Pour ma part, je ne pense pas que dans l'idée de Capus, "l'originalité" consistait, chaque année, à comparer les vins produits dans une AOC à un "étalon", étalon souvent très éloigné des vins produits à son époque, donc "traditionnels", afin d'éliminer tout ce qui dépassait d'un "concept" gustatif, par ailleurs impossible à écrire ni à définir, le tout "jugé" par des œnologues (métier qui n'existait pas à son époque, du moins dans son acceptation actuelle), des retraités et des employés de cave coopératives. Ou, dans le cas des vins de pays, en les comparant à une analyse "idéale", souvent bien loin d'être confirmée par la dégustation (c'était l'un ou l'autre, d'ailleurs, tant on avait peur que les deux avis se contredisent...).

L'AOC fixait des normes de territoires basées sur la géologie et au moins autant sur l'ethnologie et la sociologie ;-), mais surtout de culture et de production (le décret), qui, si elles étaient respectées (des cépages à la taille en passant par le "ban des vendanges" ou les degrés minimum qui réglaient les problèmes de maturité ou besoin en chaptalisation ou en acidification...) permettaient d'induire sur un – petit – territoire précisément délimité une "originalité".

Les nouvelles AOC, données sans réelles contreparties (ne serait ce que l'acceptation d'un contrôle strict), l'exemple donnée par les AOC historiques, dès le départ, à accepter d'être récupérées par le voisin, puis le voisin du voisin, jusqu'aux terroirs plus indignes, tout en acceptant elle même, pour les plus prestigieuses, rendements iniques, chaptalisation à outrance, clones hyper productifs ou les intrants dans leur ensemble, sans réflexion ni discernement, tout cela ne pouvait que baisser la notion d'originalité, accentuée par la non protection des matériels végétaux. Tout le monde est fautif et, très justement, tout le monde en paye - ou en payera - le prix. Pas seulement financier mais plus grave, celui de la perte de l'originalité.

Une chose qui me frappe, finalement, sur LPV, c'est que les vignerons les plus estimés, les plus commentés, (les plus attirants ?) sont justement ceux qui ont su garder une forme d'originalité, voire de différence, sans que, à coup sûr, ceci soit corrélé à une qualité intrinsèque, même si c'est souvent le cas...

Au delà de la critique des politiques, c'est aussi nous, les vignerons, qui somment les premiers fautifs. La vague profonde individualité, de replis sur soi et d'égoïsme qui frappe la société depuis 30 ans font que rares sont ceux qui sont fiers aujourd'hui d'avoir des vignes bien tenus, plus rares encore sont ceux qui en on honte, rare étant les AOC ou un bon esprit règne encore, alors que la bienveillance et la gestion collective d'une propriété commune, la marque "AOC" devrait être la norme, la règle et reste le préalable à toute communication extérieure. Ce n'est bien sur pas propre au milieu du vin, tout le monde en conviendra...

Un étalon certainement pas, mais une série de caractéristiques communes qui font (pour reprendre l'exemple cité dans le texte de Capus) qu'un vin du Médoc ne ressemble pas à un vin de Bourgogne.
Ce qui ne signifie pas que tous les vins du Médoc doivent se ressembler, typicité n'est pas synonyme d'uniformisation, et rien n'empêche de cultiver une grande originalité tout en ne trahissant pas ses origines.

