Après avoir promis le compte rendu à Christophe de ces deux superbes journées passées dehors au bord de la piscine à festoyer en très bonne compagnie, je me lance (mais pas dans l’eau) afin de relater ces grands moments de façon chronologique.
J-1 : Nous recevons un appel de Christophe nous demandant si nous sommes toujours sur Paris et si cela nous tenterais de venir déjeuner afin de partager quelques bouteilles ensemble. Ne me sentant pas capable de refuser une telle proposition (honnête, cela va sans dire
), c’est avec un grand plaisir que nous répondons présent (et même plutôt deux fois qu’une
) –
Il est temps de réfléchir aux bouteilles qui accompagneront notre déjeuner – ainsi qu’aux différentes vitoles qui seront là pour conclure le déjeuner.
Jour J :
[size=medium]Mardi 4 aout 2009[/size] – Tout est prêt, pour passer une agréable journée, le soleil est également au rendez-vous, les bouteilles au frais, le maillot de bain rangé et les cigares dans l’étui.
Au programme de cette rencontre :
[size=x-small]
Photo Marie Roginska
[/size]
Meursault "En la Barre" – Domaine François Jobard 1996 :
Nez présentant des notes d’agrumes – Bouche combinant la droiture du millésime et la manière de faire du domaine, l’ensemble ne pouvait donner qu’un vin d’une belle pureté aromatique. La bouteille est droite, mélangeant à la fois une belle richesse et une acidité bien présente. C’est frais, c’est pur, c’est bien fait et même si cela n’est pas d’une grande complexité, c’est un vin qui est aujourd’hui très plaisant à boire et à apprécier.
BIEN+
Puligny-Montrachet PC "Les Combettes" - Domaine Louis Carillon 1996 :
Il fut intéressant de mettre côte à côte deux vins issus du même millésime, même si le terroir est tout d’abord différent. Correspondant bien au style Carillon – Vif, encore (trop) jeune il va nécessiter une aération prolongée dans le verre avant de commencer à se livrer. Pour ensuite s’exprimer sur la longueur plus que sur la largeur. C’est d’une belle noblesse de terroir, d’une grande complexité et d’une fraîcheur dans la tension.
TRES BIEN
Puligny-Montrachet PC "Folatières" – Domaine Leflaive 2001 :
Nez sur des notes légèrement grillées (classique du domaine qui est très souvent sur de la réduction à l’ouverture) l’aération faisant rapidement disparaitre cela au profit des fruits jaunes assez murs – Bouche longue et savoureuse, avec moins de tension que le précédant (normal en fonction du millésime) mais également une moins grande complexité – Il n’en reste pas moins une belle bouteille qui commence à se dévoiler au grand jour.
TRES BIEN -
[size=x-small]Photo Marie Roginska[/size]
Vosne-Romanée PC "La Grande Rue " – Domaine Lamarche 1985 (mise savour club) :
Encore classé en premier cru à cette époque, ce qui explique l’étiquette – la robe est d’une belle évolution – le nez s’exprimant sur des notes tertiaires – Bouche d’une fine rondeur, pas d’une complexité folle, mais agréable en l’état, belle longueur. Cette bouteille me semble d’un beau niveau pour qui ne situe pas le climat, par contre dés lors que la situation géographique est connue et surtout placé entre ses illustres voisins, il est dommage de ne pas avoir plus de répondant dans le verre.
BIEN++
Côte de Nuits Villages – Domaine Daniel Rion 1988 :
Servi à l’aveugle – Nez qui délivre de superbes notes de fruits rouges – Bouche reprenant les notes perçues à l’olfaction, avec un petit coté acidulé. La finale est encore marquée par les tanins du millésime. En dévoilant l’étiquette, ce fut une grande surprise que de voir ce qu’une « simple » côte de nuits villages pouvait encore procurer après près de 21 ans.
