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Quand Loup met les petits plats dans les grands (tu)

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CR: Dans une discussion tout récente, on se félicitait des rencontres formidables que l'on peut faire grâce à ce forum. L'exemple de la soirée de vendredi soir en est encore un excellent exemple.

Il y a un peu moins d'un an, j'avais invité Loup et JU à une dégustation que j'organisais à Bordeaux. Le courant était bien passé, si bien que je les avais invités à la maison pour fêter mon anniversaire.

En octobre, Julien et son amie Bénédicte nous accueillèrent à leur tour. Ce fut une soirée formidable autant au niveau des vins choisis (Riesling allemand, Silex de Dagueneau, Hermitage, Las Cases...) que la cuisine à quatre mains de nos hôtes.

Depuis quelques mois, nous sentions que Loup nous préparait quelque chose. Et puis, il y a une quinzaine de jours, une invitation a atterri dans ma boîte électronique. Il nous "attendait de pied ferme à 19h30-45 afin de nous faire tâter quelques bizarreries de sa cave. Des trucs en principe valable (...) Evidemment pas de chichis ce soir là, exit donc le smoking, la queue de pie et le haut de forme!". Ca tombe bien: je n'ai rien de tout ça ;o)

Deux semaines plus tard, nous voilà sonnant devant une jolie maison moderne (ce n'est pas forcément incompatible). C'est Odile, que nous ne connaissions pas encore, qui nous accueille chaleureusement. Nous rentrons dans le vaste salon où nous attend le maître de maison. Nous sommes les premiers, ce qui nous laisse le temps de deviser avec le couple. Dix minutes plus tard, les autres invités arrivent tous en même temps (ils ont loué un minibus?). Retrouvaille avec Julien,Bénédicte et Guy, découverte de Sylv1 que je croyais ne connaître que virtuellement. En fait, je l'avais rencontré (et discuté avec lui) chez une caviste du Bouscat ;)

Nous commençons à nous rafraîchir le gosier avec la première bizarrerie de Loup. Une bizarrerie à bulles. Très fines, délicates. Le nez laisse penser que ce champagne a un âge vénérable: au delà des notes de noisette grillée et de brioche toastée, assez habituelles, le sous-bois et d'autres odeurs tertiaires pointent leur nez. En bouche, c'est fin, tendu, d'une grande élégance. Les bulles sont très discrètes, juste perlantes, ce qui laisse le vin s'exprimer totalement (et Dieu sait qu'il le fait bien). La finale est vibrante, d'une belle intensité. Lorsqu'on interroge Patrick sur le millésime, il nous explique que c'est un assemblage de plusieurs années. Dans ma tête, c'est l'illumination soudaine: c'est une Grande Cuvée de Krug! La bouteille est dévoilée. Bingo! Cette grande maison a vraiment un style inimitable. Et cette bouteille laisse penser qu'elle gagne vraiment à vieillir. Nous en avions bu une beaucoup plus jeune. C'était bon, mais nettement moins intéressant.

A peine remis du choc, un deuxième verre nous est servi: la robe est d'un or intense. Le nez est sur l'ananas et le miel. La bouche est ronde, soyeuse, avec une belle fraîcheur. Il y a du sucre résiduel, mais il est assez discret et ne pèse pas en bouche. La finale tourne court, laissant une impression de service minimum. C'est bon, agréable, mais pas exaltant. Guy propose un Jurançon Clos Thou. C'est est bien un: une cuvée Julie 2004 plus précisément. Bravo!

Pour accompagner ces vins, deux petites mises en bouche. La première associe le fromage de chèvre, la figue et la tomate séchée. Le mélange sucré/salé/acide est vraiment intéressant. Les papilles en frémissent d'aise. Puis il nous est servi des langoustines qui occasionnent une discussion sur la cuisson parfaite de ce crustacé.

