Petite réunion improvisée de deux membres du ZWTG hier soir à Zurich, accompagnés d’une Petra en grande forme qui a préparé un superbe repas. Merci à elle.
Champagne Henri Giraud, François Hémard Aÿ Grand Cru Brut Réserve
Nez complexe, sur des notes beurrées et florales, avec une note oxydative de calva qui n’est pas ce que je préfère sur un champagne. J’ai préféré ce vin plus jeune, avec une meilleure expression du fruit. En bouche, la bulle est fine, la matière vineuse et expressive. Jolie longueur.
Corton-Charlemagne, Jacques Prieur, 1999
Aucune note oxydative sur ce vin, qui affiche au contraire une insolente jeunesse et un fruit encore très jeune. Nez puissant, joliment complexe, beurre, fruits blancs, touche de noisette. La bouche offre un ensemble harmonieux et rond qui conjugue puissance et finesse, richesse et tonicité, gras et buvabilité. Sensation de minéral dès le milieu; elle se poursuit dans la finale. Très beau vin qui se déguste bien maintenant, mais qui peut encore s’épanouir en cave. Très bon.
Château Musar 1979
Nez nettement oxydatif, sur des note de Xérès, très complexe, porté par le volatil, avec une étonnante présence fruitée sur des notes de fraise et d’épices. On retrouve le même profil en bouche, des nuances oxydatives et une matière fruitée et expressive, construite sur des tannins fondus mais encore vivants. Un vin paradoxal, manifestement en déclin, qui procure encore de belles sensations. Je n’en rechercherais cependant pas.
Gevrey-Chambertin, Clos Tamisot, P. Damoy, 1979
La robe est claire. Le nez reste relativement simple et n’a pas les charmes des vieux Bourgognes. La bouche joue dans le même registre, en dentelles, presque fluette. Elle manque de fond. L’ensemble reste cependant agréable, avec un vin soyeux, de demi-corps - voire moins - et une finale plutôt courte. Gourmand et fin, il manque de chair et de structure.
Corton Renardes, Maillard Père et Fils, 1999
Un vin dont on a beaucoup parlé sur LPV. Annoncé comme une des révélations du millésime, il n’a que moyennement convaincu hier soir. Un vin facétieux, au bouquet peu causant et sans beaucoup de charme. Des notes d’évolution évoquent un vin plus âgé. La bouche est plus charmeuse, avec ses tannins fins et son caractère suave. Elle reste cependant assez linéaire. Sentiment mitigé. Le vin était plus abouti le lendemain, bien qu'il m'ait paru encore plus évolué. Il faudra suivre son évolution. Monsieur Maillard père n’avait peut-être pas tort (cf rubrique du domaine).
Hermitage La Chapelle, Jaboulet, 1986
Un nez sublime, complexe, épicé, fin, associant des notes de poivre, de cuir, d’épices et de confiture de petits fruits. C'est bien typé Hermitage. La bouche se montre à la hauteur du nez, sur des tannins doux, une matière expressive, encore dense. Bouche superbe, dynamique et complexe, mais aussi harmonieuse et suave, d'une grande classe. Grande réussite de La Chapelle dans ce petit millésime. Il monte sur la deuxième marche du podium de la soirée.
Charmes-Chambertin, Henri Rebourseau 1998
Nez de rafles et de ronces, un peu austère à l’ouverture. Il se défait peu à peu de sa gangue pour offrir une belle palette. La bouche est plutôt virile : des tannins drus et enrobées, beaucoup de dynamisme et de fraîcheur, sur de jolies notes de cerise. Finale tonique et de belle longueur. A l’aération, il gagne en pureté d’expression et en finesse de tannins. Très bon.
Clos Saint-Jacques 2001, Armand Rousseau.
Nez sublime de subtilité et de raffinement. Nous sommes immédiatement subjugués. Il est difficile de s’en détacher pour mettre le vin en bouche. L’équilibre est parfait : tannins princiers, fruit délicat, complexité, précision, plénitude, sensualité et noblesse.
Après le magnifique CSJ 93 de Rousseau dégusté en pirate dans la verticale CSJ de S. Esmonin, je craque ne nouvelle fois pour un vin de Rousseau. Cette bouteille est sans conteste LE champion de la soirée. Un de ces vins que l’on oublie pas et un de ces moments privilégiés que tous les passionnés recherchent.
Clos Mogador 2005
Robe sanguine, très jeune. Nez encore réservé, un peu sévère mais très prometteur, sur des notes minérales de cailloux et de graphite. Un peu réduit à l’ouverture, le vin s'ouvre lentement dans la carafe et s’épanouit encore dans le verre, sur une belle expression de fruit et d’épices douces. Grande structure, mais sans moelleux et sans babyfat : le vin est racé et la structure noble, bâtie pour la garde. Grande longueur. Le plus grand Mogador jamais produit ? c’est possible, nous le saurons dans quelques années. Le potentiel est là. Ne pas toucher avant 5 ans à mon avis. Le 2004, excellent aussi, est plus suave et se laisse mieux approcher actuellement.
Yves Zermatten