Rasteau Gourt de Mautens 2003 : 13,5/14 – 22/5/08
Ce vin n’a pas été dégusté à l’aveugle.
Senteurs attendues (dans un bel emballage grillé) : cacao, pain d’épices, cerise confite, poivre, liqueur de fruits, fleurs, marc.
Ce qui frappe en bouche, c’est le côté brusque du vin, très concentré, possédant un fond tannique important (et manquant de glissant). Je retrouve ici ce style ambitieux mais excessif (des limites du terroir ?), comme poussé, avec un manque de finesse de grain (tannins rêches), et surtout une décharge d’alcool féroce. Un vin tout feu tout flamme, fatigant, manquant de spontanéité, dont il faudra suivre l’évolution (mais celle du 1999 ne me rassure pas). Finale en amertume réglissée, trop dominée par l’alcool.

Laurent, Je partage tes impressions sur ce domaine. Je me demande egalement si on n'a pas atteint les limites du terroir car le talent de Jerome Bressy et son ambition sont incontestables. Peut etre sur un grand terroir reussirait il a produire un vin a la fois dense, structure, elegant et equilibre. La question merite d'etre posee...

J'ai ouvert un de mes Gourt de Mautens 2003, il y a quelques mois.

Mes souvenirs sont proches, également, de la description de LaurentG...

Cordialement,
Thierry

Ceux qui parlent du terroir de Gourt de Mautens ont, bien entendu, fait le déplacement dans les vignes pour en juger...

Il y a à Cairanne comme à Rasteau de spelndides parcelles en coteaux qui n'ont pas grand chose à envier à certains terroirs de châteauneuf, par exemple.

Philippe

Pas besoin de faire le déplacement, c'est marqué Rasteau sur l'étiquette et pas Châteauneuf-du-Pape. C'est donc forcément moins bon...

Luc

Rasteau est un magnifique terroir mais pratiquement entièrement plein sud dans une région particulièrement ensoleillée et chaude, ce qui peut expliquer des vins parfois à sensation alcoolique prononcée.

Extrait du site du Domaine : Il s’étend sur 13 hectares répartis en terrasses, coteaux et pieds de coteaux, banquettes, plateaux, exposés nord-ouest et sud-ouest.

[size=large]Gourt de Mautens[/size]

Luc

je ne sais dans quelle proportion mais sud-ouest, c'est encore pire que sud!

Ce n'est pas parce que le vignoble est en coteaux avec une pente forte que ca en fait automatiquement un terroir noble...
Je m'interroge sur l'equilibre des vins de Bressy. Certains vins marques par 15 ou 16 d'alcool ne brulent pas (Rayas ou Bonneau par exemple). La sensation d'alcool se ressent a des degres differents et un vin peut bruler a 13 d'un cote et un autre paraitre equilibre a 15 ou 16. Encore une fois, je me pose la question de la relation terroir/equilibre du vin chez GdM mais cette question depasse le cadre du thread et concerne tous les vins de toutes regions. Est ce si irreverent de se poser ce genre de question ?

"Ce n'est pas parce que le vignoble est en coteaux avec une pente forte que ca en fait automatiquement un terroir noble..."

il y a quand même plus de chance qu'une vaste plaine alluvionnaire. Après cela dépends de l'encépagement, de l'orientation, du climat et de la faune et flore. Puis c'est après qu'intervient la main de l'homme.
Il faut se balader sur les terroirs de Rasteau et Cairanne pour se rendre compte de leur potentiel certain, ce dernier me semblant moins chaud et plus varié que Rasteau.

Bien sur mais ca depasse largement la simple impression visuelle.

Vin rebu le lendemain :
Gourt de Mautens 2003 : monocorde, fruit morne, beaucoup trop d'alcool (13/20).

Bu la veille dans un nouvel étoilé de Toulouse un superbe châteauneuf Juliette Avril 2005 : ce vin là, on le boit avec plaisir (et à satiété).

Merci, Thierry, pour ton témoignage !

Et qu'est-ce qui fait la différence, le terroir ou le millésime ?

Luc

Mon souci, Luc, c'est que je n'ai jamais aimé vraiment les Gourt de Mautens que j'ai pu boire (à part peut-être le 2001).

Pignan 2003 est magnifique, ainsi que le Cornas 2003 de Balthazar.

