Bonjour,
Petit CR d’une merveilleuse soirée organisée par Jean-Luc au restaurant
Les Couleurs Du Temps situé au Bourget Du Lac: c’est aussi le lieu où se déroule chaque mois les dégustations de l’association
’Chambéry Animation’.
Le temps se prête parfaitement à un dîner en terrasse, les invités sont détendus, je ressens déjà l’impression délicieuse que nous allons vivre un moment privilégié.
Petite photo de Madame Leard-Viboux Evelyne: c’est elle qui anime avec prestance et pédagogie les soirées œnologie.
Pour l’apéritif, les Matafans (recette paysanne savoyarde de galette de pommes de terre) accompagnent deux vins:
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Cuvée Nicole Moncuit 1990
Ce champagne 100 % chardonnay vieilles vignes propose un nez assez intense de notes beurrées et de pommes juste revenues au beurre en vue d’une tarte tatin. En bouche, la bulle est fine, la persistance n’est pas très importante, mais la fraîcheur s’impose.
Par contre, le vin se montre fragile à l’élévation de température.
Finalement, c’est un joli champagne évanescent qui a trouvé sa bonne place pour le commencement.
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Bollinger Grande Année 1989
Au premier nez, apparaissent des odeurs de coquilles d’huître ainsi qu’un coté salin. Ensuite, c’est à la cacahuète grillée de pointer son nez. La bulle est encore plus fine, la matière supérieure, et la fin de bouche bien plus longue: le vin semble frémir dans le palais.
Cette fois, le champagne supporte très bien la température.
Le verre vide dégage des odeurs de menthol et de tilleul.
Voilà donc deux beaux champagnes au registre différent.
Le chef nous apporte maintenant un feuilleté de ris de veau, rognon et beurre de cerfeuil: que c’était bon et copieux. Enfin des ris de veau comme une grand-mère sait si bien les faire.
Avec cela, rien d’autre (!!) .................... qu’un
Meursault Perrières 1990 des Comtes Lafon.
La robe jeune ainsi que des odeurs d’élevage encore présentes m’empêchent de penser à un vin aussi âgé. Je retrouve dans le nez la palette des meursaults: grillé, beurre, menthol, puis au bout d’un quart d’heure, le café. La bouche est sublime: le vin ne joue pas sur l’opulence mais sur l’élégance, le raffinement et la subtilité. La rétro sur la mandarine et le menthol est très longue.
Tout simplement un beau moment.
Arrive alors sur la table le carré d’agneau vert pré, tian de légumes et matafan. La viande est parfaitement cuite.
Deux vins rouges nous sont proposés:
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Haut-Brion 1988
Après 2 heures de carafage, le nez mûr, dévoile le chocolat et le cèdre dans toute sa majesté. Le silence s’installe autour de la table, je commence à me réjouir à l’idée de l’instant précieux à venir. La bouche transforme alors ma joie en pur bonheur. Sous la solidité du vin, il y a la soie, la presque suavité, et la fraîcheur. Comme toute première fois, je me souviendrai pour toujours de cette incroyable rétro olfaction sur l’encens (certainement une déclinaison du cèdre).
Ce soir là, j’ai vraiment eu la sensation de déguster un vin sur son plateau de plénitude. Quand le bordeaux est grand, je n’ai plus qu’à m’incliner. Mais pour cela, il faut savoir faire preuve de patience, un des mots que me répète le plus souvent, et avec raison, Jean-Luc.
Je tiens aussi à remercier chaleureusement le généreux donateur pour cette bouteille.
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Ellio Grasso 1996, Vendemmia Barolo
La robe de ce vin commence à évoluer comme celle des pinots qui vieillissent. Le premier nez de violette et de pivoine dont les premiers pétales tombent me plaît beaucoup. Il y a aussi, en fin de nez, des notes de champignons noirs comme la trompette. La bouche est marquée par une acidité bien présente mais non dérangeante.
Au final, un vin qui à une personnalité, de la fraîcheur, et au potentiel de garde encore assez important.
Un tel partage doit se finir en apothéose avec …………..
Yquem 1990.
Le nez (que je trouve plutôt passerillé) de ce sauternes nous invite au mélange du fruit (le kumquat) et de la fleur. Je m’imagine alors couché dans un champ de pissenlit tout en regardant le ciel. Le monde est alors si doux.
La bouche est plus sur le botrytis avec des aromes de coing. Ce vin, d’une liqueur magistralement équilibrée, possède une fin de bouche superbe grâce à de beaux amers évoquant la fraîcheur ligérienne.
La persistance impressionne comme si le vin ne voulait pas que je l’oublie. Intérieurement je le rassure: ‘ton souvenir ne me quittera jamais’.
Le chef nous avait préparé un bon tiramisu à la fraise: malheureusement, l’accord n’a pas fonctionné.
De toute façon, Yquem était à boire pour lui-même, et c’est ainsi que je l’ai savouré.
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La soirée s’achève dans la douceur de la nuit: je me laisse m’imprégner par le bien-être.
Jean-Luc rayonne, il sait qu’il nous a fait plaisir.