Ce grand écart dans le temps sur le même climat fut une leçon .

Un ami passe chez moi pour un repas sur un coin de table avant le départ pour un périple bordelais . Il m'offre une bouteille que j'ouvre immédiatement . Je n'oublierai jamais ce 1959 , mon année de naissance , sans la moindre trace d'oxydation , ayant conservé intégralement l'identité de son terroir , d'une fraicheur inouie , hiératique . Nous l'avons siroté sur plus d'une heure le laissant monter tranquillement en température de 12° à 16°. Il n'a fait que se complexifier , sans la moindre lourdeur : un moment de grande émotion . Merci à mon ami très cher .

Le surlendemain , le hasard faisant bien les choses , j'ai l'occasion d'ouvrir un Charmes Lafon 2000 à cet ami . Ce vin fut éblouissant lui aussi .
Une couleur pâle . Un nez intense et racé sur la noisette fraiche , l'ambre esquissé , la pêche blanche qui préfigure une bouche d'une pureté immaculée , plus en longueur qu'en largeur , soutenue par une fine minéralité . Un vin d'esthète , parfait en l'état car d'une harmonie sans faille . Un compagnon merveilleux pour le turbot à l'huile de l'Ostal et pour le spaghetti au ris de veau , cèpes et truffes .

Une expérience unique pour moi .

charlesv
bien beau commentaire concernant ces deux meursault d'exception:je retrouve parfaitement les sensations décrites concernant le vin de LAFON(2000 est un très beau millésime au domaine);pour ce qui est du 59,la description qui en est faite me fait penser aux vins du domaine AMPEAU qui commercialise des vins anciens absolument somptueux.
amitiés
bertrand

A mon avis un 59 très différent de ceux du domaine Ampeau des années 50/60, qui sont beaucoup plus tendus, et à vrai dire pour moi manquant un peu de "naturel", sur ce que j'ai dégusté de chez eux, bien sûr ; l'année dernière par exemple un Perrières 66 dégusté à Meursault cristallin (!!), sec et tendu , certes très bien conservé, mais ne présentant aucun arôme d'évolution correspondant à un vin de cet âge ( trop souffré, tartriqué ?) , ce qui peut paraître déroutant , et au final peu de plaisir .
Le Charmes 00 de Lafon est un vin d'une finesse exceptionnelle comme le climat n'a très certainement pas souvent généré !

Arnaud , Bertrand ,

Les 2 vins étaient d'une telle qualité que toute description paraît nécessairement réductrice .

Je voulais simplement partager 2 grandes émotions :

Je souhaite à tous les amateurs d'accéder à un vin blanc de Bourgogne comme ce Charmes 1959 pour ressentir le frisson du long vieillissement harmonieux sans altération .

Je souligne l'excellence du domaine Lafon sur ce Charmes 2000 qui est allé bien au delà de mes espérances pourtant grandes .

Unir dans un même hommage 2 bouteilles parfaites d'un même climat , l'une vieille , l'autre jeune , me réjouit .

arnaud
concernant les vins du domaine AMPEAU je n'ai pas goûté de vins des années 50 60 mais par contre pas mal des années 70 80 et c'est assez vrai ce que vous dites concernant le caractère assez tendu sans outrages des ans;c'en est même surprenant.je l'ai particulièrement vérifié sur un puligny combette 1978 mais par contre certains vins comme la pièce sous le bois 1982 ne présentait pas ce caractère,;il s'agi(ssait?) d'un vins très équilibré,tendre et très aromatique et en même temps présentant une belle fraicheur et une grande longueur;le perrières 83 etait par contre assez lourd dans ses aromes très à l'opposé de ce que vous avec décrit dans les vins de ce domaine qui sont pour moi une superbe expression du chardonnay sans aucune déviation aromatique ni oxydation.

83 est un millésime de surmaturité et de ce fait "à part". Les années 70/80 ont vu parfois des pratiques oenologiques d'un autre temps (chaptalisation démesurée, tartritage inconsidéré , rendements délirants......) avec les résultats que nous connaissons (dans un sens ou dans un autre). Dans les années 50 (et avant) les rendements bien plus faibles et les méthodes peu interventionnistes ont généré des vins parfois exceptionnels qui peuvent laisser pantois par leur fraîcheur quand nous dégustons aujourd'hui des 97 et des 98 oxydés ! A méditer.

"années 50 (et avant) les rendements bien plus faibles et les méthodes peu interventionnistes"
et aussi travail du sol, absence de produits phytos et oenologiques : que du bonheur