Organisée de main de maître par (notamment) Sébastien Colombier,
cette soirée avait pour objectif de nous faire découvrir des domaines
souvent nouvellement créés ou se distinguant par une production peu
orthodoxe dans une région viticole bien médiatisée. Bref, un voyage dans le
pays de la garrigue via des chemins de traverse... et c'est parti !
Tous les vins, à l'exception du dernier, furent dégustés à l'aveugle, mais c
est plus pour la forme, vu qu'on n'en connaissait pas beaucoup...;-)
On commence par une bulle :
1) Crémant de Limoux de Jean-Louis Denois (6,50 €)
N : boisé, un peu lourd (rappelant certain chardonnay), pointe végétale.
B : assez court, notes de foin humide, de camomille.
Bulles modérées, manquant un peu de finesse.
On continue avec deux blancs avant de passer aux rouges.
2) Picpoul de Pinet 2002 de Saint Martin de la Garrigue (6,20 €).
N : notes amères de pamplemousse, de citron vert et de cardamone.
B : miel et les fleurs apparaissent. Belle acidité donc fraîcheur assurée,
mais la faible longueur déçoit, terminant sur une légère amertume. Dommage, mais c'est un bon vin tout de même.
3) Mas du Pountil 02 (aoc Terrasses du Larzac, à Jonquières)
N : caramel au lait et beurre qui caractérise un boisé trop tapageur ; le
pain d'épices, les fruits secs et l'abricot apportent un peu de complexité
et de charme.
B : assez lourd et gras.
Certains penchent pour un chardonnay par ce côté lourdement boisé, mais
c'est un assemblage de roussanne&marsanne&grenache blanc.
On déguste les vins rouges par paire, sauf indication contraire :
4) Coteaux du Languedoc (CdL) Château Saint Pons 01 de la cave coopé de St Pons de Mauchiens (2,5 €)
N : fruits rouges, l'alcool est marqué
B : pareil en bouche, assez simple.
Assemblage classique de grenache, mourvèdre et syrah. C'est pas mal fait,
sans prétention.
5)CdL Saint Félis 01 de la cave des vignerons de Saint Félis de Lodez
Léger bouchon qui se dissipe un peu par la suite.
Vin assez court, laissant entrevoir de jolies choses, mais bouteille probablement défectueuse.
6)CdL Clos Saint Camelle 99 (5 €) : élevage cuve 45% syr., 45 % gren. et 10% carignan
N : marqué par la groseille (fruits rouges acidulés), le pamplemousse, les
herbes aromatiques séchées. Pas mal.
B : marquée par l'acidité, longueur moyenne.
7) Cuvée Balthazar 00 de la cave coop. de Neffies (13,40 €)
N : poivron rouge macéré dans les aromates, piment, épices, évoluant vers la tapenade et les notes de garrigue, ce qui confirme la présence de syrah.
B : lourde, pour tout dire écoeurante !
Elevage en semi-carbonique et/ou micro-oxygénation (?). 90% syr. et 10% gren.
8) Hecula 01 de Castano (Yecla/Espagne ; 6,90 €) :
légèrement cartonneux à l'ouverture, fruits noirs (pruneaux, mûre) puis notes de garrigue et de réglisse.
B : vin corsé, chaleureux, possédant une bonne structure tannique, un boisé
pas encore fondu (notes lactées). Classique, sans originalité ni vraiment de
relief. Fait pour séduire le plus grand nombre. 100% monastrell. Bon rapport
Q/P.
C'était le pirate de la soirée.
9) VdP de l'Hérault Les Armières 00 du domaine de la Garance :
N : marqué nettement par la crème de cassis et par l'alcool, évoluant vers
des notes de figuier de vigne.
B : impression sucrée, certains évoquant la présence de gaz, amertume en
finale, finissant sur le bourgeon de cassis. Manque de fraîcheur (malgré le
gaz…), assez écÅ“urant. On se demande d'ailleurs si le paquet de levure ou
autre poudre de perlimpinpin n'est pas tombé dedans…en tout cas, vin très
technique, un dégustateur évoquant une thermo-vinification…
10) (Dégusté seul) côtes du Roussillon Villages " la Compagnie des Papillons" 02 du Clot de L'Oum (12 €)
N :, notes de garrigue et de menthol rafraîchissant.
B : légèrement alcooleux. Longueur correcte.
Bon vin.
11) VdT " La petite cuvée Cailloutine " du dom. Paul-Louis Eugène (Paul Durand) :
La robe est beaucoup plus claire par rapport aux autres vins de la soirée,
faisant penser à un cinsault. Le nez est très fin, notes d'eucalyptus et
d'infusion, marqué aussi par la rose légèrement flétrie, la ronce, qui peut
évoquer certains pinots languedociens… belle finesse en bouche qui possède
de la fraîcheur, longueur tout-à -fait correcte. On ne ressent pas du tout
les 13,5° d'alcool. Bon vin et assurément un domaine à découvrir par
l'originalité et la qualité apparente de la production.
