Le pays mérite bien un CR, il est vrai que j'en fais peu.
Une carte pour présenter le champ de bataille.

 

Pour l'amateur de vin, c'est quand même un pays qu'on devrait siroter plus souvent, mais hélas la distribution des vins hors Porto est généralement trés problématique. 
Donc j'ai commandé via un caviste de Lisbonne, du moins 6 des 8 vins de la séance.
Pas de prise de note, ce sera donc un souvenir, c'est trop compliqué quand on anime avec 20 personnes en face qui pose des questions.
J'ai opté pour un soupçon de curiosités, et puis une majorité de vins plus "sûrs".
Prix indicatifs du prix normal et usuel chez les cavistes ( enfin, ceux de là bas, pas ceux d'ici chez qui ce sera plus que trés dur à trouver....) 

La bulle, Provam, Coto de Mamoemas, région Vinho Verde, Alvarinho
13%, un pH au dessus de la champage ( pH 3.08 )
Extra brut au sens français ( moins de 5 gr )
Nez fruit mur, plus mur que nos bulles Fr. Très expressif.
Bonne attaque et milieu, le peu de SR laisse une finale plus dure. 
J'ai bien aimé, ça a été plus partagé dans l'assemblée à cause de la finale, il est vrai que l'extra brut n'est pas au goût de tous.
24 mois sur latte, soulignons l'effort.
17 euros.Mais pour débuter je trouve ça trés bien, de toute façon l'organisateur à TOUJOURS raison 

Titan Daemon, Tavora Varosa 2020.
Mais un Tavora Varosa sans bulle, alors que c'est LA région pour celà, dans le pays. Une sorte de coteaux champenois en qq sorte....donc une curiosité.
12%, et 12 mois sous barrique chêne français.
L'aromatique a persisté dans médical / menuiserie. Menthe, puis plus herbacé, puis aprés une longue aération dans le verre une persistance sur le O cédar. 
Un joli volume sur un vin à seulement 12%.
Vin clivant par son aromatique, le groupe a été trés divisé. 
Potentiel de garde en bouche sans aucun doute, sur l'aromatique je ne sais pas...
20 euros

Vinho Verde, Vale dos Ares, cuvée Borras Finas, 2019
13.5 %, ça heurte un peu pour ceux qui imagineraient que le vinho verde est à 9 % et est TRES perlant ( mateus ou gatao...les plus riches seront déjà sur le casal garcia à 11 % )
Long élevage sur lies ( cuve inox ), zéro perlant. 100 % alvarinho.
Fruit frais exotique, mangue ananas. Expressif.
Un équilibre en bouche absolument parfait entre fraicheur et rondeur. Indice Glou Glou à 100 / 100, le degré de torchabilité est assez inouï. J'en commanderai bien en BIB pour l'été, quoi qu'il sera sans doute un peu cher pour cet usage....
On pourra lui reprocher un manque de longueur et de complexité, mais quand même...quel équilibre !!!
18 euros.

Douro, Quinta do Noval, Cedro do Noval Blanc, 2021.
Assemblage, 13 %, élevage / bois.
Trés pâle.
Nez qui gardera tout du long un fraicheur citronnée. Simple au début, plus complexe dans le verre plus tard, le bois est présent mais discret ( 20% de fût neuf qui ne se ressente pas )
Grande fraicheur, pH 3.11 ( et oui...c'est bas )
On a commencé sur un stule presque Sancerre, on a fini sur un style presque Pessac Léognan  ( avec plus de peps et de digestibilité ).
Beau potentiel d'évolution probablement sur 5 à 8 ans.
18 euros.
Certainement le meilleur blanc sec unanime pour le groupe, le rapport Q/P a été souligné.

Bon, on passe aux rouge ( quoi que...le premier...)

