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Dégustation exclusive de bourgognes chez Chais d'Oeuvre Lab

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Mon scepticisme à l'égard du bourgogne est un fait public sous ces cieux mais cela ne m'empêche pas de persister à goûter, essayer si l'occasion se présente afin de me laisser une chance de rejoindre la norme. Cela tombe bien, ce trimestre-ci, Chais d'Oeuvre organise un Lab exclusivement dévolu au vin de Bourgogne. Prix oblige, le nombre de cuvée sera plus ramassé, le ticket d'entrée prend 50% mais ça donne la promesse de proposer des gros calibres bourguignons des bourgognes plus en haut en gamme que d'habitude.

Les vins blancs font office de mises en bouche avant de commencer l'ascension des rouges de la Côte de Nuit.

Chablis 2021 - Domaine Moreau-Naudet

Le vin est bien tendu avec le côté mousseron perceptible. Pas de problème de maturité, c'est conforme à mes représentation d'un chablis. Seule la longueur est un peu courte.

Viré-Clessé 2021 - Domaine Denis Jeandeau

Par rapport au Chablis, la maturité monte d'un cran dans la palette aromatique, sans élargissement du corps. Peu de bois perceptible. Agréable.

Saint-Véran Champs Rond 2019 - Domaine Thibert

Deuxième rencontre avec le domaine (1ère fois chez Tomy & Co en janvier 2021). J'ai trouvé ça bon avec plus de corps que le Viré-Clessé, une palette aromatique commençant à être assez exotique (mais sans amande, dieu merci), une petite pointe de noisette pour apporter un peu de complexité.

Savigny-Les-Beaune Vielles Vignes 2021 - Benoit Girardin

On peut percevoir un virage vers la côte de Beaune avec des instances de beurre plus nettes. Le vin conserve de la fraîcheur via un degré alcoolique maîtrisé qui permet à l'ensemble de ne pas écraser le bide du dégustateur.

Bourgogne Aligoté Soler'AL - NM - Domaine Anne-Marie et Jean-Marc Vincent
Ce vin non millésimé est issu d'une grosse pièce vidée au 3/4 chaque année depuis 2012 avant d'être remplie de l'aligoté de l'année. Comme son nom l'indique, c'est donc une solera d'aligoté qui a déjà 10 ans.

L'aspect oxydatif des jus anciens est perceptible et cela donne un interprétation marrante et étonnante de l'aligoté qui contrebalance bien l'acidité forte du cépage. A boire sur des fromages.

Ladoix Bois de Grechons Monopole 2020 - Domaine Sylvain Loichet

Là, nous sommes arrivés en côte de Beaune. C'est un territoire que je laisse sans arrière-pensées à d'autres : beurre un peu rance, noisette mal torréfié, largueur de Ronflex gavé au maïs, j'ai du mal.

Meursault Village Le Limozin 2020 - Domaine Parigot

Même si j'ai noté que c'était "plus pur" par rapport au vin précédent, c'est probablement via une acidité un peu plus saillante que l'on arrive à percevoir en finale. Sinon, c'est toute l'opulence, et la richesse du style murisaltien (beurre, amande XXXL) qui s'expriment sans garde-fous et ce n'est vraiment pas mon style de prédilection. 


Nous passons aux Siwaliks rouges

Irancy 2021 - Maison de la Chapelle Rouge

Matière fine, petits fruits rouge, une trace terreuse, acidité piquante en finale. Classique et agréable en tant que vin de copain.

Bourgogne Pinot Noir 2021 - Hudelot-Noëllat
Parcelle située à Chambolle.

Nettement plus en finesse que l'Irancy mais sans vraiment de matière non plus. Facile à boire et difficile à ne pas aimer.

Bourgone Roncevie 2021 - Domaine Arlaud
Parcelle située à Gevrey. Style plus en concentration.

Robe bien dense, plus de matière, un fruit plus noir, longueur courte. C'est tout de même plus dans mon inclinaison.

Bourgogne Pinot Noir 2020 - Domaine Marquis d'Angerville
Le domaine a un clone spécifique donnant des baies plus petites et plus concentrées (le pinot d'Angerville).

Le vin a une grosse concentration, plus de longueur, avec une acidité, une densité et une intensité nettement plus supérieure aux 3 vins précédents. C'est bon.

Morey-Saint-Denis 2017 - Domaine François Feuillet
Contient de la vendange entière.

Le millésime est moins dense que les tout derniers, le petit trait végétal apporte indéniablement plus de complexité au jus. La longueur est digne de son appelation et c'est là aussi bon.

Chambolle-Musigny 2020 - Domaine Amiot-Servelle

C'est par ce vin que commence l'ascension proprement dite. Dans un style dense, l'élégance du jus irradie avec une longueur notable. C'est très bon.

