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Nouvelle vague en Anjou

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Nouvelle vague en Anjou a été créé par PhR

Ci-après, un article de La Pipette n°35, consacré aux nouveaux talents de l'Anjou:

Nou-velle-vague, nou-velle-vague!
Une même passion pour leur terre,
Assis sous la pleine lune, trois jeunes ligers,
C’est la nou-velle-vague, nou-velle-vague!… (air connu)


Cette vague n’avait rien d’une déferlante ravageuse lorsqu’elle aborda au pied des coteaux layonnesques de l’Anjou. C’était la fin du siècle dernier et les ondulations de la vie, qui la menèrent jusque là, eurent tôt fait de rapprocher ces passionnés, prêts à en découdre, chenin faisant, face aux grands cépages loués de tous. Et, cette sorte de groupuscule, dont on devine les limites extensibles (attention, un talent peut en cacher un autre!…), prompt à rappeler l’ouverture d’esprit et l’humanité de ceux qui sont, certains jours, leurs grands frères, voire leur père, avance jour après jour, confronte ses points de vue et laisse deviner que nous tenons peut-être là, l’avenir, ni plus ni moins, des grands vins blancs d’Anjou, issus de chenin. Et pour peu que la rive droite ne voit, avant longtemps, de prince charmant… un peu fou… c’est nous, amateurs et passionnés à notre tour, qui pourrions le devenir, pour ces cuvées à dévouvrir sans perdre le moindre instant!

- Stéphane Bernaudeau, à Martigné-Briand :

Indiscutablement, le régional de l’étape. Depuis onze ans, il travaille chez Mark Angeli, à la Sansonnière de Thouarcé. A ses heures et depuis fin 1999, il produit un Anjou blanc sec, souvent cité parmi les meilleurs. Pas exactement sur Martigné, puisque la parcelle Les Nourrissons est située au lieu-dit Mihoudy, sur la commune d’Aubigné sur Layon. « A 7km dans la direction de mon bras! » précise-t-il, amusé. Une très belle vigne sur un plateau bien ventilé. 71 a 24 sur des schistes phylliteux, verticaux. En novembre 1999, Eric Calcutt la lui cède. A l’aube d’un nouveau millénaire, l’aventure commence vraiment!

Comme il est précisé sur les étiquettes de la cuvée, il s’agit là de vignes centenaires, ou presque, puisque plantées en 1910. Autre point caractéristique, que Stéphane Bernaudeau considère comme une chance, elle n’est pas palissée, malgré la présence de quelques plants de verdelho, variété qui a tendance à subir le vent. Le sol est facile à travailler. Un petit 5500 pieds/ha de densité et un rendement estimé, en moyenne, à 16 hl/ha. Les complents viennent dans les espaces vides, mais, selon l’idée qu’il partage avec Cyrille Le Moing (un autre membre du groupuscule à découvrir prochai-nement!), il fera sans doute un liquoreux avec ceux-ci, ou supprimera la mention « vigne centenaire ».

Puisqu’elle fait très largement son quotidien de vigneron, la biodynamie s’impose à lui, comme une évidence. Cinq ans plus tard, pourtant, il avoue avoir fait une pause dans la méthode. C’est aussi parce que cette nouvelle vague échange beaucoup et confronte ses expériences.
« Je ne m’en suis pas tenu à la biodynamie en 2004, notamment parce que ceux qui la pratiquent, constatent un peu plus de vigueur, avec le temps!… »

Et de préciser :
« Depuis onze ans, nous avons fait évoluer nos méthodes. Naguère, nous étions des forcenés du labour, maintenant beaucoup moins. Désormais, plus labour du cavaillon et enherbement entre les rangs. En fait, on travaille au cas par cas! »
Loin de lui l’idée de s’éloigner de ce qu’il a appris, pour l’essentiel, aux côtés de Mark Angeli. Ces années lui ont permis de se rendre compte que l’on pouvait se passer de beaucoup de choses préconisées dans la viticulture classique.

- Cuvée Les Nourrissons 2004 :
Sur fûts. Un peu de réduction (« Tant mieux! »). 13,5° d’alcool. Une expression tout en finesse, minérale, presque cristalline! Très grand potentiel!

