Petit compte rendu de la dégustation d'hier soir. Au Grand Testing, à l'occasion d'une soirée privée organisée pour les meilleurs clients d'Idealwine j'ai pu goûter quelques vins merveilleux :

A mon arrivée on me sert du Bollinger Spécial Cuvée. Ce vin est toujours délicieux, l'assemblage est subtil même si je le préfère davantage pendant un repas qu'en apéritif. Ensuite, en mise en bouche, je goûte la Cuvée William Deutz 1998. Très délicate, la bulle est fine, les arômes sur les agrumes, le nez complexe. Un seul petit reproche, je le trouve un peu trop dosé en sucre.

Je déguste maintenant l'unique blanc sec de la soirée, un Meursault Clos de la Barre 2000 du Domaine des Comtes Lafon. Ce vin est déjà à maturité, net et précis. La finale est très agréable.

Je passe maintenant aux bourgognes rouges :

Je commence par un Château Corton Grancey 1997 : ce vin est peu expressif au nez. En bouche, il est encore un peu dur. Je n'ai pas particulièrement aimé ce vin.

Viens ensuite un Romanée Saint Vivant "Les quatre Journaux" 1988 de chez Louis Latour. La robe est déjà très évoluée. Ce vin développe des arômes incroyables d'une intensité rare. La bouche est puissante et dense, la finale très longue. Grande particularité de ce vin, quelques secondes après la finale, le fruit très présent réapparaît fortement en bouche : incroyable ! Pour moi, ce vin est sublime !

Je goûte maintenant un Clos Vougeot Château de la Tour 1978 servi en magnum. La robe est si ambrée qu'elle ressemble presque à du rivesaltes. La robe est pâle, presque rosée, c'est très impressionnant Le nez est très tertiaire sur la terre et les champignons. En bouche, le vin est délicat, très fin, presque fragile. Le vin est vraiment à son apogée, voir un peu sur le déclin ; en tout cas un vin fatigué.

J'ai la chance de déguster maintenant un Hermitage la Chapelle 1995 de Paul Jaboulet Aîné. Quand on sait que le millésime 1961 se vend aux enchères plusieurs milliers d'euros la bouteille, je peux dire qu'on prend son temps pour apprécier ce breuvage. La robe est très profonde, encore noire. Le nez est épicé sur le poivre, la menthe et les épices, la bouche un peu dure et tannique. On sent un grand potentiel pour ce cru que je n'ouvrirai pas avant au moins 10 ou 15 ans.

Je déguste maintenant les bordeaux rouges :
Très attendu, je débute par un Montrose 1986 : je ne sais pas si j'en espérais trop, mais j'ai été un déçu. J'ai trouvé ce vin trop tannique, dur, peu aromatique et surtout dénué de charme. Bon joueur, j'ai retenté l'expérience à un autre moment de la soirée pour goûter un autre flacon : même constat... Ce vin a certainement besoin d'une grande patiente.
Pour me consoler, je me tourne vers un Mouton Rothschild 1984 (année de ma naissance !!) servi en double magnum. La robe est encore soutenue, le nez vraiment exquis sur des arômes complexes de sous bois et de truffes. Cependant, la bouche reste un peu diluée et la finale un peu courte C'est tout de même un très beau vin pour le millésime.

J'arrive maintenant au magnifique Château Suiduiraut 1967, millésime exceptionnel à Sauternes. Ce vin est fidèle à la réputation du millésime. Je le trouve fabuleux de concentration. Il arbore un jaune d'or léger, déjà bien bruni. Très corsé, épais, il évoque la confiture d'orange, le caramel, le miel, il est tout simplement extraordinaire. La finale est longue de plus d'une minute : quel vin grandiose !

Je terminerai par les rivesaltes :
Tout d'abord un 1958 du Château Rambeau : délicieux ! Viens ensuite le 1945 d'Amédée de Singla, véritable monument ! D'abord élevé en foudre de chêne, il a été ensuite descendu en barriques de 225 litres jusqu'à sa mise en bouteille récente. Ce vin est à tomber !!
Le clou de la soirée, un rivesaltes 1909 sainte croix (ce vin a tout de même 99 ans !!). Moins concentré que le 1945, ce nectar est étonnant. Les parfums de noix et de fruits confits sont enivrants...
Il y avait également à cette dégustation un Podore Poggio Scalette Il carbonaione 2003 que j'ai trouvé très bon. Dans un autre registre un Porto Vintage 1977 de chez Morgan (délicieux) et un Combrien "La Pleiade" Chapoutier-Laughton 2005, un vin australien que je n'ai pas goûté (palais trop épuisé)

Face à tant de vins dégustés, il est difficile de les classer. Cependant, par ordre de préférence :

1) Romanée Saint Vivant "Les quatre Journaux" 1988, Louis Latour (de très loin le meilleur vin de la soirée !)
2) Chateau Suiduiraut 1967
3) Rivesaltes 1945 Amédée de Singla
4) Hermitage La Chapelle 1995
5) Cuvée William Deutz 1998
Les autres étaient pas mal non plus…

Merci à idealwine de nous avoir fait vivre cette délicieuse soirée !

