Encore une dégustation de dernière minute ! Le mot d'ordre est : "Surprendre". Chacun amène une bouteille, si possible un domaine que l'on boit rarement, un producteur émergent, ou un vin que l'on a pas l'habitude de boire vieux. Puisque je suis l'hôte, j'ai ouvert 5 vins. Impossible d'être raisonnable car tout le monde a répondu présent !
Libe, qui me connaît bien, ouvre le bal sur un producteur que je n'ai jamais goûté dans un millésime ancien ; Je ne connais qu' Edouard de Besserat pour des vins de plus de 20 ans...
BESSERAT DE BELLEFON 1979
Le nez est à point avec ce boisé de luxe , ce flot d'agrumes et de fougères. Le cordon est impeccable de fraîcheur, tandis que des arômes de noix de coco et de citron anisé tapissent la langue. Il manque juste un poil de longueur pour égaler les cracks du millésime. 92/100
CHÂTEAU DE BELLET Blanc 1983
C'est le seul blanc qui m'inquiète, car le niveau frôle la mi-épaule. Sur un vin si jeune, ça craint ! Mais je connais sa traçabilité et la couleur a la clarté d'un vin très jeune. Dès l'ouverture, je suis rassuré. Il n'a pas souffert.
Le nez d'épices, de pêche blanche, de menthol et de pétrole me fait un immense plaisir. C'est grand ! La bouche est un ton en dessous , en particulier sur la persistance. Pourtant, cette délicatesse d'écorce d'orange, de minéraux et de menthe poivrée arrive à faire l'unanimité. Bien sûr, l'épreuve de l'aveugle aura été fatale à tout le monde, mais après quelques indices, j'entends de bonnes choses. 92/100
DOMAINE D'OTT Blanc 1987
Peu de gens sont dans la confidence, mais ce millésime a donné des vins immenses à Bandol. Les amateurs ayant goûté un Vivone 1987 savent de quoi je parle ! Qui a déjà testé un blanc de plus de 20 ans dans cette appellation ? Pas grand monde je crois. Ils sont toujours consommés trop vite comme les rosés...
Cette fois encore, le nez est en pleine forme : Fruits d'été pochés, aneth, réglisse. La bouche tranche complètement avec le précédent, car beaucoup plus sèche et massive, avec un alcool dominant. La chaleur de l'année se fait entendre. Un vrai seau de fruit macéré, un peu trop lourd pour être inoubliable. Mais c'est très bon quand même. Encore une fois l'aveugle rétame tout le monde ! 90/100
HERMITAGE Blanc 1966 Chave
Le millésime est illisible, mais la bouteille provient d'un lot qui contenait des Chave rouges 1966. L'aspect de la bouteille et la couleur du vin confortent cette "quasi" certitude. C'est un vrai trésor ! Comme tous les domaines prestigieux du Rhône, il est maintenant impossible ou presque de mettre la main sur des flacons de plus de 30 ans. En effet, qui possède encore des Chave, des Rayas, des Bonneau, des Guigal etc... antérieurs aux années 70??
C'est mon premier vieux Blanc de ce domaine.
Le nez est une bombe de café, de pain grillée qui lui donne un faux air de Chardonnay. Seuls les arômes de tatin à l'abricots peuvent permettre d'éviter le piège. Lolive est le seul a se lancer où il faut. L'attaque en bouche est totalement inattendue, grâce à l'acidulé du pamplemousse et du citron. Le gras est apporté par ce doux mais lourd parfum de lanoline, tandis que la finale s'étale sur la peau de noix et le safran. C'est un modèle d'équilibre et de complexité, mais j'avoue un faible pour la monstrueuse puissance du Chante Alouette 1955... 95/100
POUILLY FUME "MAJORUM" 1990 Redde
A l'heure où l'on ne parle que de Dagueneau disparu trop tôt, j'ai eu envie de montrer à mes amis que d'autres étaient aussi doués...
Le nez hyper puissant de buis, de pêche blanche, de noisette et de citron vert est à se damner. En bouche, c'est incontestablement le plus massif de la série, et peut être le plus accompli... L'attaque est presque sucrée tant elle est riche. On note de la poire pochée, de la pêche au sirop, de l'anis étoilée et du noyau. La finale est interminable. Encore bien trop jeune, il me rappelle un peu l'esprit de " L'asteroïde "... 95+/100
Je rappelle que ce vin a été payé 30 euros ; A vous de voir maintenant...
PESQUERA RESERVA 1975
La encore il rentre parfaitement dans la logique de la soirée. On trouve encore des vieux Rioja, mais des vieux Ribera del Douero, c'est une autre histoire... Exemplaire unique de ma cave. Le nez de copeaux de bois rappelle les ateliers de menuiserie de notre enfance. On note aussi le caramel brun et le cassis. La bouche est parfaitement conservée, sans acidité aucune. Belle déclinaison de chêne neuf, de café et d'eucalyptus. Personne, à l'aveugle, ne se doute d'une telle surprise... J'ai encore la très rare cuvée Janus sur le millésime 1982...J'ai hâte ! 93/100
DOMAINE DE TREVALLON 1989
Le nez est curieusement un peu austère. Le cassis, la fourrure et l'olive sont là, mais j'ai déjà connu bien plus exubérant pour un vieux Trévallon...La bouche est plutôt axée sur le zan, le thym et la framboise, mais l'acidité qui monte comme une marée, signe un vin au delà de son pic de maturité. Dommage car le 1989 est l'un de mes plus grands souvenir pour ce domaine. 88/100
CLOS DE GAMOT 1961
Un Cahors rare qui peut parfois être grandiose ! Celui-ci est bouchonné ;Je suis en rage. NN
CHÂTEAU DES JACQUES 1959
Ceux qui me suivent régulièrement le savent, je suis un grand admirateur des Beaujolais. Je reste persuadé que certains crus anciens égalent les meilleurs Pinots. Je rappellent encore une fois mon 99/100 pour le même vin en 1947... Nous avons déjà goûté ce vin que certains avaient pris pour un vieux Cheval Blanc, à cause d'entêtants parfums de noix de coco. Le niveau n'était pas parfait et c'est fatal cette fois -ci... NN
CHÂTEAUX PRADEAUX 1976
Il fallait un Bandol...Le nez superbe rappelle le cuir usé, la noisette et le cassis macéré. La bouche offre le tanin râpeux espéré avec une touche de confit, d'eucalyptus et d'épicéa. Encore un magnifique exemple de ce que ce terroir peut produire. Mon classement pour Pradeaux serait dans l'ordre de préférence 1978, 1985, 1975, 1982, 1979, 1966, 1990, 1987, 1988, 1989, 1986. 92/100
CHÂTEAU FONROQUE 1947
Les 2 vins KO m'ont énervé, et j'ai donc décidé de les remplacer par ce flacon. Il n'a été ouvert qu'une heure à l'avance, mais comme je le dis toujours, lorsqu'un vin est mythique, il l'est dès le débouchage. Ce St Emilion est inconnu de presque tout le monde sur des millésimes anciens. Il n'apparaît dans aucun guide,n'est cité par aucun critique, mais comme vous le savez, il me suffit d'un mot, d'un indice.... C'est donc dans un vieux livre d'Arthur CHOKO que j'ai trouvé cet indice. A part les lignes de cotation des différents crus de la planète, cet auteur ajoutait parfois un commentaire. Pour Fonroque il avait donc ajouté que les vins des années 40 égalaient les 1ers grands crus classés. Je m'étais toujours juré de vérifier un jour cette affirmation. La semaine dernière un collectionneur m'avait proposé cette bouteille dans un état sanitaire parfait pour 90 euros. Je le sentais, cette bouteille m'appelait. CHOKO avait raison, merci l'ami, à mon tour désormais d'informer les autres...
Le nez est d'une précision redoutable, un mixe des 2 rives : Croûton de pain, café grillé, herbes humides, cèdre et fruits noirs compotés enduits de chocolat. La bouche est un cas d'école pour ce millésime. Ces derniers temps je n'avais bu que des 1945, et mon dieu, je retrouve 1947, ce vieil ami, avec un plaisir impossible à cacher ! Le tanin est une crème aussi jouissive que la chantilly ou peut être celle aux marrons, ou encore celle fraîche d'Isigny...Peu importe, c'est trop bon ! Un manège enchanté de pruneaux, de cassis, de chocolat, de cuir...Ca ne s'arrête plus, Stanislas m'emporte " Ce beau manège, ce grand manège me met la tête à l'envers la la la la la"... 99/100
CHÂTEAU MASBUREL Blanc 2004
Un Montravel composé de 80% de sauvignon et 20% de Sémillon. Lolive le maître des carafes nous l'amène à point après 8 heures d'aération ! Le nez explose sur le Litchi, l'écorce d'orange et la tatin de pommes. La bouche se marie bien aux fromages. Elle est d'une puissance brutale... Fruits confits, pâte de dessert avec une finale superbe. Quel avenir ! Attention pour 12 euros ça décoiffe !!!! 93+/100
VOUVRAY RESERVE 1989 Foreau
Nez superbe de meringue, de pêches, et de citrons confits. La bouche offre une sucrosité impeccable d'équilibre, avec une belle palette allant de la pomme au four au caramel salé en passant par le sirop d'érable. Grand avenir ! 93+/100
VOUVRAY 1961 Brédif
Le nez rappelle la frangipane, et le sirop d'orgeat. La bouche a digéré une bonne partie de son sucre, mais reste agréable grâce aux parfums d'écorce d'orange et de pomme granny smith. Il marque un peu son âge... 91/100
Nous terminons dans la joie avec un Hermitage La Chapelle 1964 dépigmenté... On rigole beaucoup car c'est imbuvable bien sûr...Je vous vois étonnés... Et oui, je l'avais acheté sur la foi d'une photo. Je priais pour que cela soit une rare Chapelle blanc...Mais non c'était un dépigmenté ; Heureusement je l'avais payé 20 euros. A ce prix là , j'avais accepté de tenter ma chance. Perdu ! Tant pis ça sera pour une prochaine fois; C'est un des seuls Rhône que je n'ai jamais bu... Je ne suis absolument pas triste car cette dégustation valait toutes les raretés du monde. Un groupe d'amis soudés, une ambiance du tonnerre, et des grands vins ! Que demander de plus !
PHOTOS SUR MON SITE.
Auteur du sujet
