Une délégation du ZWTG à Piémont sur Léman
A mon tour de partager quelques notes sur cette merveilleuse journée
Ordonnancement à la Ouanneuguène : On décide du profil et chacun place ses vins dans 3 catégories : Plutôt jeunes et fruités sur la charcuterie, plus vieux et tannins fondus sur le risotto, les vins dans la force de l’âge sur le lapin à la tessinoise.
Compte tenu de notre absence de référentiel commun, la consigne n’a pas forcément été suivie mais le résultat est quasi miraculeux, surtout qu’à un moment certains ne savent plus où sont leurs vins
On commence par 2 paires de vin sur une
planche de charcuteries italiennes
Com. G.B. Burlotto Barolo Monvigliero 2012
Paolo Scavino Barolo Monvigliero 2017
2 vins à la texture douce, infusée mais dense ; d’abord assez similaires dans l’aromatique, un joli fruit frais mais assez classique.
Le Scavino n’est pas exubérant mais c’est une très belle entrée en matière.
Le Burlotto quand à lui décolle avec l'aération sur des arômes de fraise superbes
A J+2, Le Scavino est toujours souple, fin et aromatique, une petite astringence presque asséchante n’est qu’une impression, c’est mon dernier (fond de) verre ce midi sur le brebis espagnol à la truffe et le vin est vraiment très bon, trame assez déliée et belle aromatique
Le Burlotto explose d’arômes dès la réouverture du fond de bouteille, fraise, rose, grenade, c’est ébouriffant. La bouche est juteuse et fraîche, les tannins sensibles là aussi plutôt en fin de bouche, finale mentholée avec fraîcheur végétale et fruit frais. Un profil de barolo assez classique encore jeune si on excepte cette aromatique. C’est d’ailleurs un problème ce genre de vin, la différence entre le nez et la bouche le rend difficile à accorder sur un plat. C'est devenu un problème de riche, je l'admet
Il reste de la charcuterie et du vin,
Lodali Barbaresco Lorens 2018
D'abord léger et peu aromatique, il se densifie et se complexifie progressivement, souple et parfumé, très bon, gagnera probablement encore sur quelques années au vu de l’évolution dans le verre
Giuseppe Rinaldi Barolo Tre Tine 2014
Le second est plus classique, c'est aussi un très beau jus, souple puis un peu asséché par des notes boisées
A J+2 Le Lodali confirme son évolution positive, avec son côté infusé, des fruits plus sombres, cerise noire, pain d’épices, très grande persistance, top
Le Rinaldi quand à lui avait déjà tout donné, il reste des fruits rouges et de gros tannins asséchants, un millésime assez difficile dans le secteur ?
Sur un risotto aux cèpes et bolets de ma forêt (une partie pré-cuisinés et une partie tranchés et congelés à cru) pour lequel j’ai appliqué la méthode de l’ami JP : Mettre plus de cèpes que de riz
Giuseppe Rinaldi Barolo Cannubi S.Lorenzo - Ravera 2006
Le premier est d'une élégance irrésistible, bouche douce, charmeuse, une petite note viandée vers la finale; il se suffit à lui-même
et d'ailleurs il manquerait d'un peu de puissance ou de gnake sur le risotto qu'on troquerait pour un bon fauteuil club et un feu de bois dans la cheminée ; oui je sais, quelle ingrat je fais
Luciano Sandrone Barolo Cannubi Boschis 2006
Le second est très beau aussi, à peine moins suave, un peu plus corsé avec une note balsamique, très légère volatile qui lui donne du caractère et se marrie très bien avec le risotto; coup double
Elio Grasso Barolo Gavarini Vigna Chiniera 2001
Derrière ces 2 monstres, le troisième continue sur un mode plus corsé encore, avec quelques notes de viande et de vieux vin; certes moins suave et orgasmique, d'une tenue ferme sur la longueur, il manque un peu de charme et de fruit, c’est du sérieux. Il fait encore très jeune malgré son âge, il me semble que c'est une caractéristique du millésime
A J+2 je n’ai que le Grasso à commenter, les deux 2006 ont été emportés à l’insu de mon plein gré par le quatrième convive, un forban genevois.
Le Grasso donc est sur un profil classique, jolie texture fine, boisé intégré, peu de fruit, très bien sur le reste de lapin
Il devient difficile de se concentrer dans une ambiance de douce euphorie aux vapeurs barolesques, les notes deviennent lacunaires
D’ailleurs à propos d’ambiance, je tairai charitablement le nom du gars qui pose la même question 3 fois en 5 minutes ainsi que son absence momentanée de 30’
Le plat de résistance arrive enfin pour les survivants,
Lapin à la Tessinoise
Fratelli Revello Barolo Vigna Conca 2001
Cette série attaque sur un vin plus dense et corsé qui s'avère plutôt suave sur la viande et magnifiquement frais et vif sur les fromages
A J+2, ce vin se rapproche d’un style Bordelais, c’était parait-il un Barolo de style moderne donc très bois neuf : Nez boisé, bouche souple puis astringente, un Bordeaux quoi avec du fruit type grenade et un boisé plus frais. Très bon accord sur le lapin, un peu chaleureux et acide à la fin mais c’est pour chipoter
E.Pira e Figli Barolo Cannubi 1995
Bouquet assez complexe, joli parfum persistant, réglisse, viandox . En bouche les tannins se font plus séchants
A J+2, le nez est sur le tabac; la bouche est assez acide mais charnue, des notes de vieux vin qui dominent la finale mais aussi du fruit
Gattinara Mario Antoniolo 1961
J’ai beaucoup hésité à placer ce vin dans cette série, je craignais qu’il ne s’effondre ; à l’ouverture la veille, il était un peu maigre comme parfois les vieux bordeaux qui ressuscitent à l’air et paraissait doté d’un joli fruit frais
Ouvert la veille au soir donc et rebouché immédiatement, il avait un peu cette aromatique de futaille, une texture incertaine de vieux vin mais un joli fruité frais. Pendant le repas, dans un verre Royal Glass Gran Ultima, le nez fait toujours un peu vieille barrique avec une touche végétale de rafle et de café; comme Claude ne partage pas cette sensation, je regoûte dans un Zalto Bourgogne et c'est beaucoup mieux, les faux goûts passent en arrière-plan. La bouche est fluide mais pleine, incroyablement charnue si on pense à l'âge de ce vin; on est au-delà de la simple expérience ésotérique, ce vin est toujours vivant et en forme
A J+2 dans un Spiegelau Definition Universal, c’est bouleversifiant. Le vin est toujours vivant, à peu près débarrassé de ses arômes pas très nets même s’il reste quelques notes de vieux vin. Mais la bouche est transfigurée, d’un équilibre parfait, pas aussi suave que les Rinaldi et Sandone 2006 ci-dessus, plutôt une rusticité noble. Il n’en reste pas une goutte, tout craché en dedans
C'est mon 2ème nebiollo 1961, le précédent ( un Barolo de Borgogno si mes souvenirs sont bons) était encore bien vivant mais un peu moins charnu que celui-là.
(Edit, non en fait le 3ème il y avait un superbe spanna, du Haut-Piémont déjà,
Renaissance du Haut-Piémont
)
Il y a eu ensuite un plateau de fromages qui a échappé à la photo mais a permis de regoûter quelques vins (Quelle santé !)
Puis sur un petit
tiramisu, une douceur apportée par Yves
M-T Chappaz Valais Marsanne Blanche Grain Noble 2001
Bon là, il ne faut pas en demander trop pour les notes, j’ai juste écrit complexité hallucinante (coing thé rancio orange ) sur une trame acide et fraîche ; même avec les amygdales qui baignent tu as toujours envie d’y regoûter
Voilà c’est fini, quelle journée !!
Encore plus décontractée et amicale que j’imaginais. Je connaissais un tout petit peu Yves et pas du tout Claude, le courant est passé tout de suite, des bouteilles d’anthologie plein la besace mais pas que, deux personnes très sympathiques et simples, oui c’était une journée de rêve,
Merci Messieurs, rendez-vous est pris pour le match retour