Les deux vins suivants ont été servis avec le foie gras…
Speri – Amarone della Valpolicella Classico 1997
La robe est d'une belle profondeur, encore très jeune. Le nez est marqué par de magnifiques arômes de petits fruits rouges acidulés, une belle minéralité et des notes de tabac. En le regoûtant aujourd'hui (5 jours après l'ouverture !), le fruité semble plus mûr et, étonnamment, davantage axé sur les fruits noirs, avec des notes de torréfaction plus nettes. En bouche, l'acidité est superbe, la puissance est parfaitement maîtrisée, la longueur est grande. Ce vin réalise un très bel accord avec le foie. Cinq jours plus tard, il a pris du volume et gagné en souplesse, sans montrer le moindre signe de fatigue, gage de sa grande longévité probable.
Mas Amiel – Maury Vintage Privilège 1997
La robe est prématurément vieillie, avec des reflets qui commencent à tirer sur le brun. Mauvais signe… M'attendant au pire, je place prudemment mon nez au-dessus du verre, et pour mon plus grand bonheur, la surprise est totale avec des arômes certes évolués, mais magnifiques et d'une très belle complexité. Café, épices, tabac, figue, pruneau, bouillon de viande se mêlent harmonieusement pour donner un ensemble étonnant mais très agréable. La bouche montre un superbe équilibre entre moelleux, alcool et acidité, les tannins sont fondus, la longueur est étonnante pour le millésime. L'accord est magnifique avec le foie : encore une grande idée de Didier ! 1997, petit millésime au Mas Amiel ? Certainement pas, mais millésime d'évolution rapide assurément.
Les vins suivants sont servis en accompagnement d'un très bon magret de canard aux poires vigneronnes.
Sassicaia 1997
La robe est de belle intensité, sans être noire. Le nez est marqué par le cabernet sauvignon, avec des arômes de poivron mûr et de tabac. Fruits rouges et noirs, minéralité et notes de sous-bois complètent ce tableau assez aérien, sans aucune lourdeur. La bouche confirme que l'accent est porté sur la finesse plutôt que la puissance, ce qui n'empêche nullement ce vin d'avoir un équilibre et une longueur magnifiques. Seuls les tannins encore un peu trop présents nous rappellent que le temps doit encore faire son Å“uvre pour peaufiner le tout.
Opus One 1997
Robe de belle intensité aux reflets rubis. Nez très doux, flatteur, sur un fruité très mûr, voire peut-être un peu confituré et un boisé bien conduit, quelques notes de poivron très mûr également et du tabac. La bouche est puissante tout en restant parfaitement équilibrée et d'une très belle longueur. Il n'y a rien à redire, c'est un très beau vin, mais sans que je m'explique pourquoi, il ne me procure pas la même émotion que certains des autres grands vins de la soirée. La fatigue peut-être…
Avec un peu de fromage comme nous avions une petite faim et une petite soif…
Château Rayas – Châteauneuf-du-Pape 1997
La robe est de faible intensité, avec un début d'évolution. Très beau nez marqué par un fruité doux évoquant les fraises mijotant sur le feu, les épices orientales, la réglisse, avec un petit côté végétal qui n'est pas déplaisant et qui apporte un peu de fraîcheur à l'ensemble. En bouche, on retrouve le soyeux de texture et l'équilibre habituels du cru, et même si le volume et la longueur ne sont pas ceux des grands millésimes, le plaisir est au rendez-vous dès aujourd'hui. Je ne parierais tout de même pas sur un grand avenir au vu de son évolution après quelques jours d'ouverture…
Ensuite, une bouteille apportée par Stéphane qui, si j'ai bien compris, participe activement à l'élaboration de ce vin issu d'une propriété familiale.
Château Haute Faucherie – Montagne-Saint-Emilion 1975
La robe est loin d'être fanée pour un vin de cet âge, avec des reflets pourpres. Très beau nez réglissé, truffé et épicé. En bouche, les tannins sont encore étonnamment présents sans être agressifs pour autant, la longueur est moyenne. Challenge difficile pour ce vin au milieu d'étiquettes nettement plus prestigieuses, mais dont il se sort néanmoins avec les honneurs. Je serais curieux de déguster ce vin dans un millésime un peu moins ancien, car au vu du potentiel affiché par ce 1975, il devrait faire un beau pirate dans une dégustation à l'aveugle.
Et pour terminer, avec le dessert :
Château Tirecul la Gravière – Cuvée Madame – Monbazillac 1998
La robe est magnifique, grasse, d'une jeunesse éclatante. Nez envoûtant, d'une grande maturité, évoquant une corbeille de fruits bien mûrs, ananas, citron, orange, pêche, abricot, avec la complexité apportée par le botrytis, un élevage discret et très bien intégré avec quelques petites notes de vanille et de caramel et une petite touche évoquant la cire d'abeille. En bouche, le sucre et le gras sont imposants mais en même temps magnifiquement balancés par la très belle acidité de fond. Longueur immense, avec un petit retour du boisé en finale. Un concentré de bonheur en bouteille !
La soirée se termine donc, nous nous quittons avec regret mais en aillant fait le plein de sensations olfactives et gustatives et en sachant que le souvenir de cette journée restera à jamais gravée dans nos mémoires. Par la très grande qualité des flacons, cela ne fait bien sûr aucun doute, mais aussi et surtout par la réaffirmation qu'en matière de vin, rien ne peut remplacer un moment de partage comme celui que nous venons de vivre. Merci encore à Didier pour avoir sacrifié sur l'autel de l'amitié parfois l'unique bouteille qu'il possédait d'un cru prestigieux et à Sabine pour nous avoir supportés toute cette journée tout en nous concoctant un magnifique repas.
Luc