Voici le récit de ma soirée de samedi soir qui fut, vous aller le voir, assez surprenante.

Décors : repas des 40 ans d'un de mes oncles, avec 80 convives, dans le Gers ; sans grands amateurs de vins. Pas de grands vins à  table mais un bon vin local.

Juste avant de passer à  la viande, mon oncle se dirige vers le centre de la salle où est disposé une table avec trois carafes (à  eau) de vin rouge.Il appelle tous les hommes de l'assistance, soit environ 25 personnes désirant participer, à  le rejoindre au centre de la table.

Vous l'aurez deviné, il s'agit d'une dégustation à  l'aveugle. Les vins sont à  24° et beaucoup de bruits.le but étant de deviner la valeur, en euro, de chaque vin : Il y en a un à  1,50 euro, un à  6 euro et un à  13 euro.

Evidement je suis le premier à  l'avoir rejoint.L'ambiance étant bonne je me permet de passer mes narines au dessus des trois carafes : carafe n°1 pas de nez, carafe n°2 un nez très expressif boisé et la carafe n°3 pas de nez.

J'ai déjà  deviné celle à  13 euro : c'est la n°2 sans hésitations.

On déguste le premier vin : vin nez léger de fruits rouges en bouche, le vin est acide voire pétillant (il est jeune mais je ne saurais dire d'où tellement il est désagréable. il a du avoir un problème de vinification).
Je change vite de verre et goûte le second et ma première impression se confirme : nez de fruits rouges très boisé torréfié (barriques brûlées) le vin est encore dans sa phase primaire avec un léger déséquilibre et des tannins âpres ce vin ne vaut pas les 13 euro meme s'il est globalement bon. Je pars m'isoler dans un coin afin de déterminer l'appellation dans le calme. Je n'ai plus de doute, c'est un Pessac- Léognan et je crois reconnaître le château...
La troisième carafe a un nez de "castelpif" sans le goûter j'opte pour le classement 2.1.3 du meilleur au pire ,sachant que la n° 2 n'est pas formidable.

Verdict : 2.1.3 (bbb) Sur 25 seul 15 ont donné le bon ordre (il n'y avait rien a gagner).Le N°1 est en fait un simple Saint-Emilion 2002.(ddd)

Mon beau père prend alors le micro et demande aux « rescapés » de deviner l'année du meilleur (N°2) : J'hésite entre 2001, 1999 et 1998. Le vin me paressant avoir plus de trois ans et sachant qu'il a été acheté en grande surface récemment j'opte pour 1999

3 propositions 2001
3 propositions 1999
5 propositions 1998
2 propositions 1996 et autres que je ne me rappelle pas.

Verdict : 1999 coup de chance!(bbb)

On continu maintenant avec l'appellation :
Sûr de moi je dis donc Pessac-Leognan mon voisin de gauche me suit celui de droite opte pour un Grave.

Verdict : Pessac-Leognan(bbb)

Maintenant pour conclure, il faut donner le nom du château :
Je pense à  un La Louviere
Mon voisin ne se prononce pas?

Et le verdict : il s'avère que c'était bien un La Louviere 1999.(bbb)(bbb)

Alors là  permettez moi de vous dire que le reste de la soirée je me suis bien fait chambrer par ceux qui étaient persuadés que j'avais triché car même la personne en finale qui était Å“nologue ne su le deviner. C'est pour cela qu'il faut que j'avoue que sur l'année et le nom du château j'ai eu de la chance car je ne connais que très peu de Pessac Léognan. Je n'en n'ai goûté à  ce jour, si ma mémoire est bonne, que deux dans ma courte vie: Carbonnieux 1983(à  l'époque un Grave) et un Bouscaut 1994 (pas formidable).

Comment alors ai-je pu reconnaître un La Louviere si je n'en ai jamais goûté ?(eee)

En fait, j'ai casiment reconnu de suite le nez d'une bouteille vide de La Louviere 1998 que j'avais humé longuement en 2000 dans le chai d'un oncle viticulteur à  Duras. Cette bouteille m'avait fasciné par sa capacité à  être restée très expressive malgré qu'elle fût déjà  finie depuis deux jours. J'ai reconnu ce "bois brûlé". Existe t-il des Pessac Léognan qui ressemble fortement à  La Louviere ? Je le pense ; d'où la chance.

C'était un peu long, je le concède mais ce n'est pas tous les jours la fête.(aaa)

FRANCK.

C'est une jolie expérience en effet!

Bravo pour avoir effectivement trouvé le vin par déduction...
La mémoire olfactive parfois ne suffit pas et on obtient de bons résultats par déduction et par élimination.

Perso, je ne suis pas très fort à  ce petit jeu. J'arrive souvent à  définir une région. Parfois un millésime. Mais pour trouver le domaine, 9x sur 10, je me plante lamentablement (iii)

Ma seule heure de gloire en dégustation publique, c'était il y a fort longtemps dans les années 80. A l'époque, comme étudiant, je travaillais pour me faire 3 sous chez un marchand de vin. Il y avait presque toujours des vins ouverts que nous débouchions avec des bons clients (à  l'époque, même les Crus Classés étaient relativement abordables..). Un jour, mon patron me demande de l'accompagner au "Comptoir" à  Lausanne (foire agricole locale) où il y a toujours des présentations et des concours de dégustation. Pour m'amuser, je participe à  l'une d'elle où il y avait plusieurs vins, Suisses et étrangers. Bref: j'étais très fier d'être le seul (parmi la vingtaine de participants) à  trouver le dernier vin de la série: château Palmer 79. Les gens me regardaient avec incrédulité... comment ce jeune freluquet avec 3 poils sur le menton a-t'il pu trouver ce vin que même plusieurs dégustateurs professionnels chevronnés n'avaient pas trouvé?? J'avais pas trop de mérite. C'était un vin que nous avions bu la veille avec un client (qui en avait acheté 3 caisses)!

Alain

Bravo ! car trouver le château et le millésime est digne de Louis de Funès dans l'aile ou la cuisse !