IGP Acores, Azores Wine Company, Tinto Vulcanico 2021
Assemblage, 11 % 
Robe....clairet !
Un nez impressionnant en intensité, façon fraise surmurie écrasée. Mais monolithique il est vrai.
Bouche comment dire...légère. Un équilibre sans tanins, comme un rosé. 
Une vrai curiosité.
Le prix apparait excessif ( 18 euros ) mais soulignons que la difficulté des sols sur les Acores ( en gros, du pur volcanique sans terre si sol: direct le sous sol ) et les rendement ultra faibles pratiqués expliquent celà. 
Ma remarque n'est pas neutre, comprenez bien que la déclaration moyenne de récolte aux Acores est de ...4 Hl par Ha. Et oui, pour faire des vins secs, alors qu'un tel rendement serait déjà ridicule pour faire en Fr du super liquoreux.
18 euros

Douro, Quinta do Noval, 100 % Touriga Nacional 2019
14 %
Parenthèse ON:
C'est une illustration de la reconversion du vignobles portugais.
Le vignoble du pays à perdu plus de 15% de sa superficie en 10 ans. Peu de régions se sont maintenus, les exceptions sont le Douro et l'Alentejo, tout le reste est en soufrance.
L'alentejo reste une source majeure de rouges de qualités. Pour le Douro, une partie des surfaces passent en vins, en alternative aux vins fortifiés ( alors que Madère se fait dézinguer en surface )
Parenthèse OFF.
L'idée de mettre CE vin, c'était de faire goûter du Touriga Nacional en version vin, alors qu'il est habituellement réservé au Porto ( vin fortifié ). En assemblage en cuvée basique, voir en 100% sur le sommet de la pyramide ( des vintages ).
Robe: violacée, profonde, impénétrable, opaque ( sans turbidité ). 
Un nez absolument unique. Hyper puissant, intense. Floral, épicé, un fond de fruit noir, patchouli. Un nez de parfumerie, qu'on qualifiera de parfum style oriental. En fait, ça sent...Comme un super porto vintage jeune.
La bouche: les tanins sont trés tapissant, il n'y a aucune rugosité, mais de la sucrosité sans excès, la fraicheur est bien présente. pH 3.52, et 14 %. Rappelons qu'en France, les vins puissants n'ont souvent pas ces pH. 
Pour le potentiel à l'évolution:
Le nez à la limite de l'entêtant tellement il est puissant. La bouche est fraiche, vraiment, donc tiendra. Les tanins sont déjà ultra ronds, ça tapisse énormément . A voir plus tard pour l'évolution aromatique, la bouche ne sera jamais molle, mais la structure tanique me poussera à une garde seulement "moyenne", je dirai 4 à 8 ans max ( enfin, je dis çà...j'extrapole mais la science de la boule de cristal est parfois défaillante )
A signaler que le domaine fait aussi des mono cépages en version syrah et aussi petit verdot, en plus de cuvées assemblage. Je vais me procurer du cédro en rouge, assemblage avec de la syrah ( j'en ai en 100 % syrah  mais j'ai pas encore gouté ) et du Touriga N, la syrah amenant la puissance tannique, ça doit être trés bon.
Un peu plus de 30 €. 

Région Alentejo, IGP Alentejano, Quinta do Carmo, vinho Tinto 2018
Assemblage, avec Alicante majoritaire puis Trincadeira et autres.
14.5 %, qui se sentent pas ( j'ai pas le pH )
Le rouge de la soirée, sur des palais formatés Bdx ( on est tous formatés par sa région...à part ceux dont la région n'en produit pas !   )
Un collègue oenoloque me disait qu'il aurait aimé placer ce vin à l'aveugle au milieu d'une séance Bdx rive gauche en pirate aveugle....
Un nez complexe et évolutif, fruit noir et empyreumatique, une jolie fraicheur sous jacente, des tanins présents mais sans dureté.
Pourra tenir 10 ans, sans soucis.
18 euros

IGP Algarve, Covento do Paraiso, 2015, cuvée et cépage Sousao
13 % ( seulement ...) dans une région fort aride, avec un cépage originel du vinho verde pourtant bcp plus septentrional.
Les Carmes en avant dernier, le couvent pour conclure
Bon, ça laisse qq espoirs sur le fait qu'on puisse arriver à faire encore du vin avec le réchauffement climat', si on adopte les bons cépages et les bons modes de conduite....Quoi que, soit dit en passant, la région Alentejo est encore plus ingrate, pensez donc qu'en juillet il fait 5° de plus en T° max qu'a Bdx ( même mini ) et avec des précipitations estivales comment dire....asséchées.
Nez fruit noir / cuir ( cuir sans déviance )
Bouche un peu rustique, les tanins sont saillants, à voir avec 5 ans de plus. L'enrobage est là, mais ça reste robuste.
Probablement un vin de repas plus qu'une bête à concours, faudrait voir avec une viande rouge saignante pour mettre le vin dans les meilleures conditions.
23 euros.

