Je recevais ce samedi à l'occasion de l'anniversaire d'un de mes amis caviste.

La programmation était alléchante : En guise de mise en bouche quelques pâtisseries salées d'Amérique du Sud à base de morue et de thon accompagnées d'une Grande Année Bollinger 1999.
La Grande Année 99 bien que déjà très aboutie, mérite je penses d'être attendue une bonne dizaine d'année. L'acidité en finale et le boisé très présent au nez me font penser que ce champagne a encore de belles années devant lui, et que la rondeur viendra avec l'âge.
En tout cas, la Grande Année n'aura pas résisté très longtemps. Nez très vineux très boisé, belle robe pâle, bulles très fines malgré une belle effervescence. En bouche, le pinot domine, avec une finale acidulée sur la meringue.
Un bien beau champagne qui mérite d'être attendue car il aura encore bien d'autres choses à dire.

Suivit en entrée ma traditionnelle assiette de saumon d'Écosse accompagnée de sa verrine et de ses oeufs sur laquelle j'ai proposé un Chassagne-Montrachet 1er cru "Morgeot" vieilles vignes 2004 de chez Bachey Legros.
Le ton est monté subitement d'un cran... Je ne connaissais pas bien cette maison de Bourgogne, et ce fût une surprise de taille.
En effet je n'avais jamais dégusté un chassagne-Montrachet de cette classe. La robe est Or aux reflets verts. le nez est intense : fleur d'acacia, toast beurré, noisette, poire bien mûre.
La bouche est grasse mais pas trop, déjà bien équilibré, soyeuse s'achevant sur une finale légèrement citronné et interminable. Un Chassagne surprenant et remarquable. Je n'ai pas trouvé de défauts à ce vin...

Suivirent un demi perdreau laqué et farcie, accompagné d'un gratin d'été et de girolles. J'avais décidé de longue date de servir dessus un Cos d'Estournel 88, sachant que mon ami n'en avait encore jamais bu.
Le Cos 88 se maria très bien avec le Perdreau sans en dénaturer la chair assez délicate. Cos 88 tînt ses promesses, un vin splendide en plein apogée. Magnifique robe profonde rubis assez tuilé. Le nez est déjà évolué, très "Médoc" sur les fruits noirs(mûres, myrtilles écrasées), les épices, quelques notes discrètes de havane. Le boisé est encore présent mais des plus élégants sur la réglisse.
En bouche, c'est relativement suave, de la puissance, de l'élégance et de la finesse. La finale d'une longueur imposante s'achève sur une légère astringence et la mûre, ce n'est pas désagréable du tout.
Un Cos dans un style très classique, oscillant entre Pauillac et St-Julien. Tout simplement un Médoc très "classique", très réussit.
Pour avoir déjà dégusté Cos 89, ce 88 m'a fait forte impression ainsi qu'à l'ensemble de mes invités. Un vin là aussi remarquable, pas loin d'être exceptionnel qui en a "encore sous le pied" pour de nombreuses années.

Difficile de passer un rouge après un Cos 88, mais j'aimes bien les défis. C'est pourquoi j'accompagnais le brie et sa roquette à l'huile de noix d'un "Toro" Pintia 2003 de chez Vega-Sicilia.
Servit en carafe à l'aveugle, personne n'aura été capable de le placer en Espagne. Une robe jeune peu évoluée, violine, un nez intense ou domine le cassis,la fumée et la vanille. Une bouche relativement soyeuse, aux flagrances de cerise à l'eau de vie ou le cassis revient sur une finale d'une belle acidité. Ce vin a tout de suite fait pencher l'assemblée pour un grand rive-droite. Amusant pour un vin de soleil, non ?
Je ne retrouve pas par ailleur les commentaires de certains au sujet de ce vin, que j'ai trouvé, plutôt jeune, promis à un bien bel et long avenir.