Nous sommes ensuite passés à table. Avec une goûtue crème de chou-fleur au parmesan, un autre vin: une robe jaube paille, un nez évolué sur le sous-bois, les agrumes confits, l'aiguille de pin et un soupçon de fumée. La bouche est assez ample, fraîche, soutenue du début à la fin par une acidité affirmée. Heureusement que celle-ci est là pour aiguiser le palais, car sans elle, j'ai l'impression que le vin s'affaisserait. Je suggère un Chablis sans pouvoir donner plus de précision (franchement incapable de reconnaître un cru de cette appellation). C'est est bien un. Et provenant d'un producteur mythique de l'appellation: Raveneau. C'est un Chablis 1er cru Forêt 2001. C'est bon, mais en deça de la qualité que j'attendais de ce producteur. Il faudrait déguster ses grands crus pour pouvoir porter un meilleur jugement.

Nouveau plat (filets de rouget à la provençale), nouveau vin: celui-ci a une robe jaune clair et un nez complexe sur le miel et le citron confit. La bouche est ample, grasse, avec une très belle acidité, beaucoup mieux intégrée que dans le vin précédent. La finale est soutenue et persistante. Je suis incapable de situer ce vin. Olivier si, parce que je lui en fait boire pas mal de bouteilles ;o) C'est un Côtes du Jura Grands Teppes 2004 de Ganevat!!! S'il y avait une personne qui aurait dû le reconnaître, c'était bien moi! La honte...

Pas le temps de m'apitoyer sur mon sort. Un nouveau vin est versé dans mon verre. Belle couleur dorée. Nez confit, superbe, souligné par des notes terpéniques. Sans même le goûter, pour moi, c'est riesling d'office. D'autres convives partent sur du chenin. Et en bouche, c'est comment? Tout aussi beau que le nez: à la fois onctueux et tendu comme un arc, d'une intensité aromatique impressionnante. La finale est longue, puissante, renversante. Une bombe! Pour moi de loin le plus beau blanc sec de la soirée! Je persiste sur le cépage: ça ne peut être qu'un riesling. C'en est bien un: Muenchberg 2000 d'Ostertag.

Après un vin pareil, vous avez beau servir un vin de qualité: il paraît un peu étriqué. C'est ce qui est arrivé au petit dernier de cette série. Une robe claire. Un nez fin sur la poire et le miel, avec un peu de foin séché. La bouche commence de façon aimable, et soudain vous avez l'impression de mordre dans une pomme verte acide. L'effet n'est pas des plus heureux. La finale a de la personnalité, avec sa mâche "calcaire", mais ne m'emballe pas plus que ça. Je ne suis pas vraiment surpris lorsque l'étiquette est dévoilée: Vouvray Haut Lieu 2006 de Huet. Les deux fois précédentes où je l'ai gouté, je n'ai pas été emballé.

Pour accompagner une daube de boeuf et un (excellent!) gratin dauphinois, le premier vin rouge. Une robe très sombre. Un nez puissant très épicé qui me fait penser à un Rioja élevé en fûts de chêne américain. La bouche est ample, puissante, tendue, avec une matière riche. Les tannins plutôt bien fondus s'assèchent légèrement en finale sur un fond de notes vanillées. On part un peu dans tous les sens pour trouver l'origine à la signature internationale. Celle-ci est pour le moins surprenante: c'est un Puisseguin Saint-Emilion, château Soleil 2005.

Le vin suivant a une robe moins opaque et plus évoluée. Un joli nez sur le cerise, les fruits compotés, le moka et les épices. La bouche joue dans le registre de la finesse, avec une belle acidité sous-jacente. Les tannins en finale sont un peu asséchants. Néanmoins, ce vin a du charme. Beaucoup le situe en châteauneuf. Tout faux: c'est tout simplement Château Margaux 1983 ! C'est marrant: une fois qu'on le sait, on renifle deux fois plus son verre en cherchant tous les symptômes du mythe ;o)

Et revoilà Loup qui arrive avec une nouvelle carafe! Ce coup-ci, le vin est noir, avec un nez sur la cerise noire, le cacao et la résine. La bouche est ample, avec une matière gourmande et une bonne fraîcheur. Il ya une légère sucrosité en finale, mais elle ne me dérange pas plus que ça. J'aime bien. Là, une bonne partie part sur le Roussillon, avec raison: c'est Ego 2003 du Mas de Lavail (vin de pays d'Oc récolté à Maury, 100% grenache).

C'est pas finiiiiii!!! Le contenu de mon verre est maintenant beaucoup plus translucide, entre le vermillon et le tuilé. Pas l'air récent. Le nez est d'une grande subtilité avec des notes florales (rose ancienne), fruitées (griotte) et forestières. La bouche est toute en légèreté, mais d'une intensité aromatique impressionnante. Du fruit comme en a rarement. Et une fraîcheur!... Vraiment un très beau vin, avec un équilibre qui force le respect. On commence à s'imaginer un très très grand Bourgone (un DRC????). Ben non, fô pas exagérer. Mais un Musigny 1985 de Vogüé tout de même!

Allez, un ch'tit dernier pour le fromage: robe sombre avec des signes d'évolution. Nez somptueux sur l'olive noire, le poivre, le camphre, la boîte à cigare, et plein, plein d'autres choses encore! Bouche ample, riche, intense, aux tannins soyeux et à la fraîcheur superlative. C'est absolument superbe! Mon coup de coeur de la soirée en "rouge". Nous sommes plusieurs à partir en Rhône septentrional, car c'est forcément de la Syrah. Et vu l'âge apparemment respectable du vin, ça limite les réponses (qui faisait des grands Rhône il y a 20 ans?). Son nom vous brûle les lèvres? Eh oui, c'est une côte rôtie Mouline 1983 de Guigal!
On rince les verres: un liquoreux arrive, pour accompagner un fondant à la noix de coco, coulis de mangue . La robe est ambrée. Et le nez foisonne d'odeurs émoustillantes: toffee, orange confite, pralin... La bouche est fraîche et élégante, avec une acidité surprenante. Au fur et à mesure de la dégustation, l'abricot prend de plus en plus le dessus sur les autres arômes pour en devenir presque envahissant. Cela met la puce à l'oreille de certains. Yquem? Oui. Yquem 1980.

On pourrait finir sur ce vin, mais Loup ne lâche pas le morceau comme ça: le dernier vin a une robe dorée, un nez de muscat frais et de rose. La bouche est fraîche, limpide, d'un grand équilibre. Finale désaltérante sur le menthol. Nous sommes tous d'accord sur le fait que ce soit un muscat, mais après??? C'est un muscat de Saint-Jean de Minervois 2005 du domaine Barroubio.

Que dire si ce n'est que cette soirée fut magique, autant par la qualité des vins, des plats que des convives. Les échanges furent passionnés et passionnants, chacun apportant ses connaissances pour les enrichir.
[size=x-small]Guy, Odile, Loup et Julien[/size]

Alors vous pensez bien qu'on a une seule envie: c'est de recommencer! Je donne donc rendez-vous à tout ce beau monde au mois de juin. Je ferai tout pour être à la hauteur! Ca me laisse deux mois pour y réfléchir: ça devrait le faire...
[size=x-small]Sylvain et Stéphanie, Julien et Bénédicte[/size]

(Plus de photos et les liens vers les domaines sur mon blog )

Eric

Eric
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13 Avr 2008 17:04 #1

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Réponse de si le vin... sur le sujet Re: Quand Loup met les petits plats dans les grands (tu)

Un grand grand merci à Loup pour ce fabuleux repas où je me cru noyé dans la corne d'abondance. C'est fou ce que festoyer en si bonne compagnie peut penser toutes les lourdeurs du quotidien en soustrayant chaque convive du poid des maux.
Une fort belle invitation pleine de modestie, de générosité et surtout de simplicité authentique.
Dans ma vie de dégustateur, une page se tourne après cette dégustation il y a eu un avant et il y aura eu un après à ce moment hors du temps.
J'ai eu la chance de partager ce moment en compagnie de personnes qui connaissent le sens du mot offrir.
Tout simplement merci.