Ce vin est issu de pinotage (croisement de pinot noir et de cinsault : pour
un peu plus d'infos, cf. )
12) Z de l'Arjolle 2001 :
Ce vin a divisé l'assemblée, dans mes souvenirs. Le nez est assez animal au
départ, puis évolue vers un peu plus de fraîcheur.
Bouche de longueur correcte, manque de finesse et de pureté par rapport au précédent. Notes de tabac froid un peu insistante. Impression mitigée sur
cette bouteille.
Là encore, le cépage est fort original, car c'est un 100% zinfandel, issu
d'une vigne expérimentale d'1ha au Domaine de l'Arjolle en partenariat avec
l'Ecole Supérieure d'Agronomie de Montpellier et la Chambre d'Agriculture de
l'Hérault (note d'Eric Reppert prise sur LPV... merci Eric ;-)
13) Pic-Saint-Loup Ch. Lavabre 01 (14 €)
N : joli fruit, boisé encore marqué, note insistante, presque enivrante de
jacinthe et de lys.
B : élégance et fraîcheur rendent ce vin particulièrement séducteur en
l'état.
Très joli vin, dans un style moderne.
14) Faugères " cuvée Grande Réserve " 2001 d'Ollier-Taillefer (carafé) (15 €) :
N : réduction marquée
B : assez court, mais possédant de la fraîcheur. Il évolue ensuite vers plus
de finesse au nez comme en bouche.
D'expression classique, on est toutefois loin, semble-t-il, du plaisir et du
potentiel qu'offre Jadis 01 du dom. Barral. A voir dans le temps.
15) Collioure " Quadratur " 02 du dom. de la Coume del Mas (25 €) :
encore dominé par l'élevage par des notes lactées, il développe
d'intéressantes notes florales en bouche. Sans plus pour moi, mais d'autres
le trouvent puissant et harmonieux.
(50% gren. ; 30 % mourv. ; 20% car.)
16) Mas du Pountil 00 (10 €) (car.+syr.+gren.) :
Rose fanée au nez, bonne impression d'ensemble, assez évolué. A boire.
17) Minervois de plus de dix ans (mill. incertain), mis en bouteille par un
caviste. Anecdotique, car en fin de vie, le nez possède encore du charme,
avec des notes d'olive, de rose séchée.
18) VdT " Les Moulenty " 2000 du dom. de Lisson (15 €) :
Le 100% grenache (élevé en barrique) se fait bien sentir par la cerise à
l'eau de vie, le marc, le vernis et la fraise. Le réglisse prend le relais
en bouche ; l'élevage est bien intégré, la structure du vin est bonne. Bien,
sans toutefois atteindre l'extase.
Suivent deux liquoreux et un Rivesaltes ambré pour les gourmands !
19) Vendanges Extrêmes 2000 de Ludovic Gaujal :
Bon sang ! qu'est-ce donc que cet ovni ?
Nez marqué par des notes oxydatives et de vernis, gagnant en pureté
d'expression à l'aération. Equilibre tout-à -fait original, vin assurément
hors-norme.
C'est un " moût partiellement fermenté de piquepoul passerillé " !
20) Muscat de frontignan 02 d'Olivier Robert :
On retombe dans le classique, avec un nez bien typé. On peut peut-être lui
reprocher un léger manque de fraîcheur et déséquilibre alcool+sucre, mais
c'est bien réalisé, surtout de la part de quelqu'un qui n'en produit que
quelques hL par an, essentiellement pour sa conso perso et ses amis.
Apparemment un problème de bouteille ou d'étiquetage, car le vin, dégusté
ultérieurement par le donateur, ne se présentait pas du tout de la même
façon…
21) Rivesaltes tuilé 85 du dom. du Père Puig :
grenache noir tuilé ; nez marqué aussi par le vernis (nan, je n'en avais pas
mis sur mes ongles !), assez simple. Longueur correcte, marquée par des
notes de tabac. Manque de complexité, mais le prix (40 FF à l'époque -
lointaine ? ;-)) nous rend plus indulgent, et puis après tous ces vins, nos
esprits se tournent plutôt vers le sage retour chez soi !
Au final, encore une belle dégustation qui nous a permis, cette fois-ci, de
sortir des sentiers généralement battus par les médias, avec, en coup de coeur perso, le pinotage de Paul Durand et le Pic-St-Loup du ch.
de Lavabre.
Message edité (01-04-2004 18:11)