Complément d'info voici le commentaire faisant suite au classement :
COMMENTAIRE GENERAL
Partiellement décrié par une partie de la presse, ce millésime se révèle aujourd'hui d'une grande qualité et d'une belle homogénéité. S'il est vrai que la rive droite du bordelais (saint-émilion et pomerol) a mieux bénéficié des conditions climatiques (très beaux merlots), la rive gauche ne démérite pas pour autant.
Les vins sont généralement bien équilibrés, offrant au regard une franche couleur plus ou moins profonde selon les appellations et les crus, avec souvent une finale très propre, sur un fruit bien marqué.
A part quelques bouteilles où les dégustateurs ont trouvé des problèmes de netteté, tous les vins méritent leur place dans le grand gotha des crus du bordelais.
Une dégustation de ce calibre à l'aveugle, où s'additionnent les points de vue aussi divers que ceux d'un sommelier français, d'un négociant allemand, d'un journaliste autrichien, d'un amateur suisse, d'un producteur portugais, apporte fatalement son lot de surprises par rapport aux hiérarchies plus ou moins établies.
Tous ces crus ont chacun une forte personnalité et souvent, lors des debriefings qui suivent chaque session, les dégustateurs identifient les appellations et parfois même les noms des crus.
Un grand merci à l'Union des Grands Crus et à ses membres qui ont accepté avec beaucoup de fair-play d'engager ainsi leur réputation pour cette dégustation à l'aveugle, l'ordre de service des vins ayant été tiré au hasard, comme à chacune de nos réunions.
COMMENTAIRE SUR LE CLASSEMENT
Si Pavie sort grand vainqueur de cette confrontation (et on trouve également dans le peloton de tête deux autres vins des Vignobles Perse : Monbousquet et Pavie-Decesse), les 20 premiers crus suivants sont à l'évidence des vins de très grande classe dont les qualités d'équilibre, de fruité, de tanins soyeux et fins, de finale d'anthologie en font des vins de référence.
Un point important : il y a des différences évidentes de style entre La Mondotte, Valandraud, Tertre Roteboeuf, Petrus, Canon La Gaffelière et Clos de l'Oratoire (deux vins du Comte de Neipperg) et cependant, ils forment le peloton de tête : ici, classe rime avec diversité, et c'est tant mieux pour Bordeaux.
On sait qu'il est difficile, même pour les plus grands dégustateurs, de juger correctement le potentiel de vieillissement des grands vins : l'histoire nous montre en permanence des crus classés dont la discrétion étonne dans les jeunes années et qui ne se révèlent qu'au bout d'une décennie. Il n'en demeure pas moins – comme l'ont déjà prouvé des dégustations du GJE sur de vieux millésimes (1982 à Las Vegas), - que les vins de tête restent généralement dans ce peloton d'honneur.
Ainsi, un jeune cru comme Haut-Condissas (premier cru en rive gauche), régulièrement remarqué dans les sessions du GJE, dans dix ans, sera encore dans les favoris tant il impressionne par ses qualités de « grand vin » dans une appellation « médoc » plutôt discrète.
L'APPROCHE « QUALITE – PRIX »
Il est intéressant, pour l'amateur, d'avoir une information supplémentaire : quels sont les vins qui, par rapport à ce classement au mérite, offrent un rapport « qualité-prix » au-dessus de la moyenne ?
Notre statisticien, Bernard Burtschy, dont le modèle spécifique de classification des notes utilisé par le GJE a largement fait ses preuves de cohérence et de relativité, nous propose une analyse qui dépasse le simple rapport du prix sur le nombre de points, approche trop sommaire. Son modèle pour ce nouveau calcul part d'une définition du prix théorique du vin, basé sur son rang et en utilisant la méthode classique des « moindes carrés » et de la « régression statistique » permet d'associer à chaque cru une cote nouvelle allant de « très très mauvais rapport Q/P » à « très très bon rapport Q/P ».
Une analyse complète de la procédure utilisée, avec notamment des explications sur la détermination du prix théorique et son écart par rapport au prix constaté (Millesima, Lavinia, Carrefour, et autres fournisseurs reconnus), sera proposée prochainement sur notre site internet (avec une copie du rapport complet en mode .pdf).
www.grandjuryeuropee...
Appliquée à cette dégustation du millésime 1998, ressortent du lot, dans les meilleurs rapports, les crus suivants :
A : Les 14 « très bon rapport Q/P » en ordre de mérite
Haut-Condissas - Beauregard - Grand Mayne - Berliquet
Clos de l'Oratoire - Monbousquet - La Tour Figeac
Pavie-Decesse - Domaine de Chevalier
Pichon-Longueville Baron - Smith Haut-Lafitte
Clos Fourtet - Canon-la-Gaffelière - Poujeaux
B : les 19 « bon rapport Q/P » en ordre de mérite
Rollan de By - Le Bon Pasteur - Pavie-Macquin - Lagrange
Phélan Ségur - du Tertre – Camensac - Marquis de Terme
Haut-Marbuzet – Pavie - Larrivet-Haut-Brion
Talbot - Léoville Poyferré – Citran - Pape Clément
Branaire-Ducru - Langoa-Barton – Canon - Haut-Bailly
La très grande majorité des autres vins se trouve dans la catégorie « rapport Q/P normal » qui se divise en « moyen+ ; moyen ; moyen-
L'amateur ne sera pas surpris de trouver que certains crus, dont la valeur financière dépend pour une très large part d'un classement exceptionnel ou d'une rareté réelle ou d'un prestige « d'étiquette », se trouvent en queue de classement eu égard à ce critère particulier. Mais ceci est une autre histoire qui ressort des simples lois économiques de l'offre et de la demande, catégorie « produits de luxe ». Tout le monde comprend que le prix de Petrus n'a aucun lien avec les qualités intrinsèques du cru.