TRES BIEN
Hermitage "La Chapelle" – Maison Jaboulet Ainé 1988 :
Robe d’une belle soutenance – Nez sur les épices, des notes de cuir noble et un aspect floral – Bouche ample, puissante avec le coté floral et fruit encore bien présent, c’est d’une grande complexité aromatique et d’une fantastique longueur. On ne peut que s’incliner en pénétrant dans cette « Chapelle ».
EXCELLENT
Gevrey-Chambertin – Domaine Claude Dugat 1997 :
Servi également à l’aveugle – Nez sur un beau panier de cerises légèrement compotée avec des touches d’exotisme et un fond de notes tertiaires – Bouche d’une belle construction sachant garder cette pureté de fruit. Un village comme on aimerai en rencontrer plus souvent.
TRES BIEN+
Riesling "Dhroner Hopfberg" Auslese - Adam 2007 :
Une fois de plus, je suis impressionné par la complexité, la délicatesse, la fraîcheur d’un tel vin, c’est un bonheur à déguster et d’une superbe longueur.
TRES BIEN
Il est temps de quitter la table et de se rafraichir dans la piscine !
Ensuite ce fut au tour des cigares cubains de remplir leur rôle et nous emmener au milieu de leurs volutes enivrantes de plaisir.
-
H. Upmann – Magnum 50 (2008)
- H. Upmann – Sir Winston (2003)
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, car au milieu du déjeuner, il fut émis l’idée de recommencer un autre déjeuner entre nous pour le lendemain.
« Banco » s’écrièrent alors tous les participants, d’une seule et même voix. Après de longues délibérations pour le choix des vins qui seront servis au cours de notre prochain déjeuner (3 heures de réflexions – tout de même). Nous nous quittons afin de nous remettre de ces agapes (il est quand même – 19h00 passé !!!) :
J+1 :
[size=medium]Mercredi 5 aout 2009[/size]
Nous revoilà fidèle au rendez-vous pour partager à nouveau quelques flacons – avec l’absence d’un hôte de marque – JP est terrassé par une fièvre depuis la veille au soir. (JP à bientôt pour une autre manche !
-D)
La table est dressée, les flacons mis en température, les parasols installés, l’eau toujours aussi froide (avec une discussion sur l’efficacité du thermomètre installé dans l’eau… celui indiquant 21.5°, je suis intimement convaincu que Christophe l’a trafiqué pour augmenter la température d’AU MOINS 3°)
Le gong retenti, il est l’heure de passer au deuxième round (qui ne sera pas d’observation) :
[size=x-small]Photo Marie Roginska[/size]
Salon 1990
Robe jaune citron, bulles fines et belle mousse persistante – Nez qui va s’ouvrir progressivement et dévoiler des notes de fruits à chairs blanches, un léger coté brioché, une grande tension perceptible – Bouche pleine, crémeuse, vive à souhait, c’est d’une importante complexité avec un grand vin à la base. La longueur est impressionnante et le fond de verre un ravissement. Encore un grand potentiel de vieillissement pour cette bouteille impressionnante de qualité, de race, de pureté et d’énergie.
EXCELLENT
Riesling "Fréderic Emile" – Maison Trimbach 2002 :
Robe jaune pale – Nez nous emmenant discrètement sur le cépage au travers de notes pétrolées – Bouche d’une grande concentration, mais qui ne va pas exploser directement, mais plutôt s’installer et nous rappeler sa présence au fur et à mesure, c’est d’une belle pureté et d’une superbe longueur.
TRES BIEN+ / EXCELLENT
[size=x-small]Photo Marie Roginska[/size]
Puligny-Montrachet PC "Les pucelles" – Domaine Leflaive 2002
Oui, je sais, cela peut sembler encore (trop) jeune et c’est le cas, mais le flacon procure déjà un grand plaisir et à voir les mines réjouîtes des invités autour de la table…
Robe jaune bouton d’or – Nez sur le floral et les fruits juteux, encore de la réserve (conséquence du millésime et du climat), mais dés son réveil après une aération et une légère élévation de la température, la déferlante de complexité, de notes de thé, et cette longueur qui commence à exploser dés le milieu de bouche. C’est un vrai bonheur !.
