Visite au Château de Pommard
Il y a plusieurs mois de cela, Emmanuel Sala m’avait offert de passer au château afin de me montrer sa vision de ce vignoble et bien évidemment de me faire déguster la production.
J’ai donc décidé d’accepter cette invitation dans le cadre de mon week-end en Bourgogne prévu du 7 au 10 mai ; un deal avait été conclus avec Emmanuel : je viens, j’écoute, je goûte mais pas question d’acheter la moindre bouteille ni de payer l’entrée.
Nous (mon beau-père et moi) sommes dûment accueillis par Emmanuel Sala samedi vers 16h ; nous en ressortirons 2h30 plus tard !
Emmanuel expédie rapidement quelques VIP’s et nous rejoins pour nous montrer les différentes parcelles classables géologiquement en trois groupes mais en réalité au nombre de sept.
Je ne vais pas ici reproduire les explications pointues d’Emmanuel mais je tiens à disposition un descriptif technique assez précis de ces différents terroirs.
L’âge moyen des vignes est de 50 ans avec quelques très jeunes (plantés en 2001) et quelques très vénérables (vignes centenaires sur la parcelle
Simone).
Emmanuel Sala a considérablement réduit les traitements chimiques depuis son arrivée et a pu les supprimer totalement en 2009. Les paysages lunaires appartiennent au passé.
Fait assez rare en Bourgogne, chaque parcelle est vinifiée et élevée séparément, l’assemblage intervenant après près de deux ans d’élevage.
Nous passons maintenant en cave pour goûter le 2009.
Les sept parcelles sont ainsi dégustées individuellement puis Emmanuel nous simule l’assemblage final.
Les vins sont tout simplement superbes mais nous n’avons encore rien vu…
Toutes les parcelles donnent un vin très dense au profil aromatique intense, les graduations plus que sensibles concernent l’onctuosité et le soyeux, caractéristiques que les plus vieilles parcelles poussent réellement à leur maximum.
On a beaucoup de mal à croire que l’on a affaire à un simple pommard villages.
Nous remontons goûter le 2008 non encore assemblé qui finit son élevage en cuves.
A la dégustation, le vin surprend par sa profondeur, la stature, sa trame tannique et son très beau et très pur fruité. L’élevage est déjà très bien intégré.
La parcelle la plus âgée mériterait de faire l’objet d’une cuvée indépendante (à la dégustation, on se croirait en Côtes de Nuits et plus particulièrement sur un GC de Vosne ; l’échezeaux goûté la veille chez Jérôme Castagnier présentait le même volume de bouche et la même délicatesse).
L’impression laissée par l’assemblage final du 2008 est très forte ; je pense très sincèrement que s’il concrétise en bouteille ce qu’il laisse entrevoir aujourd’hui, on va entendre parler de Château de Pommard 2008.
Une parenthèse pour signaler que les vignerons visités lors de ce week-end ont été unanimes sur la concentration de ce millésime, quelque peu oublié des critiques.
Nous finissons la visite par la dégustation de cinq vins :
Château de Pommard 2007 : le vin joue délibérément le registre de la finesse ; le nez est un classique pinot noir sur la cerise, la bouche est délicate avec une finale conséquente.
Evidemment, après le grandiose 2008, ce vin ne fait pas le poids. A revoir individuellement.
Château de Pommard 2006 : là le style de vin est totalement différent mais en l’état le bois domine une matière bien faible…Pas mon truc !
Nous terminons par quelques vins vinifiés au château qui s’avèrent loin d’être inintéressants :
Chassagne Montrachet rouge 2007 : gourmand et plein, Emmanuel parle de vins de copains alors que je placerais cela un cran au dessus. 35 € …Ouche !
Saint Aubin 1er cru 2007 : tendu et minéral (dans le sens GOUT DE ROCHE hein !). Joli mais encore une fois la politique tarifaire…
Et enfin, le troisième choc de la journée :
chassagne montrachet Les Caillerets 2007.
Le nez est très pur mais hélas un peu fermé, mais la bouche révèle un vin d’une superbe constitution avec une dualité délicatesse-puissance comme je n’en avais jamais trouvé sur un blanc.
Un très très grand vin ; pour le coup à 53 euros c’est un bon rapport qualité/prix mais je n’étais pas là pour acheter du vin ni Emmanuel pour m’en vendre.
Ce chassagne provient du domaine Duperrier Adam racheté par le château en 2007 et revendu en 2008 (hélas
)
En conclusion, j’ai eu le bonheur de rencontrer un vigneron passionné qui a à sa disposition un grand terroir qui n’a pas toujours été bien exploité jusqu’ici. Château de Pommard 2009 et 2008 encore plus sont deux très grands vins.
De plus, Emmanuel Sala a parfaitement respecté ses engagements ; je ne respecte pas les miens car je ne devais faire un post qu’en cas d’impression négative !
Parler de la politique tarifaire est bien sûr inévitable. A mon avis et sur la foi ce de que j’ai goûté, tout ce que je peux écrire est qu’elle est de moins de moins délirante...