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Rendez-vous en terres méconnues

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Rendez-vous en terres méconnues a été créé par Fredimen

Ça fait un bail que j’ai pas pris la plume dis donc, quelques petits étirements de confort s’imposent. Si la machine semble rouillée, l’envie et le plaisir eux sont intacts.

Bien. Niveau carrosserie en revanche on va pas se mentir c’est pas cocagne. Un tour de rein la veille au soir me fait appréhender la venue du quatuor de tête en mes terres, à savoir ;

-    L’ami Henri, le seul être humain en short / tee-shirt par 5 degrés à l’extérieur, se permettant de te claquer avec toupet qu’il ne comprend pas que tu puisses avoir froid par un matin – de gelée – aussi ensoleillé.
-    L’ami Pins, dont le pseudo sur LPV est inversement proportionnel à la taille de sa bouche en soirée.
-    L’ami Didier, dont la sagesse et la gentillesse égalent la mauvaise foi des amis Pins et Henri réunis (et je vous fais grâce du duo claquettes – charentaises / chaussettes).
-    L’ami Clément, qui lorsqu’il a démarré la machine et contre toute vraisemblance peut sans problème détrôner Pins de son statut de roi de la Nabonie (NDLR : Pays des nabots).

Didier et Henri arrivent en fin de matinée. J’accueille à la maison, donc au programme déjeuner et découverte du patrimoine local, avec une fin de journée prévue à la maison ou Clément et Pins nous rejoindront (le tout en couple, pour le plus grand malheur bonheur de nos dames).

Un blanc / un rouge par personne, tout à l’aveugle, Zaltos vin blanc pour les rouges, Zaltos Bourgogne pour les blancs (je déconne, c’était juste pour voir si vous suiviez).

Warmup sur fond de bière locale, nous démarrons la série de blancs.

Meursault 1er Cru les Cras domaine Joseph Voillot 2019

Un vin que j’ai trouvé très cristallin, avec une belle énergie et tension, peut-être d’ailleurs à date le 2019 le moins élevé qui m’ait été donné de goûter (j'ai cité 17, 16 et 14). Au nez plutôt simple sur des notes minérales, fruits blancs, légèrement  citronnées, en bouche tout en allonge avec une matière juste ce qu’il faut de consistance pour ne pas paraître trop déliée. Bien(+).

La matière s’est effondrée le 2ème jour en revanche malheureusement.

Chassagne-Montrachet les Encégnières domaine Jean-Claude Bachelet & Fils 2015

8 / 10 sur l’échelle DUBOIS (voir www.lapassionduvin.c...).

O bois, ô désespoir disais-je au nez, comme en bouche avec option rétro. Vous l’aurez compris, nous sommes dans la douelle, la vanille, le toast et surtout le caramel beurre salé.

Mon palais de rookie s’accommode encore plutôt bien de ce type de vins, aussi je n’y suis pas aussi sensible que le sont mes convives et prends du plaisir car la matière elle, est là.

Le vin s’allongera à J+1 pour offrir plus de plaisir, tout de même chargé comme un Punk à chien en Rave d’été à ce stade.

Bien(+).

Brézé domaine Guiberteau 2014

Superbe, avec pour seul bémol peut-être une pointe d’élevage qui ressort en rétro qui vient altérer la perfection de la bouche.

Au nez de magnifiques notes d’agrumes, pointe de pierre à fusil, soupçon d’épices, et en bouche un vin plein d’énergie à l’attaque. Grosse matière en milieu de bouche et relance qui étire magnifiquement le vin.

Seul bémol donc, cette retombée de vanille / bois en rétro qui vient casser la dynamique d’un vin qui je pense pourra faire grand dans quelques années. J’ai eu chance de croiser un 2017 récemment qui ne présentait pas le même défaut, et j’ai pris un pied dantesque.

Pour ma part le vin blanc de la soirée. Très bien(+).   

Château Haut-Brion Grand Cru Classé 1998

Ca vous épate hein ? Wai bah vous devriez pas. Malheureusement prémox et sachant que c’est mon apport (à domicile de surcroît), j’avoue j’ai un peu le moral dans les chaussettes.

