C'est samedi soir que nous avons décidé de nous voir.
Une dizaine d'amis, autant (ou presque) de bouteilles, à l'aveugle, et qui plus est un ordre des vins tiré au sort pour ne pas avoir à décider si l'on part des plus jeunes aux plus vieux ou inversement.
Ce qui a probablement été cause d'ombre pour certains, et lumière pour d'autres...

Vin 1 :La robe est évoluée, le nez part sur le médoc, on se demande d'emblée si ça n'est pas un pirate. Le boisé n'est pas fondu, et est même vulgaire en bouche. Alcooleux, vulgaire, pas agréable... Et c'est un Soutard 1998, ce qui m'étonne, j'avais un peu plus d'estime pour ce cru. Mais bon, on va pas se fier à une bouteille toute seule comme ça.

Vin 2 : Robe un peu évoluée, merlot au nez, arômes de champignons, de torrefaction. En bouche, la matière est superbe, ronde, très élégante, les tannins encore un peu présents en finale, mais nullement dérangeants. Plus le vin s'ouvre, plus la noblesse est là. On a affaire à un grand vin, et il s'agit de la Conseillante 1995. Le vin de la soirée pour moi.

Vin 3 : légèrement bouchonné. Argh, puisque la matière derrière est intense. On a l'impression que le vin est encore jeune. Mais ce bouchon gâche tout. C'est vraiment dommage sur ce Angélus 1994 !

Vin 4 : dès le début, un ami part sur le Languedoc. On sent bien le roi Merlot, mais il est bien mûr. 2003? Le vin semble jeune, très jeune. Le boisé semble assez particulier, portant une matière magnifique. Le nez s'ouvre sur un nez de myrtilles/mûres. La bouche est ronde, très charnue, charmeuse, et c'est le pirate de la soirée, Lazio Falesco Montiano 2001, qui se goûtait fort bien! Il a fait son boulot en bluffant tout le monde.

Vin 5 : nez plutôt doux, boisé fondu, pas très très fin. La bouche est ronde, assez jolie, à point maintenant. On a quand même l'impression que le terroir ne cause pas beaucoup... Et c'est un Saint Emilion GC Chateau Monlot 2003. Un bon p'tit vin.

Vin 6 : Le nez est puissant, un peu alcooleux, bien en relief. L'impression que le vin est jeune. En bouche, on a une grosse matière, avec une petite amertume en finale. Et c'est un peu court. C'est le Chateau Farquet 2003, en Montagne St Emilion. Meilleur que le 2003 précédent quand même, plus complexe.

Vin 7 : La robe est noire. Le nez peu expressif au premier abord. Les arômes de fruits noirs arrivent ensuite, puis le graphite. C'est un vin passionnant qui se dévoile petit à petit. En bouche, la matière est belle, tendue, serrée, encore très jeune. En finale, c'est très élégant, très fin, et ça dure, ça dure... Je trouve rarement un rouge minéral, mais je trouve dans celui-là ce que je mets derrière ce mot. Et ce grand encore gamin est un Angélus 2006.

Vin 8 : pas ridicule après le précédent. La robe est un peu similaire, le nez peu expressif au début part encore sur un nez fin, élégant, sur la mûre, le graphite. En bouche, la matière est bien équilibrée, encore jeune, complexe... Il a besoin de temps encore pour s'épanouir. Et c'est un Château Beauséjour 2006, Montagne Saint Emilion. J'avais presque eu envie d'amener le 1901 à cette dégustation, mais je suis plutôt content que ce vin se soit montré aussi bien face à l'Angélus du même millésime.

Vin 9 : a un peu de mal après ces 2 monstres. Le nez est agréable, mais un peu "facile", pas très complexe. En bouche, c'est un vin un peu vulgaire, avec des tannins un peu sec. Mais l'ordre ne l'a pas du tout servi... Pauvre Lussac Barbe Blanche 2005...

Mon top 3 est 1 - Conseillante 1995, 2 - Angélus 2006, 3 - Beauséjour 2006

En bref, on ne sait pas si on en sait beaucoup plus sur le Libournais à la fin de la soirée, il y a encore tellement de style à appréhender. Mais on commence peut-être à mieux saisir certaines choses.

En tout cas, la dégustation à l'aveugle sur ce genre de soirée est vraiment pertinente. Quant à l'ordre au hasard, ça a donné quelques comparaisons intéressantes, comme les 2 2003 ou les 2 2006, mais je ne suis pas sûr que ça soit à faire systématiquement...

Nico