Visite au domaine Alain Galletty.20 juillet 2017
Une grande partie des informations générales sur ce domaine ont déjà été données dans de précédents posts, il tiendra donc lieu d’actualisation.
Je voulais rendre visite à ce domaine réputé du sud de l’Ardèche depuis longtemps, et faire la découverte de l’ensemble des cuvées car je n’avais dégusté que le « domaine » jusqu'à maintenant.
J’arrive avec une dizaine de minutes d’avance sur mon rendez-vous, le domaine étant bien indiqué lorsque l’on arrive par la route de Viviers. David Alexandre Gallety m’accueille très cordialement sur le perron de la belle demeure - une sorte de grand mas auquel les vieux cyprès confèrent un caractère provençal - puis me propose rapidement de rejoindre le chai.
Tout y est impeccable et moderne, les 14 cuves permettant de vinifier chaque parcelle sont alignées dans la fraicheur du sous-sol du Domaine.
La chaine de mise en bouteille (sous atmosphère inerte) et d'étiquettage :
Les vignes sont attenantes à la demeure, sur un unique coteau d’exposition sud- est. Le terroir est argileux sur la moitié haute des parcelles, la syrah y est plantée. Les sols en partie basse contiennent des blocs de calcaires dans une matrice argileuse, le grenache occupe ces emplacements. Au total, soit 15 ha, les Gallety distinguent 14 parcelles qui sont cultivées, récoltées et vinifiées distinctement avant assemblage (sauf pour la syrare ).Une exception, la cuvée Emma qui provient d’une parcelle de vieilles vignes ou l’encépagement des deux variétés préexistait depuis la période du grand-père Gallety. Celui-ci remplaçait les pieds (par complantation) au fil du temps et le domaine a souhaité conserver cette particularité en laissant ainsi la parcelle.
Composition globale de l’encépagement : 55% syrah et 45% grenache.
Le domaine pratique une approche biodynamique non revendiquée, est certifiée AB. En clair, toutes les pratiques sont respectueuses des sols, de la vigne et de l’environnement, aucun traitement pesticide ni désherbant etc. Toutefois, toutes les opérations de la vigne à la vente étant assurées en famille, mener à la lettre le cahier des charges Demeter serait difficile à gérer avec un personnel réduit. Mais on sent une conception de la viticulture très soucieuse de ces questions, sans aucun doute. A noter que les parcelles ne sont voisines d’aucune autre culture dont les traitements pourraient déborder sur les vignes par dispersion : les parcelles sont entourées de bois, de quelques champs de lavande et de terrains en jachère que le domaine a acquis au fil du temps pour garantir « son voisinage ».
La configuration de la bâtisse dans son environnement, combinée à la topographie des parcelles, permettent de gérer la vinification par gravité : les raisins rejoignent très rapidement les 14 cuves de capacité 70 hl (une pour chaque parcelle, donc), en béton. Le domaine érafle partiellement, quand il considère que les rafles non mures vont durcir leurs vins. Mais en règle générale, les notes végétales font partie de l’identité que Gallety cherche à donner à ses vins.
Les levures sont indigènes, les apports en soufre limités au strict minimum (David Alexandre évoque des doses homéopathiques). Les décisions de moment d’assemblage, de passage éventuel en fûts sont prises selon le ressenti, il n’y a pas de recette « générale » répétée d’un millésime sur l’autre : le domaine est à l’écoute de ses vins à chaque instant, avec une recherche constante de fraicheur et de finesse. Le domaine produit avant tout les vins qu’il aime déguster et ne veux pas répondre à des influences extérieures (notes, guides…) qui les contraindrait ou les enfermerait dans un style supposé. Ils tiennent à leur liberté, leur indépendance, et veulent pouvoir donner les orientations de goût qui leur conviennent et leur ressemblent !
Autre approche intéressante : les cuvées produites. Quand beaucoup se focalisent sur l’élaboration de cuvées dites haut de gamme et n’intègrent que le reste de la production dans les cuvées moins prestigieuses, ici la vision est différente. Le même soin est apporté à toutes les cuvées et la priorité est faite à la cuvée générique. Ainsi, la Ligure n’est produite que dans les millésimes où le domaine juge que la cuvée Domaine n’en pâtirait pas.
La grande proportion d’encépagement en syrah permet toutefois de sortir quasiment toujours une cuvée Syrare pour chaque millésime.
David Alexandre poursuit la visite par le passage en cave, en cours de rénovation donc nous ne verrons pas les fûts aujourd’hui. La bâtisse est fort belle, elle date du milieu du XVIIIème.
Nous passons ensuite à la dégustation, dans une belle salle voutée. Les cuvées qui seront goutées ce matin nous attendent :
Domaine blanc – 2016
Il s’agit d’une vigne en fermage que Gallety vinifie. Il s’agit du second millésime.
50% grenache blanc, 30% marsanne, 20% roussanne. Vinifiée en cuve inox, mise 6 mois après récolte.
Nez frais, acidulé. Belle tension en bouche, des arômes de pèche blanche, le milieu de bouche soutenu par un joli gras. C’est bien fait, cela se boit facilement pour moi qui ne suit pas amateur des blancs du sud.
Domaine Rouge – 2015
Assemblage à part égales syrah et grenache. élevage 12-15 mois en fûts.
La robe est soutenue, profonde. Le nez se révèle toutefois d’une belle fraicheur, avec des notes mentholées. Attaque ronde, beau fruit, jolie allonge. Dans le style du souvenir que j’avais des précédents millésimes.
Cuvée Emma – 2015
Les raisins proviennent de la parcelle « historique » décrite plus haut. La cuvée existe depuis 2003 mais n’était commercialisée qu’en magnum, elle n’est disponible en bouteille que depuis le mill. 2013. Assemblage grenache majoritaire à 60%.
La robe est plus claire, en raison la proportion moindre de syrah (cépage à charge d’anthocyanes importante). Le nez gagne en complexité par rapport à la cuvée précédente, j’aime aussi ses notes végétales qui rappellent la ronce. La bouche est d’un très bel équilibre, puissance et fraicheur combinées. Belle longueur.
La Syrare – 2015
Cuvée 100% syrah donc. Nez très subtil, floral, je retrouve le végétal noble, des fruits rouges. C’est profond et complexe, on s’attarde dans le verre. La bouche est dans la continuité : toucher de bouche soyeux, très beau grain de tannins, la puissance monte en finale (quelques notes épices douces) sans aucun excès ni lourdeur, et ouvre sur une longue finale. C’est un grand vin, pour moi incontestablement le meilleur de la région et comparable aux meilleurs Saint Joseph ainsi qu’à de belles Cotes Roties.
Une très agréable visite, très grand merci aux Gallety pour leur accueil et leur disponibilité.
Quel plaisir d’avoir enfin visité ce domaine.
Un crochet par le très beau village de Saint-Montan, pour clore cette magnifique matinée:
Vous souhaitant à tous d'aussi belles rencontres pendant vos vacances.