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De 1959 à 1998 : la légende du demi-siécle – Grand Tasting

  • BoiPaKeDeLo
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Bonjour,

J’ai pu participer à cette superbe dégustation, et pour mes premiers vieux millésimes ce fut un beau baptême. Voici mon compte-rendu où je vais essayer de transcrire ce que j’ai ressenti. Etaient présentés les vins suivant dans l’ordre :

- Champagne Don Pérignon Oenothèque 1962
- Volnay 1er cru Caillerets 1959 Domaine Bouchard Père & fils
- Saint-Julien Château Léoville Las Cases 1985
- Saint-Emilion Château Pavie 1998
- Châteauneuf du Pape Château de Beaucastel 1981
- Riesling Clos Sainte-Hune VT 1989 de Trimbach
- Sauternes Château Gilette 1975
- Porto Taylor’s Vintage 1985

Don Pérignon Oenothèque 1962 : ce qui surprend d’abord est l’absence de bulles dans le verre –sans doute normal vu son âge-, mais le vin se révélera perlant une fois en bouche. Le nez est d’une grande finesse, d’une grande complexité, avec comme premier arome perçu de l’humus, de la tourbe, puis il me semble des notes d’orange confite ; en bouche l’attaque est franche, citronnée, salivante, et toute en sensation tactile ; la bouche est longue, fine, avec une finale saline, fraiche, tendue, et après un long moment, une pointe d’amertume. Ce qui surprend aussi est la sensation de bouche nette et propre laissé par le vin, signe je pense d’un vin particulièrement sec, sans un gramme de sucre. Magnifique entrée en matière.

Volnay 1er cru Caillerets 1959 : robe brune tirant sur l’orange, assez claire ; au nez aromes de fumé, de venaison, de griottes confites, de cuir ; grande complexité ; bouche fraiche, veloutée ; tanins très fins, fondus ; et comme avec le Don Pérignon, j’ai une sensation de bouche nette, comme s’il laissait la place au suivant. J’ai apprécié ce vin sans être vraiment séduit.

Château Léoville Las Cases 1985 : robe assez soutenue, beaucoup de matière en suspension, cercle tirant sur l’oranger. Nez confit, notes de sous bois, de feuilles mouillées ; dans la même veine que le Volnay précédant. Souplesse et douceur ressortent au nez. Bouche gourmande, fringante, très grande finesse de tanins. Elle offre vraiment de très belles sensations, un superbe velouté. Finale fraiche, mentholée, longue. Un des intervenants dit que 1985 est un millésime de plaisir : ce vin le confirme.

Château Pavie 1998 : Gérard Perse le propriétaire du domaine nous raconte sa vie pendant un (très et trop) long moment qui fini par lasser et déconcentre de la dégustation ; Thierry Desseauve finit –un peu tard- par gentiment le coupé, et ensuite le rythme de la dégustation va s’accélérer pour rattraper le temps perdu. Mais revenons-en au vin : une robe soutenue, profonde, un nez puissant de fruits noires qui m’évoque de lourds velours tendus dans une ambiance châtelaine ; bouche pleine, puissante, ample, avec des tannins pas encore complètement fondus. Vin très gourmand, avec de la mâche, du croquant ; Un vin encore en pleine jeunesse.

Château de Beaucastel 1981 : robe assez claire, étonnante pour un CNP ; nez franc d’écurie, fougueux, très animal ; complexité étonnante, grande noblesse, m’évoquant la chasse à courre ; à l’aération se civilise pour devenir plus floral, avec des notes de rose. En bouche c’est douceur, finesse, épices, avec des tannins au grain très fin. Et pour faire durer le plaisir, la bouche s’étire en longueur.

Après ces quatre rouges viennent deux blancs liquoreux :

Clos Sainte-Hune VT 1989 : pour ce vin ce sera un festival : superbe robe limpide, brillante, claire. Puis un nez magnifique, complexe, ou l’on pressent un grand équilibre en bouche ; très bel arome de citron confit. Porter ce vin au nez est pour moi un grand plaisir. C’est beau, pur, élégant. Et ca continue en bouche : quel équilibre, quelle profondeur, quelle douceur et fraicheur. Le milieu de bouche est puissant, la finale très fraiche, longue, superbe. Un grand moment, pour moi le meilleur de la journée. J’étais déjà très porté sur les blancs en général, et les riesling en particulier ; cette tendance va sans doute s’accentuer après avoir découvert ce qu’ils peuvent donner avec l’âge.

Château Gilette 1975 : très belle robe d’un jaune soutenu, limpide et brillante ? Nez d’orange confite, de botrytis, c’est puissant et il me semble vanillé alors que le vin n’a pas connu le bois. S’ensuit une superbe bouche ample, puissante et expressive, avec beaucoup de croquant de mâche et de fraicheur. L’équilibre est magnifique ; Ce vin donne envi de se lover dans un fauteuil en face d’un feu de cheminée et de méditer sur la beauté de la vie.

Pour finir nous passons au :

Porto Taylor’s Vintage 1985 : j’ai eu du mal à comprendre et vraiment apprécier ce vin ; manque d’expérience avec les porto ? ou vin trop jeune ? En tout cas ma description sera rapide, avec un nez boisé, de cerise confite, une bouche alcooleuse, puissante, épicée, et une finale fraiche. C’est le vin qui m’a le moins intéressé, avec lequel je n’ai eu aucun plaisir ; donc expérience à renouveler avec un « très » vieux porto.

En conclusion, il y a deux maîtres-mots qui ressortent de la dégustation : équilibre, et fraicheur. L’équilibre est certainement la marque des grands, et la plupart des vins présentaient une fraicheur étonnante (pour moi) au vu de leur âge.

Voilà. J’espère qu’il y aura d’autres CR de cette splendide séance.

Olivier

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Olivier
« Consommée avec modération, l’eau ne peut pas faire grand mal » (Marc Twain)
23 Nov 2008 03:45 #1

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MErci ! On attends les commentaires de SP.

mapassionduvin.over-...
L'amour des vins !
23 Nov 2008 20:46 #2

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: De 1959 à 1998 : la légende du demi-siécle – Grand Tasting

je ne sais pas qui est SP et pourquoi le lien avec ce blog.

Voici mes commentaires qui différent un peu de ceux de Boipa... car il y avait beaucoup de bulle dans mon Dom Pérignon 1962.

La deuxième journée commence pour moi par le point culminant du Grand Tasting, une Master Class Prestige intitulée : « de 1959 à 1998 : la légende du demi-siècle ».
Nous débutons par un chef d’œuvre totalement introuvable pour les amateurs de vins, le Champagne Dom Pérignon Œnothèque 1962. Il est présenté par Richard Geoffroy, l’homme qui fait Dom Pérignon, habité par une passion communicative. La couleur du champagne est d’un or très noble teinté d’une légère trace de cire. Le nez est extrêmement raffiné. On sent l’amande. La bulle est très active le dégorgement ayant été fait en 2004, Geoffroy jugeant que les dégorgements trop récents ne sont pas à l’avantage du vin. En bouche on perçoit l’amande, la noisette et le poivre. La longueur est belle et le final est en panache. Richard insiste sur le caractère réducteur du vin et ses notes grillées et toastées. Il décrit l’orange et le jasmin. La fraîcheur est associée à l’intensité et Richard compare l’équilibre entre le noir et le blanc à celui du yin et du yang. Le final est salin et l’agrume apparaît progressivement. C’est un immense champagne.

Martine XXXXX présente le Volnay Caillerets ancienne cuvée Carnot Bouchard Père et Fils 1959. La couleur est d’un rouge légèrement brun, très légère. Le nez est absolument bourguignon, avec de l’amertume. En bouche l’amertume est sensible aussi, cette belle caractéristique bourguignonne. Le vin est très frais, avec des notes de cuir et de fumé. Il est caractérisé par son harmonie, sa finesse et sa subtilité.