Comme pour la bouteille de 2006 (voir www.lapassionduvin.c...), j’ai écrit le lendemain au domaine qui m’a proposé d’envoyer la bouteille pour expertise, et ce le lundi matin dès potron-minet.

Je ne sais pas si l’issue sera positive, mais comme à l’accoutumée la gestion de ce type de problématique avec le domaine Clarence Dillon est exemplaire.

Pour me faire pardonner donc de proposer un Savagnin ouillé du Jura, j’ouvre au débotté un Richard Leroy Les Noëls de Montbenault 2017.

En last minute, le vin ne se livre pas. Monolithique au nez, plat en bouche, nous sommes littéralement tous passés à côté, l’ensemble des convives l’ayant positionné en Rhône sud / nord (bon vous me direz y’a que des tanches autour de la table et vous avez pas tort mais bon quand même).

En revanche à J+1, la robe s’est ambrée, le vin a gagné en volume, en longueur, assez incroyable l’écart abyssal avec ce qui nous a été donné de déguster la veille.

Au nez de subtiles notes de miel viennent se mêler à des arômes de pomme blanche et de poire, de belles notes grillées et légèrement oxydatives. En bouche l’attaque est « chenesque », avec un volume sphérique en milieu de bouche contrebalancé par une belle acidité en fin allongeant le vin sur une note finale pleine de fraîcheur et salivante.

A vrai dire je suis assez bluffé, bluffé par l’énergie, la relance, la dynamique de ce vin en perpétuel mouvement. En cet état il eut été le vin de la soirée, mais ce ne fût pas le cas lors de la dégustation.

Il n’en reste pas moins superbe pour autant.

Bulle de transition sur un assortiment de vérines de poissons / crustacés (saumon / perles du japon et crevettes – carottes - cumin on me souffle dans l’oreillette gauche) / rillettes de maquereaux préparées par mes soins (c’est faux, me souffle-t-on dans l’oreillette droite), avec un 1er Cru de Jacques Selosse lieux dits Mareuil sur Ay sous le Mont, Extra Brut dégorgé je n'ai pas noté quand.

Je ne suis pas un grand adepte de la champagne, mais chaque rencontre avec ce domaine est pure merveille. Ce vin a tout pour séduire, de la finesse de la bulle en passant par la couleur de la robe, un nez magnifique sur de subtiles notes oxydatives vers une matière parfaitement équilibrée en bouche. La longueur quant à elle se passe de commentaires pour un premier, un monde à part que les cuvées de Jacques Selosse.

On passe aux rouges sur magrets de canards au barbecue (dont la cuisson n’a rien à voir avec celle de Pins  lors de notre précédente édition (voir www.lapassionduvin.c...)), on sent clairement plus de maîtrise dans le geste et l’exécution, si si j’insiste.

Mes acolytes attirent mon attention sur le fait que la braise est morte, à l’image de mon foie dans quelques heures si je ne me mets pas à cracher.

En découle un débat houleux ou un Clermontois qui pratique à peine l’art du barbecue viendra m’expliquer qu’un barbecue se fait aux sarments et pas au charbon de bois (à l’instar d’un adepte de la plancha expliquant à un ceinture noire de barbecue la nécessité de s'y convertir, voir www.tiktok.com/@palm... ).

Revenons-en à nos brebis, nous démarrons fort cette série avec une découverte pour ma part, un Nuits-Saint-Georges 1er Cru clos des forêts du domaine de l’Arlot millésime 2017.

Si le pinot se fraye un chemin à l’aveugle, le millésime est bluffant, je l’aurais personnellement placé en 18 tant il y a du jus. Je sens un léger fond foie gras que certains associent plus à la truffe que j’apprécie notamment sur des blancs évolués, est-ce une pointe de réduction ?

La matière est assez compacte mais pourtant docile, pas veloutée à ce stade mais les tanins largement polis pour afficher un visage très civilisé et diablement gourmand. Très bonne longueur, cette bouteille a une décennie devant elle. Très bien(+).

A J+2 le vin est en place, magnifique. La matière a conservé ce velouté mais s’est affinée, on ressent plus le millésime avec une légère verdeur en fin de bouche qui vient donner de l’élan à la finale et rafraîchir le palais. De magnifiques notes de ronces se détachent du nez, associée à ces fameuses notes de foie gras (ou truffe donc pour certains) ; superbe.   