PS: il y aura aussi un match retour à la maison prochainement... Mes commentaires suivront bientôt.
14 Avr 2008 12:44 #2

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Réponse de Yves Zermatten sur le sujet Re: Quand Loup met les petits plats dans les grands (tu)

belle soirée de passionnés, ça fait plaisir, bravo !

Yves Zermatten

Yves Zermatten
14 Avr 2008 22:06 #3

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Eric,
merci pour ce recit qui fait chaud au coeur.
Loup, Odile, vous etes des perles. Vos invites aussi ;-)
Benji
15 Avr 2008 03:47 #4

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Réponse de Winemega - Alain sur le sujet Re: Quand Loup met les petits plats dans les grands (tu)

Tiens.. moi qui croyais que Loup = Audouze..? ;)

Bravo.. encore un type de soirée comme je les aime!

Alain Bringolf
"Lorsque le vin est tiré, il faut le boire. Et lorsque le vin est bu, il faut se tirer.." - Le Chat
15 Avr 2008 08:32 #5

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Bonjour à tous.

C’est vrai que nous avons passé ensemble, mais beaucoup trop rapidement, quelques heures bien agréables. Cette belle joie est d’abord le fait des individus présents, vraiment tous plus délicieux les uns que les autres. J’ai bien conscience de la grande veine que j’ai eu et que j’ai à les côtoyer assez régulièrement, et j’espère bien qu’il en sera de même demain encore.

Ce type d’escapades se répète sous diverses formes ici ou là, et c’est l’occasion de retrouver, de fonder, et d’élargir de belles amitiés, autour d’accorts flacons enfantés pour enchanter. Une assiette sans façon ou finement construite corrobore et amplifie le plaisir du partage. Le bonheur et peut-être la magie se trouvent dans le pré, chez un étoilé, lors d’une garden-party avec de bons amis, chez nos amis Suisses, aux côtés d’une cuisine de rue à Hong-Kong,……;)

Les quelques vétilles parfois extériorisées sur le forum (dont certaines inutilement blessantes), ne sauraient dominer les débats et faire ignorer une des vertus majeures de LPV qui est de permettre ces magnifiques rencontres entre individus toqués de vin et d’esprit de joie.

C’est en cela que LPV mérite une partie de son large et juste succès.

Loup.

PR
15 Avr 2008 09:49 #6

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: Quand Loup met les petits plats dans les grands (tu)

C'est vrai, comme dit Alain, que je ne me suis pas reconnu sur la photo et je n'ai pas reconnu chez moi.
Et le choix des vins n'est pas de moi.
(ceci pour rappeler une période qui fait maintenant antédilépévienne mais qui m'avait profondément affecté, où "on" pensait que j'avais "fabriqué" le personnage de Loup).

Je suis bien content que Loup existe car s'il a donné du bonheur à ses invités de si belle façon, c'est quand même mieux comme ça.
Bravo pour ce bel événement. C'est un des avantages collatéraux de LPV les plus riches.

Merci Eric de confirmer ce que je répète et répète sans cesse : les Krug Grande Cuvée comme beaucoup de champagnes sans année doivent obligatoirement être gardés plusieurs années en cave. Car l'écart de goût est immense et justifie cette patience.

Loup
Bravo pour cette finesse, délicatesse et pour l'éclectisme dans le choix des vins.


Cordialement,
François Audouze
15 Avr 2008 13:43 #7

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Réponse de si le vin... sur le sujet Re: Quand Loup met les petits plats dans les grands (tu)

Voici donc mes commentaires pour les vins de cette belle soirée...

A l’apéritif

Grande Cuvée de Krug

La bouteille trahit son identité par sa forme ce qui m’aide grandement tant mes connaissances en champagnes sont minces. C’est très beau sur la noisette et le beurre, la bulle est fine, on sent que ce champagne est bien en place.

Jurançon Clos Thou cuvée Julie 2004

Un vin dans le style Jurançon qui fut difficile à situé au premier nez laissant planer le doute sur ses cépages. Le temps de l’agiter et quelqu’un lance Jurançon et là c’est une évidence. La bouche montre une acidité encore bien présente avec des aromes citronné et un brin de fleurs blanches. C’est selon moi un vin à attendre dans un millésime qui selon moi, reste plus favorable aux secs.