Pour Suduiraut 67,je ne peux que confirmer:c'est un vin immense,gouté à plusieurs reprises.Certains dégustateurs le situent au meme niveau qu'Yquem,voire meme supérieur cette année là.Je ne suis pas surpris du "tabac" réalisé par la Romanée St Vivant car le millésime 88 très tannique commence tout doucement à s'ouvrir et affiche toute sa race.Au vieillissement,je ne suis pas loin de penser qu'il se révélera meme supérieur au 90 et que les meilleures cuvées seront grandioses.
Christian

Sais tu à partir de quel montant on est considéré comme un bon client chez idéalwine ?

Pour avoir également eu la chance de participer à cette dégustation je confirme ce CR dans les grandes lignes, je partage notamment la déception sur Montrose.

Néanmoins il me parait difficile d'établir un classement tellement il y avait de diversité dans cette dégustation, je vais donc modestement décerner des "awards":
- Meilleur nez: Mouton 84, une fragrance sublime. (très court et décevant en bouche en revanche)
- Meilleur équilibre: Romanée Saint Vivant 88 LL, rien de plus, rien de moins.
- Meilleurs tanins: La Chapelle 95, une tension et une puissance formidables!
- Meilleure émotion: Rivesaltes 1909 sainte croix, ce vin a vu passer 99 ans avant de terminer dans ma bouche pour me donner du plaisir!
- Meilleur longueur: Suiduiraut 1967, interminable...
- Meilleurs arômes: Château Rambeau Rivesaltes 1958, une richesse et une complexité rares.
- Meilleur plaisir: avoir eu la chance d'être là avec l'équipe Idealwine, d'autres LPViens, et des convives tels la charmante et intéressante Caroline Frey...

Vivement l'année prochaine!

Thomas

Thomas,

Vous avez raison, décerner des "awards" est plus approprié qu'un classement face à une telle diversité !
Je confirme également vos choix quant aux différents "awards"
Je ne comprend toujours pas le Montrose 86 ?? Avez vous une explication ?

En tout cas, ce fut pour moi ma plus belle dégustation de 2008 !

Bonjour,
Son de cloche un peu différent en ce qui me concerne :
Ensuite, c'est festival chez mes amis d'Idealwine, quelques connaissances sont là. Vincent Ravennes et Didier, Pinder, et bien sur F.Audouze que je ne manque pas de saluer.
Le programme est alléchant et confirmera l'intérêt de cette dégustation que je vous relate de mémoire car j'ai oublié mes notes en partant… Pourtant, j'ai essayé de recracher mais faut croire que je ne l'ai pas fait autant que souhaité… C'est dire la qualité de la dégustation !

J'ai attaqué par les bourgognes. Après un blanc, Meursault Clos de la Barre des Comtes Lafont 2000 marqué par un nez grillé réduit sur un fond de fruit jaune mûr, la bouche est opulente large belle matière suave qui garde une certaine structure mais très marquée grillée, la finale persiste sur ces arômes certes classieux mais qui manque de naturel ,et de fraicheur à mon gout. Un style type JFCD moins marqué mais dans la même veine ambitieuse et "m'astuvu". Moins ma tasse de meursault que ceux plus marqués fruit…
Ensuite, j'attaque les Bourgogne rouge, le Clos de Vougeot du château de la tour 78 est un peu "cuit", très, trop tertiaire, pourtant servi en magnum, par rapport aux clos des epenots 78 de cet été, il manque de fruit, de peps et de compléxité, surtout sa finale est vraiment marqué comme un vin ayant dépassé son apogée. Pourtant, il reste plus interessant que la Romanée St Vivant de Latour 88, dont le nez serait facilement daté du même age… marqué par des notes de rose fannées mais c'est surtout la bouche droite mais peu aromatique avec des tanins ronds mais un peu fades et gardant la raideur du millésime sans l'accompagner du velouté des tanins typiques de la romanée, la finale droite évoluant sur ces rose fannées dominant des notes champignons.