Ce Rasteau 2003 est saturé d'alcool (une version "chaude" du terme gourd), sans nuances gustatives, et je n'aime pas cela (d'ailleurs, la bouteille traîne à la maison et ce soir je vais me faire un Côtes du Rhône 2006 de Jamet car j'ai soif de vin).

Connaissant les capacités de dégustation de mon ami sommelier Lionel, je colle ici son impression (nous avions ensemble trouvé le Gourt 1999 sec).

Gourt de Mautens 2003
Je ne saurais trop quoi dire si ce n'est que dans une paire d'années (voire une lustre !), ça risque de décoiffer sévère ! Il a encore ce chaleureux, limite déséquilibré sur les millésimes précédents, mais une puissance, une tension, une densité, et un fruit extraordinaire ... c'est marrant de voir que sir 03, il a sorti un de ses vins qui amttha est l'un des plus magistralement équilibré et abouti ... je garde 'précieusement' les deux flacons qu'il me reste et me souhaite autant de plaisir d'ici qqs années ;-)

dt,

Je me pose la question depuis ma visite au domaine il y a déjà qq années (je suis donc bien allé sur place, et j'ai attentivement écouté le géniteur de ces vins : j'ai notamment retenu sa volnté d'évoluer vers la finesse).

Domaine Gourt de Mautens, Rasteau, 2004
Ces premières notes concernent le vin tel qu'il se présente à l'ouverture de la bouteille, servi aux alentours de 15°.
La robe est soutenue aux reflets violets à rubis, très jeune.
Le nez est très plaisant, élégant et sans lourdeur, sur les fruits rouges et noirs à l'alcool, des notes chocolatées et épicées, et un peu de menthe qui apporte de la fraîcheur. Le boisé est très discret.
En bouche, l'équilibre est remarquable entre puissance et fraîcheur, le toucher obtenu est d'une grande finesse car même si les tannins sont encore bien présents, on ne ressent plus la "brutalité" de ceux des premiers millésimes. Très belle longueur sur les notes épicées. Une bouteille qui confirme la grande réussite du domaine sur ce millésime, à mon sens le meilleur produit ici, et une inflexion du style vers davantage de finesse et d'équilibre. Superbe !

Luc

Luc,

Je suis tout-à-fait d'accord avec toi.

Lorsque j'ai décrit les Gourt de Mautens 2003 et 2004, bus le même soir, j'ai écrit:

Le Gourt de Mautens 2004
me plaît davantage.
Il me semble plus équilibré, plus "distingué"...

C'est pour moi aussi le meilleur Gourt de Mautens dégusté (je ne connais pas le 2005)

Amicalement,
Thierry

Thierry,

Le 2005 n'est pas encore sorti.
Sur le site du domaine, on peut lire cette note datée d'avril 2008 :
Rouge 2005: Nous avions depuis longtemps décidé que nous laisserions le temps nécessaire à ce vin pour qu'il soit prêt. Après 28 mois d'élevage, il commence à nous livrer sa complexité, sa profondeur, qui reposent sur une colonne vertébrale très droite. Il sera mis en bouteilles sous peu, et disponible avant l'été. Mais encore, il faudra être patient avant de le déguster.

Amitiés,

Luc

Rasteau Gourt de Mautens 2004 : 13/20 – 3/6/08
Un vin au stade fruité (malgré pas mal de bois), dont les senteurs très VDN plaident pour un Côtes du Roussillon : cerise, figue rôtie, marc, épices, olive. Bouche certes concentrée mais manquant de dénivelé et d’élégance. Taux d’alcool un peu draconien et un poil de sucre résiduel pour une matière ardente manquant de subtilité. Bref, un vin ambitieux (et démonstratif) assez lassant (un peu meilleur toutefois que lors de la dégustation du 5/4/07).

Vin dégusté à l'aveugle.
Jugement unanime pour les 5 paires de dégustateurs présentes.
Rappel :
Rasteau Domaine Gourt de Mautens 2004 – 5/4/07
DS13,5 – PC(?) – LG11,5 - PR14,5 – BLG15

Tu as beau insister Laurent , j'ai fait cette dégustation à l'aveugle aussi, et nous étions au moins 8 sur 10 a trouver ce vin excellent et très prometteur pour un vieillissement d'une dizaine d'années.

On a vraiment l'impression que vous décrivez un 1998 ou 1999 alors que le style du domaine a radicalement changé au début des années 2000.

