mgtusi écrivait:
> @Frederic
>
> Michel, dire qu'il n'y a pas de bons rapport
> qualité prix à Bordeaux, dire que le rapport
> qualité prix y est pitoyable, est une grande
> ânerie
>
> Frédéric, si j'avais écrit cela, c'eût été
> effectivement une ânerie. Seulement voilà ce que
> j'ai écrit :
>
> Il y a des bons vins partout y compris à
> Bordeaux mais le rapport qualité/prix des
> GCC est pitoyable et en particulier dans
> les millésimes récents.
>
> Tu admettras que ce n'est pas tout à fait la même
> chose...
Michel,
Ce n'est pas tout à fait la même chose, mais cela reste une ânerie selon moi. Quand je lis ce genre de commentaires, je ne vois que le prisme idéologique à travers lequel tu considères ces vins.
> Enfin, si ce que tu veux nous asséner comme
> vérité, c'est que le système de vente bordelais a
> sa singularité... et bien oui, tu as décidément
> raison.
>
> Qu'il soit singulier est une chose, qu'il soit un
> miroir aux alouettes en est une autre qui mérite
> d'être écrit.
A nouveau (on ne s'en lasse pas...), c'est le miroir aux alouettes pour celui qui veut bien se laisser prendre. L'achat primeur, si tu tentes un tout petit peu de comprendre les règles, est un achat qui peut être très rationnel. Mais bon, vous semblez voir des pigeons partout. Si tu es amateur de Bordeaux (chacun ses goûts), il est certain que: hors FAV, tu trouveras ces vins au moins 20% plus chers, voire 50%. Dans les FAV, tu es de moins en moins sûr de trouver ce que tu cherches. En plus certains n'aiment pas aller en GD pour acheter des vins. Et la réalité, c'est que, à moins d'écumer toutes les FAV de ton département, tu sauras que tu trouveras des bouteilles dans chaque appellation. Mais tu n'as aucune certitude d'avoir tel ou tel vin. On ne va pas rabâcher ce sujet, mais pour moi, le miroir aux alouettes, c'est de croire qu'on va tout retrouver 20% moins cher dans deux ans. Selon mes observations, depuis le millésime 2005, le prix FAV (région parisienne) n'est jamais inférieur au prix primeur première tranche (tel que vendu grosso modo jusque juin de l'année).
Et il y a un élément dont on ne parle jamais et qui me fait penser au débat sur les notes, Parker et autres. Pour ma part, je fais évidemment attention aux notes et aux conisdérations sur le millésime. Mais au final, je me rends compte qu'il y a aussi des styles et des vins que j'affectionne, au fil des ans. C'est pareil pour les autres régions. Tu sais les vins qui te plaisent en Margaux, en St Julien, en St Em, etc. Si tu t'inscrit dans cette démarche, cela peut aussi avoir du sens d'acheter en primeur. Bref, je me répète, je ne trouve pas absurde d'acheter les 2012 dans deux ans, mais tes gausseries ne font pas vrament écho.
Enfin, personne ne crie ici que tous les 2012 sont une grande affaire. Après, oui, je pense personnellement que Canon et Rauzan à 40 euros HT, c'est une bonne affaire. Idem pour Siran, Grand Corbin Despagne, Malartic, Bourgneuf, Fonroque, du Tertre, Cantenanc B, et il y en a des dizaines d'autres. Et là, je ne vise que des vins à plus de 15 euros. D'ailleurs, peux-tu me dire où tu trouves Bourgneuf 2001 à moi de 20 euros et Feytit Clinet 2001 à moins de 25 euros?
> Je ne qualifierai pas d'abruti ceux qui achètent
> du vin pour faire une bonne affaire mais je ne les
> qualifierai pas non plus d'amateur...
Cela reste de l'idéologie pure que de dissocier de manière exclusive ces deux questions, comme si l'un empêchait l'autre. Encore une fois, la réalité est plus complexe (et plus drôle...!)
> Ce que je trouve chaque année aussi bizarroïde
> qu"étrangéiforme est cette amnésie qui consiste à
> occulter totalement les valeurs absolues pour ce
> concentrer sur les variations relatives de prix.
> Qu'on raisonne comme cela à dessein de spéculation
> me semble cohérent mais si c'est dans l'optique de
> boire ces bouteilles, c'est tout bonnement
> abracadabrant !
Encore une ânerie selon moi. L'amateur de Bordeaux sait que les prix fluctuent chaque année, selon divers paramètres. Au fil des ans, tu sais ce que tu aimes, et tu as des limites pour ceux que tu veux acquérir. Canon à 40 euros je prends, à 55, je ne prends pas. Du Tertre à 21, je prends, à 30, je ne prends pas. Et le résultat des courses est limpide. En 2011, en ce qui me concerne, j'ai principalement acheté en primeurs des vins dont les prix fluctuent très peu (souvent entre 10 et 18 euros), i.e. des Médoc, Graves, Haut-Médoc, Côtes de Castillion, quelques Saint Emilion. En 2012, c'est différent, certains vins sont revenus dans une fourchette que je trouve acceptable.
Tout ça pour dire que si Bordeaux, globalement, pratique des prix délirants depuis une dizaine d'années au moins, il n'en demeure pas moins que 2012, en primeurs, est la première année intéressante pour l'amateur depuis 2008, pour l'amateur qui a un budget limité du moins. Et ça, il faut le dire. Et encore une fois, tous les vins ne sont pas des bonnes affaires, loin de là, mais il y en a une pélée qui en sont.
> Je trouve dommage de dépenser son budget vins dans
> les GCC primeurs bordelais alors qu'il y a des
> dizaines de domaines de grande qualité en France
> et même à Bordeaux dont certains ont beaucoup de
> mal à vendre leur production.
Là. on atteint des sommets. Maintenant, on passe de l'argument "Je n'achète que ce que je bois, et si possible dans un système direct avec un vigneron qui a de la terre sous les semelles" à "N'oubliez pas des domaine de grande qualité française". Tu vas devenir la Marianne de la viticulture autochtone. Car si je te lis bien, on peut même faire un geste citoyen en aidant celui qui vend mal sa production. Tu penses vraiment que dans le Rhône et la Bourgogne, on n'assiste pas à un système qui est tout aussi malin et rentable, et qui ne fait pas plus de cadeau à l'amateur? C'est ce que je trouve de plus drôle dans ce débat.
Cordialement
Frédéric