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LPV Paris Nord-Est, Février 2024 : Languedoc-Roussillon

  • Ilroulegalet
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Après une magnifique « David Cameron 2015 », la réunion de février prit place chez moi avec pour thème « Languedoc-Roussillon ». En effet, parmi le vaste choix de thèmes créatifs, éclectiques et intéressants, j’avais glissé celui-ci à titre de concession en dépit de mes préférences archi-connues. Paf ! Cela n’a pas manqué et me voilà à devoir ordonner des vins que je ne connais pas !
Inspiré par Nicolas Sarkozy et la triangulation politique, autant embrasser le thème, le traiter avec dilettantisme et incompétence afin de bien montrer l’inanité des propositions adverses . En pratique, la séquence ne fut pas optimale et il n’y a pas eu de blancs (j’ai confondu certaines couleurs). Le solide s’est composé d’excellentes charcuteries, d’une tielle sétoise, quelques crudités et le grand-œuvre fut un risotto à la saucisse de Morteau très gourmand.

Les irréductibles connaissant ma ponctualité germanique arrivent à l’heure tapante et nous en profitons pour écluser le fond de riesling du Rheinhessen Weingut Sankt Antony, Niersteiner Orbel Riesling 2017 commenté ici . Si les compagnons reconnaissent sans hésitation le riesling, la question du pétrole n’a pas le temps d’être éclaircie avant l’arrivée du reste du groupe. (Personnellement, ça sent le riesling mais pas le pétrole). 

Mise en bouche : une petite bulle. Malheureusement, pas de Limoux parmi les apports et le maître du jeu que je suis glisse un pirate (diabolique).

Vin 1 : Allemagne, Moselle (Sarre), Weingut Peter Lauer – Grande Réserve Brut Nature 2002
12,5°. Dégorgement 01/21. On continue la série des sekts de Peter Lauer issus de ses tous meilleurs crus. Cette itération a une bouteille spécifique en raison de la considération spéciale qu’a Florian Lauer pour cette cuvée. Plus d’explication ici . 

Robe limpide et transparente. Nez ouvert, citron, huile essentielle, fleurs blanches, c’est très frais et primaire. En bouche, le volume est relativement large, la pression également, la trame acide est longue et saline. L’impression globale d’un effervescent jeune, bien né et de beau calibre. A la tombée de la chaussette, la surprise est grande tant au niveau de l’âge que du cépage.

A titre personnel, j’y trouve une certaine similitude avec le Château d’Avize 2013 de Leclerc-Brillant dégusté en septembre. Par rapport aux 1984, 92, 99 précédentes, le volume de celle-ci est nettement plus important, signe du réchauffement climatique dans la région.

Vin 2 : Languedoc-Roussillon (Roussillon), Mas Llossanes – IGP côtes catalanes Dotrera 2018
14°. 40% Carignan, 30% Grenache, 16% Chenanson (cépage local), 14% Syrah. Grenaches élevés en cuves inox durant un an, le reste passe en barriques d’un vin. Vignoble d’altitude (plus de 600m) sur granit et normalement recherche d’infusion plus que d’extraction. Informations ici .

Robe trouble et foncée sans trace d’évolution. Certains trouvent un nez un peu lacté, fruit noirs, grosses maturité. En bouche, les tanins sont certes doux mais la sensation d’alcool prégnante et cela tombe rapidement. Pas de chance, je pensais que l’importante altitude du vignoble et la faible teneur en grenache donneraient un vin frais pour entamer les hostilités. Il se trouvera que ce sera l’un des 2 vins les plus « indigestes » lié à la perception d’alcool.

Vin 3 : Espagne, Rioja, Lopez de Heredia – Vina Bosconia Reserva 2011 (mon apport)
13,5°. Dominante de tempranillo avec 3 autres cépages. Altitude d’environ 500m, calcaires et cailloux. Ce vignoble est considéré comme le 2ème en hiérarchie dans la gamme. Comme toujours, commercialisation décalée chez ce producteur (rarement moins de 10 ans de garde avant mise sur le marché).  Informations du domaine.

Robe évoluée, tuilée et qui évoque une « nuisette » de pinot noir chère à Starbuck. Le bouquet plaît beaucoup à Jean F qui nous a annoncé que ce thème serait un supplice pour lui. Fruit rouge, vanille, groseille, un peu de ronce, là au moins il se sent à la maison.
En bouche, cela reste un vin sudiste large, boisé, pourtant non dénué de finesse mais qui ne fait pas dans la délicatesse et l’élégance. La fraîcheur et l’acidité sont là, le vin procure une expérience agréable en dépit du bois jugé excessif par certains.
Je voulais servir les Creisses initialement mais je ne l’ai pas retrouvé en cave ☹. Ce fut l’occasion de mettre un classique et véritable carte de visite du vignoble espagnol.

Vin 4 : Languedoc-Roussillon (Roussillon), Le Roc des Anges – Las Trabassères 2014
12,5°. Vieux carignans parcellaire de 1913 sur sol de schistes riches en fer et silice. Exposition nord-est. Elevage en cuve inox.  Page du domaine.

La robe est légèrement évoluée et surtout plus fluide dans le verre que les rouges précédents. Joli bouquet de petits fruits, c’est fin et élégant avec de la réserve. En bouche, le corps est lui fuselé et plein d’énergie, sans nervosité et agressivité pour autant. Deuxième partie plus saline, moins fruitée et sensation agréable. Pas de sensation de tannins, ni de stigmates de vin sudiste. Le vin comble l’assemblée de manière générale.

Amateur de vin sur schistes mais en moselle allemande, je trouve que ce vin parvient à combiner les attraits du climat ensoleillé et la finesse de corps que confère le schiste sans leurs contreparties respectives que sont l’excès d’alcool et de matière sudistes, ainsi que la nervosité parfois un peu âcre du schiste.

 Vin 5 : Languedoc-Roussillon (Roussillon), Domaine Sainte-Croix – Carignan de vignes centenaire 2018
14°. 100% vieux carignan de 1905. 16 mois d’élevage en vieux fûts de 300 litres. Pas de filtration.  Fiche du domaine.

Robe dense aux reflets pourpre. Le bouquet est celui de fruits noirs très mûrs et dense qui s’oriente vers le pruneau et la figue ainsi que des notes d’élevage assez prégnante (toasté, cacao amers). La bouche est du même tonneau avec beaucoup de richesse, de matière sur le café, chocolat et les fruits noirs cuit. Les tannins sont fondus et la texture agréable.
En revanche, la finale et l’évaluation globale n’est pas consensuelle. Certains apprécient beaucoup cette force, gourmandise et fruité équilibrée par l’amertume du moka et du café. D’autres (dont moi) trouvent que le duo alcool/amertume trop lourd et plombant.

Vin 6 : Languedoc-Roussillon (Languedoc), Montpeyroux, Domaine d’Aupilhac – Le Clos 2010
14°. 40% Carignan, 40% Mourvèdre, 20% Syrah. Sol argilo-calcaire. 30 mois d’élevage en fûts.  Fiche du domaine.

Robe dense sans trace d’évolution particulière. Nez élégant mélangeant quelques fruits rouges à une dominante de fruits noirs ainsi qu’un peu de sanguin (du mourvèdre probablement). En bouche, l’aromatique est agréable, la trame étant d’une certaine élégance mais aux tannins pas encore tout à fait intégrés et qui accrochent. L’expérience demeure agréable par son joli fruit.

Vin 7 : Languedoc-Roussillon (Languedoc), Terrasse du Larzac, Mas Jullien – Carlan 2019
14°. 50% grenache, 30% carignan, 10% cinsault, 10% syrah. Sol caillouteux et gréseux exposé plein est avec 200m de dénivelé. Elevage en demi-muids de 600 litres pendant plus de 12 mois. En raison du référencement, c'est Vigneron d'Exception qui reprend la fiche domaine .

Robe dense et jeune, turbide (sans filtration). Nez agréable, complexe, combinant arômes fruits et d’autres plus solaires avec notamment des effluves de garrigues. En bouche, l’équilibre est très bien trouvé entre fruit sudiste et fraîcheur digeste. Pas de trace d’excès d’alcool. La bouteille fait l’unanimité et merci Pauline qui est notre rhéteur de la région.

Vin 8 : Languedoc-Roussillon (Roussillon), Côtes Catalanes, Domaine Le Soula – Le Soula rouge 2009
12.5°. Terroir de granit entre 350 & 650m. 50% Carignan, Syrah et un peu de Macabeu dixit Infinivin .

Jolie robe légèrement évoluée. Bouquet friand de fruits rouges et noires bien mûres sans être compotés pour autant. Le vin se boit tout seul et avec plaisir sans percevoir tant de traces d’évolution. A nouveau un vin très apprécié par l’ensemble.

Transition avec les fromages. Une discussion à propos des divers types d’évolution m’incite à ouvrir cette cuvée devenue un de mes classiques.

Vin 9 : Allemagne, Moselle (Sarre), Weingut Peter Lauer – Grande Réserve Brut Nature 1984.
10,5°. Dégorgement 04/21. 100% Riesling issu de l’Ayler Kupp. Pas de liqueur d’expédition.  Fiche de la part de Vinothek der Saar.

L’objectif était de montrer comment le 2002 du début de soirée pourrait évoluer. Connaissant bien la 1984 dont les 4 fois précédentes avaient donné des vins au stade tertiaire, complexes et harmonieux, j’en suis pour mes frais cette fois-ci .

En effet, le vin a une couleur transparente et claire. Le cordon est un peu plus vif que d’habitude. Le nez est puissant et plutôt simple sur une aromatique de menthe glaciale/pastille vichy/solution de laboratoire pour les plus virulents. En bouche, la trame acide est à la fois saillante et intégrée et reprends les mêmes éléments que le nez. La longueur est bonne, c’est bon, mais moins que les expériences conformes précédentes sur la cuvée même si je n’ai pas l’impression de défauts particuliers.

En fait ça me rappelle 2 expériences sur de très vieux rieslings et peut-être est-ce un chemin d’évolution « mineur » ? Dans celui-ci, le miel d’évolution n’enrobe et n’harmonise plus l’ensemble de l’expérience et on se retrouve sur une acidité tranchante et florale.
La troupe a été clivée sur le vin, certain le trouvant intéressant et joli, d’autres insaisissable mais le consensus ne lui trouvait pas de défauts particuliers.

C’est avec les sourires goguenards et taquins des camarades que j’ouvre l’incontournable VDN pour accompagner le gâteau praliné/chocolat de Cyril Lignac.

Vin 10 : Languedoc-Roussillon (Roussillon), Banyuls, Abbaye Sainte-Eugénie – Âme de Pierre 2008
16°. 50% de grenache noir, 45% grenache gris, 5% grenache blanc sur schistes bruns en terrasse. « Mutage sur grains », 18 mois d’élevage en fûts ouillés puis à nouveau 6 mois en cuve (milieu réducteur afin de minimiser le rancio).  Fiche domaine.

La robe montre un disque très légèrement tuilé avec une profondeur encore très dense. Stéphane et Julien sont déçus par le bouquet qui leur semble éteint (ce sont les plus familiers avec le style). Les autres n’ont aucune difficulté à trouver une jolie complexité de VDN fruité plutôt que rancio : orange confite, pruneau, cerise à l’eau-de-vie etc…
Les mêmes arômes sont présents sous le palais et l’accord aussi scolaire, qu’évident et performant a lieu avec le dessert. Quelque chose d’aussi éculé ne devrait pas être magique au bout de la 5ème fois, ça l’est pourtant.

Enfin comme bonnet de nuit et pour redresser tous ces palais ayant subi l’attaque de la puissance alcoolique et de la structure sudiste, une ½ de Prädikat allemand est la meilleure médecine.

Vin 11 : Allemagne, Moselle (Mittelmosel), Weingut Selbach-Oster – Riesling Zeltinger Sonnenuhr Auslese 2011.
8,5° & environ 100g/L de SR. Le Zeltinger Sonnenuhr est le grand cru de ce village situé après Wehlen.

La robe marque de l’évolution, ainsi que le bouquet où le miel se fait de la place au côté du fruit confit et de la groseille fraîche. L’équilibre typique de mittelmosel est là avec ce jeu entre le fruité et l’acidité stimulante qui se rejoignent puis fusionnent avec les amers d’ardoise dans une longue finale qui donne le sourire. Le fruité domine dans l’expression comme d’habitude comparé à une auslese de Sarre.

Tout le monde repart avec le sourire, la tête remise à l’endroit et content d’avoir passé une bonne soirée avant de prendre le dernier métro.

Les vins se sont très bien défendus et 2 seulement finalement correspondaient aux clichés les plus affreux des vins de la région, le reste était top. On pourra noter que les vins sur schistes s'en sortaient très bien. Enfin, tous les vins s'étaient plutôt améliorés le lendemain et ceci m'incite à persister dans mon habitude de déboucher les bouteille tôt le matin pour le soir, l'oxydation prématurée semblant devenir un risque mineur dans la majeure partie des cas.
 
Merci de m’avoir lu.

Sven. Curieux de tout, prédilection pour les vins blancs légers et européens.
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25 Fév 2024 10:03 #1
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Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck