A l'occasion d'un repas organisé au Bistroy du Saint James (Bouliac, rive droite de Bordeaux), l'opportunité s'offre à moi de déguster quelques perles Bourguignonnes. Ayant tellement peu l'habitude de déguster des vins de cette région, je pensais que la Côte de Beaune était truffée de sites balnéaires, le pendant de la Côte d'Azur quoi! (aaa). La Maison Louis JADOT sera notre «fil rouge» tout au long de la soirée. C'est une des maisons les plus anciennes de Bourgogne. Je vous passe l'historique mais sachez qu'aujourd‘hui cette maison est la propriété de la famille KOPF, également propriétaire de l'importateur américain de la maison, KOBRAND Corporation. Dernière acquisition en date, le célèbre cru du Beaujolais, Château des Jacques, devient avec ses 36 hectares membre de la Maison JADOT en 1996.
Et maintenant, à table. JADOT représente près de 150 vins.
Ce soir, 9
sont au programme.
L'entrée en matière (l'apéro quoi !) c'est un Fixin Blanc 1999, une rareté sur cette appellation dominée de la tête et des épaules par la production Rouge. Ainsi 95 hectares pour les Rouges et seulement 2 pour les Blancs. Cépage Chardonnay.
Fixin Blanc 1999: La robe est d'un or lumineux, splendide. Le nez est assez net, sur des dominantes d'alcool blanc et de pomme. Avec une acidité prononcée, la bouche est d'une superbe vivacité, pleine de fraîcheur. Le vin se découvre peu à peu sur des notes de fruits tels l'orange et l'abricot. En arrière plan, des arômes grillés surgissent et explosent, sont puissants dans la persistance et vont se développer lentement pour être la dominante de la finale. Pour moi, un vin de plaisir, de soif, que l'on peut déguster dès maintenant.
La mise en bouche est constituée de Saint Jacques marinées à l'Orange accompagnées d'une Terrine de Lapin au foie gras. Les vins qui accompagnent ces plats sont deux blancs, Un Puligny Montrachet 1er Cru Clos de la Garenne, Domaine Duc de Magenta 1999 servi en même temps qu'un Beaune 1er Cru Les Grèves Le Clos Blanc, Domaine Gagey 1997. Pour ce dernier, c'est encore une petite curiosité. L'appellation Beaune, c'est avant tout les Rouges (382 hectares), la production de Blancs étant plus anecdotique (31 hectares).
Puligny Montrachet 1er Cru Clos de la Garenne, Domaine Duc de Magenta 1999: Belle robe brillante, scintillante. Au premier abord, le nez est un peu vert, inexpressif et le fait de l'aérer dans le verre le dévoile peu à peu. On découvre alors des notes de fruits exotiques, de fleurs blanches, de fruits secs. La bouche est en conformité avec le nez. Tout d'abord un peu fermé, elle s'ouvre peu à peu et un moelleux superbe apparaît accompagné d'une très belle souplesse. Toujours sur ces notes de fruits exotiques, d'amande douce, de plante aussi, le vin est grand dans sa complexité et d'une persistance impressionnante. Une note grillée et toasté se développe alors et me suit jusqu'à cette finale ample et suave.
Beaune 1er Cru Les Grèves Le Clos Blanc, Domaine Gagey 1997: Ce vin m'impressionne nettement moins que le précédent. La robe est toujours aussi belle mais le nez me surprend quelque peu. Je dénote des arômes de fruits secs, la noix et la noisette grillée mais aussi le beurre rance! Les sensations olfactives me transportent alors vers un vin de type rancio. En bouche, beaucoup de gras, d'onctuosité et de souplesse. Les arômes détectés restent identiques, toujours ces fruits secs mais aussi toujours cette notion d'oxydation. Je le goûte assez mal. Et puis, la finale est très chaleureuse, presque un peu lourde avec une persistance alcoolisée. Agréable mais un tantinet trop enivrante.
On attaque l'entrée qui est une Poêlée d'Escargots et Champignons à la Crème. Avec ce plat assez riche, nous restons dans le domaine des Blancs avec un Charlemagne Grand Cru 2002 (tiré du fût) en parallèle à un Corton-Vergennes Grand Cru 1997. Le premier est issu du Climat En Charlemagne, climat qui peut aussi produire du Corton-Charlemagne. Le second est encore assez rare puisque les Rouges représentent 98 hectares quand les Blancs atteignent difficilement les 2,5.
Charlemagne Grand Cru 2002: La robe jaune pâle est encore troublée par sa présence encore récente dans le fût. Le nez est surprenant, un peu de type chimique au départ, il s'ouvre peu à peu pour laisser paraître des notes d'agrumes, citron, mais aussi d'écorces d'orange et de fruits exotiques. En bouche, je retrouve ces arômes. La sensation «chimique» à disparue et laisse place à un éventail fruité assez exceptionnel. La matière est énorme, grasse, souple et le vin se montre aérien, vif et d'une grande fraîcheur. La puissance est au rendez-vous et le vin se montre extrêmement long avec une persistance des fruits exotiques superbe. La finale, qui dévoile quelques notes grillées est envoûtante et charmeuse.
Corton-Vergennes Grand Cru 1997: La robe est dorée, pâle et brillante. Le nez, charmeur, nous transporte dans un champ de fleurs blanches. En bouche, sur une acidité bien établie, l'attaque est vive, fraîche et ample. Le vin se montre élégant, d'une belle finesse et extrêmement complexe. Superbe dans sa structure, ce Corton est puissant et rond. Je le goûte vraiment très bien. Magnifique longueur avec une persistance florale toute en douceur. Peut être moins de matière que dans le Charlemagne mais un caractère rond et séveux qui me plaît beaucoup.
