Bartolo Mascarello, verticale Barolo 1985, 1978, 1967, 1964, 1958, 1961, 1958 et 1955
-coup de fil de mon ami Alexandre-tu es libre jeudi soir ?
- ... euh attends je regarde ... oui ça joue
-alors viens, je vais ouvrir le Barolo 1985 de Bartolo Mascarello et quelques autres vieilleries ...
-je peux amener qqchse ? le plus vieux millésime qui me reste est le 2006 ...
-non viens seulement, il y a assez à boire et il faudra finir les bt jeudi soir peu avant la dégustation je reçois la photo suivante et découvre "les quelques autres vieilleries"
Bt en excellent état avec des niveaux parfaits, sorties de la cave d'un amateur de Turin
la journée qui avait été compliquée change tout à coup d'éclairage, métamorphosée
j'arrive vers 19h et découvre le line up, Alexandre a préparé les bt et effectué un double-decanting pour séparer les lies
un convive a rajouté un blanc "qui traînait dans sa voiture" pour apéritif
nous sommes 5 passionnés, le Barolo le plus jeune étant le 1985, je mentionne à mon voisin le merveilleux Crichet Pajé 1985 de Roagna ... il m'avoue en avoir quelques bt à la cave et rencontrer pour la 1ère fois qqun qui connaît ce vin
nous attaquons avec le
Coche Dury Meursault 2017
pointe de réduction au nez mais pas de pierre à fusil, encore très glycérine / baby fat mais déjà intense avec un fonds très goûteux sous le gras de jeunesse, la note de réduction est entêtante ... la bouche évolue rapidement, elle devient superbe avec une très belle tension, fin de bouche saline et salivante, très beau.
Les aficionados du domaine présents déclarent que le vin est très bon mais que le style a changé avec l'arrivée du fils en co-pilote dans le poste de pilotage ...
nous passons aux choses sérieuses
Alex nous sert les vins par paires, du plus jeune au plus âgé
1ère paire:
Barolo 1985
beaucoup d'émotion et de curiosité ...
nez curieux tout d'abord sur la poussière, ensuite sur le fruit et les épices, manque de précision et de netteté, a néanmoins du charme malgré le manque de pureté ... un zeste de madère ...
tient parfaitement en bouche, puissant, saveurs complètement fondues difficiles à disséquer, mais l’ensemble n’est pas encore place,
très belle énergie qui porte le vin, baisse de régime vers la fin de bouche qui se rétrécit, reprend du poil de la bête sur la finale sur des tanins pas encore fondus voire un peu secs à l'ancienne
bt probablement pas au top
Barolo 1978
tout "l'éventail aromatique barolesque" est présent au nez, le tout est beaucoup plus net et précis!
assez enchanteur, hyper fondu et complexe en bouche plus fluide et moins puissant que le 1985, mais très beau déroulé sans rétrécissement, fondu et harmonieux, le tout est très organique et équilibré
manque-t-il peut-être d'un peu de matière ? ... monte en puissance tout au long de la soirée ...
je regrette a posteriori de ne pas en avoir gardé un verre pour le lendemain ... vu l'évolution proprement ahurissante des 1967 et 1961 sur 24h
2ème paire:
Barolo 1967
robe translucide, nez pas net, champignon, mousse, quelques beaux restes, vieux cuir, fruit confit
bouche assez tannique ..un peu d'aération plus tard, la bouche se met lentement en place, devient harmonieuse et organique, elle tient bien la route avec beaucoup d'énergie ...
24h plus tard, le vin s'est métamorphosé, un vrai miracle, le bouquet est maintenant excellent, oui vous avez bien lu ! écorce d'orange, prune, pâte de coing, note de terre, ce ne sont que quelques impressions de ce caléidoscope étonnant
énergie décoiffante en bouche, qui emporte le vin dans une finale longue et savoureuse ...
ce vin tiendra encore longtemps ...
excellent mais seul après 24h ! ... comme quoi le Nebbiolo a besoin d'air
Barolo 1964
malheureusement avis de décès prématuré , bouchon
3ème paire:
Barolo 1961
robe translucide, aiguilles de pin, fruits rouges, canelle, très élégant avec une belle fraîcheur
danseuse de ballet en apesanteur antinomie de mâle trapu et couillu,
énergie fine qui tient le vin, très belle bouche allongée, la plus belle depuis le début de cette dégustation
termine sur une pointe d'amertume agréable
24h tard encore meilleur, symphonie classique pour la forme et l'équilibre
au nez ballet foisonnant et fascinant sans cesse changeant, un non-connaisseur avec qui je partage le reste de la bt déclare qu'il pourrait passer des heures avec son nez dans le verre, en le buvant à toutes petites gorgées il est en état de choc, hypnotisé !
le bouquet est sublime, en bouche la texture est un mélange de velours et de soie, malgré cela le vin reste tonique, un chef d'oeuvre de saveurs fondues, équilibre tout simplement magique d'une élégance sublime et d'une suavité hors norme
énorme
tout simplement GRAND !
à ce niveau ce n'est plus du vin mais de la poésie
avec ce vin je comprends mieux pourquoi certains passionnés sont fous de vins anciens, je repense à Ducru Beaucaillou Beaucaillou 1961 et Vega Sicilia Unico 1970
Barolo 1958
vraiment très bien, belle aromatique complexe, encore beaucoup d'énergie en bouche avec une belle fraîcheur qui tient le vin, souffre un peu de l'ordre de service mais ne démérite pas
très bon à excellent
4ème paire:
Barolo 1958 riserva
nez plus précis et plus net que le précédant, + d'étoffe en bouche aussi
herbes aromatiques, cerise, menthe et bien plus encore le bouquet se développe c
rescendo sempre
puissance et très belle tenue en bouche, un tel tonus à cet âge-là est tout de même surprenant
excellent + !
Barolo 1955 Canubbi
dès le 1er nez et la 1ère gorgée fait l'unanimité autour de la table alors que les avis étaient passablement divergents jusque là,
le vin de la soirée !
mes notes sont minimalistes, signe que j'ai laissé le jouisseur sans complexe prendre le dessus et bu ce merveilleux Barolo à grandes lampéesdélicieusement parfumé, tout est là, à sa place, dans les justes proportions, à la fois puissant et raffiné
ici je regrette aussi beaucoup de ne pas avoir eu l'occasion de le regoûter 24h plus tard, mais impossible, c'est la seule bt vide à la fin du repas
conclusions:
a) les Barolo bien nés ont un potentiel de garde énorme
b) les Barolo et les Barbaresco ont besoin d'air, de beaucoup d'air
c) mes 3 millésimes récents préférés du Domaine:
le 2008 absolument irrésistible, prêt à boire (supérieur aux 2006 et 2004)
le 2010 immense, à attendre encore
le 2013 d'une finesse et précision ahurissante
je n'ai pas encore goûté le 2016
merci Alexandre !