CONCLUSION:
Je suis content d'avoir fait partager mes très maigres ( trop ) connaissances en vins portugais classiques ( hors vins fortifiées )
L'an dernier dans le même club nous avions fait les vins suisses en thème " un pays étranger", et s'il avait été aussi appréciés il est évident que le rapport Q / P n'est plus du tout le même. Vous avez vu qu'on tourne ici vers 20 euros.
On pourra regretter l'absence de vins portugais dans le circuit de distribution classique en France. L'Espagne et l'Italie y sont un peu, le Portugal pas du tout.
A ce stade, je dois saluer le caviste Velvetbull ou j'ai acheté 6 des 8 vins, et aussi les frais de port particulièrement modérés ( 15 € pour un carton de 12 ), lequel site a été trés commercial sur une bouteille non disponible ( et donc non dégustée et non commentée ).

SAOUDE !!

 

Bien d'accord avec toi sur le rapport qualité prix des vins du Portugal. Je me permets d'ajouter que sur mon expérience, le niveau des entrées de gamme est nettement plus élevé qu'en France et pour avoir goûté quelques vins de pichet dans les restaurants, je reprendrais facilement ce risque alors qu'en France, je n'essaierais même pas.
Pour Quinta do Noval dont je connais un peu les vins, j'abonde également : les prix sont déjà plus proches de ce que l'on connaît en France, mais c'est lié au côté plus "international" de la Quinta qui fait partie de l'écurie Axa Millésime : c'est même le camp de base de son manager Christian Seely. C'est aussi la raison pour laquelle ils sont plus faciles à trouver.

Je peux vous conseiller ce site qui se situe près de chez moi.

Il est sûr et doté d une belle sélection,  surtout en douro.

www.douro-vins.fr sur sillingy

Il y a aussi pas mal de magasins portugais dans les grandes villes ( tout du moins par chez moi ), il faut se renseigner .

Pour travailler avec des portugais, on se ressemble assez sur les principes des casses croûtes...

on est amené du coup à tester pas mal de vinho verde et j adore ce côté perlant , frais et peu alcoolisé.  En été, c est un  vrai régal . Pour une bonne entrée en matière le casal del garcia à ma préférence ....

Essayez aussi les "chourisses" sortes de petites saucisses ou boudins de chorizo, soit au sang, soit noir il y en a de toutes sortes et l on fait griller ça a la gnôle pour l apero, un  vrai délice.

Merci pour le CR, avec le côté œnologique en prime qui est intéressant. La description du touriga nacional tranquille fait saliver !

Jérôme Pérez écrit:

Bien d'accord avec toi sur le rapport qualité prix des vins du Portugal. Je me permets d'ajouter que sur mon expérience, le niveau des entrées de gamme est nettement plus élevé qu'en France 
 

Oui, toutafé, même sentiment.
Bon, pour un dégustation en club asso ( comme un particulier vous me direz...), y'a des séances ou on dépasse un peu le budget moyen en restant aux entrées de gammes, et puis à l'inverse sur ce pays, on peut nettement monter dans la pyramide qualitative sans trop bourse délier.
J'aurai pu mettre 16 vins à 10 euros au lieu de 8 vins à 20 euros, nous aurions eu du "bon" aussi. En France à 10 euros, c'est bcp plus délicat dans bcp bcp de régions.
Il est certain qu'à 20 balles là bas, on est nettement plus haut qu'ici.
Pour autant, le Portugal sait aussi faire des vins chers, pour ne pas dire hors de prix. Pera Menca et Barca Velha en sont les 2 illustrations les plus connues ( hors Porto ).

