Le samedi 25 novembre 2006 avait lieu la première rencontre du cercle régional LPV Rhône Nord Sud.
L’exploration de l’appellation Saint Joseph passera par la visite de deux domaines, tous deux situés sur la commune de Mauves en Ardèche : Gonon et Coursodon
Ci contre la statut de Saint Joseph
Pour la matinée, nous nous retrouvons comme prévu en compagnie de :
Jean Louis, Jean Pierre qui nous vient spécialement de Paris, Christophe, François, Patrice, Sébastien.
Le programme nous amène donc au domaine GONON.
C’est Jean GONON qui nous accueille, franchise et sourire seront de rigueurs durant cette rencontre.
Nous prenons nos voitures et Mr GONON nous guide sur les hauteurs de Tournon au lieu – dit La Croix et au lieu – dit Le Chêne.
Ce jour, le vent chaud du sud souffle sur ce versant exposé sud – est où le cépage roi la syrah s’exprime ; les questions sont posées, les réponses et les explications données sont claires et précises.
Tout y passe, préparations et entretiens des sols, tailles, vendanges, aménagements du vignoble.
La déclivité importante des parcelles impose l’emploi d’un hélicoptère pour les phases de traitement des vignes, les vendanges sont réalisées à l’aide de treuil, les mûrs de soutènement sont des obstacles plus que gênants pour cet emploi.
A signaler, cette maladie qui se développe sur la plante, une dégénérescence rendant les feuilles rouges, amenuisant petit à petit la production de la plante. Plusieurs pistes sont à l’étude quant aux origines de cette maladie, la dégénérescence de la syrah, et les porte greffes sont suspectés vu que les sélections massales semblent échapper aux symptômes.
Nous redescendons sur Mauves et faisons une halte au lieu dit Les Oliviers, parcelles de marsanne et roussanne situées à l’abri des vents.
Nous retournons au domaine, nous descendons à la cave outillé de notre superbe verre Riedel, et nous débutons par une dégustation sur fût des blancs : roussanne et marsanne.
1er fût 100 % roussanne – vendange 2006 (vignes âgées de 18 ans) :
La fermentation est finie, le vin est bâtonné, une couleur or se dégage malgré une turbidité due à la jeunesse, au nez, une complexité aromatique se révèle sur l’agrume, finale amère.
2ème fût 100 % marsanne – vendange 2006 (vieilles vignes) :
Toujours cette couleur dorée perturbée par cette turbidité, un nez discret, bouche ample et volumineuse.
3ème fût 100 % marsanne – vendange 2006 (vieilles vignes à dominante argileuse) :
Couleur dorée, nez sur le réduit et l’eau croupie, présence de gaz.
4ème fût 100 % roussanne – vendange 2006 :
En pleine phase fermentaire, au nez des pointes d’agrumes s’expriment, sucrosité abondante (6 g), plus abouti que la marsanne.
Aucun fût neuf ne compose ce cheptel, le domaine Gonon achète exclusivement des fûts de 3 vins.
Nous passons au rouge, élevage en demi muids et foudres
Quel sérieux !
1er demi muids 100 % syrah vendange 2006 :
Pas d’égrappage, malo finie, pas de soutirage, robe grenat vif, nez sur le fruit et l’eau croupie, tannique mais beau.
2ème demi muids 100 % syrah vendange 2006 lieu dit « La Croix » :
Couleur grenat très sombre, nez sur le réduit, tanins plus ronds et bouche plus volumineuse
3ème demi – muids 100 % syrah vendange 2006 lieu dit « Les Oliviers » :
Couleur sombre, nez sur les épices et le fruit, expression simple et aboutie de la syrah
4ème demi – muids 100 % syrah (vignes situées sur St Jean de Muzols, quelques kilomètres au nord de Tournon) :
Couleur sombre et brillante, nez sur le réduit arômes d’épices et de café.
5ème foudre 100 % syrah (vignes situées sur St Jean de Muzols, quelques kilomètres au nord de Tournon) :
Couleur sombre et brillante, nez très réduit, marqué par le bois, finale plus longue que l’élevage en demi – muids.
6ème demi – muids 100 % syrah, terroir de St Jean de Muzols vieilles vignes :
Nez sur le réduit, arômes de fruits, bouche plus élégante.
Nous passons aux bouteilles :
Rouges :
Vin de Table 2005 : vin issu de jeunes vignes, vendange égrappée, robe claire, limpide et brillante, nez sur le cassis, la mûre, attaque assez fine, souple avec un milieu de bouche fin et fruité mais finale tannique, fraîcheur, pointe d’épices en fin de bouche. Manque un peu de développement.
Saint Joseph 2004 : robe claire, limpide et brillante, nez un peu réduit, puis après agitation le fruit explose, quelques notes d’olive. Attaque un peu dure et bouche sur les épices et le fruit, marqué par la fraîcheur et une petite acidité, vin assez équilibré, note de framboise.
Saint Joseph 2005 : robe claire, limpide et brillante, nez sur le réduit puis après agitation notes de fruits rouges, des notes toastées et de violette. Bouche d’une belle ampleur avec des tannins fins plus présents, vin signé par une belle fraîcheur et une longueur intéressante.
Saint Joseph 2003 : robe claire, limpide et brillante, nez sur le fruit, bouche sur la fraîcheur, belle acidité, finale très longue.
Saint Joseph 2001 : bouchonnée
Saint Joseph 2001 : robe claire, limpide et brillante, nez sur le fruit rouge et le cassis et l’olive, bouche avec une attaque presque souple sur la fraîcheur, arômes un peu évolués, trame assez serrée, vin tendu avec une belle longueur.
Saint Joseph 1996 : robe tuilée marron/orangée, nez sur le foxé et le cuir le sous-bois et la truffe. En bouche, jolie attaque, une belle ampleur en milieu de bouche. Longueur et matière abondante nous inondent, fraîcheur, acidité et finale tannique mais agréable nous présentent un superbe vin.
Saint Joseph 1990 : robe tuilée tirant sur l’orange, arômes tertiaires, en bouche nous sommes sur le fruit confit et compoté, arôme de poivron rouge.
Blancs :
Saint Joseph 2005 : arômes floraux et de fruits à chair blanche et abricot, en bouche succession d’amande, de caramel, fraîcheur, gras, un vin noble.
Saint Joseph 2002 : malgré le millésime, nez complexe et gras en bouche.
Nous tenons à remercier collégialement Mr GONON pour sa gentillesse, sa disponibilité et sa simplicité, un vigneron comme on aimerait en croiser le plus souvent possible.
Direction Le Chaudron, restaurant gastronomique situé à Tournon, une superbe carte des vins à prix corrects pourra en ravir plus d’un.
Pendant le repas, Jean Louis nous avait prévu deux surprises, vins servis à l’aveugle.
Le premier vin proposé par Jean Louis, un blanc servi en carafe à température idéale de dégustation pour l’apéritif, nous nous scrutons, après quelques agitations, nous partons sur l’Hermitage, par déduction, nous découvrirons le vigneron, Jean Louis nous concédera le millésime.
Couleur dorée, robe claire, limpide et brillante, nez complexe à dominante de cire, en bouche matière noble et abondante, longueur et perfection, finale nette, un très grand vin = Hermitage 1982 blanc de Jean Louis Chave.
Le deuxième vin, un blanc servi en carafe mais à température trop élevée, cela ne gâchera pas sa dégustation.
Couleur or à reflet jaune, robe claire, limpide et brillante, la bouche est déroutante, les avis divergent, certains pensent à un Alsace, d’autres sur un vin du sud type Palette mais assez âge, le cépage viognier est introuvable.
C’est par élimination que François trouvera l’appellation : Château Grillet 1990.
Nous sommes tous attentifs aux explications de Christophe ! Sauf François.
Le troisième vin, toujours dégusté à l’aveugle, est proposé par Jean Pierre, c’est son coup de cœur de l’été.
La robe est violette, nez opulent et flatteur, en bouche, la matière est abondante et riche, nous partons vers le golf du lion, plus précisément dans le Roussillon, nous dégustons un Côte du Roussillon Villages : L’Edre du Domaine de l’Edre 2004.
Jean Pierre nous donne des précisions quant aux producteurs, vin de garage comme il aime à le souligner, cela reste néanmoins, un vin à laisser vieillir afin qu’il s’agisse et gagne en légèreté.
Le quatrième vin est proposé par Jean Louis, la robe est tuilée à reflets bruns, au nez, des arômes secondaires s’expriment, la majorité des convives prend la direction de la Vallée du Rhône, la colline de l’Hermitage n’est pas loin.
Nous y sommes, reste à trouver le millésime et le vigneron, dans un élan, François propose Jean Louis Chave, Jean Pierre surenchérit en précisant le millésime : 1982. Ce n’est pas une déception tellement ces vins sont rares à la dégustation, toutefois, il se trouve que celui-ci est fané.
Nous quittons la table, la qualité du service et du repas nous ramèneront, je le pense, à revenir déjeuner dans cette enseigne.
Nous retournons à Mauves au domaine Coursodon, nous sommes accueillis par Mr Coursodon père, le fils étant à Bruxelles pour une dégustation.
Nous nous asseyons dans la fourgonnette du domaine et nous empruntons les chemins à travers les vignes afin de découvrir les parcelles du domaine.
C’est impressionnant à flanc de coteau, et la route devient un chemin qui ne mène… à rien, si ce n’est aux vignes.
Il faut bien arriver à accéder aux parcelles !
Devant nous, les vignes de la cuvée Paradis Saint Pierre, âgées de 76 ans.
Les vignes sont plantées sur des sols présentant une déclivité importante, le travail à la vigne est essentiel.
L’accès et la pénibilité du travail donnent une idée de la difficulté d’exercer ce métier.
Voici l’exemple d’une vigne entièrement reprise, nous vous laissons le soin d’imaginer le travail depuis le dessouchage des arbres qui composaient ce coteau.
Nous redescendons au caveau afin d’entamer les dégustations.
Cuves pour les blancs 2006 :
Arômes fermentaires et d’agrumes (pamplemousse), vif, droit mais manque de corps.
Fûts (Paradis Saint Pierre), plusieurs pièces ont été dégustées : dans le même registre aromatique que le précédent, mais plus de corps et de gras.
Fûts (syrah) : Au nez, boisé imposant et quelque fois peu intégré, des notes de sur maturité sur les fruits rouges confits.
Plusieurs échantillons tirés des fûts sont dégustés, qui nous montrent la nécessité et les vertus de l’assemblage afin de réaliser un vin complet.
Une parcelle différente, un fût différent… et tout change sans qu’on ne sache forcément pourquoi.
L’humilité est vraiment la qualité première en la matière.
Nous enchaînons sur les bouteilles.
Blancs :
Saint Joseph « Paradis Saint Pierre » 1998 : Début d’évolution, notes de miel et d’amandes grillées, beau volume en bouche.
Saint Joseph « Paradis Saint Pierre » 1993 : Vin équilibré, belle acidité.
Saint Joseph « Paradis Saint Pierre » 1983 : Un vin minéral, expression de granit.
Rouges
Saint Joseph « Domaine » 2005 : Nez sur les fruits (mûres – framboises), en bouche, l’attaque est ronde avec un soupçon de surcroît en milieu de bouche, amertume en fin de bouche, tanins soyeux.
Saint Joseph « Olivaie » 2005 : Nez sur les fruits noirs, arôme d’olive noire, attaque nette, acidité en milieu de bouche, le tout est enrobé de souplesse, finale sur le café.
Saint Joseph « Paradis Saint Pierre » 2005 : Nez sur les fruits noirs et les épices, en bouche jolie matière, tanins plus ordonné, belle longueur.
Saint Joseph « Sensonne » 2005 100% fût neuf : Nez sur les épices et sur les fruits puis sur le toasté, en bouche le bois s’impose, longueur moyenne, finale sur le café.
Saint Joseph « Paradis Saint Pierre » 1998 : Frappé par l’ancien style de la maison, ce style paternel avec des tannins durs, des « syrah » à l’ancienne, nez sur la violette et le cassis.
Saint Joseph « L’Olivaie » 1990 : Nez sur la framboise, les petites épices et le cuir, bouche en souplesse, tanins ronds, belle longueur.
Notre position géographique nous permet de bénéficier d’une proximité des vignobles, nous allons au fur et à mesure des journées, essayer de découvrir toutes les appellations composant les vignobles septentrionaux et méridionaux de la Vallée du Rhône.
Il est évident que cela restera un instantané de l’appellation et non un constat définitif.
Nous tenons à remercier collégialement les familles GONON et COURSODON pour leurs accueils respectifs, merci à Jean Louis de nous avoir permis de visiter ces domaines, merci à tous pour cette journée, Jean Pierre, tu es le bienvenu.
Bien sûr, il y a des différences entre nos hôtes du jour !
Mais surtout les notes ont été prises de manière différente par deux personnes différentes, les unes le matin et les autres l’après-midi.
De ces faits, les commentaires des vins du domaine Coursodon sont plus concis.
Deux styles de vins différents, mais deux recherches de la qualité qui ont montré la vigueur d’une appellation souvent méconnue.
Nous ne remercierons jamais assez nos hôtes pour le temps qu’ils ont bien voulu nous accorder et la qualité des vins qu’ils nous ont proposés à la dégustation.
Voici l’exemple des journées que le cercle Rhône Nord Sud vont mettre sur pied, visites de domaines, connaissances des vignerons agrémentées par un repas.
Pourvu que ça dure… Le cercle Rhône Nord Sud