Le dessert (bavarois aux fruits jaunes, accompagné d'une soupe de pèche à la menthe et à la canelle), fût servit avec un Clos Haut-Peyraguey 1999.
Ce fût peut-être le vin le moins flamboyant de la soirée, quoique tout de même excellent.
Le vin était plutôt sur la réserve, belle robe Or intense, nez sur la poire, la pêche blanche, les fruits exotiques et la vanille.
La bouche est ronde, avec je penses un léger déficit de gras. On s'attend à plus de volume pour un vin de cette classe. Par contre la finesse est extrème, tout est douceur. La finale de bonne facture laisse cependant un goût d'inachevé pour qui à déjà bu Haut-Peyraguey.

Notes de la soirée :

Bollinger Grande Année 99 : 16/20+

Bachey-Legros, Chassagne-Montrachet 1er cru "Morgeot" vieilles vignes 2004 : 18/20

Cos d'Estournel 1988 : 19/20

Vega Sicilia (Do) Toro Pintia 2003 : 17/20+

Clos Haut-Peyraguey 1999 : 16/20

Cdlt,

Jean-Aubert

Jolie dégustation Jean-Aubert, merci pour ces notes.

Les vins élaborés par Vega-Sicilia ne sont pas vraiment marqués par le soleil. Ils sont de ce fait des vins le plus souvent très bien équilibrés et de belle qualité que j’apprécie beaucoup, souvent même plus que les jolis bordeaux auxquels tu fais référence.

Si tu apprécies Pintia, je te recommande Alion, Valbuena et Unico, mais peut-être les connais-tu... (?)

Cordialement,
JU

Oui Julien,

Je connais Valbuena, les 2 autres presque que de réputation.
J'ai eu l'occasion de boire Unico en 1991 dans un restaurant d'Avila, étant l'hôte quelques jours d'un ancien ministre espagnol à la retraite, personne haute en couleur par ailleurs m'ayant laissé un excellent souvenir de par son accueil chaleureux. Je ne me souviens plus très bien du millésime, je crois qu'il s'agissait d'un 83, mais ma mémoire ne va pas jusque là.

Quant à l'Unico, il était fort bon, mais je n'avais pas noté mes impressions sur le moment. Pourtant je me souviens avoir beaucoup apprécié. Mais à cette époque je n'y prêtait pas la même attention qu'aujourd'hui bien que déjà passionné.

Mais si l'on me donne à l'occasion quelques adresses où trouver Alion et Valbuena sur Paris et sa région, j'en achèterais bien quelques cols... Bien que leur prix en france doivent être assez élevé. et que mon budget est assez limité cette année.

Cordialement,

Jean-Aubert

Merci pour ces notes !

D'accord avec vous sur la grande qualité de Cos d'Estournel 1988, que j'ai déjà commenté à plusieurs reprises.

Bien cordialement,
Thierry

Thierry,
Est-ce que, pour autant, Cos 88 mérite une note aussi élevée que 19/20 qui devrait être réservée à des vins extrêmement accomplis ?

François,

Etrange de poser cette question à Thierry non ? J’avoue y avoir pensé mais JAD devrait certainement pouvoir y répondre (étant à l’origine de la note…) ne crois-tu pas ?

François,

Je ne mets jamais de notes à des vins.
J'ai bu, ces deux dernières années, 4 Cos d'Estournel 1988 face à d'autres Médoc du millésime comme Pichon-Baron, Léoville-Barton...
Dans mes dégustations des Médoc 1988 (hors 1ers G.C.C.), je place habituellement actuellement Cos en tête, un peu devant Pichon-Baron.

Bien cordialement,
Thierry

Personnellement, j'avais placé Pichon Baron devant Cos en 1988 voila quelques années, mais sur la base d'une seule bouteille. Les deux provenaient de la cave à Thierry

Afin de vous répondre à tous,

les notes de dégustations que je met, sont des instantanés, par rapport à un moment.
J'essaie de ne surtout pas tenir compte de la propriété, car on peut facilement tomber dans le piège de l'étiquette.