- Cuvée Les Nourrissons 2003 :
Une très fine note pétrolée au nez! Un peu de poire en retour. Une pointe minérale très claire. La signature des vieilles vignes sur le schiste. « Ca file droit et longtemps! Ca tiens en bouche! L’alcool est discret, malgré les 15° d’alcool acquis! Très fin! J’aime ces vins!… »

La nouveauté de l’année, qui pourrait faire courir les passionnés: une nouvelle parcelle, sur le coteau, face à la Sansonnière. Mark Angeli la lui a confiée. 50 ares, qui entraient dans La Lune et qui a pour nom Les Sables.

Au départ, ce sont des Mexicains qui ont surgréfé ce gamay! Il en reste d’ailleurs quelques pieds, qui seront peut-être vinifiés en rouge pour une consommation tout à fait personnelle! 30 ans, en moyenne et un sol de sable et graviers, comme il se doit. En dessous, de l’argile et le tout en appellation Coteaux-du-Layon. Mais, il s’agira pourtant bien d’un sec, d’un autre sec.

- Cuvée Les Sables 2004 :
Selon le vigneron, depuis le départ, le vin ne se montre pas sous son meilleur profil. «Une pointe végétale tenace, un peu vieille barrique!…» La décision de son éventuelle commer-cialisation, dès cette année, ne sera prise qu’après la fermen-tation malolactique.

Allons! Encore un peu de patience!…

- Richard Leroy, à Rablay sur Layon :

Originaire des Vosges, Richard Leroy n’était pas, à priori, programmé pour cette passion pour le chenin. Le déclic, le coup de cœur, survient au début de la dernière décennie du XXè siècle, après quelques années passées à Paris, en tant qu’employé de banque! Avant, d’une fac de science-éco, au lycée de Mâcon-Davayé notamment, le couple Leroy fréquente aussi la Bourgogne viticole. L’envie est grande de s’y fondre, mais les conditions d’installation, à l’époque, les laissent perplexes. Finalement, au-delà des heures de bureau, la passion pousse le futur vigneron aux côtés de Steven Spurrier, à l’Académie du Vin, puis au club Grains Nobles, avec Bernard Burtschy. Puis, c’est donc la découverte de quelques cuvées de Layon, au Salon de l’Agriculture, en 1991 et, dans la foulée, la rencontre avec Joël Ménard, enfant du cru de Rablay, qui fera beaucoup plus que lui mettre le pied à l’étrier. Il n’est encore, selon ses propres termes, qu’un «amateur béotien»! Après investigations, il jette son dévolu sur une parcelle du coteau de Montbenault. Au bout de deux longues années, il obtient gain de cause. Nous sommes en 1996, ce sera son premier millésime.

Depuis lors, il n’est pas rare d’apercevoir Richard Leroy, pioche en main, sur l’une de ses parcelles. Le Clos des Rouliers, non loin du village de Faye d’Anjou, apporte une alternative. Selon les dires du vigneron, le vin y est plus facile, plus tendre. Depuis peu, il défriche une autre… lande! Lierre, ronce et bientôt vigne sur un terroir de Rablay, plus riche, destiné à y faire uniquement un blanc sec.

Au-delà du travail à la vigne (il taille en gobelet allongé et palisse de nouveau le haut du coteau de Montbenault qui souffre des rafales d’ouest), il est passionné par les nuances qu’apporte l’élevage en barriques. A condition de maîtriser le bois, son choix se porte, de plus en plus, vers le chêne neuf de bonne origine.

«Ce qui est intéressant, c’est quand tes barriques ont vu deux, trois ou quatre de tes vins! Au delà, c’est trop vieux!»

