un grand vin en devenir, déjà délicieux et frais.
- Ce vin, bu plus gras, plus complexe ainsi que plus voluptueux en d'autres occasions, ne fait pas l'unanimité. Il faudra surveiller de près son évolution (sur plus de 20 ans).
Au cours de la verticale de déc 1999, le verdict pencha nettement en faveur du 1989 :
2- Château D'Yquem 1989 :
Note : 17 vers 16,5 - Prix : 1300 F
• Robe brillante, qui semble beaucoup plus évoluée que celle du 90.
• Nez intense et boisé sur le pain d'épices, l'ananas, la mangue, l'abricot. L'aération dégage des notes complémentaires de noix de coco, de vanille, de tabac blond, une fraîcheur légèrement mentholée. Au nez, le vin semble plus évolué et plus "pointu" que le 90. Le boisé y est moins marqué. D'autres senteurs percutantes et complexes de miel, de mandarine confite, d'abricot sec, avec des notes truffées et médicinales, ainsi qu'une acidité volatile perceptible.
• Après une attaque franche, fougueuse et ample, la bouche est vive, tendue, très longue et plus grasse que celle du 88. Les saveurs sont complexes, puissantes, nettement botrytisées, peut-être moins fraîches et pures que celles du 90 : cire, marmelade d'orange, champignon, menthol, herbes sèches, abricot, anis, pétale de rose (notes orientales). Comme le laissait prévoir la robe, elle parait beaucoup plus évoluée que celle du 90 (champignon, herbe sèche - un peu à la manière des vins de Constance, note un dégustateur) et assez difficile à déguster. Elle est également moins équilibrée (chaleur alcooleuse en finale), moins racée et moins prometteuse. La longueur ne fait pas l'unanimité. Certains comptent 14 secondes, d'autres trouvent le vin un peu court (8 à 10 secondes). Rajoutons que le verre vide est moins intéressant.
3- Château D'Yquem 1988 :
Note 18,5 vers 19 - Prix : 1400 F
• La robe est brillante, très légèrement évoluée, couleur dorure d'encadrement. On devine une texture presque huileuse très brillante.
• Premier nez boisé et intense, concentré, ramassé sur lui-même : fruits confits, bergamote, crème brûlée à la vanille, caramel au beurre, ananas, citron, épices, noix de coco, anis (ces dernières conférant de la fraîcheur). L'aération apporte des notes intenses de miel et de mandarine confite, mais le bouquet n'explose pas, le vin refuse de livrer plus qu'un aperçu de son extraordinaire potentiel aromatique. Le verre vide évolue vers un très riche praliné.
• Si la bouche n'a (encore) rien d'explosif, elle s'avère massive, grasse mais équilibrée et pourvue d'une belle longueur (14 secondes). Le vin est certes encore un rien monolithique mais des vagues aromatiques successives (notes du nez, citron, cannelle, caramel, fruits secs et corbeille de fruits frais) lui confèrent une élégance puissante rare. La bouche est parfaite dans ses proportions mais réservée dans son expression, somptueux toucher de la matière, équilibre irréprochable, longueur colossale, flaveurs profondes de praliné et d'orange confite. Le vin finit droit et propre. Un vin de grand avenir, assurément, qui pourrait rattraper le 83.
Yquem étant Yquem, le 1989 est superbe pour autant.
Je me rappelle aussi d'un 1990 très mal jugé car il n'avait pas été carafé ...
Une autre bouteille rebue quelques semaines plus tard à l'aveugle également mais carafée le matin pour le soir fut magnifique.
Dernière dégustation :
20. Château d’Yquem 1989 :
DS17,5/18 - LG18 - MS18 - BLG16 - PR17.
- Robe dorée, très nette.
- Nez superbe, encore peu complexe mais parfaitement pur, sans aucune scorie olfactive (volatile top prononcée, odeurs déviantes) : agrumes, abricot sec, praliné, …
- Bouche possédant cette forme d’évidence de style qui signe les grands vins. Finesse, fraîcheur, pureté, longueur (la complexité viendra avec le temps) le rendent assez indépassable (sur ce millésime du moins). Contrairement aux productions proposées par la plupart des autres maisons, on en boirait à satiété.