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De la relativité de la perception du boisé et de la notation

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Chinbourg,

Dans de nombreux cas, le bois est l'ami du vin !
Dans d'autres, il masque les arômes, parfois temporairement, parfois de manière définitive, malheureusement !

En relisant l'analyse de Pierre Citerne, qui date un peu (l'analyse, pas Pierre !), je me rémémore un Pommard de facture assez classique, typé, racé, qui me semble entrer dans la première catégorie.

Kenavo !
16 Avr 2007 11:12 #1

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Réponse de chinbourg sur le sujet Re: Nicolas Rossignol, Pommard jarollières 98

Laurent, content de te voir écrire, qu'un élevage sous bois peut être l'ami du vin!
Espérons seulement que cela soit vrai partout.

Laurent L
16 Avr 2007 14:48 #2

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Nicolas Rossignol, Pommard jarollières 98

Chinbourg,

C'est pour la caméra cachée, ou bien ?

Plus sérieux, petit rappel récent (et oui, sur 3 chardonnays) :

Chablis Raveneau Valmur 1999 : 18/20 – 29/3/07
Robe peu colorée. Nez limpide, précis offrant des senteurs relativement puissantes, séduisantes et racées, de miel, de craie, de fruits (pomme, ananas). En bouche les flaveurs (encore en devenir) sont portées sans défaillance dans une structure à la fois douce et exigeante. Une très belle silhouette, de la sveltesse et beaucoup de longueur.


Bonneau du Martray Corton-Charlemagne 1999 : (16,5/20+) - 29/3/07
Nez dominé par le bois (mentholé), capiteux, couvrant des odeurs forcément timides de fruits blancs, d'agrumes, de minéral, d'ananas. Sève assez massive, austère, réservée. La finale est un peu brusque (mais le vin manque de carafage, je pense, et est servi un peu trop chaud). Lui laisser sa chance, bien entendu !

Bâtard-Montrachet Domaine Leflaive 1999 : 18,5/19 – 29/3/07

Le nez se présente compact : boisé luxueux, chic et grillé, pour des senteurs racées intriquées : fruit, ambre, verveine, résine, fumée, citron vert, huile de sésame, essence de lavandin. La trame, encore très jeune, s’avère puissante et svelte. Elle est salivante, avec ce côté « essentiel » des grands blancs bourguignons. Après Vannes fin 2006, il confirme ici sa grande classe.
16 Avr 2007 15:00 #3

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LaurentG, je pense que l'autre Laurent a un peu de mal à saisir la relation entre certains commentaires et certaines notes, et les "excuses" que tu trouves aux "défaillances" de certains vins est à mettre en parallèle avec l'intransigeance dont tu fais montre envers d'autres. Et je le comprends...
L'exemple ci-dessous parlera certainement à Chinbourg... ;)

Anjou Richard Leroy Noëls de Montbenault sec 2002 : (12,5/20) – 27/1/07
Nez oxydatif, balsamique (résine), avec des notes de raisin de corinthe, de citron, de pomme verte. Ampleur et bonne acidité mais le boisé excessif gâche tout. Le vin s’en remettra-t-il ?

Bonneau du Martray Corton-Charlemagne 1999 : (16,5/20+) - 29/3/07
Nez dominé par le bois (mentholé), capiteux, couvrant des odeurs forcément timides de fruits blancs, d'agrumes, de minéral, d'ananas. Sève assez massive, austère, réservée. La finale est un peu brusque (mais le vin manque de carafage, je pense, et est servi un peu trop chaud). Lui laisser sa chance, bien entendu !

Alors Laurent, deux poids, deux mesures ?

Luc
16 Avr 2007 15:12 #4

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Luc,

Tu montres ici en effet une appréciable capacité, non seulement à relier les choses, mais en plus à en montrer la possible contradiction.

Je serais politicien, je te dirais que j'attendais bien cette mise en exergue.
Tu aurais aussi pu ajouter, au passage :

Corton-Charlemagne - Domaine Simon Bize 1999 :
LG16 (si bonne évolution) - PP14 – JP15

Expression déroutante, grasse, presque pommadée.
La bouche ne fait pas dans la dentelle : sa massivité et sa puissance montrent un vin qui paraît solide sur ses appuis mais qui ne se déguste pas bien actuellement. Pascal l’accuse d’être pommadé et roboratif. Jacques dénonce une grosse matière déséquilibrée.