Lors de la dégustation, tout s’éclaire: en 2004, pas moins de six lots en sec sur Montbenault :

- Lot 1 : dur en ce moment! Minéral à souhait!
- Lot 2 : malo terminée. Très sec. Révèle tout à fait l’opposition du vigneron au sucre résiduel : 1 gr, pas plus! Une autre barrique de ce lot est neuve. Notes de térébenthine!… Pas mal!
- Lot 3 : une autre barrique, neuve en 2002 : le nez n’est pas du tout en place. Surprise! Les barriques d’origine bourguignonne (7 vins, de chez Matrot, à Puligny!) boisent encore!…
- Lot 4 : récolté à 14°! Dans sa phase prise de bois.
- Lot 5 : un peu de botrytis!? Est-ce le liquoreux de l’an dernier dans cette barrique?…
- Lot 6 : 13,5°. Vendangé après les pluies, sur botrytis, grappes roses. Sera-t-il intégré à Montbenault?…

Qu’en est-il de 2003, en sec?… En fait, les circonstances ont fait que Richard Leroy a fait le contraire des autres, qui, pour la plupart, ont d’abord effectué des tries de nettoyage, en ramassant les grains nobles, puis les raisins destinés aux secs.

« Montbenault est une poudrière! Alerté par les tomates de notre jardin, pendant l’été, j’ai pu faire la différence entre les peaux épaisses qui n’étaient pas mures et la pulpe qui menaçait de pourrir. Résultat, des secs récoltés à 13,5°! Après un pressurage de grains nobles, la fraîcheur, la tension sont préservées!»

Les liquoreux ont, quant à eux, plafonné à 20°, mais le potentiel est énorme. A cause du gel, le Clos des Rouliers sera rare. Rejoindront-ils les 2001 des Noëls de Montbenault, qui de l’aveu même du vigneron, ont montré l’effet terroir le plus énorme qu’il y ait connu?… Affaire à suivre!…

En plus de ses cuvées, Richard Leroy s’est aussi fait connaître pour son sens de la formule. Exemple:
« J’fais pas du bio, j’fais du vin! »

Certains ont pu le lui reprocher, mais, peut-on en vouloir à quelqu’un qui déborde ainsi d’enthousiasme au quotidien, de passion et de sincérité?
A Rablay sur Layon, au 52, Grande Rue, de beaux moments à partager!… Les amateurs ne peuvent l’ignorer!

- Olivier Van Ettinger, Domaine de la Charmeresse, à Faye d’Anjou :

Lui aussi s’est installé en 1999. Sans doute, celui qui est le moins médiatique du trio. La raison tient peut-être à l’option prise pour la commercialisation de ses cuvées. Quelques amateurs, mais surtout la restauration parisienne, à qui il ne manque jamais l’occasion de rendre visite, privilégiant le contact direct à toute autre formule à caractère artificiel et souvent distant. Au domaine, la gamme est aussi plus complète : des Anjou blancs, des Layons, bien sur, mais aussi un Anjou rouge et même un Rosé! Sans oublier, un Sauvignon liquoreux « Ode de Vie », dont le millésime 2003 se plaît à dérouter tout amateur qui se présente : très belle complexité aromatique, d’abord sur les fruits blancs, puis des notes florales qui vous porteraient allègrement jusqu’en Alsace!…
Un grand-père d’origine hollandaise, une enfance normande et la viticulture qui l’amène en Anjou. D’abord au contact de Luc Arnaud qui l’a véritablement lancé, puis avec Claude Papin, Patrick Baudouin et… Mark Angeli. Belle brochette de maîtres de stages!…

Le dernier eut une influence décisive sans doute. Le credo, l’éthique du Domaine de la Charmeresse se résume en une phrase:
« Simple et rigoureuse, elle consiste à proposer un vin sincère, franc et naturel, qui concentre les caractères gustatifs uniques du terroir et du millésime. »

Six hectares de vignes, réparties sur quatre communes : Faye d’Anjou, Beaulieu sur Layon, Rablay sur Layon et Thouarcé. Le chenin des Anjou secs est planté sur des schistes carbonifères en début de coteau, sur la rive droite du Layon. Le Clos des Oussigoins est dans le secteur de Montbenault. En 2003, pas plus de 27 hl/ha, récolté à 14° nature. Pressurage direct, pas de débourbage, mise en barriques de quatre vins. La malo s’y déroule, bien qu’elle ne soit pas recherchée. Dans ce millésime, il reste 10 gr de sucre résiduel, mais un très bel équilibre et une étonnante fraîcheur sont de la partie!

Les Layons, dont la très belle cuvée « La Galante », sont plutôt issus de secteurs de schistes gréseux. En 2003, une prédominance d’arômes joliment exotiques à ce stade. Et 160 gr de SR sans lourdeur, sans la moindre déviance aromatique. Net, droit et franc. Quel beau flacon!…

« Les vignes, c’est quelque chose, mais, ce qui est important, c’est ce qui est dans le verre! Ça doit être bon! »

Comment ne pas y adhérer?…

PhR
04 Jui 2005 18:04 #1

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Réponse de EricD sur le sujet Re: Nouvelle vague en Anjou

A la faveur d'une dégustation ce week-end j'ai découvert les domaines:

- Stéphane Cossais à Montlouis;
- Regain à Martigné-Briand;
- Venier à Candé sur Beuvron
- L'Ange Vin à Chahaignes.

J'ai trouvé la plupart de leurs vins délicieux, surtout ceux du domaine du Regain (fabuleux Anjou secs et Coteaux du Layon). Je suis surpris de n'avoir presque rien trouvé sur ces domaines dans le moteur de recherche. Les "régionaux" (et les autres...) les connaissent-ils ? Il me semble que ces domaines vont faire parler d'eux.
Eric
06 Jui 2005 13:34 #2

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Réponse de PhR sur le sujet Re: Nouvelle vague en Anjou

Oui, oui, Eric! Certains de ces noms sont sur mes tablettes!... ;-)
Je dois essayer de les rencontrer dans les prochaines semaines...

Et notamment ceux qui vont composer la deuxième nouvelle vague : Cyrille Le Moing (à Martigné), Jean-Christophe Garnier (à St Lambert) et Claude Pichard (pour ses rouges, à Ambillou-Château).

Cordialement,

PhR

PS: en plus il y a la "pré-nouvelle-vague" qui est toujours là et bien là!... Eric Morgat, Damien Laureau, par exemple! ;-)
06 Jui 2005 18:16 #3

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Réponse de ptitphilou sur le sujet Re: Nouvelle vague en Anjou

Merci pour ces (re)découvertes, PhilR !
Va falloir qu'on se fasse les nouvelles stars de Touraine ensemble, avec Xavier.
Et ceux d'Anjou aussi. D'ailleurs, je vais bientôt pouvoir goûter aux Nourrisons 03 (18 € effectivement). J'ai hâte !
J'ai goûté avec les "DCiens Parisiens", lors d'une spéciale Touraine, le Savennières Bel Ouvrage 02 de Laureau : superbe Savennières, grande matière, tendue par une acidité parfaitement maîtrisée. C'est d'ores et déjà un grand vin, complexe, à la longueur magistrale. A titre de comparaison, l'Enclos de Morgat dégusté il y a peu est très loin d'atteindre un tel niveau. Je ne suis pas loin de penser que c'est quasi le meilleur Savennières de ce millésime. A revoir dans quelques années, où ce sera passionnant de comparer (de pref à l'aveugle), Morgat, Soulez, Beaupréau d'Ogereau, la CdS et Bel Ouvrage. La Loire à son plus haut niveau !
06 Jui 2005 19:25 #4

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Nouvelle vague en Anjou

Bonjour

Je connait le Domaine du Regain pour avoir été déguster toute une matinée chez Fatima et Frédéric Etienne. J'ai goûté à presque tous leurs vins l'Anjou Rouge Corto est superbe, leur rosé qui est un assemblage de grolleau et Cabernet, leur sélection de grain noble est splendide avec ce qu'il faut de notes d'agrumes.

Mais autant que leurs vins c'est le cadre naturel où ils sont situés au lieu dit Cornu entre Thouarcé et Martigné qui est magnifique et leur façon d'en parler, leur parcours, le défi qu'ils se sont lancés pour faire le vin qu'ils veulent.

C'est vraiment mon coup de coeur de l'année, de plus en plus le vin ressemble à ceux qui le font, et là c'est flagrant, élégance, discrétion, générosité, passion et les prix pratiqués sont vraiment accéssible. A découvrir d'urgence, je vous le garanti et Fatima et Frédéric sont vraiment très gentils.
07 Jui 2005 10:50 #5

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Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck