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Rencontres du troisième type

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Rencontres du troisième type a été créé par Luc Javaux

Les bouteilles pas encore complètement vides trônent dorénavant fièrement sur un meuble de ma cuisine, me rappelant combien la journée de samedi a été magique.
Le 3 janvier était pourtant une drôle de date pour organiser une rencontre entre quelques fous passionnés de vin, et nos compagnes n'ont pas manqué de nous le faire remarquer, elles qui tentaient encore de se remettre péniblement de nos agapes de fin d'année. Celles qui subissent plus notre passion qu'elles ne la partagent, s'étaient néanmoins résignées à  nous suivre une fois de plus dans nos pérégrinations bachiques.
Et puis, c'est que ce n'était pas tout près cette petite virée entre amis : 350 km en ce qui me concerne, à  peine moins pour Thierry et son épouse, qui n'ont eu que le temps de descendre de leur avion en provenance d'Italie, sans même avoir pris le temps de déposer leurs valises chez eux.
Même le thème de la dégustation aurait pu en rebuter plus d'un, puisque notre hôte nous avait convié pour étudier les mérites respectifs de quelques vins issus du millésime 1997, millésime de piètre réputation, du moins pour ceux dont la connaissance du vin reste cantonnée à  la région bordelaise.
Pourquoi donc, me direz-vous, se donner tant de mal et parcourir une aussi longue distance juste pour le plaisir d'ouvrir quelques bouteilles en partageant un bon repas ? Sans doute tout simplement parce que nous avions été invités par DidierT, et que cette seule perspective nous assurait une journée inoubliable, tant le souvenir de notre première rencontre avait été agréable pour moi, et tant sa connaissance du vin est aussi profonde qu'éclectique. Je sais depuis hier que sa générosité est sans limite et que sa passion du vin n'a d'égale que le plaisir qu'il a de la faire partager à  ses invités.
Et puis, participer à  cette journée me permettait de retrouver Thierry Debaisieux, dont la compagnie est toujours source de joie et d'enrichissement intérieur. Près de six mois se sont écoulés depuis les rencontres flamandes, et malgré le fait que j'en aie un souvenir toujours aussi ému, il était bon de raviver la flamme. C'est maintenant chose faite.
Cerise sur le gâteau, elle m'a également permis de rencontrer pour la première fois Stéphane, dégustateur hors pair et homme aux multiples casquettes qu'il porte avec élégance et sobriété. Il est des personnes, malheureusement trop rares, qui dégagent une grande humanité ; Stéphane en fait assurément partie, et le rencontrer a été pour moi un réel bonheur.
Je m'en voudrais d'oublier les épouses, toutes aussi charmantes les une que les autres, et qui malgré le fait qu'elles ont parfois eu un peu de mal à  suivre notre rythme de dégustation, nous ont accompagnés avec bonne humeur. Un remerciement spécial ira à  Sabine, l'épouse de Didier, qui surmonta sa fatigue pour nous offrir une table et un repas dignes des vins que son mari avait soigneusement choisi, ce qui n'était pas chose aisée, mais qui a été réalisé avec une grande maestria.
Rentré chez moi, j'observe les bouteilles qui me confirment que je n'ai pas rêvé et que j'ai bien pour la première fois dégusté certaines de celles qui me faisaient envie depuis des années et que je ne pensais pas avoir l'occasion de boire un jour. Mon seul regret, en ce début d'année, est peut-être d'être dès à  présent quasiment certain qu'aucune dégustation que j'effectuerai dans les 12 mois qui viennent ne pourra égaler en qualité celle que nous venons d'effectuer ce samedi. Mais rien ne m'empêche d'essayer…

Luc
05 Jan 2004 00:06 #1

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Rencontres du troisième type : les vins

Après cette (longue) introduction, voici la liste des vins qui ont été servis ce samedi 3 janvier, en deux phases.
Les six premiers vins nous ont été présentés à  midi en accompagnement d'un buffet composé de charcuteries et de fromages divers, ainsi que d'un très bon gratin plus jurassien que dauphinois. Après une petite pose nous ayant permis de prendre possession de notre chambre d'hôtel, les 12 vins suivants furent servis lors du repas du soir où l'on a pu profiter du foie gras, d'un magret de canard aux poires vigneronnes pour finir par un succulent dessert aux fruits.

