C'est avec entrain qu'on se retrouve chez Daniel et Simone, l'occasion étant de fêter les 60 ans de Daniel ; cela promet !!
Chaque série (3 vins, sauf pour les transitions bien entendu) comprendra des vins de même millésime, et de plus, hormis pour les Champagne, deux d'entre eux auront des points communs, le troisième faisant office d'intrus,T
out est bien évidemment servi à l'aveugle total..
On se lance donc pour l'apéro :
1-- Piper-Heidsieck Champagne Brut « Rare » 2008. 70% CH 30% PN
Bulles fines, robe jaune or moyen, brillante,
Très joli nez sur les agrumes, les fleurs blanches, des fruits blancs aussi (pomme) et cette belle minéralité craie mouillée,
En bouche, on retrouve la pomme, une discrète évolution, la craie ; il y a une très belle acidité, c'est même assez tendu.
Le vin est très pur, d'une finesse pleine d'élégance, la finale très saline et la longueur très bonne.
Très beau Champagne d'apéritif
,
2-- Gosset Champagne Extra Brut Celebris 2008, 54%CH 46%PN,
Robe jaune or un peu cuivré,
Nez profond, une petite pointe agréable d'oxydation, des fruits secs, des épices douces ; des fruits blancs et aussi des notes florales, comme du jasmin, et des notes minérales aussi, pas de la craie comme le 1er mais plutôt approchant d'une huile minérale.
En bouche, l'attaque est franche, c'est plus ample mais très dynamique.
Acidité bien marquée, quelques fruits secs et des feuilles mortes.
Finale vive, très belle longueur sur des notes d'évolution nobles.
Très beau Champagne aussi, d'une belle complexité
.
3-- Bollinger Champagne Brut, La Grande Année 2008 71% PN 29%CH, Dégt 11/2018,
Nombreuses larmes , bulles de grande finesse.
La robe jaune or est assez proche du Gosset, avec un peu d'évolution.
Au nez, un beau boisé est encore perceptible, des notes de vanille, d'épices, de fruits jaunes et une trace d'oxydation,
En bouche, c'est « large » ; très belle matière, mûre, riche, crémeuse, superbement équilibrée par l'acidité, de beaux amers et une finale saline ; très long en bouche.
Un grand Champagne, magnifique
.En conclusion de cette première série, trois très beaux vins.
Il y a de la réflexion dans la préparation je trouve, tant par la superbe qualité, allant crescendo pour mon goût, que par la proportion des cépages, allant de la majorité Chardonnay à la majorité Pinot noir en passant par un point (presque) d'équilibre.
Du beau travail, Daniel !
Entrée sur un superbe duo de saumons, accompagné de 3 blancs de Riesling 2010 :
4-- Zind-Humbrecht Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain, Alsace Grand Cru Riesling 2010
A noter que la première bouteille étant bizarrement évoluée, Daniel avait ouvert une seconde ; c'est de celle-ci que je tente de rendre compte,,,
La robe est d'un jaune doré assez prononcé.
Le nez est sur les hydrocarbures, les agrumes, des notes de mirabelle, fruit de la passion,
L'attaque en bouche est très douce ; c'est très mûr, assez puissant, avec quelques sucres encore perceptibles, sans manquer de délicatesse,
On y retrouve des amers d'agrumes, des épices et quelques fruits exotiques.
Il y a pas mal d'amers en fin de bouche et une relance saline. Très bonne longueur,
5-- Georg Breuer, Rheingau Nonnenberg, Riesling 2010
Le nez est également sur les hydrocarbures et les agrumes, accompagnés de fruits blancs ; à chaque reprise du verre, j'ai noté une odeur fugace de « vernis »,
La bouche est plus droite que le Rangen ; c'est vif, tendu, moins riche mais sans manquer d'ampleur.
C'est très pur, avec très peu d'alcool perceptible ; longue et belle finale sur de très beaux amers,
Un très beau vin, qui me parait plus alerte que le Zind.
6-- Weingut Bürklin Wolf Hohenmorgen GC Riesling 2010
Ici aussi, c'est une seconde bouteille ouverte par Daniel, la première lui semblant bizarre,
La robe fait très évoluée, légèrement trouble, quelques éléments en suspension,
Un peu d'oxo au nez, des effluves de vieux grenier, puis les hydrocarbures, agrumes accompagnés de fleurs blanches,
En bouche, belle ampleur, c'est riche, mûr, puissant, mais c'est en-dessous des deux compères.
Conclusion : préférence personnelle assez nette pour le Rheingau , très pur et très classe.
Mais beau Zind.
Une petite transition, en attendant Simone qui est à la pêche au cabillaud :
7-- Pedra de Guix Terroir Al Limit, Soc, LDA, Priorat 2014 34% Macabeu 33% Grenache Blanc 33% Pedro Ximenez
Pressurage dans un vieux pressoir vertical. Les grappes entières sont foulées délicatement pendant une heure, puis le pressoir termine délicatement le travail.
Pendant tout le procédé, il y a une interaction entre l'extraction, l'oxydation et la macération, ce qui donne à ce vin son expression particulière. Il passe 2 ans en foudres, en tout, dont un an sur lies.(La Buenavida)
Un vin quelque peu intrigant mais très intéressant.
La robe est d'un brun clair légèrement orangé, cela fait très évolué,,,
Le nez est très discret au départ, un peu de pomme, des notes d'oxydation, des épices et des herbes aromatiques furtives,
La bouche est plutôt stricte, avec quelques tanins, une acidité bien présente et aucune perception d'alcool,
C'est un beau vin, fin, pur, profond, salin ; plus riche au réchauffement.
Avec le superbe cabillaud arrivé entre-temps, de nouveau 3 blancs de 2010 :
8-- Pierre-Yves Colin-Morey Chassagne-Montrachet 1er Cru La Maltroie 2010
Le nez est franchement sur le beurre, évolué, avec un boisé très caramel,
Attaque riche en bouche, avec toujours cette sensation de caramel ; c'est gras, sur quelques agrumes.
J'ai la nette impression que cela a dû être meilleur ; suivant les sensibilités, on navigue entre évolution et oxydation,
9-- Pascal Cotat, Sancerre La Grande Côte 2010
Ici, la robe est jaune clair avec de petits reflets verdâtres,
Le nez est du type végétal, un mélange de rhubarbe et d'orties, une pointe d'anis, de la poire et quelques nuances de fleurs,
La bouche est riche, bien mûre, avec cette aromatique très typée des Cotat (c'est mon impression et je me comprends,,,), Un poil de vivacité supplémentaire m'aurait fait plaisir mais c'est un beau vin.
Finale saline et bonne longueur,
10-- Rapet, Corton-Charlemagne 2010
La robe est d'un jaune or assez pâle.
Très beau nez sur les fruits secs, noisette et amande, avec un beau boisé en toile de fond, des agrumes et surtout de très nettes notes d'ananas qui, si elles sont furtives, apparaissent à chaque fois qu'on y replonge.
En bouche, l'attaque est sur le fruité, avec des notes de fruit exotique.
C'est ample, mais d'une puissance maîtrisée ; superbe complexité, précision, équilibre et finale sur la minéralité pour ce très beau vin qui est encore très jeune.
Conclusion : crescendo ici aussi donc, avec l'intrus assez vite identifié (et nommé) et un Corton-Charlemagne au-dessus de la mêlée.
Ah !!! Pour se remettre et en attendant la suite, une petite transition, qui porte bien son nom puisqu'on change de couleur !
11-- Fanti, Brunello di Montalcino, Vallochio 2010
Le dernier 2010 d'une belle série.
Nez sur les fruits rouges et noirs, la prune, le boisé avec du tabac, du cuir.
C'est mûr, plutôt puissant, il y a encore quelques tanins et ce boisé qui me semblent à intégrer.
Un beau vin, qui apparaît à cet instant un poil rustique ; mais bu seul et suivant le Rapet, ce n'était peut-être pas un cadeau.
Sur le premier plat de viande, trois rouges :
12-- Ornellaia Bolgheri Superiore 2004
Nez sur les fleurs séchées, du cuir, boîte à cigares (très discret), les traces d'élevage et quelques fruits rouges,
En bouche, attaque en souplesse, avec une belle matière ; c'est riche mais cela reste équilibré par cette belle fraîcheur qui suit, Belle et longue finale.
13-- Castello di Ama L'Apparita, IGT Toscana 2004, 100% Merlot
Ici le nez est plutôt sur les fruits noirs, des épices, du poivre,
En bouche, c'est puissant, plus ferme, droit, voire strict ; notes de goudron et de tabac froid,
On peut détecter aussi un côté terreux et des amers en fin de bouche.
C'est très bien mais moins fins que les deux autres compagnons
.
14-- Tenuta San Guido, Sassicaia 2004
Le nez est ici bien plus ouvert, très complexe, des fruits noirs, de la cerise bien mûre, des épices (girofle?) des herbes aromatiques séchées.
Magnifique bouche, souple, de grande élégance, des tanins très fins et une fraîcheur superlative.
Un vin d'une magnifique finesse et à la longue finale sur cette belle fraîcheur,
Autant j'étais resté sur ma soif (façon de parler,,,) avec le 2005 l'an dernier, autant celui-ci m'a enthousiasmé.
Conclusion : Sans discussion pour moi, le Sassicaia survole l'affrontement.
Ici, sans transition, si je puis dire, mais non sans impatience, on passe aux trois rouges suivants qui accompagneront la viande :
15-- Domaine JL Chave, Hermitage 1999 rouge
Le nez est très fumé, lardé, sur les fruits noirs, les épices et la tapenade ; cela envoie sans hésitation vers un beau vin de syrah en Rhône Nord.
En bouche, il y a une belle matière, structurée, souple, d'un équilibre parfait grâce à cette fraîcheur toujours bien présente. Notes de réglisse et de goudron sur la fin de bouche, Belle longueur,
Un superbe Hermitage.
16-- Vega Sicilia, Ribera Del Duero, Unico 1999
Au nez, un peu de bois, des fruits noirs, un côté fumé, un reste de tabac...
En fait, depuis le début, j'ai quelque chose qui me dérange : un côté lacté, de carton mouillé, des tanins un peu durs ; on n'est pas nombreux autour de la table à lui trouver un défaut, mais ce n'est pas net pour moi.
Ceci dit, c'est puissant en bouche, cela semble bien équilibré, mais j'ai du mal de m'appliquer,,,
Au lever de la chaussette, c'est pour moi une des très rares déceptions de cette magnifique journée.
17-- Michel Chapoutier Le Meal Ermitage 1999 rouge
Nez assez sauvage, sur le tabac, le cuir, le café,la tapenade, les épices.
En bouche, des tanins bien présents mais racés, c'est puissant, costaud, de bon équilibre et bien en place mais j'ai une petite préférence, sur ces bouteilles et en l'(mon ?) état, pour le Chave.
Bon, c'est pas tout, on passe aux fromages ! Chasse à l'intrus donc !
18-- Thibault Liger-Belair Nuits-Saint-Georges 1er Cru, Les Saint Georges 2006
Nez sur des fruits rouges acidulés, la cerise, des épices, des herbes aromatiques et du cuir. Pointe de tabac,
Belle fraîcheur, des tanins souples, de corps moyen, plutôt en finesse. Longueur correcte,
Un très beau vin de Pinot ; à mon avis à boire.
19-- Domaine Confuron-Cotetidot, Charmes-Chambertin Grand Cru 2006
Là, j'ai du mal aussi ; c'est austère et fermé à quatre tours malgré la préparation de la bouteille,
Nez fermé, strict, quelques fruits noirs éventuellement à la longue.
En bouche, austérité cistercienne, même si ce n'est pas sûr que ce serait passé comme vin de messe,,, allez, pas mal d'amers en fin de bouche, et encore plus d'amertume à l'apparition de l'étiquette,,,
Attendre 5 ou 10 ans, on ne sait jamais,,,
Quelle déception !!! Sorry,
20-- Henri Bonneau, Châteaneuf-du-Pape, « Marie Beurier » 2006
Nombreuses larmes,
Ici, le nez est plus riche, une pointe d'alcool, puis des fruits noirs et rouges bien mûrs, des épices et du sous-bois,,
En bouche, des tanins bien présents mais discrets et souples, une fraîcheur bienvenue ; c'est fin et délicat malgré la belle matière ; très bon équilibre et longue finale pour ce très beau vin.
Conclusion : difficile pour moi de séparer deux des vins, avec une préférence quand même pour le Bonneau ,
Pour la soif et la route, un Bonus extraordinaire, et un coup de cœur !
21-- Domaine Bart, Bonnes Mares Grand Cru 2009
Légère évolution sur le disque.
Le nez est de suite ouvert et très expressif ; plein d'épices et de douceur, des fruits bien mûrs, surtout rouges,
La bouche est gourmande, tout en rondeur, élégante et bien structurée, avec une splendide fraîcheur (qui plus est pour le millésime),
On devine la puissance mais cela se boit tellement facilement qu'on ne devrait pas attendre,,,
Magnifique !
Une conclusion générale ?
Difficile de faire une telle magnifique sélection de bouteilles sans avoir, inévitablement, l'une ou l'autre déception à la dégustation, puis encore plus à la levée de la chaussette.
Mais retenons la très grande majorité ; ceux au top, ceux qui nous émeuvent :
En ce qui me concerne, très grands souvenirs des trois vins de Champagne, du Breuer, du Corton-Charlemagne de Rapet, de l'immense Sassicaia en 2004, du Chave, du Bonneau et de ce magnifique Bart.
Voilà une magnifique journée encore terminée.
Merci aux amis.
Grand merci à Daniel pour sa compétence et sa générosité dans le choix des bouteilles et à Simone pour la belle et bonne cuisine,
Merci au lecteur et désolé pour les approximations...ainsi que pour les mauvaises photos.
jlj