Le millésime 2018 au domaine Ballot-Millot & Fils
Le rendez-vous fut pris par Arnould pour 10h30 ce vendredi 22 mai.
Comme à son habitude, l’accueil est décontracté et nous nous installons pour déguster les 2018 du domaine.
La quasi totalité des 2018 ont été mis en bouteille fin janvier et toutes les bouteilles dégustées ont été ouvertes devant nous au débotté.
Les blancs :
Bourgogne
Nez très floral.
La bouche est d’abord sur un gras pregnant mais se termine de belle manière, finale acidulée et pointe d’amertume.
Correct
Meursault village
Nez que j’ai trouvé salin, avec un joli côté mentholé.
Bouche ronde tout en étant élancée, longue finale citronnée/mentholée. J’ai pas contre trouvé le milieu de bouche un poil creux.
Mais le saut qualitatif entre le bourgogne et le meursault est assez impressionnant…
B++
Charles nous parle de 2019 ; saison très chaude avec des sols secs mais la vigne tient bon. Conditions identiques à 2003 mais la vigne s’est habituée, les vins donne toutefois des degrés élevés. Rogner les vignes n’était, selon lui, pas un bon choix et gagner 15/20cm sur les feuilles est important pour le protéger.
Meursault « Les Criots »
Tout dans ce vin est un peu « plus » que le simple village. Les arômes de menthe, le citron, l’acidité sont plus prononcés. Finale salivante/rafraichissante. Magnifique équilibre.
TB+
Sur cette parcelle : « c’est une vigne qui en bave, elle n’est pas très feuillu, il n’y a pas d’échaudage. Secteur sur cailloux et qui a sur bien s’habituer à la chaleur »
Meursault « Les Narvaux »
Nez moins expressif que le précédent et essentiellement citronné.
La bouche est plus ronde et moins affirmée, j’ai trouvé le vin un peu chaud et possédant davantage d’amertume que les Criots, Très jolie longueur. Un vin moins à mon goût.
Le sol caillouteux des Narvaux
Meursault 1er Cru « Bouchères »
Nez discret, encore sur la retenue.
La bouche elle, m’a impressionnée avec une acidité haute portant le vin du début à la fin toujours sur un mélange de notes mentholées/citronées/fruits jaunes bien murs. Grande persistance.
Excellent !
Sur ce cru "Nous vendangeons les Bouchères en premier car cela fait parti des vignes qui murissent très vite car elle est à l’abri du vent donc elle a tendance à chauffer plus rapidement. Sol calcaire, caillouteux."
Meursault 1er Cru « Charmes »
Nez encore assez peu expressif.
Comme « Les Narvaux » par rapport aux « Criots » j’ai trouvé ce Charmes un peu plus d’amertumes que les Bouchères malgré une densité de matière et une persistance plus importante. Aucune lourdeur mais un vin moins à mon goût je crois.
TB
Meursault 1er Cru « Genevrières »
Léger beurré, mais comme les précédents 1er cru, le nez est encore fermé.
Bouche littéralement explosive, le vin déverse une acidité très haute, des notes citronnées et mentholées puissantes, finale salivante et très grande persistance.
Magnifique !
Charles nous parle ensuite de fûts. 25 à 30% de fûts neufs sur 2018 soit un peu plus qu’en 2017 (sur les 1er Cru). Il parle d’ailleurs de 2018 comme étant « la guerre des fûts » en rapport à la récolte très importante de cette année. Quatre ou cinq tonneliers travaillent pour le domaine et les derniers essais se portent sur des fûts à chauffes blanches (à la vapeur) censés marqué de manière plus légère/subtile les vins. Nous allons pouvoir percevoir ce que cela change lorsque nous irons goûter les 2019 sur fût.
Petite aparté sur différents millésimes au domaine : en ce moment Charles adore ses 2013, qu’il conseille donc de boire. 2012 est sa pire année en terme de quantité et 2001 était « extra » avec un peu de pourritures nobles, c’est le genre de profil qu’il affectionne particulièrement et qui surprend.
Meursault 1er Cru « Perrières »
Nez assez similaire au Genevrières avec un poil de réduction en plus.
Mais alors en bouche j’ai eu un peu la même sensation qu’avec «Bouchères » mais un bon vrai au dessus. Longueur et fraîcheur incroyable !
Magnifique ! Même après une bonne vingtaine de seconde, le vin se sent toujours en bouche, persistance bluffante.
Chassagne-Montrachet 1er Cru « Morgeot »
Nez ouvert, floral, fruits jaunes bien mures, noisette.
La bouche est dans un même style, tout en rondeur mais en gardant une belle vivacité, un expressivité (presque exotique). Un joli vin, « facile » à lire et à apprécier dès maintenant.
TB
Les rouges :
Volnay 1er Cru «Santenots »
Au nez un peu de ronce puis de réduction mais très vite, beaucoup de fruits (cerise, framboise). La bouche possède un beau tonus et des tanins relativement fins même si encore bien présents. Finale fruité, sur la fraîcheur. C’est gourmand et j’ai beaucoup aimé.