A ce stade de la dégustation, je suis sous le charme de ces Blancs de Bourgogne. La puissance du Charlemagne, la fraîcheur du Fixin, la souplesse et le moelleux du Puligny, la structure et la complexité du Corton. Tout cela m'enchante et me séduit. Je vais un petit peu déchanter avec les Rouges qui suivront. Après l'éclat des premiers, j'espérais une explosion de charme et de finesse de la part des suivants. J'en attendais peut être trop?
L'entrée passée, nous nous attaquons désormais au plat principal, le Véritable BÅ“uf Bourguignon qui sera accompagné d'un Gevrey-Chambertin 1er Cru Clos St Jacques Domaine Louis Jadot 2000 ainsi que d'un Corton Pougets Grand Cru Domaine des Héritiers Louis Jadot 1997.
Gevrey-Chambertin 1er Cru Clos St Jacques Domaine Louis Jadot 2000: La robe est rouge vif assez claire. Le nez est puissamment aromatique sur des notes de fruits noirs, de Cassis mais aussi de petites baies sauvages rouges. Je remarque aussi des notes animales. En bouche, le vin montre un gros volume, une matière assez racé et ample. Je retrouve le Cassis dès la première gorgée mais aussi l'animal caché dans l'ombre et qui montre sa belle fourrure. Les tannins sont puissants et gras. Mais, je trouve ce vin un peu rustre, qui manque de classe et de sensualité. Un vin solide sans grande finesse. Ceci dit, le moelleux est certain et la matière tellement belle que l'on peut lui pardonner facilement. La finale est très longue, le cassis l‘accompagne.
Corton Pougets Grand Cru Domaine des Héritiers Louis Jadot 1997: Nous restons dans ces tons clairs et lumineux en ce qui concerne la robe. Le nez est charmeur, fruité, confituré avec des arômes de fruits noirs, cassis, cerise noire mais aussi de champignon, de sous-bois. Une note de cuir se développe aussi et propose un nez complexe et attirant. En bouche, c'est confirmé. Le cassis et ses notes compotés domine. La cuvée propose une très belle structure, des tannins massifs et imposants associés à une souplesse suave. Mais, je détecte alors une petite remontée de gaz qui me déstabilise un peu. Je laisse le vin s'aérer un temps et lui permet de s'épanouir un peu plus, de laisser sa très belle complexité se développer mais, ce retour gazeux demeure et me met mal à l'aise par rapport à ce Corton. Cela picote un tantinet sur le palais. La finale sur le cassis est très longue, caressante mais cette sensation bizarre occupe mon esprit.
Sur cette dernière impression mitigée pour moi, nous passons au plat suivant. Les assiettes copieuses jusqu'ici ont raison de mon appétit mais, je garde toujours une petite place pour le fromjo'. Celui-ci nous vient tout droit d'une Brebis des Pyrénées. Pour la suivre, un Cru du Beaujolais Moulin à Vent La Roche Château des Jacques Domaine Louis Jadot 2000. Il n'est pas venu seul et un Savigny Les Beaune 1er Cru La Dominode 1999 lui tient compagnie.
Moulin à Vent La Roche Château des Jacques Domaine Louis Jadot 2000: Autant le dire tout de suite, j'ai adoré ce vin! La robe tout d'abords, plus prononcée que les précédentes, est superbe dans ses tons d'un rouge pourpre. Le nez, puissant et formidablement expressif sur des notes fumé, de grillé mais aussi de fleurs des champs, de violette, ou encore de fruits noirs bien murs et de petits fruits rouges. C'est superbe, complexe et sensuel. La bouche, charnelle et dense, avec une magnifique structure et une belle ampleur découvre les fruits noirs et amène des parfums de roses. Les tannins sont bien intégrés, gras et souples. Le vin est d'une élégance réelle et marquée, d'une finesse et d'une onctuosité rare. La finale, toute en harmonie et en longueur, se termine lentement sur une petite pointe grillée. Un vrai coup de cÅ“ur ce soir dans la gamme des Rouges.
Savigny Les Beaune 1er Cru La Dominode 1999: Voilà le dernier vin de la soirée. On retourne vers une robe d'une couleur à l'intensité assez moyenne. Au nez, je retrouve des notes animales et maintenant minérales. Elles se partagent les sensations avec des arômes de fruits rouges, framboise, myrtille mais aussi des expressions de sous-bois assez nette. En bouche, je retrouve l'aspect minéral avec la présence de la craie mais, les fruits rouges dominent. Le vin est assez ample, d'une jolie finesse mais la matière me semble un peu effacée, terne. Ce Savigny est toutefois assez bien structuré et très sensuel. La persistance du fruité est superbe et une finale d'une longueur plus que correcte termine la dégustation. Un vin de charme.
Après avoir relâché la ceinture, voilà que se profile à l'horizon la venue du dernier convive. Le dessert, un Sorbet aux Pommes, pose la touche finale à cette très belle soirée. Pour lui tenir la main, un
Vieux Marc de Bourgogne A La mascotte 40%. Je goûte très mal cet alcool et cette sensation de noix sèche et abîmée ne me laissera pas un souvenir impérissable. D'autres l'ont fort apprécié par contre.
C'est terminé pour le repas, les cigares ont désormais la parole.