Commençons la grosse série avec : 

Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Terres Blanches 2018 - Domaine Jean-Charles Rion

Noté "j'aime beaucoup" : parce que ma petite expérience du NSG est qu'il y a plus de matière qui donne une vraie substance aux nez. C'est complexe, avec un peu de puissance sans minauderie et ça obtient sans difficulté mon approbation.

Gevrey-Chambertin En Créot 2020 - Domaine Liger-Belair

Style très différent, celui-ci est très éthéré et comme avec le bon chasseur, pour lui ça marche. En fait, un peu comme mes rieslings en blanc, les arômes au nez et en bouche ainsi qu'une importante longueur ont suffisamment d'intensité pour occulter la quasi-absence de corps. Manuel Peyrondet n'avait pas à se forcer pour être dithyrambique, je trouve également ça délicieux et sapide. Ceci dit, le Barbaresco Riserva 2016 de Rizzi bu il y a 2 mois peut donner le change dans le style, sans oublier les quelques Massolino testés aussi.

Beaune 1er Cru Clos des Mouches 2020 - Domaine Chanson
Vendange entière.

Robe dense, matière présente, saveur légèrement métallique, sang, fruits noirs. C'est complexe, plein de personnalité, savoureux. Une autre excellente facette du PN. Mes voisins sont dithyrambiques et sortent des phrases plus péremptoires les unes que les autres ("Il n'y a que la Bourgogne pour proposer de tels vins", "là, on boit enfin du vin, le reste c'est de la *****", "Il n'y a pas à dire, le PN c'est le roi des cépages" etc...). J'aime beaucoup - évidemment - mais le Brauneberger Klostergarten *** de Markus Molitor est 30% moins cher et ne cède aucun pouce de terrain à ce Clos des Mouches.

Clos Vougeot Grand Cru Le Petit Maupertuis 2018 - Domaine Daniel Rion & Fils
100% égrappé. C'est mon tout premier GC bourguignon  .

A nouveau un style très différent : texture nettement plus douce en bouche - presque caressante comme la peau d'un bébé -, nez très parfumé sur les épices douces. C'est expansif et enveloppé et - toute proportion gardé - ça lorgne vers les assemblages bordelais assez légers et merlotés comme un Langoa-Barton. Je suppose que les amateurs de dentelle bourguignonne renieraient ce bébé parfaitement joufflu, ce n'est pas mon cas.

Chambolle-Musigny 1er Cru Les Hauts-Doix 2020 - Domaine Robert Groffier Père & Fils
Parcelle située juste en-dessous des Amoureuses.

Ce troisième vin issu du finage de Chambolle permet de constater une filliation de style, et indéniablement une élégance singulière. Très long en bouche sur une jolie palette, très plaisant et avec cette décorrélation entre corps relativement léger et la ténacité des saveurs et de la longueur en bouche que j'aime beaucoup en matière de vin. C'est évidemment parmi les meilleurs vins rouges que j'ai bu de façon objective.

Pommard 1er Cru Clos des Epeneaux Monopole  2017 - Domaine Comte Armand
Malgré l'effet séquence, c'est magnifique quand même avec moins de densité que le vin précédent.

Enfin, nous avons eu deux vins à deviner à l'aveugle (1 blanc & 1 rouge) :

Le premier présente une robe or déjà un peu terne et qui laisse des jambes épaisses sur les parois du verre et de la carafe. Le nez est boisé, la bouche est un terril de beurre au soleil de Djibouti. Si le style murisaltien dans une exécution zélée ne fait guère de doute, je procède par psychologie inverse et tente un Niepoort Redoma Reserva Branco. Nous étions resté en France et c'était un Jura, Domaine du Pélican Chardonnay 2019. Ce sont les anciennes vignes de Jacques Puffeney qui ont été reprises par le domaine d'Angerville de Volnay. 

Le deuxième vin est venu après la grosse série de rouge. A l'aveugle, c'est un PN dans le style du Clos des Mouches avec probablement plus d'ampleur et d'intensité. Vraiment très beau. Je donne ma langue au chat après avoir éliminé Grand P et Grand H d'Albert Mann. Je n'étais vraiment pas loin puisque c'est un Alsace, Albert Mann Les Saintes Claires 2021. C'est sa plus grande cuvée et si ses prix explosent eux aussi, ils ont encore 5 ans de retard sur leurs pendants bourguignons.

Conclusion

Je suis très satisfait d'avoir pu goûter de "grands" calibres bourguignons. Modulo la jeunesse, et les profils encore considérés comme atypiques de 2018 et 2020 des grands vins, je n'ai pas perçu de caractéristiques profondément "idiosyncratiques" au PN bourguignon qui justifieraient un tel delta de prix par rapport à des gros PN étrangers.
Certes, il n'y avait pas les légendes absolues (DRC, Rousseau, Mugnier etc..) mais ces bouteilles valaient entre 100 et 220€, ce qui fait déjà probablement partie des 5 centiles les plus élevés de la région.
Que l'on ne s'y trompe pas : j'ai trouvé tous ces vins très bons avec des styles et des pattes différents mais je ne leur ai rien trouvé de profondément uniques ni irremplaçables. Ainsi le Clos des Mouches peut se faire phagocyter par Markus Molitor ou Albert Mann tandis que le Clos Vougeot peut se faire remplacer par Langoa Barton sans que ce soit déconnant (pour rappel : c'est une opinion basée sur cette expérience).

En revanche, une partie non négligeable de l'audience à ce Lab a été assez conforme à ce que je craignais : des adeptes venus célébrer leur bon goût avec un premier degré par trop présent pour supputer qu'il y avait la possibilité d'une prise de recul. Cela a beaucoup roucoulé autour du Gevrey de Liger-Belaire, du Groffier et du Clos des Mouches ; malheureusement en n'oubliant pas de lâcher des coups sur tout ce qui n'est pas PN de Bourgogne plutôt que simplement avoir le sourire de béatitude pour un truc qu'on adore.

Par ailleurs, cette expérience tendrait à confirmer que je suis un buveur de vin blanc, j'ai quand même beaucoup plus pris mon pied à Trêves !

PS : je n'ai pas jugé utile de mentionner le RQP, devenant de plus en plus au fait que le vin est une boisson sociale dont le RQP importe très peu, tant mieux si les bourguignons peuvent se payer des Porsches si les gens considèrent que le bourgogne améliore leur profil social.

Sven. Curieux de tout, prédilection pour les vins blancs légers et européens.
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14 Oct 2023 15:38 #1

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Réponse de philippe loiseau sur le sujet Dégustation exclusive de bourgognes chez Chais d'Oeuvre Lab

"En revanche, une partie non négligeable de l'audience à ce Lab a été assez conforme à ce que je craignais : des adeptes venus célébrer leur bon goût avec un premier degré par trop présent pour supputer qu'il y avait la possibilité d'une prise de recul. Cela a beaucoup roucoulé autour du Gevrey de Liger-Belaire, du Groffier et du Clos des Mouches ; malheureusement en n'oubliant pas de lâcher des coups sur tout ce qui n'est pas PN de Bourgogne plutôt que simplement avoir le sourire de béatitude pour un truc qu'on adore." 

SIC !
14 Oct 2023 16:55 #2

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Pommard 1er Cru Clos des Epeneaux Monopole  2017 - Domaine Comte Arnaud

C'est Armand, pas Arnaud ;)

Par rapport à ce que j'ai eu la chance de boire (trop rarement), j'ai l'impression qu'on n'est pas vraiment dans le grand Bourgogne, d'où le manque de wahoo de ta part.  il faut taper dans du plus lourd* (genre Musigny, Griottes Chambertin, certains GC de Vosne-Romanée) pour vraiment percevoir le niveau stratosphérique que peut atteindre le pinot noir. Là, je n'ai nul doute qu'on est sur les plus grands vins rouges de la planète. Hélas, les prix sont méga-délirants... 

* paradoxalement plus fins 

 

Eric
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14 Oct 2023 18:23 #3

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Réponse de Ilroulegalet sur le sujet Dégustation exclusive de bourgognes chez Chais d'Oeuvre Lab

Pommard 1er Cru Clos des Epeneaux Monopole  2017 - Domaine Comte Arnaud

C'est Armand, pas Arnaud ;)

Par rapport à ce que j'ai eu la chance de boire (trop rarement), j'ai l'impression qu'on n'est pas vraiment dans le grand Bourgogne, d'où le manque de wahoo de ta part.  il faut taper dans du plus lourd* (genre Musigny, Griottes Chambertin, certains GC de Vosne-Romanée) pour vraiment percevoir le niveau stratosphérique que peut atteindre le pinot noir. Là, je n'ai nul doute qu'on est sur les plus grands vins rouges de la planète. Hélas, les prix sont méga-délirants... 

* paradoxalement plus fins 




 

Corrigé pour Armand.

Je conviens que l'on n'était certainement pas au niveau des légendes, mais comme tu le précises, les prix sont tellement hors de proportion que c'est compliqué à trouver, puis de claquer ces sommes. Le prix de ces bouteilles (certes pas au meilleur prix mais on connait les écarts très importants entre prix domaine pour les allocataires et prix caviste pour ces vins-là) était déjà très significatif (supérieur aux prix de stars des autres régions hors Bordeaux, Rhône & grands rouges italiens). 

Et j'admets que jouer au paradoxe d'Achille et la tortue ne m'intéresse pas.

Sven. Curieux de tout, prédilection pour les vins blancs légers et européens.
14 Oct 2023 19:53 #4

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