Il est vrai que Cos est une belle référence.

Avec Cos 88, j'ai été surpris: ce qui n'est pas facile, car ayant déjà pratiqué Cos sur quelques millésimes et pas forcément les plus jeunes.

Cos 88 va au-delà de mes attentes, et a surtout fait l'unanimité Samedi dernier.
Servit à l'aveugle à mes convives dont l'un d'entre eux était loin d'être néophyte en la matière, Cos aura à la fois magnifié les perdreaux, mais aussi été lui même magnifié je penses par l'accord.

Ce soir là, Cos nous aura procuré des sensations assez exceptionnelles. Que je ne suis, je penses pas prêt de retrouver avant quelques temps.

Ce que j'aimes habituellement chez Cos, c'est son côté soyeux et équilibré. Ici bien que le côté soyeux soit un peu plus en retrait, je l'ai trouvé d'une puissance et d'une élégance rare, à la fois classique et d'une complexité remarquable... et surtout en plein apogée.
En conclusion : très grand millésime... à ce jours, le meilleur vin que j'ai dégusté dans ce millésime, et si je puis me le permettre je n'hésiterais pas à le placer Calon, Montrose, Pape Clément et même devant Mouton, pour lequel je reste dubitatif mais ce n'est pas la première fois avec Mouton.
Si je devais me référer à un vin au niveau sensations, je dirais qu'il y avait peut-être un petit côté "las case". Et pourtant... ce n'est qu'un Cos...()

Sur ce, je me sent parfaitement en phase avec Thierry.

Cordialement,

Jean-Aubert

Anthony,

J'ai fait deux achats de Cos d'Estournel 1988, l'un en primeur et l'autre après la mise, et un gros achat de Pichon-Baron 1988, en primeur.
Je me demande si je ne t'ai pas donné une bouteille de Cos achetée "après la mise"...

Amitiés,
Thierry

Jean-Aubert,

Je n'ai jamais aimé Montrose 1988, bu à de nombreuses reprises depuis la mise.
Par contre, Calon-Ségur 1988 est grand (à mon avis, 1982 et 1988 sont les deux meilleurs de la décennie) et Pape-Clément est superbe dans ce millésime si favorable aux Graves.
Je ne fréquente que trop rarement les 1ers G.C.C. pour donner un avis

Amicalement,
Thierry

Thierry,

Il est vrai que Calon est très beau en 88, mais il ne m'avais pas procuré les sensations du Cos de Samedi.
Pour les Graves, je me souviens avoir déguster entre autre Pape-Clément, Haut-Bailly, Carbonnieux et La Louvière.
Ma préférence irait sur Pape-Clément, Haut-Bailly plutôt moyen, Carbonnieux à attendre et La louvière à boire très rapidement.
Je n'ai pas dû tomber sur de bonnes bouteilles, mais je ne demande qu'à rectifier le tir, mais je ne suis pas aussi certain que 88 soit si exceptionnel pour les Graves tel que cela a souvent été dit.

Quant aux 1ers, j'ai eu 2 rencontres très différentes avec Mouton, l'une qui m'a laissé sur ma fin, l'autre très belle, mais quand même bien en dessous de ce que Cos m'a procurer ce jour.

Je ne bois que rarement les 1ers, mais 88 n'étant pas spéculative, on trouvait quelques premiers à des prix "plus abordable".
Le seul qu'il m'ait été donné de déguster en dehors de Mouton fût Margaux, et là j'avais eu un gros choc, peut-être aussi car il s'agissait à l'époque de mon premier château Margaux.
Avec les années, je penses que par rapport aux vins que j'ai eu l'occasion de déguster dans ce millésime seul Château Margaux, m'aura réellement impressionné. Je le placerais même un peu au-dessus du Cos, mais cela fait déjà 11 ans et je ne sais pas si aujourd'hui mes sensations seraient les mêmes.

Amitiés,

Jean-Aubert