23 mai 2011, Saint-Didier, c’est ma fête. (Ne riez pas, en cherchant bien ils en ont trouvé un !)
Ayant pris rendez-vous au Domaine afin d’y enlever mes 2009, Jérôme offre de déguster les rouges 2010, histoire de découvrir le millésime. N’aimant pas refuser de peur de froisser, j’accepte. Il annonce la couleur : « Aujourd’hui, les villages se goûtent moins bien que les crus ! » Dommage, mais on fera avec. * Dégustation sur fûts (F) ou en topettes (T)
Chambolle-Musigny village (F)* : Conforme au stéréotype attendu de l’appellation, avec un nez gourmand (framboises), un corps encore un peu « étriqué » pas tout à fait dans ses marques. Mais à cet âge-là, on le lui pardonne volontiers. On débute assez bien !
Gevrey-Chambertin village (F) : Encore très « malolacteux », un nez levuré encore actif d’où peinent à émerger des arômes de fruits rouges (framboises et cerises), un corps plus « viril », encore un peu carré mais plein de promesses. Pourra mieux faire !
Morey-Saint-Denis village (F) : Tel l’ensemble des deux précédents, n’en retenant que leurs qualités sans en prendre les défauts. Quelle belle appellation ! Comme les colombophiles, à attendre !
Pour des vins qui se goûtent moins bien, c’est déjà bien parti, alors le reste … !
Chambolle-Musigny 1er cru Les Amoureuses (T)* : Bling – Bling !!!
C’est l’image que j’en retiens. Tout en finesse, en dentelle (de la vraie à la main, je vous laisse le choix entre celle de Bruges ou celle de Bruxelles), des arômes de fruits rouges, un peu de fleurs, un soupçon d’épices, des tanins très fins, racés, que l’on devine plus que de les ressentir, bref, un vin très équilibré qui donnera une fantastique bouteille avec un peu d’âge. (Désolé de vous le dire comme cela sans ménagements, mais y en a déjà plus !)
Charmes-Chambertin (F) : Le Vin des Copains !
Dans le verre on perçoit immédiatement que la malo n’est pas terminée, mais dès l’agitation, celle-ci disparaît comme par enchantement. C’est rond, c’est cerise, c’est gouleyant, c’est goûteux, beau, bon, grand, équilibré. Un Grand Cru qui s’octroie l’image du vin plaisir. Quasiment déjà prêt à boire pour les plus déraisonnables … . (Je sais que Madame Castagnier l’apprécie plus particulièrement)
Clos Saint-Denis (F) : Un vin qui apparaît avec un « plus » par rapport aux précédents aux niveaux : couleur, arômes, structure, longueur. Sous une apparence austère, on devine un futur grand, très grand. (Pssst, un petit truc, c’est le vin de Jérôme ! Regardez-le discrètement lorsque vous dégustez ce grand cru. Ne le lui répétez pas ; merci)
Clos de la Roche (F) : Idem au précédent avec une finale légèrement poivrée. A attendre impérativement et alors là …
Clos de Vougeot (F) : Mon vin fétiche chez Jérôme mais aujourd’hui je suis un peu moins conquis qu’un an auparavant (le 2009 en fût ressemblait alors, niveau dégustation – plaisir, au Charmes-Chambertin). Ici, ce sera du lourd mais faudra lui laisser le temps de se mettre en place. (La petite pièce au-dessus à gauche, y touchez pas, c’est réservé, merci !)
Echezeaux (T) : Je suis timide mais je me soigne !
Discret, réservé, à la limite taiseux lors de l’entrée de bouche, après aération et réchauffement buccal, soudain la bouche se gonfle ! Le vin s’installe, prend ses marques, elles sont nombreuses et de qualité. Il remplit la bouche, y imprime un caractère de bon aloi, plein de promesses (il possède de quoi les tenir), une finale avec un soupçon de moka (c’est pratiquement le seul vin qui va révéler son élevage) qui contribue à son charme. Du beau, du bon, Dubonnet (oh pardon, le ferai plus), du grand, même du tout tout (oui, il a du chien) grand !
Bonnes Mares (T) : Tout Bonnes-Marement délicieux !!!
Au premier aspect, un vin fermé, austère (pas le bois), qui prend le temps de s’épanouir pour livrer un équilibre majestueux combiné à une force de caractère sous-jacent, le tout laissant entrevoir un potentiel « énorme ». Réellement, le genre de vin vers lequel il faut aller. Tout le contraire du Charmes-Chambertin avec lequel on se laisse faire. A l’aération, des arômes de fruits rouges et noirs, une texture soyeuse très finement tannique. Malgré ses évidentes qualités, à ce jour c’est lui le moins parlant mais peut-être le plus prometteur ! (En ai lâchement profité, la cuvée est déjà épuisée, mais j’aurai les miennes, na !!!)
Chambertin Clos de Bèze (T) : Alexandre le Bienheureux !
Ce titre peut sembler inconvenant pour un Clos de Bèze mais dans le cas présent aucune trace de malo mais alors un vin épanoui, bienheureux et il le montre. Dès l’entrée en bouche, il s’installe ; prend ses aises, en montre, en dévoile, il se découvre sans aucune gène (devrait-il en avoir par ailleurs ?). Il est bien, bon, beau, grand, grandiose. Je ne suis pas curieux mais retrouver ce grand cru dans dix ans ….
Grand-Echezeaux (T) : Le Roi Soleil !!!
Et oui, il est possible d’être au-dessus du précédent ! Ici, c’est la classe, la Grande Classe. Bougez-vous, manants, place au Roi ! Que dire de plus qu’il est parfait en tous sens. Un nez superbe de fruits noirs (myrtille, mûre), de rose ancienne, d’épices douces et raffinées. Un corps (beau, oui !), il dévoile son répertoire, prend des airs tantôt de Syrah (violette), de Cabernet (cassis, framboise), de Merlot (fruits rouges et rondeur du corps) avec, bien entendu, le grand jeu du Pinot Noir (cerise, truffe, mûre, …). C’est presque une honte à cet âge-là. Bon, entre-nous, je ne me suis pas fait prier et en ai béatement profité. Attendre si vous pouvez et alors, … … ….
La bouteille mystère : Ayant demandé à goûter le PTG (passe-tout-grain), Jérôme me dit : « Attendez, je vous fais goûter un 2009 ! » Il me verse un vin dans lequel je déniche une gamme d’arômes du style d’un Grand Cru (Charmes-Chambertin ou Échezeaux). Seules des différences de structure et de longueur en bouche me font hésiter. Devant mon hésitation, il me livre la solution : « Grand Ordinaire 2009 ! ». (Et soudain, on se sent tout, tout, mais vraiment tout, petit !)
Le 24 au soir lors du repas : Dégustées à l’aveugle : Chambolle-Musigny village 2002, je l’ai pris pour un Gevrey-Chambertin, même Jérôme semblait surpris par sa structure masculine. Un vin qui se « fait » bien, même très bien avec des arômes de fruits mûrs, une bouche très onctueuse, un bel équilibre avec les tannins, l’alcool. Peut se boire dès à présent.
Le second vin : Clos de Vougeot 2001, annoncé comme petit millésime 2001 est à point maintenant. Ici, on retrouve le Clos de Vougeot dans son impérialité. Des arômes de fruits (plus noirs que rouges) compotés alliés à des senteurs de sous-bois (humus, champignons, gibier, …), une rondeur et un équilibre divins. La bouteille !
Pour résumer en un mot : « Merci ! »
En deux mots : « Merci beaucoup !! »
En quelques lignes : « Cela devait être ma fête, cela a été ma fête ! »
Le verdict : 2010, millésime moins immédiatement gourmand que 2009, tout aussi charmeur, peut-être même mieux équilibré avec un alcool moins imposant, la présence de tanins très fins, assez discrets, très racés cependant, qui devraient lui permettre de tenir plus longuement dans le temps que son prédécesseur. Tous ces vins étaient, à ce jour de mai, plus qu’agréables à déguster, très charmeurs mais avec une séduction plus discrète, toute aussi efficace ! A attendre, à laisser mûrir bien à l’abri dans une bonne cave, nous en reparlerons dans une dizaine d’année. (Jérôme place par ailleurs ce millésime dans son trio de tête : 2009-2005-2010)
Pour vous remercier de m’avoir lu jusqu’au bout, un scoop ! Jérôme progresse dans l’alphabet des Grands Crus Blancs. Vu les rendements drastiquement bas en 2010 (-30% et + dans certaines AOC), il se voit contraint d’abandonner le Batard-Montrachet. Il passe dans cette zone d’AOC de la lettre B à la lettre C avec l’apparition (Ne me dites pas qu’elle est Lourdes, celle-là !), d’un Chevalier-Montrachet (non pas Laspales !). (Attention, les amateurs que 2 pièces disponibles et déjà une d’évaporée !)
Personnellement, vu mon estime pour ce millésime, je me vois contraint et forcé à devoir commander une nouvelle Q12 (C’est une Q5 avec le coffre de la Q7 en plus !!!).
Didier
P.S. : C’est mon premier CR, je n’ai pas pris de notes, donc retranscrit de mémoire (Elle est comme un golf ! Elle possède 18 trous !). Essayerai de faire mieux à l’avenir. Merci de votre compréhension.
P.S. 2 : Absent du 23 au 25, je m'aperçois de quelques redites déjà exprimées. Désolé !