Lors de notre dernière dégustation thématique du cercle LPV-Londres, nous étions convenu d’organiser un diner au restaurant en y apportant quelques unes de nos plus belles bouteilles.
L’idée était de partager des vins exceptionnels (prestigieuses « étiquettes » pour certains, simplement rares pour d’autres) et d’avoir la possibilité d’y associer une cuisine de chef et d’espérer d’excellents accords.
C’est chose faite en ce mercredi 13 mai 2009. Nous nous retrouvons Florent (flc), Seb (Seb4474) et moi-même accompagnes de nos épouses au Restaurant Aubergine a Londres. Malheureusement, Marc (MarcF) et Vincent (Vincent314), nos compères du cercle LPV-Londres n’ont pu se joindre a nous.
Nous entamons les hostilités avec un
Champagne Andre Jacquart. Le nez est peu expressif, en bouche des notes briochées et d’amende (frangipane) apparaissent. La bulle est très fine et agréable. Cependant, je lui trouve un certain manque de tension évident (pour moi en tout cas), faible acidité (j’ai de suite pense a cette Cuvée 731 de Jacquesson a dominante de 2003). Peut être un dosage important pour une cuvée « Brut ». Les amuse-bouches qui nous sont servi sont des morilles farcies a la volailles et petites asperges vertes, parfaites pour ce mettre dans l’ambiance.
L’entrée est composée de Tortellini au homard et purée de courgettes. On nous sert le
Bâtard Montrachet 2000 Domaine Leflaive. Première énorme claque ! Au nez, c’est un monstre de concentration, d’une complexité bluffante ! Je manque de repères sur les grands blancs bourguignons, mais tout de même quelle classe ….. difficile d’énumérer les différents aromes, tellement ils sont nombreux et se complètent les uns les autres. La bouche contraste de manière assez évidente, elle est toute en finesse, soyeuse, de la vraie dentelle (effet millésime ?). Le vin se réchauffant quelque peu dans le verre, il reprend un peu de muscle et on retrouve de la tension. L’accord avec le plat est somptueux car le vin va prendre une dimension supplémentaire, une vraie communion.
Sur un Bar entier cuit au four (a la perfection), accompagné de jeunes fenouils et d’une réduction au vin rouge nous est servi le
Musigny 1984, Comte George de Voguë. La robe est évoluée, le nez est d’abord assez discret, pas très causant ! Et puis petit à petit il se révèle, quelques notes tertiaires (sous-bois, feuilles mortes) mais encore pas mal de fruits étonnamment (pour le novice que je suis) pour un bourgogne de cet âge. En bouche c’est le coté soyeux qui domine, c’est très agréable. Je lui trouve cependant un petit manque de matière (effet millésime ?). L’accord avec le bar fut intéressant mais il n’a pas réussi à transcender le vin.
Sur une superbe Côte de Bœuf (en fait 3 Cotes pour 6 personnes ….), on nous sert tout d’abord le
Château Latour 1978. La robe semble peu évoluée (impossible de dire que c’est un vin qui a 30 ans) cependant qu’elle semble légèrement trouble. Idem pour le nez, difficile de dire qu’il a 30 ans passé ! Lorsqu’on plonge le nez dans le verre, c’est la deuxième claque de la soirée. C’est encore puissant avec beaucoup de fruit. La fraicheur qui s’en dégage est surprenante. En bouche, c’est tout simplement superbe, il y a tout d’abord le fruit qui ressort, on en a plein la bouche et toujours cette fraicheur qui crée cet équilibre presque parfait …. Puis des notes de sous-bois, de gibier et enfin des notes fines de tabac. J’avais un peu d’appréhension pour cette bouteille car le millésime est réputé faible mais ce Latour n’a pas déçu. L’ensemble des convives ont été conquis (l’épouse de Seb lui en parle encore ;-). L’accord avec le plat, des plus simples, était parfaitement réussi, le vin a été sublimé par cette Côte de Bœuf très gouteuse (goutue comme on dit chez nous !).
Nous est servi a la suite le
Château Mouton Rothschild 1990. La robe semble plus évoluée que le Latour, le nez est lui aussi assez expressif, le fruit est présent et on perçoit une certaine fraicheur très agréable. En bouche, toujours cette fraicheur, le vin est rond et souple, les tanins très bien intégrés et fondus, c’est très agréable. Il lui manque un peu de complexité/structure, mais il est très plaisant. Encore une fois, j’ai très peu de recul sur ce type de vins, mais j’ai beaucoup apprécie. J’ai lu ici et la que Mouton avait rate son millésime 1990, et bien si certains domaines pouvaient rater leur millésime comme Mouton, il n’y aurait pas beaucoup de mauvais vins ;-) Le vin accompagnera ensuite un superbe chariot de fromage.
Pour finir, le dessert et la troisième et dernière claque de la soirée. Sur une Tarte Tatin de mangue et son sorbet de mangue maison nous est servi le
Château Beau-Site 1949 Première Cote de Bordeaux. Le nectar a une couleur ambrée/caramel. Au nez c’est toute une palette de fruits exotiques : mangue, ananas ….. le vin semble puissant et dans le même temps dégage une forme de « sagesse », la sagesse des « anciens » ! La bouche est tout simplement prodigieuse. Outre la mangue et l’ananas, je perçois des aromes de caramel, qui épousent parfaitement la Tarte Tatin. Le vin a « mangé » une partie de son sucre, ce qui lui confère un équilibre magistral. Mon premier liquoreux ce cet age, clairement ma plus belle rencontre aussi avec ce type de vins. Ca va être difficile de boire des liquoreux plus jeune maintenant !
Ce fut une superbe soirée, placée sous le signe du plaisir : plaisir de bien boire, plaisir de bien manger, mais surtout plaisir de partager.
En effet, notre souhait était de partager quelques unes de nos plus beaux spécimens viniques pour pouvoir en profiter entre amateurs épicuriens, je crois que c’est réussi.
Merci a tous pour ce merveilleux moment. On recommence quand vous voulez !!!
SebastienJ