TB
Santenots est un de ses crus « chouchou » car il a dû vraiment s’employer pour arriver à en faire quelque chose. Selon lui toujours, c’est une parcelle compliquée car il ne faut pas la vendanger trop tard ; la vigne passe de fruits frais à fruits blettes très très rapidement. Cela pouvait même se ressentir au moment du pressurage ou le raison dégage une odeur de de fruit blette mais cela s’estompe par la suite.
Pommard 1er Cru « Les Charmots »
Nez hyper expressif, sur la cerise, le bonbon anglais, peut-être un peu moins « fruit » que le Santenots mais diablement ouvert.
Grande fraîcheur en bouche et une allonge incroyable. Tanins fins. J’ai adoré.
Excellent.
Pommard 1er Cru « Pezerolles »
Le rouge le plus fermé au nez avec de la réduction en prime.
J’ai trouvé la bouche un peu plus simple que les deux précédents. Peut-être était-elle fermée elle aussi.
Bien.
Charles nous indique un changement de vinification avec 2018 pour les rouges ; pas de pigeage, peu de remontage, pas de filtration ni de collage et deux sous tirages. Il se pose beaucoup plus de question avec cette couleur que pour les blancs.
A noter également pour le domaine qu’il y a eu moins de rouges en 2018 qu’en 2017 !
Bilan personnel sur les 2018 goûtés ; j’ai souvent noté que les blanc avaient une certaine rondeur mais l’équilibre sur ce millésime est impressionnant car derrière cette rondeur, il y a une grande fraîcheur dans quasiment tous les vins goûtés, sans parler de la complexité aromatique. Un style qui s’affirme et s’affine d’année en année sur les rouges puisque j’avais déjà noté pour les 2017 un saut qualitatif par rapport aux 2016. Comme d’habitude également, les vins se livrent relativement facilement et les élevages sont vraiment fins, et « facile » à déceler (cela vaut pour les rouges et pour les blancs).
Les bonus :
Meursault « Les Criots » 2017
Nez sur les fruits jaunes très mures.
La bouche est plus large que longue avec cette même impression de fruits murs. S’ajoute à cela un côté fruits exotiques surprenant, finale pleine de fraicheur, salivante.
Bien++
Je n’ai pas reconnu ce vin pourtant bu l’année dernière. Le profil me plait peut-être à peine moins mais il faut dire que de l’aveu même du vigneron, le vin était servi trop chaud.
Meursault « Les Criots » 2004
Si le 2017 avait des notes de fruits jaunes très mures, ici que dire ! C’est presque miellé.
La bouche est large avec cette même impression de fruits très très mure, de SR même. Par contre le vin a su conserver une belle fraîcheur en finale mais ce n’est pas le style que j’affectionne.
Bien.
A la question « qu’aimez vous boire, hors Bourgogne ? », Charles mentionne le sauvignon et notamment Vacheron même aussi les vins portugais, espagnol, de Toscane…
Le maître des lieux nous fait quitter la salle de dégustation pour nous amener dans la cave goûter les 2019 sur fût.
Bon, autant le dire tout de suite, impossible pour moi de rester debout avec le verre à la main, le cahier et le crayon dans l’autre pour noter tout ce qu’il se dit (comme l’a gentiment fait remarquer Arnould
, j’ai déjà fait doublons sur une question posée par un camarade car trop concentré sur l’écrit…). Mais globalement les Narvaux, Charmes, Genevrières et Perrières goûtés sur deux fûts différents nous on permis de voir parfois de sacrées différences en 2 tonneliers voire le même avec une chauffe à peine différente, voire avec une année de production différente (pour Charmes, même tonnelier avec un fût de 2014 et un autre de 2016, le boisé était loin prononcé sur 14). Mais ce qui frappe surtout c’est la gourmandise des vins alors qu’ils faisaient entre 14,5 et 15,5.
Exercice tout de même sacrément difficile je trouve et j’ai hâte d’être à l’année prochaine pour les goûter en bouteille et constater si la concentration et la fraicheur sont toujours là !
Une dernière remarque sur cette dégustation sur fût ; j’ai mentionné plus haut un essai, avec un tonnelier dont je n’ai pas noté le nom, avec une « chauffe blanche » censée moins marquer le vin, nous avons goûté Perrières 2019 avec un fût « normal » et avec ce fameux fût chauffe blanche ; le plus marqué était le dernier mentionné, des notes très finement grillées étaient bien présentes au nez et la bouche était plus charnu. Allez comprendre !
Ainsi se termine notre périple annuel. Un grand
merci à Arnould pour me permettre de vivre des moments comme celui-ci ; plus de 4h30 de dégustation avec un vigneron qui respire la passion et la sympathie, qui prend le temps de répondre à chacune de nos questions, voire plus car il était particulièrement bavard cette année, et ce fut pour notre plus grand plaisir.
Vivement l'année prochaine