Yorick d’Alton présente le Château Léoville Las Cases 1985. Il nous dit que c’est un vin d’un millésime de douceur, de velours. Sa couleur est très foncée après le rubis du Volnay. Ce qui frappe c’est son beau final de fruits bruns comme des pruneaux. Il est frais et désaltérant et montre une jeunesse remarquable. L’acidité la fraîcheur et l’astringence sont plus que sensibles. Le final mentholé de fraîcheur est convaincant.

Gérard Perse présente son parcours avant de parler de son vin, le Château Pavie 1998. Le vin est de couleur noire, semblant très lourd. Le nez est très riche, de forte densité. En bouche, le vin est très riche mais aussi très pur. Michel Bettane aime beaucoup ce vin élégant montrant déjà une belle maturité. Tout est un peu excessif en ce vin mais force est de constater que le résultat se conçoit, même s’il mange les gencives. Thierry Desseauve parle de noblesse et de mesure.

François Perrin parle de sa famille et de son vin le Château de Beaucastel, Chateauneuf-du-Pape 1981. La couleur est un peu trouble, d’un rouge de sang séché. Le nez est un peu doucereux et évoque l’écurie. La bouche est fraîche avec un petit aspect viande. François dit qu’il a pué dans sa jeunesse et que si l’on n’aime pas les senteurs viriles il ne faut pas s’intéresser à ces vins. Ce vin montre très peu d’alcool. Il a une grande complexité aromatique de rose, de poivre et d’animal. Il montre quelques signes d’évolution. François dit que pour déguster ses vins, l’idéal est quand les tannins deviennent sucrés. Le temps passant le vin devient plus doucereux, plus sucré. Il est d’une belle évolution, c’est un vin de plaisir.

Le Riesling Clos Sainte-Hune Vendanges tardives Trimbach 1989 est un vin que j’ai déjà bu comme le Dom Pérignon 1962. Mais je ne peux m’empêcher de prendre de plein fouet le choc de sa perfection. Car ce vin est totalement parfait. Richard Geoffroy auprès duquel je suis assis cherche les similitudes entre ce vin idéal et son champagne. Au nez, on sent qu’un pont peut exister. Pierre Trimbach rappelle que le Clos Sainte Hune a une superficie de 1,38 ha, ce qui donne la mesure du cadeau qui nous est fait. Il ajoute que si le 1989 est un Vendanges Tardives, ce qui résulte d’un accident, le domaine s’étant fait surprendre par la nature, la stratégie de son domaine sera de ne plus faire que des secs. Le vin est jaune d’or. Le nez est minéral et litchi et annonce la perfection qui va venir. 1989 est en Alsace la plus grande année de botrytis après 1967. Le domaine a essayé de le faire le plus sec possible malgré le développement du botrytis et ce vin se boit aujourd’hui presque sec. Il y a du litchi de la pêche blanche, des fleurs blanches, mais l’on retient surtout l’élégance et la fraîcheur. C’est un vin époustouflant de perfection.

Julie Gonet-Médeville parle du Château Gilette 1975. Sa famille possède cette parcelle de 4,5 ha depuis 1710 et sa caractéristique est que le vieillissement se fait en cuve sans aucun bois. La moyenne de vieillissement est de quinze à vingt ans, le 1953 étant resté vingt-sept ans en cuve. Il n’est toujours pas ouvert dit-elle ! Le nez du 1975 est intense de botrytis. Il est très pur. La fraîcheur est exemplaire alors que le vin titre plus de 14°. Julie dit que Gilette ne fait maintenant que des crèmes de tête, ce qui fait que certains millésimes ne seront pas produits sous le nom Gilette. Le final du vin est très long avec des oranges amères et de peaux d’oranges confites.

Richard Geoffroy fait remarquer que le choix de Michel et Thierry pour cette séance porte sur des vins qui sont tous réducteurs et marqués par une imposante fraîcheur.