Le midi…

1. Domaines des Comtes Lafon – Meursault-Charmes 1997
2. Bruno Giacosa – Barbaresco 1997
3. Bricco Rocche – Barolo Brunate 1997
4. Clos de Tart 1997
5. Gaja - Sugarille – Brunello di Montalcino 1997
6. Château Pradeaux – Bandol 1997

La soirée… (où quelques infidélités furent commises à  l'encontre du millésime 1997, mais c'était pour la bonne cause)

1. Le Vin selon David Fourtout – Bergerac sec 2000
2. Château Beaucastel – Roussanne Vieilles Vignes 1992
3. Penfolds – Grange – South Australia Shiraz 1997
4. E. Guigal - La Turque – Côte-Rôtie 1997
5. Domaine Jean-Louis Chave – Hermitage 1997
6. Speri – Amarone della Valpolicella Classico 1997
7. Mas Amiel – Maury Vintage Privilège 1997
8. Sassicaia 1997
9. Opus One 1997
10. Château Rayas – Châteauneuf-du-Pape 1997
11. Château Haute Faucherie – Montagne-Saint-Emilion 1975
12. Château Tirecul la Gravière – Cuvée Madame – Monbazillac 1998

Le compte-rendu de dégustation de ces vins suivra dès que possible, mais comprenez qu'il me faudra un peu de temps… pour regoûter tous ces vins afin d'affiner mon commentaire. (bbb)
La qualité moyenne s'est révélée tous bonnement sensationnelle, sans aucune fausse note. Les vins mythiques ont été à  la hauteur de leur réputation, les autres n'ont en aucun cas démérité, certains arrivant même à  titiller des sommets insoupçonnés.

A suivre…

Luc

Message edité (05-01-2004 00:17)
05 Jan 2004 00:17 #2

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Réponse de Anthony sur le sujet Re: Rencontres du troisième type

Meme avant de lire les CR (j'espere que tu seras plus rapide que Didier et ses Carignans (aaa)), je vous tire mon chapeau: pas un seul Bordeaux 97 dans la serie .... vous aviez trop peur d'etre decu ?

Anthony
05 Jan 2004 11:51 #3

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Réponse de M@nuel sur le sujet Re: Rencontres du troisième type : les vins

Luc,

Bof ! .....La dégustation ne devait pas être si terrible que ça.
Puisque les bouteilles n'ont pas été complétemente vidé ....

Amitiés,
M@nuel .... très jaloux. (aaa)(aaa)

ps: j'ai hâte de prendre connaissance des cr et plus particulièrement celui de Pradeaux 97. Ne me dites pas qu'il est sorti premier ???! Noooon ?! (aaa)

Re-amitiés.
05 Jan 2004 19:13 #4

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  • Thierry Debaisieux
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Réponse de Thierry Debaisieux sur le sujet Re: Rencontres du troisième type

Luc,

Merci pour cette splendide introduction.
La dégustation était, en effet, un peu magique:

La qualité de l'accueil de Sabine et Didier,
la convivialité de la soirée étaient l'écrin idéal pour aborder des vins magnifiques.

Comme toi, j'ai bu certains pour la première fois: La Turque, Penfolds-Grange...

Un grand souvenir de dégustation, mais aussi un grand moment de vie:
comme tu le soulignes, c'est un plaisir trop rare que celui de partager quelques heures avec des gens sincères, des amis.

Amitiés à  Didier et à  toi.
Thierry
05 Jan 2004 22:57 #5

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  • Luc Javaux
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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Rencontres du troisième type : le compte-rendu (1)

Voici le compte-rendu de la séance du midi...