On attaque les Bordeaux avec un Montrose 86 dont le nez est dominé par des notes faisandées, écuries, sur le fruit noir, peu classe, par contre la bouche corpulente, droite, profonde est belle, les tanins sont soyeux, le tout est très classique et associant une puissance de fin de bouche sur une finale fraiche et longue de tabac blond, de fruit noir, de fûmé. Le Mouton Rotchild 84 servie en double magnum a un nez magnifique de Havane, de graphite, de fruit mûr, de cèpe, de sous-bois puis revient sur le fûmé grillé… Un grand et beau nez classique alléchant… la bouche par contre est fluide souple manquant d'intensité et finissant aqueuse certes sur de beaux arômes mais la matièe n'est pas là, millésime surement. L'idéal wine : le nez du mouton, la bouche du Montrose…

Ensuite, je passe à cette Chapelle de Jaboulet 95 qui me titille depuis le début de la soirée (faut dire je l'ai ,en cave), et là, c'est juste superbe ! Certe, plus un vin d'esthète aujourd'hui car encore un peu austère mais quelle structure, tous l'hermitage fait vin… Droit, profond, fin et complexe, une structure longue, plutôt charnue que corpulente, de demi-corps dirait certain, tella la cathédrale de Notre Dame que les tanins, encore un peu fermés, n'arrivent pas vraiment à amplifier comme les nefs, mais ça viendra. Quelle classe et distinction, le cassis, le poivre, le lard fûmé, une finale fraiche dynamique qui prend de l'ampleur et persite longuement sur les arômes classiques d'une syrah. Même s'il est aujourd'hui agréable intellectuellemnt parlant, il devrait sur les 5-10 prochaines années gagnées en amplitude, en rondeur et en expression et faire un grand vin, du moins je l'espère.

Enfin, les sucres avec ce Sudirault 67 qui est absolulent magnifique. Un nez large, suave gourmand, sans excès, de fruit rôti, de miel, d'agrume confit, d'hydromel. Une bouche avec une matière opulente mais aérienne, une structure tendue droite longue et une finale dynamique sur les arômes du nez, un bohneur…
De même que ce Rivesaltes 58, qui allie équilibre, structure et rancio, long en bouche avec ces notes de noix, de café, de miel, il garde une finale parfaitement droite et large là ou le Porto 77 est emporté par l'alcool et ou le Rivesaltes 45 par le rancio et une bouche dissociée. Enfin, le Porto 1909 est un plaisir plutôt intellectuel car le vin reste un peu fluide et éteint mais pour son âge, il tient quand même la route.

Discutant des vins avec Angélique, et lui indiquant ma préférence à la Chapelle, elle saisit l'occasion pour me présenter Caroline Frey que je "branche" tout de suite sur la Lagune, mon vin fétiche. Je vois à son sourire que mon commentaire sur le 68, bu cette année pour mes 40 ans, la réjouit bien qu'elle ne fût même pâs née… Et du coup, elle m'invite au château pour découvrir les secrets de ce vin qui m'a accompagné au long de ma vie œnologique comme de ma vie tout court… Attention Caroline, votre invitation n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd !

Amicalement Matthieu

elle saisit l'occasion pour me présenter Caroline Frey que je "branche" tout de suite sur la Lagune, mon vin fétiche. Je vois à son sourire que mon commentaire sur le 68, bu cette année pour mes 40 ans, la réjouit bien qu'elle ne fût même pas née… Et du coup, elle m'invite au château pour découvrir les secrets de ce vin qui m'a accompagné au long de ma vie œnologique comme de ma vie tout court… Attention Caroline, votre invitation n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd !

Les chais de la Lagune valent autant le détour que Caroline (c'est peu dire)

Sur cette photo, les deux d'un coup

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Merci Eric, J'ai hate d'y être:) !

Nondidju je savais que j'aurais dû retarder mon passage à Paris d'une semaine...

Pour François999, je crois (vu que je suis concerné également) après que cela ait été mentionné dans une conversation avec les gens d'Idealwine il y a un temps qu'il faut acheter pour +-6000 euros chez eux dans les 12 derniers mois. Si qqn peut confirmer ou infirmer...

Jean-Philippe

Mathieu,
Très beau compte-rendu.
Je ne suis pas d'accord sur le côté "mastuvu", car il y a des vins qui explosent de puissance assez naturellement.
Mais le texte est très beau.

François Audouze écrivait:

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> Mathieu,
> Très beau compte-rendu.
> Je ne suis pas d'accord sur le côté "mastuvu", car
> il y a des vins qui explosent de puissance assez
> naturellement.
> Mais le texte est très beau.

Merci François ! Pour le côté "m'astuvu", je me suis aussi fait reprendre sur un autre forum ! Donc Mea Culpa, j'aurais dû cliquer 7 fois ma souris avant d'écrire... Ce que je voulais dire, c'est juste que les élevages à la JFCD sont facilement identifiables et je ne voulais en rien être péjoratif car les vins demeurent de beaux vins et en plus je n'ai encore jamais goûté un JFCD de plus de 5-6 ans !
Amicalement, Matthieu