Je vais prendre comme exemple les vins de Thierry Meyer en Alsace, parce que ça va parler à Thierryl.
Le niveau qualitatif de l'ensemble de la production est indiscutable et, j'aime personnellement beaucoup la grande majorité des vins que j'ai goûté provenant de cette source.
J'ai tout de même un très léger problème avec une cuvée de sylvaner, récoltée très mûre à plus de 15° potentiels.
Le vigneron n'aime pas les vins qui contiennent des sucres résiduels, c'est tout à fait respectable. Or, à 15°, en vinification et élevage "classique", le vin serait déséquilibré par l'alcool. Comme il ne veut pas de sucre, pour atténuer la sensation alcooleuse, il pratique un élevage oxydatif, sans ouillage, avec ou sans formation de voile selon les années.
Le résultat peut être excellent, comme le 1998 que j'ai beaucoup aimé, parfois un peu moins (à mon goût) comme celui dégusté ce week-end (2007 ou 2008 ?).
Mais dans les deux cas, le produit final correspond-il à ce qu'un consommateur est en droit d'attendre quand il choisit un vin d'AOC Alsace, cépage sylvaner à la carte d'un restaurant ?
On peut considérer que ça n'a aucune importance, que c'est le rôle du sommelier de bien conseiller son client, mais dans ce cas, j'ai un peu de mal à saisir l'intérêt de la notion d'AOC...

Luc

Entre fixer des limites et laisser à l'intérieur un vaste espace de liberté (en acceptant bien sûr que les vins hors limite, comme celui que tu décris, portent un autre nom, je vois pas le problème) et comparer tous les vins d'une immense région à un étalon "idéal", fixé par on ne sait qui (mais souvent ceux à qui la définition profite) à un moment "t" dicté par des contégences pratiques ou par le marché, il y a un vaste espace où nous devrions nous retrouver...

Tiens, vlà le retour de Maître Hervé "qu'en ras le bol de faire de la luge...."

Un vin qui serais une expression pure du terroir peut caractériser notre belle région. Mais le consommateur qui aime le vin mais n'a pas de connaissances particulières connait il les 51 grands crus ? En plus je pense que très peut d'entre eux sauront discerner les vins des différents terroirs.
Nos vins s'accordent avec des plats divers selon le cépage et c'est une richesse !
Il ne faut pas que le consommateur se sente berné, un grand cru qu'il soit mono-cépage ou pas doit garantir une certaine qualité pas seulement un lieu ou on peut faire presque ce qu'on veut ! Les vignes doivent être assez âgées pour exprimer ce qu'il y a marquer sur la bouteille (grand cru ) et les rendements devraient être raisonnables.

Au final un grand cru doit être un vin de qualité ce qui n'est pas toujours la cas ! (5E au supermarché ?)Simplement pour que l'Alsace soit une région reconnue !

Luc Javaux écrivait:

---

> Je vais prendre comme exemple les vins de Thierry
> Meyer en Alsace, parce que ça va parler à
> Thierryl.
> Luc

non luc, tu ne vas pas faire plaisir à ThierryL ni à moi.
Attention des Meyer en Alsace on en trouve des milliers, mais Patrick c'est à Nothalten et Thierry c'est sur DC !
DC te manquerait-il pour que tu fasses un tel lapsus ? -D

Quant à ce fameux Sylvaner, Patrick ne cherche en aucun cas à récolter des raisins à 15° mais juste à récolter des raisins murs. C'est à dire une maturité réelle qu'il estime par la dégustation du raisin et non pas quand celui-ci a atteint un taux de sucre donné. Alors parfois à 12.5° c'est mûr et parfois non. Le sylvaner Zellberg est le plus souvent sec évidemment et avec un titre alccolique autour de 13.5°. L'élevage "oxydatif", voire sous voile, est une exception et non pas une constante sur ce vin.

Oups...

tu peux le dire !!!
ça va pour cette fois mais ...

Une affirmation qui devrait réjouir Jean Michel Deiss !

Patrick Baudouin (SEVE) : "L'expression d'un terroir dans un vin d'AOC ne pourra jamais être réduite au goût d'un cépage"
www.vitisphere.com/b...

Tout a fait d'accord avec ça,
pour moi l'AOC n'a plus rien a voir avec des vignes non labourées et traitées chimiquement(angrais,pesticides,désherbant et j'en passe...)
car les racines restent en surface....et le bute c'est quelles ailes au plus profond de leur terroir pour puiser tout ce qu'il y a de bon.
La l'AOC veut dire quelque chose,parceque L'ORIGINE ce n'est pas (que) le cépage mais (beaucoup) le terroir.(avis personnel)
sylvinaturel

Non seulement elles restent en surface, mais il parait même que les racines de vignes traitées chimiquement flottent dans les airs à la recherche de nutriments tant les sols sont morts de chez mort. Étonnant, non ?