Corton-Charlemagne – Leroy 1999 :
JP(15) - LG(16+) – PP16,5/17+
- Le vin est très marqué par l’élevage, malgré un carafage de plusieurs heures.
- On ressent un peu de citron emprisonné par un boisé carcéral (torréfié, brûlé).
- Matière particulièrement dense, réglissée, laissant filtrer parcimonieusement quelques goûts de poire, de citron, d’anis. Un vin en sommeil, normalement réservé, indéchiffrable, réfractaire, pour lequel il est difficile de s’enthousiasmer. Jusqu’à quels sommets parviendra-t-il à se hisser dans 15 ans ?
- Cette expression mutique rappelle un peu celle du Meursault Rougeots 2000 de Coche-Dury bu chez l’ami Vincent à Bordeaux en novembre 2005.


Pascal Perez a bu "la même chose" de chez Leroy (dans une série de grands bourgognes blancs) un mois plus tard et m'a dit "très grand vin cristallin".
Comme pointé à François Mauss sur le boisé de Pavie-Macquin 1997, il y a des choses que je ne m'explique pas.
Côté Bize, j'ai un collègue qui connaît très bien Simon Bize qui n'a pas compris une seconde comment un tel commentaire pouvait dévaloriser un vin qu'il considère limpide.

Sans tenter à tout prix d'éviter toute contradiction (je suis dans une logique qui l'inclut plutôt qu'elle ne l'évite), je rappelle que j'ai bu l'Anjou à l'aveugle et que je "savais" le Bourgogne (amené par RaymondM).

Probable qu'un test à l'aveugle sur les 2 vins aurait donné un diagnostic différent.
Presque sûr que j'ai envie d'accorder du crédit aux CC de Bonneau du Martray (j'ai goûté presque tous les millésimes récemment).
Moins aux vins secs de Richard Leroy, que je connais pu (mais j'ai dit la beauté du Rouliers 2002, clair comme de l'eau de roche).

Donc, oui en partie, 2 poids 2 mesures.

Reste aussi la modulation apportée par le commentaire :
* le bois gâche tout vs dominé par le bois
* notes oxydatives vs sève réservée
* et pour finir (Thien pourra confirmer : vin servi chaud et pas assez carafé)

Le temps sera juge de paix (à l'échantillon près).:)

Je sais que tu as une bonne mémoire et tu dois savoir que j'ai souvent parler de notation absolument relative (ou relativement absolue).
Tu noteras enfin d'une part que nous sommes hors sujet dans cette rubrique et d'autre part que les 2 notes sont entre parenthèses et que j'essaie au maximum d'éviter les sentences (mais il faut bien prendre position parfois, en écoutant notamment les avis qui fusent autour de la table).
16 Avr 2007 15:35 #5

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Le titre est un peu long, je sais, mais suite à la lecture de nombreux CR de dégustation, j'ai remarqué que la perception du boisé et surtout l'interprétation qu'on en fait (et donc de la note qu'on donnera ensuite au vin) est fort différente en fonction des régions.
Je m'explique...
J'ai l'impression que le boisé est bien mieux accepté à la dégustation de vins de Bordeaux ou de Bourgogne qu'à la dégustation de vins de régions a priori moins réputées. Quand un vin de Loire est boisé, on crie à l'outrance dès la moindre perception vanillée, alors qu'on est parfois bien plus indulgents devant des jus de planche bordelais ou bourguignons, voire rhodaniens.
Pour illustrer mon propos, je replace ici une petite discussion hors sujet dans le forum Bourgogne...

En dehors du simple aspect boisé, la question plus générale que je me pose est de savoir si nous sommes plus indulgents envers les "défauts" des grands vins que ceux des "petits".

