La pression étant un peu retombée, à moi avec plaisir.
Encore merci à LPV et Bvizioz pour m'avoir permis de participer à cette dégustation, ça m'a permis de m'évader pendant 2 bonnes heures de mon stand...
DOM PERIGNON Oenothèque 1962:
La robe or nous propose un vin brillant, limpide, juste marqué par quelques bulles qui s'échappent lentement
Le premier nez est intense, complexe de champignons, terre mouillée, orange confite. J'agite très modérément mon verre pour profiter de plus d'ouverture et là apparaissent des notes torréfiées, café brûlé. Ce nez est très noble, luxuriant.
En bouche la première impression c'est l'ampleur de ce vin, le milieu est riche et onctueux marqué par une très fine effervescence, plutôt un perlant. Aromatiquement nous en avons plein les papilles, y'a de tout, de l'orange, du thé jasmin, de la noisette, de fines notes torréfiées... la finale est longue, longue sur une très belle fraîcheur saline comme le précisera Mr Geoffroy et à juste titre, la précision de ce Champagne est absolue, la longueur tient aussi sur une très belle amertume.
C'est un très grand Champagne, terriblement envoûtant et à qui j'accorde sans contestation possible la note parfaite
20 (qui suis-je pour me permettre de noter ainsi
, j'avais eu l'occasion de boire un Oenothèque 59 et j'ai retrouvé dans ce vin la grandeur de ces tirages-là...)
VOLNAY CAILLERET Ancienne Cuvée Carnot 1959 Bouchard Père & Fils:
La robe de ce vin est brunie, mais d'une très jolie brillance.
Le 1er nez est fin, de cuir frais, animal. Le développement à l'aération se fait sur le sous-bois, les fruits à l'eau de vie tout en présentant une très belle fraîcheur, ça pinote fort
.
l'attaque en bouche est de belle puissance, le milieu est velouté, ample et la finale d'une très belle longueur, fine sur quelques tanins légèrement asséchants. La palette aromatique est très large, à la fois le cuir frais, l'animalité, le sanguin, la torréfaction du café.
Ce vin appelle un petit gibier pour le sublimer. J'ai aimé ce vin même si j'aurais voulu avoir un petit plus de venaison, il est encore juvénile dans son évolution et je lui attribuerais la note de
17,5...
CHÂTEAU LEOVILLE LAS CASES 1985 Saint Julien 2ème GCC:
Robe intense, légers reflets bruns
Le 1er nez est puissant, sur les épices, cèdre, réglisse. L'ouverture est ponctuée par du poivron rouge grillé, des fruits noirs, du sous bois,de légères notes animales et pruneaux confits. Le nez de ce vin est spectaculaire, très puissant.
L'attaque en bouche est franche, puissante, le milieu est velouté, très ample et longueur toute en douceur, sur des tanins polissés, une finale fraîche. La palette aromatique sentie au nez est toute aussi présente en bouche, on a le sous-bois, l'animal, le cuir, des saveurs de cigare, de chocolat plus épice et amertume sur la longueur.
Ce vin saura encore évoluer quelques années même si dès à présent il se présente merveilleusement bien, "plus Pauillac" à mon avis dans sa définition et structure. Je lui attribuerais la note de
17,5.
CHÂTEAU PAVIE 1998 1er GCC Saint Emilion ( ):
J'attendais ce vin sans trop d'impatience, n'étant pas un fan du body buildage, image qui colle à la peau du Pavie/Perse...ben j'ai été déçu...j'ai tout au contraire beaucoup aimé...
La robe est profonde, intense, très noire avec de très légers reflets orangés...on pressent un vin très riche, très concentré...too much quoi...
Le premier nez est très puissant, de fruits murs, d'épices, d'encre de chine. L'ouverture se veut réglissée, puis palette de fruits rouges et noirs très mûrs...c'est très puissant mais très plaisant, avantcoureur d'une bouche exceptionnelle,
l'attaque en bouche est aussi sur la puissance, le milieu est d'une ampleur magnifique, très velouté, onctueux mais sans excès. La finale est d'une longueur qui s'étire durant près d'une minute sur des tanins épicés encore juvéniles mais d'une très grande qualité, je suis bluffé par cette bouche à la fois puissante mais très joliment équilibrée...La palette aromatique est large, telle que pressentie au nez avec en plus une distinction que je qualifierais de très aristocratique, propre.
grande surprise pour moi que ce vin que j'ai aimé au plus haut point, je m'attendais à du trop de tout les côtés et j'ai eu du beaucoup dans la juste mesure. Un
18,5 sanctionnera la beauté de ce vin sans ennui loin de là...elle pourra encore monter
CHÂTEAU DE BEAUCASTEL 1981 Châteauneuf du Pape:
J'avais déjà eu l'occasion de boire ce vin directement dans les caves du Château il y a 5 ou 6 ans grâce à Thomas Perrin puis il y a 2 ans à table...voyons de nouveau...
Robe grenat, d'intensité moyenne avec des reflets légèrement évolués tirant sur le chocolat.
Le 1er nez est fin, légèrement réducteur. l'ouverture est sur la fourrure, la venaison, de poivre de sechuan. Le nez ne veut pas trop en dire, il reste mesuré, dominé par l'animalité...
Très belle attaque en bouche, ample, le milieu est très joli, soyeux, avec une très belle fraîcheur. La finale dure très longtemps, magnifiquement portée par des tanins très ronds et veloutés et une très belle fraicheur un peu métallique. La palette aromatique est large, animale, poivrée, cuir, fruits mûrs.
C'est le vin rouge je pense qui présente la plus belle maturité et que je prendrais plaisir à boire sur un perdreau de chasse voire même sur une bête à poil. Je lui donne la note de
18,5...
passons aux vins blancs...
RIESLING CLOS SAINT HUNE VT 1989 Trimbach:
Je sui un amoureux de cette cuvée, de ce cépage que je pense être probablement le plus grand de tous, supplantant même le Chardonnay à mon humble avis et la Masison Trimbach produit le plus grand de tous avec Saint Hune, tallonné (de loin tout de même) par sa Cuvée Frédéric Emile, arrivant ensuite Kientzler....bon je ne suis pas là pour parler de mes goûts mais je voulais le souligner pour ne pas me faire assassiner en règle...pourquoi?
Vin à la robe or très brillante, étincelante.
Le 1er nez est fin, très élégant, finesse des arômes citronnés, légère minéralité pétrolée. L'ouverture est magnifique sur le développement de la minéralité pétrolée signant à mon avis les plus grands rieslings sur les sols calcaires. L'ouverture se fait aussi sur des notes de mirabelle mûre, prune. Le nez est d'une très grande puissance.
L'attaque en bouche est franche, puissante et fine à la fois, le milieu est gourmand avec une légère sucrosité et la finale de belle longueur se cherche à mon avis énormément, ça balance entre l'envie d'être une VT et l'envie de bouffer tous ses sucres pour être sec...ça me dérange... Les arômes sont purs, tels qu'au nez...
Ce vin sera grandiose quand il n'y aura plus de sucres car à ce jour je n'adhère pas à son équilibre, on lui voit un avenir cristallin...
Je suis très dur avec ce vin aujourd'hui car je prends tellement mon pied avec Saint Hune habituellement aue là "je me permets" d'être très critique...je lui donne
15 mais il saura atteindre la note parfaite dans le temps, j'en suis certain mais ces sucres ne me plaisant pas dans SH...
CHÂTEAU GILETTE 1975:
J'avais eu l'occasion de boire à quelques reprises Gilette mais j'ai découvert très joliment présenté par Julie Gonet-Médeville l'histoire de Gilette, pas une once de bois, de très longs élevages en cuve et une propriété familiale depuis près de 3 siècles. Merci pour la leçon d'histoire mais aussi pour la leçon qui va être donnée par le vin lui même...
Ce 1975 a passé 18 ans en cuve avant la mise en bouteilles...
La robe est paille, brillante et limpide.
Le 1er nez est très botrytisé et à la fois très vif. L'ouverture se fait sur les agrumes, citron et orange confite, zeste, poivre blanc et légèrement pétrole (non je n'ai pas SH sous le nez). J'aime beaucoup ce nez sans aucune lourdeur.
L'attaque en bouche est franche et nette, le milieu rond, ample, liquoreux mais sans excès et la finale très étirée où l'amertume assagit les sucres qui restent là dans l'équilibre avec un très belle acidité. La palette aromatique est elle qu'au nez plus quelques notes de café, torréfaction en fin de bouche.
L'équilibre de ce vin est édifiant, titrant 14° il n'y a pas une once de lourdeur et la pureté du fruit me laisse penser que la méthode d'élevage en cuve à du bon, ce n'est probablement pas très rentable mais tellement enrichissant pour le vin.
J'ai pris une grosse claque et je revois un peu mes concepts...
LA BEAUTE DU RAISIN SANS L'ARTIFICE DU BOIS
Ce sera un
19 qui sanctionnera ce merveilleux travail...
PORTO TAYLOR'S VINTAGE 1985:
J'aime le Porto vintage et j'aime Taylor's...
Robe cerise noire de très belle intensité. Les larmes coulent lentement, épaisses.
1er nez puissant, réglisse, zan, fruits noirs mûrs.
très belle ouverture à l'aération sur des notes épicées, un peu alcooleuses puis arrivent des notes chocolatées et fruits à l'eau de vie (le marquage par l'alcool est fort). Le nez est alcooleux, il me dérange car la qualité de ses arômes est bien là mais noyée dans le mutage présent.
Attaque en bouche très puissante, chaleureuse, le milieu de bouche est ample avec un très belle sucrosité mais déséquilibré par l'alcool. La finale pourrait être de très grande qualité si l'alcool n'était pas là en surimpression car les tanins sont de très belle qualité et les sucres pas envahissant, l'empreinte d'un grand vintage est là, mais dans sa prime jeunesse.
Aromatiquement c'est riche de fruits noirs, de chocolat, d'épices, de réglisse, de cèdre, de tabac, de figue mûre mais aussi de trop de fruits à l'eau de vie.
Ce Porto est probablement un grand Vintage mais actuellement il goûte très difficilement car il se présente sur la fougue de son eau de vie de mutage. Pour voir bu dernièrement un 70 je lui prédis un grand avenir. J'ai beaucoup aimé l'intervention théâtrale du journaliste italien, je n'aurais pas fais mieux car j'allais presque lever le doigt pour exprimer mon sentiment de regret d'avoir eu à déguster ce vin qui aujourd'hui ne donne pas pleinement l'idée de la grandeur des vintages de Taylor's...
Ce Porto quand il sera à point sera un idéal compagnon de plat de gibiers, bécasse, sanglier car le vintage est un vin et le sucres ne sont pas en dominance.
Je lui attribue la mauvaise note de la dégustation, un
14 mais certain qu'il saura éblouir son monde dans une quinzaine d'année...
Je voudrais parler d'un élément qui à son importance dans cette dégustation...la totalité des vins venaient directement des différentes propriétés, n'avaient donc jamais bougé depuis leur mise en bouteille, n'avaient pas subit les affres des déménagements, des caves trop sèches, trop chaude, trop froide (j'accepte cet affre là
)...etc...etc...
Donc il faut faire attention à la jeunesse trouvée sur l'ensemble des vins, ils étaient là présentés dans l'état le plus parfait possible (osant espérer que les caves des propriétés sont bonnes, pour Beaucastel j'en suis témoin)...
Les températures de service furent excellentes, les condition de la dégustation pour certains peut être moins (j'étais en bout de table donc je pouvais déborder dans l'allée mais les gens coincés au milieu devaient se sentir à l'étroit...François quant à lui n'avait pas ce problème
).
Bravo à l'équipe du Lycée Albert de Mun parfaitement dirigé par Antoine Pétrus au nom prédestiné et à la gentillesse et talents débordants[size=x-small]...(le professeur de de Mun était absent car en Australie pour visiter les vignobles de Michel Chapoutier avec son élève ayant gagné le trophée éponyme du Meilleur Elève Sommelier...)[/size]