Vendredi 21 mars 2008 à 20 heures, deux Fous furieux invitent des amis à partager quelques unes de leurs bouteilles pendant un dîner.

Le lieu : le goût des hotes à Paris
Le menu : cassolette de Saint Jacques, assiette du rôtisseur pommes écrasée et un crumble.
Les quilles:
* Dom Pérignon 1964
* Muscadet 1995 de la Louveterie
* Sylvaner "Marle Barry" 1964 de Mosbach
* Pinot blanc d'Armand Gilg
* Riesling 1964 de Mosbach
* Gewurztraminer 1964 de Mosbach
* Sancerre "Galinot" 1982 de Gitton
* Pouilly-Fumé "Pur Sang" 1990 de Didier Dagueneau
* Chassagne-Montrachet 1964 de Géricot
* Puligny-Montrachet 1964 de Géricot
* Criots-Bâtard-Montrachet 1993 de Rougeot
* Chinon "Les Varennes du grand Clos" 1989 de Charles Joguet
* Chinon "Les Varennes du grand Clos" en franc-de-pied 1989 de Charles Joguet
* Nuits-Saint-Georges 1erCru "Champ Perdrix" 1985 de Michelot (Magnum)
* Haut-Bailly 1981 (Magnum)
* Gazin 1964 (Pomerol)
* Haut-Bailly 1962
* Haut-Trochaud 1955 (Haut-Pomerol)
* Larcis-Ducasse 1952 (saint Emilion)
* Branaire 1943 (saint Julien)
* Riesling Burg 1990 de Deiss
* Riesling GC Hengst VT 1979 de Jossmeyer
* Quart-de-Chaumes 1976 Domaine des Beaumard
* Côteaux du Layon 1947 du Château de Fesles
* Château Coutet 1975
* Château Raymond-Lafon 1970
* Yquem 1991
* Un Calva de derrière les fagots

Bien entendu les CR sont à suivre.
Un grand MERCI à nos deux "malades" préférés de nous avoir fait vivre un tel moment.

C'est effectivement assez impressionnant.
J'imagine que l'un des deux est né en 1964 ?

Gweno,
Je n'aime pas trop le mot "quille". ça crée une distanciation par rapport au vin qui me dérange.
Nota : ce n'est pas que je refuse l'argot. Mais j'ai une dévotion qui m'interdit un tel mot.

Le Dom Pérignon 1964 est une bouteille mythique. J'imagine que les Alsace de 1964 ont dû être très excitants. Le Branaire 1943, si la bouteille a été bien conservée, devait être intéressant.
Je suis étonné par l'année de l'Yquem, qui est une des moins excitantes, même si c'est bon.
le Coteaux du Layon 1947 devait être un vrai bonbon de subtilité.

boudiou... ça c'est de la dégustation !!!
en tout cas pas trop amateurs de vins du sud apparemment;)
je blague c'est déjà une palette formidable, mais en 1 soirée difficile de prendre son temps
le CR le CR !!!X(

Ci-après mes commentaires sur les bouteilles dégustées à l’aveugle :

Apéro « Deluxe »
* Dom Pérignon 1964
Robe : ambre foncé, le vin perle dans le verre
Nez : typé « vieux Champagne », les notes oxydatives se mêlent à des notes florales, de noisette et d’amande.
Bouche : vif, long, fruité (abricot sec). Je trouve la finale un peu chaude sur l’alcool, ce qui est un peu dommage. BIEN

Avec les Saint Jacques
* Muscadet Fief du Breuil 1995 de la Louveterie
Robe : Jaune / vert
Nez : Un premier nez plutôt fermé, il s’ouvre à l’aération pour offrir des notes d’agrumes (citron et pamplemousse) et briochées
Bouche : il paraît jeune, beurré, toasté, vif, sec et avec une finale sur la pomme verte. BIEN

* Sylvaner "Marle Barry" 1964 de Mosbach
Robe : Or tirant sur l’ambre, léger trouble
Nez : iodé (teinture d’iode), minéral, et un corps de type saumon fumé.
Bouche : c’est le saumon fumé qui domine. MOYEN

* Pinot blanc d'Armand Gilg (des années 60)
Robe : Jaune vert
Nez : citrus, un peu toasté et beaucoup de « cailloux »
Bouche : Une amertume gênante en bouche. BOF

* Riesling 1964 de Mosbach
Robe : Or
Nez : citrus, iodé, coque / palourde.
Bouche : il paraît encore vaillant, mais une finale sur le vernis (celui que l’on met sur le bois) me gène. MOYEN

* Gewurztraminer 1964 de Mosbach
Robe : vieil or
Nez : les notes d’abricot, de rose et de mangoustan trahissent le cépage.
Bouche : vif, acidulé, avec une note fenouil qui apporte de la fraîcheur. BIEN

* Sancerre "Galinot" 1982 de Gitton
Nez : Un premier nez de kérosène, puis ortie et menthe crépue (l’arôme chlorophylle des chewing-gums)
Bouche : typé sauvignon évolué … Ouf, je ne me suis pas trompée ! BIEN

* Pouilly-Fumé "Pur Sang" 1990 de Didier Dagueneau
Robe : or clair
Nez : truffe blanche, un peu alliacé, un fond de poire Williams
Bouche : Première claque de la soirée, magnifique, fruité poire williams, long, mais long, minéral, citrus … EXCELLENT

* Chassagne-Montrachet 1964 de Géricot
Nez : ce vin ne me parle pas, il a des notes évoluées, de la vivacité ?!?
Bouche : il est bien fait, il est typé Chardonnay de la Côte mais il ne me parle pas, désolée ! BIEN

* Puligny-Montrachet 1964 de Géricot
Nez : un nez très gourmand de sucre cuit et d’abricot
Bouche : note de rancio bizarre, acidité trop marquée à mon goût. MOYEN

Avec l’assiette « Mixed Grill »
* Chinon "Les Varennes du Grand Clos" 1989 de Charles Joguet
Robe : Rubis foncé, très léger trouble
Nez : Piment d’Espelette et Champignonnière.
Bouche : Une baffe, une ! Du poivron rôti, de la framboise écrasée, des tanins souples, une belle acidité, de l’élégance, que dis-je, du velours. EXCELLENT

* Chinon "Les Varennes du Grand Clos" en franc de pieds 1989 de Charles Joguet
Robe : Rubis, très limpide
Nez : piment doux, fruité. Le nez est plus complexe que le précédent.
Bouche : déception en bouche, il est plus acide, il y a une pointe de volatile, mais avec de beaux arômes tabac et muscade. BIEN
 Dans le cas de ces deux vins (issus de la même parcelle, même cépage, même vinification …) la seule différence est la présence du porte-greffe. Le porte-greffe semble filtrer l’acidité et rend le vin plus élégant en bouche. Pourtant au nez, les arômes étaient plus complexes pour le franc de piedd. Comparatif très intéressant.

* Nuits-Saint-Georges 1erCru "Champ Perdrix" 1985 de Michelot (Magnum)
Robe :rubis évolué
Nez : un très beau nez où se mêlent des notes d’évolution (viandé limite castoréum, cuir, truffe blanche) et de fruits (framboise qui poivronne un peu)
Bouche : « BANG », une vraie gourmandise riche en fraise des bois et en tanins soyeux. Il est long, complexe, équilibré … EXCELLENT

* Haut-Bailly 1981 (Magnum)
Robe : rubis
Nez : un beau nez expressif sur les fruits rouges et noirs.
Bouche : une bouche un peu trop policée, il est bien fait, il évolue bien mais manque de caractère. BIEN

* Gazin 1964 (Pomerol)
Robe : rubis avec des reflets violacés.
Nez : un nez austère (cistercien), un peu beurré
Bouche : un beau fruité, de beaux tanins, une belle acidité. TRES BIEN

* Haut-Bailly 1962
Nez : du fruit et du tabac. Beau nez expressif
Bouche : il y a encore du fruit, une belle acidité, fin et équilibré, mais il est écrasé par la viande. BIEN

* Haut-Trochaud 1955 (Haut-Pomerol)
Nez : viandé (agneau ?), un peu de fruits (fraise des bois)
Bouche : acidité trop marquée et une finale asséchante. BOF

* Larcis-Ducasse 1952 (saint Emilion)[/b][/color]
Bouteille bouchonnée … C’est vraiment dommage car on sentait encore du fruit et une belle matière.

* Branaire 1943 (saint Julien)
Bouteille morte : acidité tranchante dixit Eric.

Pour se refaire la bouche
* Criots-Bâtard-Montrachet 1993 de Rougeot
Robe : Or
Nez : un peu fermé, à l’aération, il est assez complexe, floral,citrus …
Bouche : complexe, vif, citrus, fleur blanche, un boisé noble, manque un peu de longueur. TRES BIEN

Avec le plateau de fromages (Saint Nectaire, Camembert, Saint Marcellin, Rocamadour frais et Bleu)
* Riesling Burg 1990 de Deiss
Nez : rosé, un peu pétrolé, sucre cuit, typé Riesling avec du sucre résiduel.
Bouche : les fromages sont écrasés, KO ! Les notes de roses ( Damascena), de fruits blancs, une pointe de pétrole pour le rendre plus complexe, pour finir sur un peu de sucre résiduel. Confirmation de mon amour pour le Burg et Deiss. TRES BIEN

* Riesling GC Hengst VT 1979 de Jossmeyer
Nez : citrus, manque de netteté, j’avais encore presque tout mes esprits!
Bouche : typé Chardonnay, légèrement perlant, puis pétrolé et amer. BOF

Avec le Crumble et le fromage (pour les petits malins qui avaient gardé leur assiette !)
* Quart-de-Chaumes 1976 Domaine des Beaumard
Bouteille bouchonnée « sniff »

* Côteaux du Layon 1947 du Château de Fesles
Robe :Tuilée
Nez : vin muté ? Très complexe, fruits confits (surtout orange)
Bouche : des fruits confits, un peu de pruneau, un zeste de mangue, très complexe, le sucre n’est pas envahissant et accord idéal avec le Bleu (Merci à mon Astre qui en avait gardé !) EXCELLENT

* Château Coutet 1975 (Barsac)
Robe : ambrée
Nez : il sent le propre !?!
Bouche : En bouche, il se révèle complexe, fruits confits, très long et un bel équilibre Acide / Amer. TRES BIEN

* Château Raymond-Lafon 1970 (Sauternes)
Nez : caramel, Toffee
Bouche : très minéral, à peine sucré, notes évoluées de confiseries, léger viandé qui lui apporte du corps. Vin étonnant qui me plait beaucoup. EXCELLENT

* Yquem 1991
Nez : figue fraîche et abricot.
Bouche : il est riche et frais en même temps, mais il a une finale un peu alcooleuse. TRES BIEN, mais ne vaut pas Yquem.

* Un Calva de derrière les fagots
Pas goûté, j’ai préféré finir sur Yquem.

Cette dégustation s’est faite dans une ambiance très studieuse, quasi-religieuse, pas un mot plus haut que l’autre … mis à part quelques petits commentaires :
« Hydrocarbures, ça s’écrit comment ? » « Comme ça se prononce » … « avec 2 T comme dans cheval »
« Huître après l’Amoco Cadix »
« L’alcool ne tue pas, mais inhibe les levures » … « L’alcool ça inhibe ta mère » (un habitant du 9.3. qui ne sait pas se tenir)
« Château Coutète »
« Moi, je kiffe grave » (en langage 9.3. cela signifie "j'aime beaucoup")
« C’est asséchant mais pas sec »

Bonjour,

Dans le cas de ces deux vins (issus de la même parcelle, même cépage, même vinification …) la seule différence est la présence du porte-greffe. Le porte-greffe semble filtrer l’acidité et rend le vin plus élégant en bouche. Pourtant au nez, les arômes étaient plus complexes pour le franc de piedd. Comparatif très intéressant.

Pour rebondir, dans le dernier numéro de la RVF, Claude Bourguignon parle de l'influence du porte-greffe, non pas sur l'acidité, mais sur la minéralité.

Bon W-E,
Gilles

Effectivement Gilles.

J'étais parmi les chanceux convives qui s'honorent de connaître des amis aussi généreux. La convivialité que le monde du vin doit véhiculer n'était pas un mot creux vendredi soir, je vous l'assure ! Que de belles bouteilles, d'éclats de rires et de grands moment partagés !

Eric, JP, merci pour votre folie furieuse. Vous êtes de grands bonshommes !

Je ne sais pas comment fait Gweno pour garder un tel souvenir de cette série interminable, je ne pourrai pas en faire autant.

Pour ma part, extraordinaire vin que le Pur Sang 90 de Dagueneau, j'essaierai de mettre un cr dans la rubrique concernée. Très beau Muscadet de Landron, floral et très élégant. J'ai adoré le Nuits PC de Michelot, un équilibre, une jeunesse et un fraicheur magistral. Je me retrouve tout à fait dans le cr de Gweno. Marrant de voir en revanche que j'ai le point de vue tout à fait inverse sur le génial comparatif proposé sur les 2 Joguet. Le Franc de Pied m'a semblé beaucoup plus jeune, soutenu par cette acidité qui lui apportait de la longueur et de la puissance. 2 très beaux vins mais difficile à l'aveugle de trouver que ces bouteilles provenaient du même terroir sur le même millésime!

Les Haut Bailly m'ont semblé les plus beaux Bordeaux rouges goûtés ce soir là.
Superbe Raymond Lafon, tout en finesse et en justesse aromatique, plus élégant que le Yquem (mon premier) qui m'a paru encore sur sa puissance et sa concentration.

J'en oublie, j'en laisse certains sur le bord de la route (Beaux Criots Batard Montrachet, Riesling, Fesles) et c'est sûrement injuste mais j'avoue que porté par l'atmosphère, mes notes devenaient moins précises au fur et à mesure que le bonheur des moments d'amitiés s'accentuait.

Partage, convivialité, rires, amitié: ce que le vin peut nous apporter de plus beau et émouvant était réuni autour de notre grande tablée, ce soir là ! ()

Oliv,
On lit un hommage très policé.
On voit que tu as le sens de l'étiquette.

Gweno,
Très beau compte-rendu.
Je suis étonné pour le Branaire 1943. C'est normalement plus solide que cela.

Les fagots du Calvados étaient normands, du Domfrontais exactement, millésime 1955 mais je n'ai pas noté de quel producteur.

Et à la lecture du cr de Bruno, je commence à me demander si je n'ai pas inversé mes notes concernant le Joguet, moi ?

Haut-Bailly 1981 après 48 heures d'ouverture :

J'avais honteusement récupéré le fond du Magnum et l'ai bu avec l'agneau Pascal. Le nez de plus en plus typique "graves", la bouche reste assez lisse mais il a gagné en caractère. TRES BIEN

* Riesling GC Hengst VT 1979 de Jossmeyer
Nez : citrus, manque de netteté, j’avais encore presque tout mes esprits!
Bouche : typé Chardonnay, légèrement perlant, puis pétrolé et amer. BOF

...mes connaissances en Riesling GC Hengst VT 79 de Jossmeyer sont égales au néant absolu, mais le typé Chardonnay m'interpelle...

Jean-Marie Cade écrit:

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> * Riesling GC Hengst VT 1979 de Jossmeyer
> Nez : citrus, manque de netteté, j’avais encore
> presque tout mes esprits!
> Bouche : typé Chardonnay, légèrement perlant, puis
> pétrolé et amer. BOF
>
> ...mes connaissances en Riesling GC Hengst VT 79
> de Jossmeyer sont égales au néant absolu, mais le
> typé Chardonnay m'interpelle...

C'était effectivment bizarre, au nez et en attaque en bouche, j'étais parti sur un Chardonnay du type Meursault, malgré un certain déséquilibre. Puis après, est venu la note hydrocarbure que j'ai plus prise comme un défaut que pour la typicité d'un Riesling.
J'ai vu que Bobosse n'a pas eu le même ressentit que moi sur ce vin.

Merci Gweno1 pour cet éclairage...

La dégustation dans un contexte aussi impressionnant est un exercice délicat, l'affolement et l'usure des papilles peuvent brouiller certaines pistes...

Je suis admirativement béat sur tes capacités et celles de Bobosse à rédiger un CR aussi précis avec autant de merveilles...

Merci beaucoup

Merci beaucoup. En fait, cela fait un moment maintenant que je prends systèmatiquement des notes.

Salut Oliv,

Le CALVADOS est de chez LEMORTON, figure emblématique du domfrontais. Avec comme particularité de contenir un pourecentage plus ou moins important de Poire (il peut aller jusqu'à 70% !!!!

ERIC

Bravo les fous

Vous me faîtes baver...

Florian

PS : j'aime beaucoup les "hypocrites de pied" de Bruno

En réponse à www.lapassionduvin.c...

Galinsky écrivait:

---

> Salut Oliv,
>
> Le CALVADOS est de chez LEMORTON, figure
> emblématique du domfrontais. Avec comme
> particularité de contenir un pourcentage plus ou
> moins important de Poire (il peut aller jusqu'à
> 70% !!!!
>
> ERIC

Ah y'a de la poire aussi ! Comme dirait l'autre, quand il dégaine le Galinsky, il fait pas dans la demi mesure, il dynamite, il disperse, il ventile ! ()
Souvenirs dantesques ICI

En tout cas, il était excellent ce Calvados !

Mon Dieu...

Plus que la série interminable, qui doit provenir de caves de rêves, c'est le fait de partager ce moment avec tout ces gens qui impressionne. Quel générosité ! :

Merci Gwenol pour tes descriptions qui donnent envie.
J'ai cru un moment voir les bouteilles sur ma table