EXCELLENT
[size=x-small]Photo Marie Roginska[/size]
Charmes-Chambertin GC - Domaine Hubert Lignier 1992
Tout d’abord, merci Christophe pour le service de cette bouteille, le domaine est, et restera pour moi un des domaines phares de la Bourgogne. Pas forcément facile à appréhender, mais lorsque l’on a les clefs cela à toujours été un grand bonheur. Ce qui me plait, dans les vins du domaine… la capacité à garder un fruit pur, net, oserais-je dire étincelant et ceci quelque soit le vieillissement de la bouteille. A ce titre le Charmes est conforme à mon idée.
Robe d’une belle intensité colorante – rouge avec des teintes qui commencent doucement à partir sur le tuilé en pourtour de disque – Nez OUCH !!!!!!!! grand, que dis-je immense (bon là, je ne suis peut-être pas assez objectif, mais comme c’est mon verre et c’est moi qui le boit !!) des fruits rouges (fraises bien mûres, cerises noires), du floral, des notes de tabacs… - Bouche qui est la fois une synthèse entre la vivacité d’une note acidulé, l’accise d’une belle rondeur, la complexité des arômes de fruits que l’on retrouve également en bouche et enfin la délicatesse et la subtilité d’un grand terroir parfaitement exploité et retranscrit au travers du vin.
EXCELLENT (
et encore loin du compte !)
Musigny GC – Domaine de Vogüe 1982 (mise Savour Club)
Robe d’une belle évolution, tuilé, orangé – Nez plus réservé dans un premier temps (il va mettre près d’une demi heure pour présenter ses hommages) autant le Charmes évolue dans la longueur, autant le Musigny va se signaler par la largeur de ses épaules (étonnant en fonction du client !) c’est suave, c’est gras, c’est vibrant de vie, avec encore un beau potentiel. Pour les amateurs de grand pinot d’une autre époque.
TRES BIEN+ / EXCELLENT
Châteauneuf du pape Domaine du Clos des Papes 1975
Robe orangée – Nez le plaçant carrément en Bourgogne au travers de fines notes de fruits rouges délicatement écrasées – Bouche qui est fine, délicate, presque aérienne, avec par contre sur la finale une perception alcooleuse qui le replace dans un esprit plutôt sudiste. Pour ma part en fin de bouche, une acidité que je trouve à la limite d’être stridente et qui vient alors gâcher un peu mon plaisir et surtout être en total contradiction avec le nez et le début de bouche.
Riesling "Erdener Prälat" Auslese *** - Weingut Christoffel-Prüm 1997
Que dire, de plus sur mon commentaire de la veille… Si ce n’est encore plus de complexité (apportée également par son vieillissement) – une grande « buvabilité » - un nouveau plaisir de pouvoir boire une bouteille ou l’alcool est relativement peu présent.
TRES BIEN+
Jura - Vin Jaune – Domaine Pierre Richard 1985 (1/2 clavelin)
Pour (presque) clôturer ses deux jours de plaisirs – Robe jaune vieille Or – Nez sur le curry, la noix avec une légère pointe de volatile – Bouche qui manque un peu de gras et de rondeur, car le vin est vraiment tenu par une acidité qui marque un peu trop l’ensemble.
-
Commandaria St Nicholas Etko (Chypre)
C’est bon (commentaires un peu léger – j’en conviens) ;)
Et pour accompagner la fin du déjeuner – il va sans dire que d’autres vitoles furent dégustées :
-
Romeo y Julieta – Hermoso N°2 EL 2004
- Partagas – Serie D3 EL 2006
- Montechristo C EL 2003
Une facilité d’approche et une douceur pour le Romeo y Julieta, un coté plus puissant pour le Partagas et une rondeur pour le Montechristo.
Il fut l’heure de nous séparer après ces moments de joie, de plaisir et de convivialité (tout de même 18h15). Alors que rajouter de plus… Rien si ce n’est de vous remercier toutes et tous pour ces deux jours et spécialement à Christophe pour nous avoir accueillis… Merci les amis !
-D
Eric