Luc

Mais Luc, cela me paraît pourtant évident puisqu'on te dit qu'elles ont des ailes les racines...

sylvinaturel écrivait:

---

et le bute c'est quelles ailes au plus profond de leur
> terroir

jlj

Et l'angrais, c'est perfide !

Oui si il est chimique et utilisé trop intensement!
Non pour les fumures organique snaturels!!(pensé personnel

Et l'angrais, c'est perfide !

surtout sur le plateau d'albion.

Désolé mais ce mercredi, pas de racines et des ailes ! C'est du foot!

Il s'agit des racines "red bull", non ?

Lors de la toute récente assemblée générale de l'association des viticulteurs d'Alsace présidée par Gérard Boesch, Jean-Michel Deiss n'a pas souhaité être renouvellé en tant que membre du bureau.

Cela afin de marquer son désaccord avec la politique menée sur les grands crus et surtout parce que le président de l'AVA, Gérard Boesch, entend mener lui-même le combat pour la protection juridique des noms et GC avec Paris alors que c'était la mission de JMDeiss...Raison officieuse: il fallait quelqu'un de moins polémique, au tempérament plus consensuel: l'avenir nous dira si c'est un bon choix.

Dans le même temps, il a été rappelé le faible rendement du millésime 2010 qui conduit à une hausse (une de plus) du prix du raisin alsacien.

Mauvaise nouvelle pour l'alsace en general. Je crois pas que l'on puisse se passer du charisme de tel personnage dans ce genre de decision... Je parie donc sur un bon vieux status quo en Alsace dans les annees a venir...

Tout dépend de qui prendra sa place...
P.S: Je ne sias pas de qui tu tiens ta raison officieuse Arrakis, mais cela me semble assez fantaisiste (pas dans le fond, mais dans la relation cause à effet)

mathieu.gp écrivait:

---

> Mauvaise nouvelle pour l'alsace en general. Je
> crois pas que l'on puisse se passer du charisme de
> tel personnage dans ce genre de decision... Je
> parie donc sur un bon vieux status quo en Alsace
> dans les annees a venir...

Grand amateur de rock,ce mathieu...

jlj

Ouais je parle pas latin n'y ne l'ai etudie a l'ecole.... je sais c'est mal ... statu quo qu'il fallait dire..

Florian, il semble que cela soit la raison donnée par le président lui-même.

Cela est confirmé par les Dernières Nouvelles d'Alsace:

www.dna.fr/fr/region...

C'est confirmé aux abonnés en tout cas...

jlj

Je ne pense pas pouvoir vous le reproduire sans porter atteinte au droit français en matière de propriété intellectuelle.

Cela dit, l'abonnement est donné.

Si vous saviez le nombre d'articles intéressants sur l'Alsace que je ne peux relayer à cause de ce satané abonnement sur les DNA...

Oliv

Je n'ai pas lu l'article, mais on m'a dit qu'il mentionne également qu'il n'y a pas de candidats à sa succession... c'est vrai? Si c'est le cas, c'est également une erreur...
Florian

P.S: Arrakis, pour la raison officieuse, ce qui me choquais est que lu comme cela, cela pouvait laisser penser que JM DEISS a été mis dehors pour ces raisons... ce qui n'est pas le cas. Merci d'avoir confirmé.

Et précision pour les candidats, car moi aussi je me suis mal exprimé dans mon post précédent comme Patrick B me fait remarqué en PM: je disais bien qu'il y a déjà un candidat officiellement déclaré. La chose dont je ne suis pas sûr car pas lu moi-même, est si les DNA disent qu'il y a un candidat. Il semblerait qu'ils disent qu'il n'y en a pas, ce qui serait une erreur. Voilà, c'est clarifié.

Florian

C'est parfaitement clair !