A table

Crème de chou-fleur au parmesan

Raveneau Chablis 1er cru Forêt 2001

Belle robe claire. Le nez est fumé sur la pierre chaude. Naïvement je pars en Loire sur Pouilly. La bouche confirme les impressions prises au nez et je persiste et signe dans ma naïveté, c’est sûr c’est un Pouilly. Moins puissant qu’un silex ou Pur Sang mais la minéralité est le moteur de ce vin. La finale est un poil rapide mais l’ensemble est selon cohérent (pas comme ma lecture de ce vin…).

Filets de rouget à la provençale

Côtes du Jura Grands Teppes 2004 de Ganevat

Très beaux vin miel, citron qui lui donne un côté passe partout. L’espace d’un instant je pense voir un vin étranger mais Loup me coupe l’herbe sous le pied en précisant que tous les vins de la soirée sont des français. C’est bien parti !!! La bouche est généreuse, c’est très floral mais aucun indice sur son origine. La finale tient une belle longueur, belle découverte.

Muenchberg 2000 d'Ostertag

Là c’est plus facile et Guy nous joue son premier tapis de la soirée et mise tout sur un riesling alsacien. Le nez est très flatteur une once pétrolé qui me fait penser que ce vin est un peu plus vieux, puis vient la violette c’est abondant, un brin de melon… La bouche est à l’image du nez, le gras est là et l’amplitude aussi. La finale se fait en douceur avec du retour. Encore une réussite.

Vouvray Haut Lieu 2006 de Huet.

Vin fruité qui finit presque par vous donner des vertiges. C’est frais sur la poire pour la fraicheur et une chaleur s’en dégage avec une pointe minérale, très beau nez. La bouche renvoi cette complexité et cette abondance avec une finale comme dans les tontons flingueurs : « vous pouvez dire ce que vous voulez mais je vous dis qu’il y a d’la pomme là dedans… ».
Une finale sur la pomme granit. Troublant ce vin. Je ne l’ai pas reconnu alors que je l’avais dégusté la semaine précédente et à la lecture de l’étiquette : « Bon sang mais c’est bien sûr » (classique)

Daube de boeuf et gratin dauphinois

Château Soleil 2005.

Premier nez me disant qu’on est à Bordeaux je cherche quelques indices. Cette couleur c’est un 2004. Je pense à haute voie et mon voisin (que je ne nommerais pas !!!), me reprend en me disant « quoi çà Bordeaux tu rêves ??? ». Comme un jeune imbécile que je suis, je me remets en question et reprends son argumentation olfactive. De beaux fruits rouges confiturés, autant de sucres résiduels, de la couleur sombre, il a raison c’est surement un vin du Languedoc. Non ???
La prochaine fois je n’écouterais personne. En tout cas je découvre ce vin dans un style très atypique.

Château Margaux 1983

Nez sur le moka la réglisse d’une belle fraicheur. D’entrée je situe ce vin à Bordeaux et le gugus à ma gauche joue son deuxième tapis de la soirée (celui là même qui m’a aidé à faire fausse route juste avant, suivez mon regard…). La bouche est superbe fine avec des tannins bien assimilés sachant porter les fruits (une cerise d’école) solidement et en s’effaçant lorsqu’il le faut pour laisser le reste s’exprimer. Des notes de cèdre trahissent l’âge mais quelle fraicheur. Je lance un pessac leognan 90. Notre hôte qui se marre intérieurement (et y a de quoi) nous oriente en médoc. J’exclus un St Estephe d’entrée et mise sur un Pauillac (beaucoup pense comme moi d’ailleurs). La bouteille dévoilée, c’est une évidence (cette cerise que je reconnais à Margaux)

Ego 2003 du Mas de Lavail

Malheureusement n’ayant pas pris de note sur l’instant et la soirée avançant je n’ai plus de souvenirs clairs sur ce vin (il faut dire que placé en cette position le pauvre).

Musigny 1985 de Vogüé

Superbe robe claire qui ferait dire à un aveugle que c’est un bourgogne âgé. Le nez est flatteur et frais avec une belle fraise (d’où la fraicheur), cerise griotte. Les tannins sont d’une finesse rare, ce vin tient son rang. C’est un grand (une tâche ???). Peu expérimenté en Bourgogne je lance un gevrey chambertin des années 80. Notre hôte nous souligne l’aspect féminin de l’appellation que l’on retrouve parfaitement dans ce vin.

Côte rôtie Mouline 1983

de Guigal Le se présente sur des notes d’évolution mais parfaitement maitrisée. Les fruits sur la boite à cigares, la tapenade, le goudron et le pruneau. La bouche est ample et les tannins d’une noblesse. Tout le monde ne voit pas ce vin en côte rotie mais pour moi c’est une certitude (le jeune louveteau que je suis ne peut encore assurer de faire un tapis comme le vieux briscard à ma gauche). Je le vois bien en 1980. Pas loin !! A n’en plus douter c’est mon plus beau souvenir en Cote Rotie.

Yquem 1980

Ce 1980 m'a un peu balader. Le dessert à base de noix de coco m'a un peu troubler au point d'en ressentir la présence dans le verre ce que pense absolument pas impossible. Le miel s'étant fondu en cire et ces notes d'abricot chaud. Je suis heureux d'avoir franchi les portes d’Yquem lorsque celui-ci passe les 20 ans. Une très belle expérience qui fait chanter le terroir des sauternes sous son plus noble porte drapeaux.

Muscat de Saint-Jean de Minervois 2005 du domaine Barroubio.

Une vraie sucrerie presque récréative derrière Yquem avec l’expression la plus simple du fruit. Je connaissais quelques vins du coin mais j’avoue que placé là, il est difficile de briller.

Mon classement pour cette soirée:

1er Odile et Loup délicieux et généreux comme le sont peu de gens (ils tiennent leur rang de 1GCC)
2ème Mouline 1983 Guigal
3ème Margaux 1985
4ème Musigny 1985 de Vogüé
5ème Yquem 1980

Milles remerciements encore une fois à nos hôtes pour la générosité de leur cuisine et celle des vins l’accompagnant. Plus encore pour leur simplicité et de là découle l’ambiance du moment qui fut un délice.

@+

Syl20
15 Avr 2008 20:41 #8

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Là c’est plus facile et Guy nous joue son premier tapis de la soirée et mise tout sur un riesling alsacien.

C'est marrant: j'entends encore Guy dire que c'était un chenin alors que j'essayais de persuader tout le monde que c'était un riesling ;)

Eric
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15 Avr 2008 20:52 #9

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Réponse de si le vin... sur le sujet Re: Quand Loup met les petits plats dans les grands (tu)

Peut-être que je me suis un peu perdu dans la multitude des vins servis....:)-D
16 Avr 2008 07:44 #10

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Bonjour à tous,

Me revoilà après une courte absence dans un pays sans soleil ni vigne (quelle tristesse).

Je profite de ce retour pour remercier Loup et Od’s pour leur accueil chaleureux. La petite équipe réunie par nos hôtes fut des plus charmante et amicale, ouverte à la discussion et aux points de vue en tout genre ceci faisant bien souvent la richesse de telles rencontres et la finesse des grands instants.

Les commentaires ci avant sont le reflet de ma pensée, la transcription de mon souvenir. Bravo à Eric pour son initiative d’écriture des plus complètes et aux « suivants » pour les commentaires.

De mon point de vue, les vins que j’ai le plus appréciés par paires et hiérarchisés sont :
- Pour les rouges :
1) La Mouline
2) Château Margaux

- Pour les blancs :
1) Krug grande cuvée
2) Muenchberg 2000 d'Ostertag

Bien à vous tous,
JU

Ps : Eric, Guy a bien trouvé le cépage Riesling. Par contre, ses tapis n’ont pas toujours été gagnants... :P
16 Avr 2008 10:38 #11

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