Philippe

Je ne sais pas à quelle t° ce vin a été dégusté, mais la description fait penser qu'il était trop chaud.

Luc

Philippe,

Jugement objectif ... pour un vin dont on a pas envie de se resservir.
Bernard nous a organisé cette dégustation sans rien savoir de cette polémique sur les vins de Bressy.
Il était le seul à connaître ce vin (que la majorité ont placé en Roussillon).
La description aromatique correspond à un vin jeune.
Les vins plus vieux s'assèchent passablement.
Jugement cohérent pour moi ici avec le 2003 bu il y a peu (usant, alcooleux, sans élégance).

J'aimerais regoûter le 2001 (que j'avais trouvé prometteur).
Il faudra revoir ce 2004 en 2013 pour voir (si notre bonne vieille planète est encore debout).

Constaté des différences de vues fortes aussi sur LPV à propos des vins de Voge et de Depardieu (et aussi sur Aiguilhe 1999).
C'est peut-être un signe de bonne santé de LPV ...

Laisse tomber Philippe !
il est (ils sont) irrécupérable(s)

Un petit espoir toutefois : 11,5 en avril 2007, 13 en juin 2008 ...vivement 2010

A+
Frank

Luc,

Absolument pas.
Les vins sont stockés dans une cave éprouvée pour ce genre d'exercice (comme je l'avais déjà rappelé).
Le protocole de service (qui simule la finale RVF de juillet) est irréprochable.
D'autant plus irréprochable que nous sommes 5 équipes de 2 qui goûtons la même bouteille (ce qui n'est pas le cas dans le protocole de Philippe de Cantenac, qui peut présenter aux différentes équipes des flacons potentiellement différents).
Ce même vin servi plus chaud serait presque imbuvable.
Quant au 2003, ce serait enncore pire je pense ...

Le "vrai" taux d'alcool du vin m'intéresse en revanche ...

Tout cela ne nous dit pas quelle était la t° de service...

Luc

Luc,

Tu sais pourtant que mes posts sont comptés ...
(15-16° puis léger réchauffement dans le verre sur uen quinzaine de minutes).

Frank,

Quelle est la T° de service de ton post ?
J'ai un total respect pour vos analyses, tu le sais.
J'aimerais d'ailleurs pouvoir la (les) lire en ligne sur LPV, histoire de rester fair-play.

L'analyse de Jérôme Bressy sur son site :
L'éVOLUTION des MILLéSIMES (mis à jour janvier 2008)
VIN ROUGE
2003 : En goûtant ce vin aujourd’hui on retrouve l’alliance entre la puissance et la finesse, la noblesse de tannins que j’ai toujours voulu donner à mes vins. Le vieillissement lui a permis de se complexifier.
Robe très sombre, nez sur les fruits noirs et les épices. Attaque charnue, ronde, bouche suave, tannins fins et soyeux. De la fraîcheur, long en bouche.
Ce vin est à déguster dès maintenant. Idéal avec un lièvre à la royale.

2004 : Un premier aboutissement pour moi : les arômes et la personnalité Gourt de Mautens s’affirment. Je me sens en accord avec ce vin et il me confirme que je dois poursuivre dans cette voie pour accéder à mon idéal.
Nez sur les fruits noir, la cerise, floral. Grande famille aromatique. Bouche moelleuse, suave et élégante, alliant puissance et finesse. Grande longueur.
Ce vin se goûte déjà très bien, mais il demande de la patience ; oubliez-le encore quelques mois.

VIN DOUX NATUREL
En 2004, la qualité du raisin fut exceptionnelle. Faire un Vdn s’est imposé à moi comme une évidence, tant la maturité des fruits sur certaines souches (et dans mes meilleures parcelles) m’y invitait !
Nez de cerises confites et de mûres. Attaque charnue, grasse et fine. Très bel équilibre entre sucre, alcool et tannins. Grande longueur, grande complexité.
Pour accompagner un fromage à pâte persillée, un dessert à base de chocolat noir, un simple carré de chocolat amer...
Tout ces vins ont un potentiel de garde d’au moins 10 ans.

VIN BLANC
Là aussi, depuis l’enfance je savais quel type de vin je voulais faire : un grand vin blanc, riche et gras, qui accompagne le repas. Pour ce vin ma recherche est la même qu’en rouge, bien qu’il s’affine par petite touche, sans être révolutionné entre deux périodes.
Nous en faisons une production confidentielle, d’environ 1500 bouteilles par millésime, avec toujours la même envie d’être différencié : ce blanc a beaucoup surpris par son originalité.
En blanc aussi, les vieux millésimes mériteront d’être carafés à l’avance.
Blanc 2005: Un vin très pur, qui n'est pas passé en bois; peut déjà être dégusté, mais gagnera au vieillissement.
« VIEUX » MILLESIMES
1996 et 1997 : un rouge très traditionnel, en prise avec le terroir Rasteau : fort et chaleureux.
1998 : Mon style naît et ma personnalité s’exprime fortement ; Gourt de Mautens s’impose, bien qu’il ait put être jugé comme déroutant.
1999 et 2000 : Sur ces deux millésimes, plus de travail sur les tanins, plus de moelleux ; un vin plus moderne et plus sûr de lui qui se distingue de l’appellation Rasteau.
2001 : Le virage est radical et le style change : plus de finesse et plus classique. Mais c’est un vin moins facile d’accès, à qui il faut offrir du temps pour se découvrir et qui a des choses à dire.
2002 : Comme tous mes autres vins il s’agit d’un vin de garde, qui demande de la patience. Il a fallu deux ans d’élevage avant de pouvoir le mettre en bouteille. Et aujourd’hui ce que j’en avais prédit se confirme : ce vin prends de la complexité et de la longueur (Attaque fine, petits fruits rouges et notes épicées, de la fraîcheur. A carafer un peu à l’avance).
Ces vins ont un potentiel de garde d’au moins 10 ans. A carafer au moins deux heures avant dégustation.

LaurentG,

Indépendamment de la question du millésime, comment situes-tu, du point de vue aromatique et structurel, le Rasteau de Gourt de Mautens, par rapport à celui d'Elodie Balme?

Laurent,

Tu as raison, je vais retrouver mes notes et les publier sur le forum.

En un mot
Les vins de J. Bressy m'intéressent car du point de vue de la dégustation analytique ils sont à l'opposé de tout ce que j'aime : trés concentrés, caractère sudsite appuyé, élevé en alcool, plus sphérique qu'étiré, etc... et pourtant ils ont une vibration qui me touche.

En ce sens je suis en partie d'accord avec quelques éléments de ton commentaire mais il y a dans ce 2004 quelque chose d'autre, un jaillissement, qui émerge de cet aspect purement analytique et qui le dépasse.

Voila, mais promis je vais essayer de publier mes notes sur le sujet.

A+
Frank

Jamais goûté le vin d'Elodie Balme ... (mais j'ai lu les crs élogieux sur LPV).

Note que ce 2004 était plutôt intéressant d'un point de vue aromatique (pas couvert de bois en tout cas) : c'est en bouche que cela se corse (pour un style que nous n'avons pas aimé mais qui peut plaire - moi j'ai du mal avec les vintage portugais).

Autorisez-moi à être moins enthousiaste que d'autres.

Et prenez éventuellement l'avis réactualisé de Yves ou de Bertrand (cf archives), à défaut d'avoir un avis explicite de Frank.

J'aimerais bien par ailleurs avoir l'analyse de quelques amis sur ce vin : par exemple ceux avec qui j'ai eu le bonheur de festoyer récemment en Bretagne en sirotant des grands vins ... (on aurait alors, en termes de référence racée, Rayas 2000).

PS (pour Frank) : tant mieux si l'on reste en private joke, alors !
Je pense très bien comprendre tes mots sur ce vin (l'émotion est un facteur important, propre selon moi aux grands vins - je ne veux pas la simuler ...).
Beaucoup ont dit du bien de ce vin, sur LPV ou ailleurs.

> J'aimerais bien par ailleurs avoir l'analyse de
> quelques amis sur ce vin :

Justement Laurent c'est bien la question. Moi j'aimerai juste avoir leur émotion.

Sorry, mais c'était trop tentant :-))))

A+
Frank

"La dégustation est un processus psychanalytique d'introspection" : voici pour mon interprétation des propos tenus par le sage Jacques Lardière dans le chais de Jadot ...

Mettons donc au point cette dégustation de vins "polémiques" (Grillet, Coulée, Dugat-Py, ...) et parlons analyse ET émotion (en espérant que Gourt 2004, Leroy Noëls 2005 ne soient pas en train de se refermer ...).

A demain (on me dit dans mon oreillette que mon temps de parole est écoulé pour aujourd'hui).