Pour débuter, Didier nous propose ce qu'il nomme lui-même une petite mise en bouche…

Domaines des Comtes Lafon – Meursault-Charmes 1997

Superbe parure d'or fin. Nez d'une grande finesse qui met un peu de temps à  s'ouvrir sur des notes d'agrumes, de noisettes légèrement grillées, de beurre frais, de fleurs blanches ; il est aussi délicatement miellé et minéral. Equilibre magistral en bouche où fraîcheur et gras se conjuguent merveilleusement, laissant à  la minéralité la possibilité de faire un retour en force dans la très longue finale. 48 heures plus tard, la bouteille ne montre aucun signe de fatigue ou d'oxydation et semble au contraire gagner encore en complexité. Remarquable.

Les deux vins suivants illustrent à  merveille le fait qu'il ne faille en aucun cas se fier aux apparences. La scène pourrait s'intituler "du peu d'importance de l'intensité de la robe" ou "méfiez-vous d'un premier nez trop flatteur"…

Bruno Giacosa – Barbaresco 1997

La robe est de faible intensité et semble déjà  évoluée, avec des reflets pourpres. Le nez, au premier abord assez peu expressif, se révèlera à  l'aération comme étant d'une remarquable finesse, sur un fruité doux de fraise, de framboise et de cassis, accompagné de subtiles notes truffées et épicées sur fond de sous-bois. En bouche, l'équilibre et la longueur sont majestueux, les tannins encore assez présents mais d'un grain superbe permettront à  ce vin d'évoluer avec grâce de longues années encore.

Bricco Rocche – Barolo Brunate 1997

Plus intense et moins évolué de robe que le Barbaresco à  côté duquel il est servi en parallèle, ce vin présente un nez flatteur marqué par un boisé encore bien présent. Il présente également un beau fruité mûr, des notes de sous-bois et un côté animal, sauvage, presque sanguin. 48 heures après, le boisé s'est un peu estompé pour laisser place au côté minéral et empyreumatique qui accentue encore la nature sauvage du nez, qui est très loin d'être déplaisant néanmoins. En bouche, très bel équilibre axé sur la puissance et la force tannique, mais moins de finesse et surtout un peu moins de longueur que le précédent. L'âge lui apportera sans aucun doute la patine qui lui manque encore un peu à  ce stade.

Nous poursuivons cette déjà  magnifique série par un vin issu d'un des plus grands terroirs bourguignons suivi d'un autre issu de la gamme d'un des plus grands producteurs italiens…

Clos de Tart 1997

Belle robe rubis aux reflets encore jeunes. Nez magnifique donnant une très belle impression de fondu, sur les fruits rouges, la cerise, les épices douces, avec un très beau côté floral et une minéralité déjà  bien présente. Envoûtant. La bouche est encore supérieure au nez, avec une finesse portée à  son paroxysme, un équilibre parfait, un soyeux de texture inou௠et une longueur digne des plus grands éloges. Que dire de plus, sinon qu'il s'agit assurément du plus grand vin rouge de Bourgogne que j'ai eu l'occasion de déguster à  ce jour, même si je suis loin d'être un spécialiste de la région, et qu'il me servira de référence lors de mes prochaines incursions dans ce vignoble.

Gaja - Sugarille – Brunello di Montalcino 1997

La robe est d'intensité moyenne, avec des reflets violets à  rubis. Nez puissant, sur les fruits noirs confiturés, le cuir, la muscade, la réglisse, le tabac, avec un beau boisé magnifiquement intégré. En bouche, ce vin qui ferait mon bonheur en n'importe quelle autre occasion se trouve un peu en retrait par rapport au Clos de Tart dégusté juste avant lui. Matière, puissance, finesse, équilibre et longueur, tout est néanmoins là  pour faire un superbe vin qui a encore tout l'avenir devant lui.

Pour terminer cette première série, Didier nous propose de déguster un Pradeaux 1997, ce qui n'est sans doute pas chose aisée pour ce cru au milieu de vins d'un tel calibre, mais n'est-ce pas dans la difficulté que l'on reconnaît les braves… ?

Château Pradeaux – Bandol 1997

La robe est d'intensité moyenne, avec un début d'évolution. Le nez est beau, sur le cuir, quelques notes animales, le tabac, le café et les fruits confits. La bouche est d'une belle finesse, sans maigreur, et bien qu'elle ne possède pas la matière et la longueur des précédents, ne déçoit aucunement dans le contexte du millésime.
48 heures après, les notes de tabac se font davantage sentir encore et le vin confirme qu'il a une belle tenue et qu'il ne mérite pas les commentaires peu élogieux lus ici et là .

A suivre...

Luc
06 Jan 2004 01:56 #6

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  • Thierry Debaisieux
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Réponse de Thierry Debaisieux sur le sujet Re: Rencontres du troisième type

Luc,

Bravo pour la qualité et la fidélité des notes de dégustation.

Arrivé en retard, je n'ai goûté que 4 des vins du midi.
Je partage tes impressions sur ceux-ci.

J'attends la suite avec impatience.

Amitiés,
Thierry
06 Jan 2004 21:07 #7

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: Rencontres du troisième type

Merci Thierry, mais je triche un peu...
Ayant repris toutes les bouteilles chez moi, j'en profite pour les déguster une deuxième fois (voire une troisième et une quatrième quand c'est possible...) pour affiner le commentaire (si, je vous assure, c'est la seule et unique raison...(bbb)). Cinq vins au programme ce soir, dont une Turque qui est en train de me faire le grand jeu pour que je l'achève en beauté.
Décidément, c'est vraiment dur la vie de passionné du vin... (aaa)

Amitiés,

Luc
06 Jan 2004 21:51 #8

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Rencontres du troisième type : le compte-rendu (2)

Après une petite pause, la petite troupe est à  nouveau réunie pour le repas du soir.
En guise d'apéritif, Didier nous sert deux blancs qui feront exception à  la règle du millésime 1997.

Le Vin selon David Fourtout – Bergerac sec 2000

Ce vin a été servi à  l'aveugle. La robe est sur l'or fin, avec un beau gras. Au nez, il désoriente tous les participants par son fruité très mûr, ses notes de beurre, de fougère, son côté exotique et floral. Après une longue aération (3 jours au frigo…), la complexité s'est nettement accentuée, les notes d'agrumes sont plus nettes, avec également un très beau côté épicé. L'élevage est quant à  lui parfaitement maîtrisé et discret. En bouche, il est gras, puissant, mais reste très bien équilibré et surtout très long. Superbe vin, sans doute un peu atypique de par sa forte proportion de muscadelle mais sans doute également de par son ambition un peu hors normes par rapport à  la qualité moyenne de l'appellation. L'habillage en bouteille lourde de type bourguignon et le nom sans doute un peu pompeux de cette cuvée peuvent choquer, mais après avoir redégusté ce vin aujourd'hui, soit 3 jours après l'ouverture, et constaté qu'il s'est encore nettement amélioré dans tous les domaines, le vocable utilisé ne me semble pas usurpé.

Château Beaucastel – Roussanne Vieilles Vignes 1992

Grâce à  Thierry, j'allais pouvoir une nouvelle fois déguster mon coup de cÅ“ur absolu de l'année 2003. Il faut néanmoins avouer que cette bouteille, loin de démériter, était très différente de celle dégustée aux rencontres flamandes. La robe est d'un or profond, aux reflets orangés. Le nez évoque le miel et la confiture de fruits blancs, la poire, le coing et l'abricot confits. Je n'ai pas retrouvé le côté encaustique qui m'avait tant plu quelques mois plus tôt, mais par contre, on décèle une petite note oxydative qui s'est nettement accentuée après quelques jours au frais et qui confirme que cette bouteille est sans doute en fin de vie. En bouche, la longueur importante nous rappelle que l'ancêtre a eu une jeunesse glorieuse mais le gras a fait place à  un retour de l'acidité rendant l'équilibre aujourd'hui un peu précaire. Je resterai donc sur mon souvenir flamand en ce qui concerne cette cuvée.

Avant d'entamer le repas proprement dit, Didier nous propose de déguster 3 vins issus du même cépage, à  savoir la syrah. Faites l'expérience et demandez-vous quels sont les dix syrah que vous voulez absolument boire au moins une fois avant de mourir ; presque à  coup sûr, les 3 vins suivants se trouveront sur votre liste. Les mythes nous sont servis sur un plateau !

Penfolds – Grange – South Australia Shiraz 1997

La robe est profonde, avec des reflets encore très jeunes. Le nez, outre un fruité confituré, nous offre un boisé exotique, des épices, du poivre et de l'écorce d'orange. Il est très ouvert, flatteur, mais peut-être un peu lourd à  mon goût. En bouche, la petite sucrosité en attaque nous rappelle qu'on se trouve en Australie ; l'acidité est assez nette, rendant les tannins un peu agressifs en finale, ce qui fait dire à  Stéphane que le vin a du être tartriqué. L'équilibre, tout de même bien présent, semble en effet plus fabriqué que naturel. La longueur est quant à  elle très belle. Beau vin, un peu décevant néanmoins dans ce contexte concurrentiel très rude pour lui.

E. Guigal - La Turque – Côte-Rôtie 1997

La robe est d'intensité moyenne pour le cépage, encore jeune mais avec un tout début d'évolution. Le nez, exotique au départ, mettra du temps pour s'ouvrir sur de magnifiques notes florales évoquant la violette, mâtinées d'épices orientales, de fruits noirs mûrs, tout en gardant un côté aérien remarquable. En mettant le vin en bouche, je retrouve pour la deuxième fois de la journée cette impression d'équilibre parfait qui m'avait frappé sur le Clos de Tart. Acidité intégrée, gras, tannins sans la moindre aspérité, longueur phénoménale : la perfection faite vin !

Domaine Jean-Louis Chave – Hermitage 1997

Robe d'intensité moyenne aux reflets rubis. Le nez, au départ finement animal, s'ouvre ensuite discrètement sur les fruits rouges, les épices, la réglisse et le café. Trois jours plus tard, le petit côté animal a complètement disparu, démontrant qu'il provenait sans doute d'un léger phénomène de réduction en bouteille. En bouche, le vin se montre droit, campé sur une acidité mûre et se révèle ensuite tout en finesse dans sa longue finale caressante. Nous nous trouvons ici devant un très beau vin qui demandera néanmoins encore quelques années pour affirmer son potentiel. Il a tout de même à  ce stade un peu de mal en face de La Turque.

A suivre...

Luc
07 Jan 2004 00:35 #9

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Rencontres du troisième type

Une question ( intéressée ) pour Luc et tout ceux qui ont dégusté Clos du Tart 97:

D'après vous, combien d'année faut-il attendre pour trouver ce vin à  parfaite maturité ? ( en gros 5-10-20 ans? )

Sachant que j'aime les vins plutôt sur les notes tertiaires et que je n'en ai pas beaucoup, j'aimerais bien ne pas les ' gâcher ' (bbb)

Jmm
07 Jan 2004 01:06 #10

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Luc,

Tu remercieras Monsieur Javaux pour cet excellent cr. (aaa)

En prenant connaissance des vins, j'avais parié sur le Clos de Tart, La Turque et Meursault Charmes DCL.
Les rapports du tiercé ne doivent pas être très élevés .... Tout le monde les a joué, non ? Pour une fois les livres ont raison .... (bbb)

Par ailleurs, j'avoue être surpris de lire que les vins se goûtent mieux, sont plus ouvets, etc ...etc ... deux ou trois jours après ouverture ?!! C'est quoi la marque de ton réfrigérateur ?!!! (aaa)

Concernant Pradeaux 97, je pense tout simplement que tu n'étais pas encore tout à  fait redescendu sur terre après avoir goûtéle Clos de Tart. (aaa)

Amitiés,
M@nuel.
07 Jan 2004 22:15 #11

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: Rencontres du troisième type

Jmm,

C'était mon premier Clos de Tart, j'aurai donc beaucoup de mal à  donner des conseils précis sur la période de maturité de ce vin. Cependant, il est magnifique dès maintenant et ce serait dommage de ne pas en goûter une bouteille si vous en avez plusieurs. Je pense que ce serait tout sauf gâcher... Par contre, l'équilibre est tellement bon que je n'ai aucune crainte sur la grande longévité de ce vin, même dans ce millésime 1997 que certains prédisent de garde moyenne.

Manuel,

Clos de Tart et La Turque sont effectivement les deux rouges qui ont eu ma préférence, mais ce n'est peut-être pas le cas de tous les dégustateurs présents. Cela fait néanmoins du bien de constater que, parfois, les mythes tiennent toutes leurs promesses.
En ce qui concerne l'amélioration de certains vins (pas tous) après une longue aération, je n'y trouve rien d'étonnant pour ma part, sachant qu'on se trouve tout de même devant de grands vins encore fort jeunes. A cet égard, je constate que celui qui s'est le plus amélioré est le vin de David Fourtout, qui est un 2000, et celui qui s'est un peu effondré est le Beaucastel VV 1992... Les blancs sont au frigo, les rouges sont redescendus en cave (12°C actuellement), bouteilles debout, simplement rebouchées. Ce petit test de résistance à  l'oxydation donne à  mon avis une bonne idée du potentiel de vieillissement que possèdent encore ces vins.
En ce qui concerne Pradeaux 1997, je l'ai regoûté hier soir, et je t'assure qu'il est très bon. Pas grand, mais très bon.

Cordialement,

Luc
07 Jan 2004 23:11 #12

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Rencontres du troisième type

Luc,

merci pour ta réponse, j'en ai 3, j'en ouvrirai une au printemps. On ne sait jamais avec ces chaleurs on n'est plus sûr de passer l'été(bbb)

Si jamais, il y a des LPViens dans le secteur....

Jmm
08 Jan 2004 20:38 #13

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Rencontres du troisième type : le compte-rendu (fin)

Les deux vins suivants ont été servis avec le foie gras…

Speri – Amarone della Valpolicella Classico 1997

La robe est d'une belle profondeur, encore très jeune. Le nez est marqué par de magnifiques arômes de petits fruits rouges acidulés, une belle minéralité et des notes de tabac. En le regoûtant aujourd'hui (5 jours après l'ouverture !), le fruité semble plus mûr et, étonnamment, davantage axé sur les fruits noirs, avec des notes de torréfaction plus nettes. En bouche, l'acidité est superbe, la puissance est parfaitement maîtrisée, la longueur est grande. Ce vin réalise un très bel accord avec le foie. Cinq jours plus tard, il a pris du volume et gagné en souplesse, sans montrer le moindre signe de fatigue, gage de sa grande longévité probable.

Mas Amiel – Maury Vintage Privilège 1997

La robe est prématurément vieillie, avec des reflets qui commencent à  tirer sur le brun. Mauvais signe… M'attendant au pire, je place prudemment mon nez au-dessus du verre, et pour mon plus grand bonheur, la surprise est totale avec des arômes certes évolués, mais magnifiques et d'une très belle complexité. Café, épices, tabac, figue, pruneau, bouillon de viande se mêlent harmonieusement pour donner un ensemble étonnant mais très agréable. La bouche montre un superbe équilibre entre moelleux, alcool et acidité, les tannins sont fondus, la longueur est étonnante pour le millésime. L'accord est magnifique avec le foie : encore une grande idée de Didier ! 1997, petit millésime au Mas Amiel ? Certainement pas, mais millésime d'évolution rapide assurément.

Les vins suivants sont servis en accompagnement d'un très bon magret de canard aux poires vigneronnes.

Sassicaia 1997

La robe est de belle intensité, sans être noire. Le nez est marqué par le cabernet sauvignon, avec des arômes de poivron mûr et de tabac. Fruits rouges et noirs, minéralité et notes de sous-bois complètent ce tableau assez aérien, sans aucune lourdeur. La bouche confirme que l'accent est porté sur la finesse plutôt que la puissance, ce qui n'empêche nullement ce vin d'avoir un équilibre et une longueur magnifiques. Seuls les tannins encore un peu trop présents nous rappellent que le temps doit encore faire son Å“uvre pour peaufiner le tout.

Opus One 1997

Robe de belle intensité aux reflets rubis. Nez très doux, flatteur, sur un fruité très mûr, voire peut-être un peu confituré et un boisé bien conduit, quelques notes de poivron très mûr également et du tabac. La bouche est puissante tout en restant parfaitement équilibrée et d'une très belle longueur. Il n'y a rien à  redire, c'est un très beau vin, mais sans que je m'explique pourquoi, il ne me procure pas la même émotion que certains des autres grands vins de la soirée. La fatigue peut-être…

Avec un peu de fromage comme nous avions une petite faim et une petite soif…

Château Rayas – Châteauneuf-du-Pape 1997

La robe est de faible intensité, avec un début d'évolution. Très beau nez marqué par un fruité doux évoquant les fraises mijotant sur le feu, les épices orientales, la réglisse, avec un petit côté végétal qui n'est pas déplaisant et qui apporte un peu de fraîcheur à  l'ensemble. En bouche, on retrouve le soyeux de texture et l'équilibre habituels du cru, et même si le volume et la longueur ne sont pas ceux des grands millésimes, le plaisir est au rendez-vous dès aujourd'hui. Je ne parierais tout de même pas sur un grand avenir au vu de son évolution après quelques jours d'ouverture…

Ensuite, une bouteille apportée par Stéphane qui, si j'ai bien compris, participe activement à  l'élaboration de ce vin issu d'une propriété familiale.

Château Haute Faucherie – Montagne-Saint-Emilion 1975

La robe est loin d'être fanée pour un vin de cet âge, avec des reflets pourpres. Très beau nez réglissé, truffé et épicé. En bouche, les tannins sont encore étonnamment présents sans être agressifs pour autant, la longueur est moyenne. Challenge difficile pour ce vin au milieu d'étiquettes nettement plus prestigieuses, mais dont il se sort néanmoins avec les honneurs. Je serais curieux de déguster ce vin dans un millésime un peu moins ancien, car au vu du potentiel affiché par ce 1975, il devrait faire un beau pirate dans une dégustation à  l'aveugle.

Et pour terminer, avec le dessert :

Château Tirecul la Gravière – Cuvée Madame – Monbazillac 1998

La robe est magnifique, grasse, d'une jeunesse éclatante. Nez envoûtant, d'une grande maturité, évoquant une corbeille de fruits bien mûrs, ananas, citron, orange, pêche, abricot, avec la complexité apportée par le botrytis, un élevage discret et très bien intégré avec quelques petites notes de vanille et de caramel et une petite touche évoquant la cire d'abeille. En bouche, le sucre et le gras sont imposants mais en même temps magnifiquement balancés par la très belle acidité de fond. Longueur immense, avec un petit retour du boisé en finale. Un concentré de bonheur en bouteille !

La soirée se termine donc, nous nous quittons avec regret mais en aillant fait le plein de sensations olfactives et gustatives et en sachant que le souvenir de cette journée restera à  jamais gravée dans nos mémoires. Par la très grande qualité des flacons, cela ne fait bien sûr aucun doute, mais aussi et surtout par la réaffirmation qu'en matière de vin, rien ne peut remplacer un moment de partage comme celui que nous venons de vivre. Merci encore à  Didier pour avoir sacrifié sur l'autel de l'amitié parfois l'unique bouteille qu'il possédait d'un cru prestigieux et à  Sabine pour nous avoir supportés toute cette journée tout en nous concoctant un magnifique repas.

Luc
09 Jan 2004 02:18 #14

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Réponse de Martin sur le sujet Re: Rencontres du troisième type

Je pensais qu'on allait parler d'extra terrestres dans cette rubrique (aaa)

Bravo et merci Luc pour tes CR très précis et complets. Vous avez dégusté de belles choses. Je te rejoins à  100 % sur le Clos de Tart 1997 qui est l'un des plus beaux vins que j'ai dégusté. Quand la Bourgogne se donne comme ça elle n'a guère de rivales ... (aaa)

@ bientôt

Martin
09 Jan 2004 11:21 #15

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: Rencontres du troisième type

Martin,

"Quand la Bourgogne se donne comme ça elle n'a guère de rivales ..."

Entièrement d'accord, mais quel dommage que cela soit si rare...(jjj)

Cordialement,

Luc
09 Jan 2004 14:32 #16

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Réponse de Olif sur le sujet Re: Rencontres du troisième type

Mais non, ce n'est pas rare, Luc! Il faut juste bien choisir ses bouteilles!

Ne fais pas toujours du mauvais esprit!(aaa)

Olif
09 Jan 2004 15:33 #17

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Réponse de Thierry Debaisieux sur le sujet Re: Rencontres du troisième type

Luc,

Je tiens à  souligner la qualité de tes notes.

"J'y étais"...
Et te lire me renvoie, exactement, à  mes souvenirs.

Une telle fidélité sensorielle ( ou, en ce qui nous concerne, sensuelle), un tel talent de narrateur, une telle qualité descriptive, ça nécessite un don.

Tu es un commentateur talentueux.

Avec toute mon amitié,
Thierry
09 Jan 2004 21:09 #18

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Réponse de M@nuel sur le sujet Re: Rencontres du troisième type

Je confirme les propos de Thierry, je n'y étais pas mais franchement Luc retrancrit avec une très grande fidélité les caractéristiques de chaque vin ...... Sauf .... sauf pour le Pradeaux 97.
Mais nul n'est pas parfait. (aaa)(aaa)(aaa)

Amitiés,
M@nuel.... Pradeauxphobe*

*c'est pour rire.
09 Jan 2004 21:56 #19

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Réponse de DidierT sur le sujet Re: Rencontres du troisième type

Ouaaaaaaahhhhh. Quel CR!!!!!

Luc, Thierry,

Comme vous le savez je me baladais un peu (jjj) d'où mon message tardif.

Merci Luc pour cet excellent CR, cela me rappelle ce moment exceptionnel d'amitié et de partage, cela me réchauffe un peu, supportant actuellement -20°C ici.
Sur ce même forum, Fabien je crois disais que le vin, c'est le partage, c'est ma conception aussi. Partage d'un moment autour d'une bonne bouteille. Bon, je sais, ici il y en avait plusieurs (bbb)

Merci encore à  tous les deux, ainsi qu'à  vos très sympathiques épouses d'avoir fait ce voyage.

Il est à  noter que tous les vins ont été servis à  l'aveugle, comme vous l'avez certainement remarqué, pour que l'étiquette n'influence pas le jugement.
J'ai eu aussi un faible, si l'on peut dire tant la série était superbe, pour Clos de Tart, et la Turque mais aussi pour le Barbaresco de Bruno Giacosa qui montre encore une fois que le cépage Nebbiolo peut sortir de très grand vin!!! Une finesse et profondeur superbe.
Ces bouteilles qui amènent de l'émotion, que l'on sirote pour le plaisir.
C'est souvent pour trouver l'une de ces bouteilles que notre passion commence, la recherche de ces moments, du Graal!

A bientôt, pour une nouvelle dégustation!

(aaa) (aaa) (aaa)

Didier
10 Jan 2004 02:05 #20

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: Rencontres du troisième type

Salut Didier,

Cela me fait plaisir de te relire.
C'est vrai que j'ai fait fort (long surtout...) pour le compte-rendu, mais cette journée méritait bien cela. C'est surtout Patricia qui a été heureuse que je m'enferme dans mon bureau pendant trois soirées pour regoûter tous les vins en rédigeant mes commentaires...(jjj)
J'en profite pour te remercier une nouvelle fois pour ta générosité.

Thierry,

Je te remercie pour tes compliments, mais n'en fais pas trop, tu vas me faire rougir...

Amitiés à  vous deux et en route pour de nouvelles aventures, qui, je l'espère, vous dirigeront vers la Belgique pour une prochaine dégustation. Je sens tout de même qu'il va falloir entamer habilement les négociations avec nos épouses respectives...(bbb)

Luc
10 Jan 2004 12:38 #21

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