Jérôme Pérez écrit:

 c'est même le camp de base de son manager Christian Seely. 

C'est surtout, que sauf erreur de ma part, il était directeur de la Quinta avant de devenir directeur d'Axa Mill.
 

Christophe, Jérôme,
Très intéressant vos réflexions sur la qualité du vin portugais de table.
Je vis dans une ville à la communauté portugaise très importante.
Mon caviste disposait jusqu'à il y a peu de cuves en vrac que les clients venaient chercher avec leur dame jeanne.

Peut-on imaginer que c'est cette consommation du quotidien qui pourrait expliquer le niveau qualitatif moyen pour ces vins de table ?

KosTa74 écrit:

on est amené du coup à tester pas mal de vinho verde et j adore ce côté perlant , frais et peu alcoolisé.  En été, c est un  vrai régal . Pour une bonne entrée en matière le casal del garcia à ma préférence ....
 

Je n'ai rien contre Casal Garcia, peut être mes propos plus haut on pu paraitre durs.
Mais justement, si un français devait avoir gouter un seul vin du portugal hors fortifié, celà aura souvent été du...vinho verde peu alcoolisé et trés perlant.
Je crois avoir lu qu'autrefois le départ se faisait avant embouteillage ( ou dit autrement embouteillage rapide sur malo qui démarre ). Je ne sais pas aujourd'hui, mais les niveaux de CO2 sont tels sur les entrées de gamme en vinho verde que...je ne suis pas sûr que la conservation du CO2 naturel soit suffisante. Peut être que c'est légèrement ajusté à la mise par carbonication, sans certitude.

Simplement, je voulais faire gouter "autre chose" pour montrer qu'il existe un autre style. 

Couvrir un pays est de toute façon un exercice impossible, il faut faire des choix drastiques, et renoncer d'autant.
Sur les Acores, le choix naturel aurait été un blanc, dont la salinité particulière des vins du lieu s'accorde mieux au blanc. Mais je voulais équilibrer, autant de blancs que de rouges....

oliv écrit:

Peut-on imaginer que c'est cette consommation du quotidien qui pourrait expliquer le niveau qualitatif moyen pour ces vins de table ?

Je ne pense pas que la raison soit là.
Comme évoqué, la superficie du vignoble chute, essentiellement dans les régions ex régions à tout venant, le vin du quotidien.
Ceux qui s'en sortent ont évolué par le haut ( Douro et Alentejo ).
D'ailleurs j'ai présenté cette infographie pour souligner cette évolution. Rouge ça baisse et vert ça stagne.
Superficie en Ha par région:
 

En fait, la capacité à produire des bons vins à vil prix dépend ( outre le foncier la main d'oeuvre ) surtout du cahier des charges à la base.
Le portugal et l'Italie ont négocié un virage que la France tarde à prendre ( hors Languedoc depuis un moment...les évolutions viennent des crises lourdes : certains évoluent et les figés ...disparaissent ).
En Italie par exemple les 3/4 de la production sont en IGP et pas en DOC ou DOCG. On peut généralement trouver un blanc à 3 euros en vin de pays, présenté par palette, à l'entrée d'une superette à Rome centre....A Paris, j'ai comme un doute....Et le même vin est à 10 balles sur table à Rome centre aussi....mais là c'est une question de politique Co des restau. En Espagne, en Italie, au Portugal, il y a du vin sur la table et ça recommande. en Fr c'est punitif, alors....ça n'aide pas la conso hors domicile en volume. 

Un vin en IG simple peut avoir des rendements plus confortables, c'est la base de la maitrise économique d'un vin pas trop cher.
Si on a un climat suffisant, et une ressource en eau pour l'irrigation en période délicate ( ex: Alentejo ), ça peut bien aller.
Si on a un sol vraiment ingrat ( tras o montes ) ou pas assez de ressources pour irriguer en zone chaude chaude ( Algarve ), le rendement est alors trés bas, les coûts par litre augmente....et c'est le début d'un cercle vicieux.
 

je remet la carte ( en plus visible que plus haut j'espère...)
En noir, le pourcentage régional sur la production en volume nationale.
En rouge, le rendement moyen par Ha par région.