Le Pétrus 1999 tout d'abord ... Belle robe rubis sombre. Nez très puissant de cerise noire très mûre qui ne se livre pas beaucoup mais qui se révèle tout de même assez complexe après une longue aération, exhalant alors des notes très nobles de pain grillé, de fumée et même de truffe. En bouche le vin est là  encore sur la réserve. Il semble un peu monolitique mais avec une matière très riche, dense et concentrée. Au palais il semble curieusement très dur (minéralité sous jacente ?), très poli même en même temps il s'exprime avec beaucoup de sensualité et de précision. La longueur est considérable et laisse le souvenir d'un vin très noble, fin, racé ... et, je dois l'avouer, unique !

Que dire d'autre ? J'ai évidemment beaucoup aimé et j'ai été ravi de découvrir ce vin qui est tout de même d'un autre univers, du fait de son statut de mythe et de son prix. Ca ne reste toutefois que du vin ! J'ai donc particulièrement apprécié de pouvoir y tremper mes lèvres pour découvrir avec curiosité et respect (et même un certain recueillement) ce cru unique sans être omnibulé par l'étiquette, par le prix payé, la note Parker ... choses qui préoccupent les habituels consommateurs de Pétrus. Vraiment un très très beau cadeau de Mr Moueix (propriétaire de Cash & Carry où avait lieu cette dégustation) qui gâte ses clients.

Ensuite Yquem 1994 ... Tout d'abord ce qui frappe c'est la magnifique couleur de ce vin, mise en valeur par un judicieux carafage ; de l'or en bouteille ! Un or profond, brillant et étincellant ! Au nez il est explosif, riche et exhubérant : agrumes confites, notes rôties, petite amertume d'écorce d'orange. En bouche il est extrèmement concentré, riche, plein et évidemment très complexe. On est frappé par sa pureté, sa finesse et son équilibre. Impressionant ! C'est la première fois que je bois Yquem. 94 était pourtant un très mauvais millésime pour les Sauternes (souvenir d'un Rayne Vignau 94, épouvantable !), alors on doit bien saluer ce travail. Le vin, même s'il est déjà  délicieux, m'a encore semblé jeune et promis à  une belle évolution. Je reste pensif à  ce qu'un Yquem de grande année à  maturité doit être. Transcendant, forcément !!!

Et oui, j'y étais également.

Tout d'abord, Petrus. Joli nez de fruits rouges, des jambes... qui si ce n'étaient eu égard au contenu, que j'appelerais des jambes d'aqueduc tant elles étaient nombreuses et marquées, et en bouche, oui un peu de prune et une caudalie de 8 / 9. C'était bien, c'était surtout mythique, mais je dois dire que si j'avais payé la bouteille au prix affiché, j'aurais tout de même été (très( déçu. Alors certes, il est jeune, très jeune même...

ET puis l'Yquem... alors là , oui. C'est la même chose que les autres grands sauternes, mais en mieux. Un nez explosif, une longeur en bouche qui n'en finit pas, alores effectivement, si ça donne ça dans un petit millésime, qu'est-ce que doit être dans un grand... même si c'est vrai que, "économiquement", on a peut-être intérêt à  acheter un Rieussec ou Climents 1990.. plutôt qu'un Yquem 1994, mais bon, quelle expérience.

En tout cas, j'ai bu un Petrus et un Yquem, je poeux maintenant mourir (enfin, ça peut attendre, j'ai quelques bon Sauternes tout de même dans ma cave que j'aimerais déguster).

Note: en tout cas, chapeau bas à  3C, même si ce ne sont pas des philantropes, ils font néanmoins preuve d'un joli savoir vivre !

Du moment qu'il n'était pas bouchonné, votre Pétrus, il serait malvenu de faire les difficiles!(aaa)

Olif

Y a rien à  faire, Martin.. les grands ont toujours ce quelque chose en plus que les autres n'ont pas... même dans des plus "petits" millésimes!

Je comprend au fond que tu sois déçu, Jeffy. Vu la renommée et le prix de Petrus, tu devais t'attendre à  quelque chose du genre 3x meilleur que Gazin (par exemple)! Ce n'est pas le cas et le prix n'est malheureusement pas proportionnel à  la qualité. Il est aussi vrai qu'avec d'Yquem, la différence de qualité avec ses pairs se sent plus facilement qu'entre Pétrus et un Pomerol du genre Clinet ou Bon Pasteur de belle cuvée... Et puis 4 ans, c'est certainement pas le meilleur age pour Pétrus.

Moi, j'essaie au maximum de faire abstraction du prix, et de prendre le plaisir où il se trouve, c'est à  dire dans mon verre et non dans mon portefeuille. Après tout, ce n'est que du jus de raisin fermenté, non?

Belle description en tout cas et merci à  tous les deux de ce témoignage rare.