un débourrement et une feuillaison
soumis au risque de gel
Saint-Emilion (Gironde), 10 avril (APIV) - Difficile de passer à côté du
réveil végétatif de la vigne, au grès des promenades dans le vignoble
français. En gironde par exemple, celui-ci s'est manifesté à la mi-mars
vers le 15 mars (date variable selon la précocité des cépages, des
parcelles et des appellations) ouvrant le bal du cycle végétatif 2003.
L'hiver rigoureux et froid – février a été le mois le plus froid de l'année –
pluvieux en cours d'hiver pour enfin devenir sec fin février à début mars,
a laissé place à un printemps aux températures supérieures aux
normes saisonnières. Conséquence : « une poussée franche et rapide
qui positionne malgré tout, ce débourrement 2003 aux mêmes dates
qu'en 2001 et 2002 » selon Guy Meslin, responsable de la conduite de
château Laroze, un Saint-Emilion grand cru classé en 1955,
appartenant depuis cinq générations à sa famille.
Mais les températures très clémentes de ces dernières semaines
contrastent avec un retour inattendu du froid en ce début de mois
d'avril faisant craindre – comme ce fut malheureusement le cas ces
derniers jours en Champagne – le pire : la destruction des jeunes
pousses trop fragiles et l'inéluctable perte d'une partie de la future
récolte. La rive gauche comme la rive droite est soumise à des
températures matinales des plus hivernales : entre +2 et -1°C. Certes,
comme nous l'explique Guy Meslin, « ces oscillations de
températures restent gérables, voire convenables mais la vigilance est
de mise : chaque parcelle débourrée ou en pleine feuillaison,
soumises à des degrés inférieures approche de la zone à risque. »
Autre conséquence de ce retour du froid après de fortes chaleurs : la
vigne a arrêté de pousser, du moins en attendant le retour de
températures plus favorables à son développement.
Le froid et les Saintes Glaces ou le cauchemar des vignes:
Comment gérer au mieux les chutes de températures ? Impossible de
les éviter, bien entendu, la seule « parade » étant de prier dame
nature. Or, comme pour les grands terroirs et les terroirs «
quelconques », chaque propriété n'est pas logée à la même enseigne,
certaines étant plus sujettes au gel que d'autres : les parcelles
implantées en zone très gélive (plaine, enclave des vignes à proximité
des forêts, cuvette…). Cette année, les propriétés viticoles sont donc
particulièrement exposées au risque de gelées. Chacun espère ne pas
revivre, côté volume, un scénario similaire à la récolte 2002 qui, pour
des raisons différentes – coulure et millerandage sur la fleur – a
entraîné une perte sèche de 30 à 45 % (comme aux châteaux Laroze
et Clos Fourtet) des volumes sur merlots et sémillons.
Ce mois est toujours un cap difficile à passer vu le niveau des enjeux;
si le vignoble gèle, le travail à effectuer dans les vignes ne sera pas
diminué pour autant alors que la quantité et la qualité de la récolte
seront affectées. Les sécheresse des terres est un élément favorable
pour éviter la gelée car elle limite l'évaporation matinale.
Le risque de gelée blanche sera le plus fort dans les jours qui
encadreront la pleine lune et les propriétaires souhaiteront pour cette
semaine du 14 avril un temps couvert et pluvieux : condition qui
marquerait le retour de la douceur printanière et qui les protégerait
contre tout anéantissement des jeunes pousses de leurs parcelles