*Rencontre avec le Marquis de Las cases 1975 *
Ce week-end, pour les 75 ans de mon père, je me suis laissé aller à marquer l'évènement par l'ouverture de mon Las cases 1975. N'ayant pas de vin de 1931 et cela semblant diffcile de trouver un vin de qualité à prix raisonnable de cette époque, je me suis dit 75 ans --> 1975. Magie des nombres. Excellente année pour le potentiel de longévité et pour la teneur en tannins.
Nous avons débuté la soirée tranquillement en débouchonnant cette bouteille au niveau toujours dans le goulot. Un petit repos semblait nécessaire à l'odeur légèrement renfermée émanant du flacon (Voir méthode Audouze)
En patientant, nous avons ouvert un 5 ème grand cru classé de petite réputation : grand puy ducasse 1999 (Pauillac).Un vin de bonne facture dont la robe grenat foncé ne présentait pas de signes d'évolution (encore très jeune). Ici le nez est très séduisant, dominé par le bois, les fruits rouges et le clou de girofle. Le vin est encore très jeune avec de l'astreingeance et des tannins. Musclé, la finale est néanmoins un peu courte et nous dévoile enfin un peu de tabac blond. Nous sommes déjà satisfait de ce flacon dégusté à deux reprises et méritant à mes yeux son rang de 5 ème dans cette année "moyenne".
Mais notre impatience n'avait d'égale que notre fougue à nous emparer du Las Cases laissé seul dans son coin. Debout comme un I, il nous attendait fièrement pour dévoiler ses secrets.
Lors de l'ouverture, le bouchon était un peu séché à l'extérieur. Mais vu sa longueur et la bonne hydratation interne, cette bouteille me semblait parfaite.
Nous versons le breuvage dans des verres (Spiegelau) vieux millésimes.
La robe est élégante, grenat au bord de disque légèrement tuilé. Le vin semble encore jeune.
LE bouquet est expressif, vivant. Le premier nez dévoile des notes fines de grenier, végétations humides de sous bois, champignons. Ici, pas de comparaison avec le vin précédent. Pas d'exhubérance, pas de fruits tapageurs. Juste un fruité léger et fondu. Nous entrons manifestement dans une autre dimension du vin en comparaison au vins jeunes que nous buvons la majorité du temps.
On sent tout de suite que le vin est construit à l'opposé des surextractions actuelles. Pas de fruits mûrs surextraits, pas de soleil en bouteille.
Tel un navire partant en croisade, le vin ouvre ses voiles. Il est droit, léger mais solide, spirituel et aérien, avec des tannins adoucis (non astreingeants) maintenus par une très belle acidité (mais non acétique) donnant une vague de fraîcheur sur un boisé intégré.
Le sous -bois, le grenier, le champignon et le fruit léger dominent toujours ma fin de bouche. Le vin tient toujours la vague durant les deux-trois heures passées à ses côtés. Un breuvage qui est encore parti tout en jeunesse pour une ou deux décénnies.
Malheureusement, ma piètre expérience, mon niveau oenologique bas, mes sens modernes fatigués, ne me permettent pas de dévoiler les subtilités secondaires présentes dans ce vin. Dommage. Néanmoins, je me suis enrichi par ce vin, il m'a apprit des sensations pour d'autres découvertes.
Mais laissons le temps au temps.
Pour moi, ce fût une belle bouteille atypique (des vins actuels) étant une belle entrée en matière dans le monde des vieux millésimes.
A une prochaine découverte.