Les côtes rôties 2016 / 2017 / 2018 au domaine Jasmin
En ce tout début de matinée de notre dernier jour en vallée du Rhône, la fatigue commence à se faire un peu sentir. Heureusement, nous savons que la verve, la bonne humeur et l’humour de Patrik Jasmin vont rapidement nous remettre d’aplomb. Ce dernier nous explique d’emblée que, franchement, il est difficile de se plaindre avec quatre beaux millésimes successifs, en qualité et en quantité (15/16/17/18), qui permettent d’investir dans la modernisation des installations. Nous attaquons la dégustation dans la cuverie, avant de la poursuivre dans la salle dédiée, puis à la cave (bien remplie).
IGP Collines Rhodaniennes, Viognier 2017 :
C’est une nouveauté, annoncée l’an dernier. Fûts neufs / cuve. Nez frais, salin, avec un côté berlingot abricot / anis ; le boisé est très très discret. En bouche, l’élevage est également presque imperceptible, c’est fruité, salivant et très légèrement épicé ; finale fraîche sans amertume excessive ; B-
Le délicat dosage fûts / cuve sur le viognier…
IGP Collines Rhodaniennes, La Chevalière 2017 :
Syrah et un tout petit peu de viognier ; vignes sur Vérin et Condrieu + les raisins issus des très jeunes de vignes en appellation côte rôtie ; 14 mois d’élevage (fûts de 4/5 ans + 2 fûts neufs de 500 litres). Le 2016 était une petite bombe de fruits, le 2017 est plus structuré, moins fruité, avec un peu d’accroche ; on est pour l’instant davantage sur l’austérité que sur la gourmandise ; AB
Côte Rôtie La Giroflarie 2016 :
C’était jusqu’au millésime 2014 la cuvée unique du domaine. Depuis 2015, elle est donc désormais baptisée « La Giroflarie ». C’est un assemblage de 12 parcelles réparties sur toute l’appellation (8 lieux-dits en coteaux : Côte Blonde, le Mollard, Baleyat, le Truchet, les Moutonnes, Côte Baudin, les Bercheries, les Lézardes) ; 95 % Syrah / 5% Viognier en complentation ; 24 mois d’élevage ; 1/4 à 1/3 de bois neuf selon les millésimes.
C’est dans la continuité de ce que nous avions goûté sur fûts l’an passé : un fruit bien présent et « pur » (fruits noirs + framboise) ; un volume moyen, une matière souple et relativement soyeuse, de la fraîcheur : une côte rôtie sur la finesse qui se goûte déjà très bien ; on pourra regretter une finale un peu « courte » ; fond de verre très parfumé ; B+ / TB -
Côte Rôtie La Giroflarie 2017 (sur fûts) :
Nez plus profond et plus « noir » que le 2016. En bouche, davantage de volume et de densité, mais avec une acidité bien présente ; il y a pas mal de tanins, mais ils sont fins et n’accrochent pas. Sans doute à attendre plus longtemps que le 2016 ; TB
Côte rôtie Oléa 2016 (« grande » cuvée, 2nd millésime ; fûts neufs) :
Au nez, l’élevage est assez sensible et masque un peu le fruit (très noir et un peu confituré) ; il y a également des notes fumées ; l’attaque en bouche est très puissante, la matière est à la fois très dense et très mûre ; là encore, l’élevage est bien présent. Comme l’an passé, je préfère la cuvée « générique » ; B+
Et oui les gars, Oléa c’est 100 % bois neuf….
Côte rôtie 2018 (1) :
Patrick Jasmin n’a pas encore fait la sélection des fûts qui composeront la cuvée Oléa ; il joue de la pipette pour nous faire un petit assemblage de différents fûts.
Nez puissant et sombre, très légèrement réduit, sur la gelée de fruits noirs, avec quelques notes de fumée et de goudron. La bouche est superbe : un grosse densité, on retrouve la gelée de fruits noirs ; c’est séveux, avec des tanins gras, et très long ; de belles notes de violette en fond de verre. C’est très prometteur pour un vin qui m’a un peu rappelé l’Hermitage le Gréal goûté la veille chez Marc Sorrel ; Excellent
Côte rôtie 2018 (2) :
Echantillon prélevé sur un fût correspondant à des vignes sur argilo-calcaires. Nez fin, avec des fruits rouges et du sureau. La bouche est droite, plus fraîche mais aussi plus aérienne que sur le précédent ; moins de volume et de profondeur, mais davantage d’acidité et de finesse. Un petit peu d’austérité en finale. C’est très différent du précédent, mais très bon. TB
Côte rôtie 2006 :
Nez frais, très légèrement évolué (petite note de sous-bois), avec encore beaucoup de fruits et de belles notes poivrées ; la bouche est vive, avec des notes de fruits rouges un peu acidulés et de la mûre ; la matière n’est pas énorme, mais c’est bien équilibré et assez gourmand ; finale légèrement poivrée, mais aussi avec une petite sensation « saline » ; B+ / TB -
Un grand merci à Patrick Jasmin pour sa disponibilité, sa franchise (notamment sur la question des levures endogènes / exogènes), son énergie et son humour.
Paul