Le dernier vin de cette dégustation d’enchantement est un Porto Taylor’s 1985 présenté par Luis Esgonnière Carneiro. La couleur est belle, plus rouge que noire. L’attaque est toute en fraîcheur (elle aussi) et le final très frais montre à peine l’alcool. Les griottes confites, les cerises sont d’une belle complexité. Jancis Robinson à la demande de Michel décrit ce porto en parlant de final mentholé et de réglisse. Elle insiste sur le caractère très « claret » au sens anglais de ce porto. Enzo Vizzari, grand spécialiste de vins tonitrue que c’est un crime de boire ce porto si jeune et qu’il faut recommencer l’ensemble de la dégustation avec un porto de cinquante ans de plus. J’ai adoré ce vin qui se goûte comme un bonbon de plaisir sans que l’on ressente la moindre fatigue.
Cette superbe dégustation est toute à l’honneur du Grand Tasting. Sans l’estime que des vignerons ont pour Michel Bettane et Thierry Desseauve, jamais ce n’eût été possible de réunir de tels vins.

Antoine Pétrus, jeune sommelier brillantissime a organisé le service des vins pour les Master Class avec de jeunes élèves sommeliers. Ils sont chaudement applaudis car leur tâche était difficile. Même si certains vins furent un peu froids, la prestation fut remarquable.

Trop fatigué pour assister à la Master Class suivante, j’ai quand même goûté en cuisine le Montrachet Grand Cru Domaine Jacques Prieur 2006. Ce vin est prodigieux, goûteux, chaleureux, expansif en bouche. Bu en cuisine il n’a pas le même charme que commenté. Mais qu’est-ce que c’est bon !
J’ai rejoint ma fille et son compagnon qui sont des amoureux des vins de Jean-Luc Thunevin. Ma fille n’arrêtait pas de rire quand Jean-Luc ne cessait de me chambrer fort gentiment. J’ai goûté le Bordeaux Bad Boy rouge 2005 qui est extrêmement plaisant ainsi que le Fronsac Haut-Carles 2006 que je connaissais déjà. Je fus chambré de même par Olivier Decelle qui me fit goûter le Mas Amiel Maury rouge1969 que ma fille adore. Ce ne furent que rires qui doivent pousser ma fille à se demander si ma passion des vins anciens est prise au sérieux. Je sais que ces petites piques sont très amicales.

Pour finir mon Grand Tasting, j’ai « picoré » dans les allées au domaine Marcel Deiss son Schoffweg blanc 2004 remarquable de précision. J’ai mangé un sandwich sur le Champagne Pol Roger cuvée Winston Churchill 1998 d’une subtilité rare, puis sur un Champagne Philipponnat Clos des Goisses 1998 absolument exceptionnel. J’ai goûté un Champagne Henriot 1996 très précis et un Chevalier-Montrachet Bouchard Père & Fils 1998 floral et épanoui.

Martine Byat qui se doutait que je repasserais à son stand m’avait gardé un peu du Volnay Caillerets 1959 plus épanoui et vibrant encore, une ou deux heures après sa présentation. J’ai goûté le Champagne Moët & Chandon 2003 subtil et déjà prêt à boire, le Champagne Bollinger 1999 très précis et le Champagne Les Echansons Mailly 1999.

J’ai manqué de visiter tellement de vins qu’il eût fallu deux jours de plus pour découvrir toutes les richesses de ce salon qui fut une grande réussite.


Cordialement,
François Audouze
23 Nov 2008 20:55 #3

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La pression étant un peu retombée, à moi avec plaisir.

Encore merci à LPV et Bvizioz pour m'avoir permis de participer à cette dégustation, ça m'a permis de m'évader pendant 2 bonnes heures de mon stand...

DOM PERIGNON Oenothèque 1962:
La robe or nous propose un vin brillant, limpide, juste marqué par quelques bulles qui s'échappent lentement
Le premier nez est intense, complexe de champignons, terre mouillée, orange confite. J'agite très modérément mon verre pour profiter de plus d'ouverture et là apparaissent des notes torréfiées, café brûlé. Ce nez est très noble, luxuriant.
En bouche la première impression c'est l'ampleur de ce vin, le milieu est riche et onctueux marqué par une très fine effervescence, plutôt un perlant. Aromatiquement nous en avons plein les papilles, y'a de tout, de l'orange, du thé jasmin, de la noisette, de fines notes torréfiées... la finale est longue, longue sur une très belle fraîcheur saline comme le précisera Mr Geoffroy et à juste titre, la précision de ce Champagne est absolue, la longueur tient aussi sur une très belle amertume.

C'est un très grand Champagne, terriblement envoûtant et à qui j'accorde sans contestation possible la note parfaite 20 (qui suis-je pour me permettre de noter ainsi ;), j'avais eu l'occasion de boire un Oenothèque 59 et j'ai retrouvé dans ce vin la grandeur de ces tirages-là...)

VOLNAY CAILLERET Ancienne Cuvée Carnot 1959 Bouchard Père & Fils:
La robe de ce vin est brunie, mais d'une très jolie brillance.
Le 1er nez est fin, de cuir frais, animal. Le développement à l'aération se fait sur le sous-bois, les fruits à l'eau de vie tout en présentant une très belle fraîcheur, ça pinote fort ;).
l'attaque en bouche est de belle puissance, le milieu est velouté, ample et la finale d'une très belle longueur, fine sur quelques tanins légèrement asséchants. La palette aromatique est très large, à la fois le cuir frais, l'animalité, le sanguin, la torréfaction du café.
Ce vin appelle un petit gibier pour le sublimer. J'ai aimé ce vin même si j'aurais voulu avoir un petit plus de venaison, il est encore juvénile dans son évolution et je lui attribuerais la note de 17,5...

CHÂTEAU LEOVILLE LAS CASES 1985 Saint Julien 2ème GCC:
Robe intense, légers reflets bruns
Le 1er nez est puissant, sur les épices, cèdre, réglisse. L'ouverture est ponctuée par du poivron rouge grillé, des fruits noirs, du sous bois,de légères notes animales et pruneaux confits. Le nez de ce vin est spectaculaire, très puissant.
L'attaque en bouche est franche, puissante, le milieu est velouté, très ample et longueur toute en douceur, sur des tanins polissés, une finale fraîche. La palette aromatique sentie au nez est toute aussi présente en bouche, on a le sous-bois, l'animal, le cuir, des saveurs de cigare, de chocolat plus épice et amertume sur la longueur.
Ce vin saura encore évoluer quelques années même si dès à présent il se présente merveilleusement bien, "plus Pauillac" à mon avis dans sa définition et structure. Je lui attribuerais la note de 17,5.

CHÂTEAU PAVIE 1998 1er GCC Saint Emilion (;) ):
J'attendais ce vin sans trop d'impatience, n'étant pas un fan du body buildage, image qui colle à la peau du Pavie/Perse...ben j'ai été déçu...j'ai tout au contraire beaucoup aimé...
La robe est profonde, intense, très noire avec de très légers reflets orangés...on pressent un vin très riche, très concentré...too much quoi...
Le premier nez est très puissant, de fruits murs, d'épices, d'encre de chine. L'ouverture se veut réglissée, puis palette de fruits rouges et noirs très mûrs...c'est très puissant mais très plaisant, avantcoureur d'une bouche exceptionnelle,
l'attaque en bouche est aussi sur la puissance, le milieu est d'une ampleur magnifique, très velouté, onctueux mais sans excès. La finale est d'une longueur qui s'étire durant près d'une minute sur des tanins épicés encore juvéniles mais d'une très grande qualité, je suis bluffé par cette bouche à la fois puissante mais très joliment équilibrée...La palette aromatique est large, telle que pressentie au nez avec en plus une distinction que je qualifierais de très aristocratique, propre.
grande surprise pour moi que ce vin que j'ai aimé au plus haut point, je m'attendais à du trop de tout les côtés et j'ai eu du beaucoup dans la juste mesure. Un 18,5 sanctionnera la beauté de ce vin sans ennui loin de là...elle pourra encore monter