Nous enchaînons avec mon apport, à savoir Les Hautes-Maizières 2017 du domaine Prieuré Roch.

Parcellaire donc situé juste sous les Suchots (bas). J’avais pris soin de contacter le domaine en amont pour connaître le degrés de « goutance » comme j’aime à le dire (buvabilité eut été de meilleur aloi, j’en conviens, certes).

A noter un rappel du domaine contacté par e-mail dans la quasi heure qui suivait, échanges très enrichissants et passionnants sur ce climat (notamment sur la tenue de cette vigne en propre depuis de nombreuses années), son degrés d’accessibilité plus avéré en jeunesse et notamment sur 17 qu’un Suchot, le temps d’ouverture préalable et degrés idéal de dégustation.

En résumé ; cette bouteille fût ouverte à 08h le matin, épaulée vers 19h pour dégustation aux abords de 22h, rafraichie à environ 16 degrés. Ce ne fût pas de trop je pense pour qu’elle puisse se présenter sous son meilleur jour.

En diagonale un vin évanescent, pur. Le nez est finesse, les arômes sont délicats, floraux (sur la rose et la pivoine notamment), fruités (panière de fruits rouges éclatants / acidulés, la fraise, la groseille) et épices (plutôt blancs).

Didier au premier nez me citera le domaine à l’oreille. Ce dernier me confira avoir reconnu cette patte unique qu’il a déjà eu plus souvent la chance que je ne l’ai eu de gouter.

En bouche si je ne devais retenir que deux qualificatifs ; énergie et pureté. L’attaque est vive, le milieu de bouche à la fois délicat, généreux, frais et dynamique. De belle notes minérales / graphitées (sous-bois, terre, humus) viennent donner une dimension « humaine » au vin, une sorte de  lien entre la terre, l’homme et la vigne. Je ne sais si c’est l’approche nature, l’échange avec le domaine ou le côté mystique du logo du domaine (ou le all-in), mais un sentiment pour moi de lien entre les éléments transpirait de ce vin.

Bref, superbe pour moi en tous points, coup de cœur de la soirée, plutôt encore à garder je dirais qu’à boire dès à présent pour le voir exprimer tout son potentiel, ou à aérer lentement et rafraîchir pour en tirer la quintessence. Toujours un plaisir que de croiser des vins aussi singuliers, mon admiration pour le domaine n’en est que plus grande (que je souhaite remercier au passage pour la qualité de l’accueil / la richesse des échanges).

A noter le lendemain que la sensation d’épices se sera renforcée, le nez tirera légèrement plus vers les fruits noirs acidulés que rouges, mais le vin n’aura quasiment pas bougé d’un iota.

On enchaîne fort avec un Clos Vougeot 2017 du domaine Anne Gros (le Grand Maupertui).

Pour avoir eu la chance de déguster récemment un Vougeot 15, un Echézeaux 17 ou encore un Chambolle-Musigny combe d’Orveau 2019, je trouve une constance dans ce domaine, c’est l’excellence.

Le nez propose de belles notes florales (violette, pivoine), fruitées (fraise, cerise), des épices (poivre), en fond une pointe subtile de clou de girofle. Quelques notes d’élevage m’appellent à penser qu’il n’est pas encore à son apogée et que sa complexité maximale n’est pas atteinte, mais relativement complet déjà en l’état. La robe quant à elle est insolente de brillance, magnifique.    

La bouche offre un profil séducteur, avec une attaque patinée, qui débouche sur une matière soyeuse, profonde et délicate. La longueur accompagne les arômes du nez en prolongement, sur une matière enveloppante, gourmande mais pas entêtante. Superbe.

Domaine Confuron-Cotedidot, Vosne-Romanée 1er Cru Les suchots 2005.

Ah ! Nous y voilà ! Les Suchots sur un millésime qui ne s’ouvrira peut-être jamais disent certains.

[Interlude] ; Vous trouvez pas que la cuisson de mes magrets est meilleure que celle de Pins ? Il me semble très opportun de le souligner [/Fin de l’interlude].

Où en étais-je ? Ah oui, les Suchots. Je ne sais plus où mes souvenirs de dégustation m’ont mené, mais j’ai cité Confuron (Cotedidot) rapidement connaissant l’animal Pins, sur effluves de cuir s’émanant de mon Zalto Bourgogne.

Connaissant également bien ce dernier, je savais que si le géniteur de cette bouteille était Confuron-Cotedidot, de presque 20 ans le vin vieux serait.

Bah j’étais pas trop loin. Un vin époustouflant de jeunesse, avec simplement de petites notes de sous-bois qui laissent trahir plus de 15 ans de bouteille. La matière est superbe. J’aime beaucoup Confuron-Cotedidot pour sa qualité de garde, sa constance. Des vins que je qualifierai de terrien, « old style » mais diablement efficaces.

D’ailleurs sur cette dégustation le passage après Anne Gros lui desservait un peu tant le style était diamétralement opposé.

Cette bouteille n’en reste pas moins Très bien(+), avec un potentiel de garde d’encore 5 à 10 ans je dirais.

Dernier rouge de la soirée, un San Leonardo 2014.

Ma connaissance en vin étranger est à parfaire, aussi il est toujours agréable et rafraîchissant de découvrir ce type de profil.

J’ai trouvé un très joli nez, sur les fruits plutôt noirs, de cuir frais. Un élevage présent mais pas opulent. En bouche la matière est plutôt soyeuse, il me semble avoir cité trouver des ressemblances avec la région Bordelaise, la finale excellente pour un vin que j’ai trouvé Très bien(+), et qu’on ne croise je trouve pas assez souvent à l’aveugle en soirée dégust.

A J+2 le cabernet prend le dessus, avec un côté terreux / poivronné (plutôt vert) que je ne chérie pas nécessairement mais plutôt très bien intégré ici. Les tannins quant à eux se montrent plus asséchants, dommage mais l’ensemble est tout de même magnifique. Si je devais me projeter et tirer des conclusions sur les différents vins Italiens que je peux croiser (très peu), je trouve souvent une similitude de fraîcheur et de verdeur, avec un élevage je présume légèrement moins poussif qu’à Bordeaux qui rend les vins plus frais / parfois verts que gourmands. C’est en ça que je trouve ce type de profils rafraichissants.  

Petite bulle de transition, avec un Vouvray du domaine Foreau Brut 2008.

Rien à signaler, si ce n’est de belle notes oxydatives, et un rapport qualité prix bluffant. Très bien(-). Un bon point pour notre ami Pins qui trouvera le cépage à l'aveugle. 

Pour conclure, Vouvray Moelleux Réserve 2015 toujours du domaine Foreau. Vin que j’affectionne particulièrement mais que j’ai trouvé très évolué, même si la bouche présentait une superbe acidité. Bien(+).

D’un commun accord avec nous-mêmes, nous ne pousserons pas la soirée jusqu’à plus soif, comme quoi tout arrive. Il faut dire que nos dames commencent à fatiguer, et que la journée pour certains fût bien chargée avec pas mal de route notamment pour les Clermontois ou les Turons expatriés au Pays-Basque.

Un superbe moment malheureusement trop court en compagnie de gens biens avec au-delà de la passion qui nous anime, une opportunité de partager nos vies et débattre sur tout voir sur rien, mais surtout de profiter du temps qui passe.

D’ailleurs au final, nous ne sommes riches que du fait de profiter de la vie en compagnie de ceux qui nous sont chers. Et si nous pouvons au passage boire du vin, autant en profiter.

Des bécots les amis.


 
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19 Sep 2023 10:30 #1
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Réponse de Fredimen sur le sujet Rendez-vous en terres méconnues

Bonjour à tous,

Je rebondis rapidement sur ce post pour vous confirmer que le domaine Clarence Dillon a accepté la Haut-Brion 1998 pré-moxée "en examen".

Remplacement manu-militari par une 2017 flambant neuve, la classe à Dallas, sur fond d'apologizes et de bienveillance envers le simple client que je suis.

Je salue comme pour la 2006 une régularité et un professionnalisme exemplaire dans la gestion de la relation client.

Certains je présume me diront "normal, vu le prix de la bouteille", pour ma part je m'en tiens aux faits.

De la lettre d'acceptation de ladite bouteille en SAV, au compte rendu d'examen partagé le service est 6 étoiles.

Fin.
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16 Oct 2023 13:39 #2

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Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck