Les amis,
en préalable, merci de vous être a nouveau déplacés dans nos contrées verdoyantes et d'avoir revisité Donjons, dragons, fonds de fioles (attention contrepet) et chemins pierreux.
Le cadre
Secondo, nous ne nous féliciterons jamais assez de la remarquable parité a table qui a mon sens est un élément essentiel du succès de ce genre d'événements. [Notez bien que je crache pas sur une petite session male par-ci par-la!]. Par exemple, MB n'aurait pas été aussi bien gouté ce soir-la jusque tard sans nos nombreuses moitiés.
La dream-team (premiere et deuxieme ligne; votre serviteur reboote l'interface pace-maker/ethylometre)
Tertio, une pensée a Sylvain et Stephanie en note de fond de cette journée (pedale de tonique en termes musicaux
), qui avaient eu la grandeur de nous decomplexer de trinquer sans eux.
Bon, maintenant, les vins:
Re-edition de mon excellente impression sur
Chevalier-Montrachet, Bouchard, 1964 : ce vin a parfaitement évolué pour offrir un nez terriblement enjoleur et une bouche ideale et longue. Petite sensation aqueuse a l'attaque au depart, inquietude vite dissipee. Pas de trace notable d'acidite mais l'equilibre est parfait; on pourrait croire que ce degre d'aboutissement apres 45 ans est une fin en soi. En aucune maniere ce vin ne donne un signe de faiblesse. Grand !
Le
Corton-Charlemagne, Bouchard, 1964 joue sur un registre plus précis mais un peu moins grand. Attaque franche, nez immediatement plaisant et offert, grosse structure en bouche qui tient le vin de facon plus apparente que le Chevalier, et qui perdurera le temps (trop court) du repas. Excellent.
Le Corton rouge en demi-bouteille est loin d'etre passé, il n'est d'ailleurs pas completement sur des aromes tertiaires. Ce n'est neanmoins pas envoutant comme les blancs qui l'ont precede. Et puis une demi-bouteille a 8 quand on se ressert apres Guy, ca fait peu pour bien juger
White Indeed 2007 (Guffens) me plait bien, c'est presque un Chardonnay du nouveau monde, parfait techniquement, gourmand, et qui ne souffre pas a mon sens d'un excès de soleil (attention ce nest pas Chablis non plus). Bien+
Le
Kloster Eberbach Berg Schlossberg "Erstes Gewachs" 2001 ne manquait pas de classe. Joli equilibre, agreable. Bien.
L'
Altenberg de Bergheim Riesling 1999 de JM Deiss est une certaine forme de perfection. Ce vin a tout: un nez complexe, qui semble mineral, citronné, une légere pointe de Botrytis, une bouche tres equilibree entre sucre, gras, acidite, et quelle longueur! Excellent.
La
Réserve des Célestins d’Henri Bonneau – 1978 m'a emmené bien loin, c'est un vin au charme historique, c'est Burt Lancaster dans le Guepard, une fougue indeniable, une matiere insondable, du panache. Ce vin me fait rever. Excellent.
Petrus 1992 transcende totalement son millesime. A dire vrai, c'est presque une mauvaise maniere de parler de lui que de rappeler son millesime car si nous nous accordions sur son rang de premier cru, nul ne le voyait issu d'un si modeste millesime. Je pense y voir la signature d'un grand terroir. Beaucoup de plaisir pour ce vin (voila c'est dit) et un grand merci a notre mecene du jour pour sa generosite et le courage de presenter Petrus au casse-pipe de la degustation aveugle. Tres bien+
Margaux 1985 m'a personnellement un poil decu. C'était mon poulain du jour, sorti de ses paddocks car Parker semble voir aujourd'hui son apogee. Or, je trouve que cette bouteille, tres bien conservee en cave fraiche (et niveau goulot) etait un peu "stricte" la ou j'attendais la souplesse d'un vin offert. D'autres l'ont tres bien goute (meme au petit-dejeuner mais je ne donnerai pas de nom), alors tant mieux! Bien tout de meme.
Cheval Blanc 2002 a peut-être un peu souffert de paraître apres de tels monstres. On joue dans la même cour, sans aucun doute. Le vin annonce une belle maturité, alliée a de la fraicheur, le tout tres bien réalisé. J'ai énormément aimé le tout petit fond de verre gouté le lendemain. Tres bien.
Le panache, le bilame, le sourire.. (enfin apres...)
Margaux 1929, qui était le prétexte a toute cette folle journée, est impressionnant. Apres une sérieuse inquiétude au moment de l'ouverture, quelle surprise de percevoir ces fruits rouges (framboise, cerise) en sentant le goulot!! Au moment du service, ce vin est devenu un magnifique et sublimement long sirop de moka et fruits rouges, avec une épaisseur indescriptible en bouche, qui me rappelle la texture du sirop de sureau maison de mon enfance. Une robustesse impressionnante et une palette aromatique d'une grande douceur qui m'a fait presque envisager de le tester sur le dessert. Grand.
Bon, les cocos, il va falloir redescendre sur terre... voila ce qui arrive lorsque des bordelais absolument-pas-buveurs-d'etiquettes-du-tout-mon-bon-monsieur ramènent chacun un flacon a l'aveugle...
-D on se serait un peu crus (grand crus bien sur) dans un surréaliste jeu de poker ou chaque joueur abat un carre d'as en même temps! (tiens d'ailleurs une petite caisse carre d'as ?!) Heureusement que JU (qui a compris qu'il y a des grands vins hors Bordeaux CQFD) a misé sur le grenache!
Bon on se refait une petite degust autour de MB ?
A bientot,
Benji
PS je vais me permettre de glisser dans la rubrique Bouchard les CR des 1964 de chacun, compilés, dans un soucis encyclopedique. Car ceux-la, on les reverra plus