CHÂTEAU DE BEAUCASTEL 1981 Châteauneuf du Pape:
J'avais déjà eu l'occasion de boire ce vin directement dans les caves du Château il y a 5 ou 6 ans grâce à Thomas Perrin puis il y a 2 ans à table...voyons de nouveau...
Robe grenat, d'intensité moyenne avec des reflets légèrement évolués tirant sur le chocolat.
Le 1er nez est fin, légèrement réducteur. l'ouverture est sur la fourrure, la venaison, de poivre de sechuan. Le nez ne veut pas trop en dire, il reste mesuré, dominé par l'animalité...
Très belle attaque en bouche, ample, le milieu est très joli, soyeux, avec une très belle fraîcheur. La finale dure très longtemps, magnifiquement portée par des tanins très ronds et veloutés et une très belle fraicheur un peu métallique. La palette aromatique est large, animale, poivrée, cuir, fruits mûrs.
C'est le vin rouge je pense qui présente la plus belle maturité et que je prendrais plaisir à boire sur un perdreau de chasse voire même sur une bête à poil. Je lui donne la note de 18,5...

passons aux vins blancs...

RIESLING CLOS SAINT HUNE VT 1989 Trimbach:
Je sui un amoureux de cette cuvée, de ce cépage que je pense être probablement le plus grand de tous, supplantant même le Chardonnay à mon humble avis et la Masison Trimbach produit le plus grand de tous avec Saint Hune, tallonné (de loin tout de même) par sa Cuvée Frédéric Emile, arrivant ensuite Kientzler....bon je ne suis pas là pour parler de mes goûts mais je voulais le souligner pour ne pas me faire assassiner en règle...pourquoi?
Vin à la robe or très brillante, étincelante.
Le 1er nez est fin, très élégant, finesse des arômes citronnés, légère minéralité pétrolée. L'ouverture est magnifique sur le développement de la minéralité pétrolée signant à mon avis les plus grands rieslings sur les sols calcaires. L'ouverture se fait aussi sur des notes de mirabelle mûre, prune. Le nez est d'une très grande puissance.
L'attaque en bouche est franche, puissante et fine à la fois, le milieu est gourmand avec une légère sucrosité et la finale de belle longueur se cherche à mon avis énormément, ça balance entre l'envie d'être une VT et l'envie de bouffer tous ses sucres pour être sec...ça me dérange... Les arômes sont purs, tels qu'au nez...
Ce vin sera grandiose quand il n'y aura plus de sucres car à ce jour je n'adhère pas à son équilibre, on lui voit un avenir cristallin...
Je suis très dur avec ce vin aujourd'hui car je prends tellement mon pied avec Saint Hune habituellement aue là "je me permets" d'être très critique...je lui donne 15 mais il saura atteindre la note parfaite dans le temps, j'en suis certain mais ces sucres ne me plaisant pas dans SH...

CHÂTEAU GILETTE 1975:
J'avais eu l'occasion de boire à quelques reprises Gilette mais j'ai découvert très joliment présenté par Julie Gonet-Médeville l'histoire de Gilette, pas une once de bois, de très longs élevages en cuve et une propriété familiale depuis près de 3 siècles. Merci pour la leçon d'histoire mais aussi pour la leçon qui va être donnée par le vin lui même...
Ce 1975 a passé 18 ans en cuve avant la mise en bouteilles...
La robe est paille, brillante et limpide.
Le 1er nez est très botrytisé et à la fois très vif. L'ouverture se fait sur les agrumes, citron et orange confite, zeste, poivre blanc et légèrement pétrole (non je n'ai pas SH sous le nez). J'aime beaucoup ce nez sans aucune lourdeur.
L'attaque en bouche est franche et nette, le milieu rond, ample, liquoreux mais sans excès et la finale très étirée où l'amertume assagit les sucres qui restent là dans l'équilibre avec un très belle acidité. La palette aromatique est elle qu'au nez plus quelques notes de café, torréfaction en fin de bouche.
L'équilibre de ce vin est édifiant, titrant 14° il n'y a pas une once de lourdeur et la pureté du fruit me laisse penser que la méthode d'élevage en cuve à du bon, ce n'est probablement pas très rentable mais tellement enrichissant pour le vin.
J'ai pris une grosse claque et je revois un peu mes concepts...
LA BEAUTE DU RAISIN SANS L'ARTIFICE DU BOIS
Ce sera un 19 qui sanctionnera ce merveilleux travail...

PORTO TAYLOR'S VINTAGE 1985:
J'aime le Porto vintage et j'aime Taylor's...
Robe cerise noire de très belle intensité. Les larmes coulent lentement, épaisses.
1er nez puissant, réglisse, zan, fruits noirs mûrs.
très belle ouverture à l'aération sur des notes épicées, un peu alcooleuses puis arrivent des notes chocolatées et fruits à l'eau de vie (le marquage par l'alcool est fort). Le nez est alcooleux, il me dérange car la qualité de ses arômes est bien là mais noyée dans le mutage présent.
Attaque en bouche très puissante, chaleureuse, le milieu de bouche est ample avec un très belle sucrosité mais déséquilibré par l'alcool. La finale pourrait être de très grande qualité si l'alcool n'était pas là en surimpression car les tanins sont de très belle qualité et les sucres pas envahissant, l'empreinte d'un grand vintage est là, mais dans sa prime jeunesse.
Aromatiquement c'est riche de fruits noirs, de chocolat, d'épices, de réglisse, de cèdre, de tabac, de figue mûre mais aussi de trop de fruits à l'eau de vie.
Ce Porto est probablement un grand Vintage mais actuellement il goûte très difficilement car il se présente sur la fougue de son eau de vie de mutage. Pour voir bu dernièrement un 70 je lui prédis un grand avenir. J'ai beaucoup aimé l'intervention théâtrale du journaliste italien, je n'aurais pas fais mieux car j'allais presque lever le doigt pour exprimer mon sentiment de regret d'avoir eu à déguster ce vin qui aujourd'hui ne donne pas pleinement l'idée de la grandeur des vintages de Taylor's...
Ce Porto quand il sera à point sera un idéal compagnon de plat de gibiers, bécasse, sanglier car le vintage est un vin et le sucres ne sont pas en dominance.
Je lui attribue la mauvaise note de la dégustation, un 14 mais certain qu'il saura éblouir son monde dans une quinzaine d'année...

Je voudrais parler d'un élément qui à son importance dans cette dégustation...la totalité des vins venaient directement des différentes propriétés, n'avaient donc jamais bougé depuis leur mise en bouteille, n'avaient pas subit les affres des déménagements, des caves trop sèches, trop chaude, trop froide (j'accepte cet affre là ;) )...etc...etc...

Donc il faut faire attention à la jeunesse trouvée sur l'ensemble des vins, ils étaient là présentés dans l'état le plus parfait possible (osant espérer que les caves des propriétés sont bonnes, pour Beaucastel j'en suis témoin)...

Les températures de service furent excellentes, les condition de la dégustation pour certains peut être moins (j'étais en bout de table donc je pouvais déborder dans l'allée mais les gens coincés au milieu devaient se sentir à l'étroit...François quant à lui n'avait pas ce problème ;) ).
Bravo à l'équipe du Lycée Albert de Mun parfaitement dirigé par Antoine Pétrus au nom prédestiné et à la gentillesse et talents débordants[size=x-small]...(le professeur de de Mun était absent car en Australie pour visiter les vignobles de Michel Chapoutier avec son élève ayant gagné le trophée éponyme du Meilleur Elève Sommelier...)[/size]


Fabien
25 Nov 2008 11:09 #4

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Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck