Bon, excusez mon ignorance, mais j'ai appris qq chose aujourd'hui. Pour les ignares dans mon genre qui n'ont pas pris Latin au lycée (moi, j'ai pris cuisine
) : "primus inter pares", littéralement "le premier entre les égaux". Primus signifie premier, inter est la préposition qui signifie entre (plus accusatif) et pares est le pluriel de par qui signifie égal. Le primus inter pares est celui qui est à la fois le supérieur et le collègue des autres membres d'une organisation. Merci Google.
Pour ma part, si beaucoup de gens restent (pour l'instant...) "insensibles" aux vins du L.R., je trouve que la situation a drôlement évolué dans la bonne direction et quelle continue à aller dans le bon sens. On a encore du boulot, mais si on le voit dans cette vie terrestre, et bien tu m'en verras ravi. Et ici, pour les grandes occasions, quelques, je dis bien quelques buveurs d'étiquettes, ouvrent, enfin, un grand vin de leur région. Ouf.
Quand aux "hiérarchies" entre vins, elle évoluent, elles changent. En 78, Guy Julien faisait la sauce de son filet aux truffes avec du Fonsalette (et oui), les Rayas des années 40 et 50 se goûtaient chez lui pour qq centaines de francs et la mouline 76 commençait à peine à exister tandis que la Turque n'étaient même pas encore arrachée. En 2030, bien malin qui peut dire qui sera considéré comme le meilleur Grenache du monde. Mais on peut prédire sans grand risque de se tromper mais ce sera soit un L.R., soit un Châteauneuf. Et si c'était un L.R., quel qu'il soit, pour ma part, je n'aurais pas de remords ni de regrets pour ceux qui n'ont pas su ou voulu tenir leur rang.
Pour la taille, 3 bras à un Å“il franc me semble une taille drôlement sévère, sauf si il s'agit de jeunes vignes en formation. Quel prise de risque ! Ici, on considère que 5 bras à deux yeux visibles est une bonne moyenne, sachant qu'on ébourgeonne sévère et que l'on vise donc 10 sarments avec un raisin chacun si tout va bien (et rien ne va vraiment bien : bras qui meurent, mauvais débourrement, mauvaise sortie, coulure et j'en passe). Bon, comme aucun de mes gobelets n'a cinq bras (mais on y arrivera), en moyenne, on a six à huit grappes, parfois plus, presque toujours moins (car on cherche l'hétérogéité et non, comme à Bordeaux, la régularité), ce qui sur la base de 110/120 g par grappes (dès qu'on passe en organique, les baies changent de taille à une vitesse folle) nous donne 600 à 800 g par pieds. Comme, sur les petites parcelles de vieilles vignes, on a rarement plus de 3000 pieds réels et vivants et qu'il faut à peut prêt 1,25 kg pour faire 1 litre de vin, on arrive, péniblement à 20 hl/ha. Mais je pense que tout ce travail de remise en état que nos effectuons depuis trois ans nous permettra de monter à 25/28 hl, ce qui est à mon avis, l'équilibre parfait sur les vieux grenaches en massale.
L'exposé d'Iris sur les terroirs est très clair. Ici, de même, plus de 6 semaines séparent les vignes les plus précoces de celles des coteaux plein nord à 400 m d'altitude. Pour ceux qui ne savent pas, chaque cépage murit à une période différente, le carignan, par exemple, cépage tardif, arrivant à maturité trois à quatre semaines après le grenache. Nous commençons donc la pré-taille, manuelle, début décembre, tous les bois étant retirés à la main et brulés. Elle est précédée d'un débrassage des "secs", les bras morts, facilement visibles lorsque la vigne est en végétation, de l'arrachage à la mini-pelle ou à la pioche des souches mortes ou malades en vue des complantation, du changement des échalas cassés par le labour ou les sangliers (600, rien que cette semaine), du détachage (35 000 pieds sur échalas, trois liens par souches...). Il nous reste aussi au moins 5 ou 6 hectares de très vieilles vignes à recéper entièrement, donc, débrassage, piquet, attachage pour redresser des souches et faire en sorte que l'on puisse passer l'intercep même sur les vignes à 1,50 au carré.
La taille proprement est effectuée ici pendant les périodes de lunes vieilles de décembre, janvier, février et mars, en montant en puissance (2, 4, 6, puis 10 ha), les premières journées sont souvent consacrés au mourvèdre et aux carignan en altitude, ainsi qu'aux tailles de formation des jeunes vignes, longue et délicate. Le fait que toutes les vignes subissent une taille en vert puis un ébourgeonnage manuel très soigné pendant la période végétative permet à un tailleur très bien formé de tailler entre 700 et 800 pieds par jour. Et de bien tailler. Mais il faut prévoir 1 personne pour 3 tailleurs pour traiter toutes les plais de taille soit à l'argile, soit au mastic, soit à l'escudo pour éviter la limitation de l'Esca.