Luc
16 Avr 2007 16:44 #6

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Nicolas Rossignol, Pommard jarollières 98
Envoyé par: laurentG
Date: lundi 16 avril 2007 10:23:30

Club toulousain In Vino Veritas
Vins de la Côte de Beaune (Pommard - Volnay) - 9/4/2001
Synthèse des commentaires de dégustation : Pierre Citerne
Domaine Nicolas Rossignol - Pommard premier cru "Jarolières" 1998
Prix : 160 F. Notes : PC 15-15,5 ; LG 14,5 ; DS 15,5 ; PP 15,5

• Couleur intense, jeune, centre presque opaque.
• Premier nez racé et fin : épices, vanille, santal..., un beau fruit profond de griotte se fait jour à l'aération.
• Bouche sérieuse mais dotée d'un fruit moelleux et flatteur, l'assise tannique est solide, bien enrobée, l'ensemble est franc et racé et se traduit par une belle matière bien travaillée.

"Et de là nous sortîmes pour revoir les étoiles" - William Styron




Re: Nicolas Rossignol, Pommard jarollières 98
Envoyé par: chinbourg
Date: lundi 16 avril 2007 11:07:04

LaurentG, je ne connais pas ce vin, mais quand je te lis "Premier nez racé et fin : épices, vanille, santal...".

Dois je comprendre élevage sous bois?

Laurent Lalouette.
16 Avr 2007 16:46 #7

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Laurent,

Je constate que tu es donc plus indulgent avec les "défauts" d'un GC bourguignon qu'avec ceux d'un chenin sec de Loire, et que tu l'es même davantage que tes compagnons de dégustation.
Je conçois tout à fait que la notation soit relative, un peu moins qu'elle le soit en fonction de la réputation d'un domaine, d'un cru ou d'une région.

Luc
16 Avr 2007 17:00 #8

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Réponse de Bertrand Le Guern sur le sujet Re: De la relativité de la perception du boisé et de la notation

J'ai l'impression que le boisé est bien mieux accepté à la dégustation de vins de Bordeaux ou de Bourgogne qu'à la dégustation de vins de régions a priori moins réputées.

Peut-être que le bois se marie mieux avec certains cépages/certaines régions?

Je le dis tout net: je hais le bois qui masque le fruit des cépages (blancs en général) aromatiques. Je le trouve nuisible sur viognier, muscat, riesling ...

A prendre en compte, la facilité avec laquelle certains cépages (par exemple la syrah) prennent le bois ... et le perdent aussi vite, aussi l'autre jour, je me posais la question "à quoi sert ce boisé" qui, jeune, uniformise les goûts et disparaît aussi vite qu'il était fort?

De plus sur certains cépages, le bois tourne vite à l'oxydatif: secs d'Anjou, marsanne du Rhône nord.

Peut-être aussi que les vignerons de Bordeaux ou de Bourgogne qui ont plus d'expérience de l'utilisation du bois que les novices de régions émergeantes et ne commettent pas les erreurs de ceux-ci. Récemment, un vigneron de Loire dont j'avais noté la propension au duo infernal sur extraction/sur-boisage, m'a affirmé qu'on ne l'y reprendrait plus ...

En dehors du simple aspect boisé, la question plus générale que je me pose est de savoir si nous sommes plus indulgents envers les "défauts" des grands vins que ceux des "petits"

Moi, c'est tout le contraire! plus un vin est reconnu "grand", moins les défauts passent!

blg
16 Avr 2007 17:16 #9

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Luc,

C’est un peu la même impression que l’on peut avoir, en lisant des post, des partisans de la dégustation à étiquette découverte…
Ils affirment que la connaissance du "niveau de prestige" du vin est incontournable pour bien noter un vin... (je n’ai pas réussi à retrouver ce post dans le moteur de recherche).

Je suis personnellement un partisan de la dégustation à l’aveugle… Si Mouton R prend moins qu’un cru Bourgeois, et bien discutons-en, mais ne modifions pas nos notes en fonction de l’étiquette !

Cordialement,
JU
16 Avr 2007 17:19 #10

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Peut-être que le bois se marie mieux avec certains cépages/certaines régions? écrit:


Complétement d'accord! On peut aussi ajouter le goût de chacun...

Cordialement,
JU
16 Avr 2007 17:21 #11

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n'y-a-t-il pas une dérive fondamentaliste quand on passe de la critique du boisé excessif à la critique du boisé tout court ???

Yves Zermatten

Yves Zermatten
16 Avr 2007 18:36 #12

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Réponse de Bertrand Le Guern sur le sujet Re: De la relativité de la perception du boisé et de la notation

n'y-a-t-il pas une dérive fondamentaliste quand on passe de la critique du boisé excessif à la critique du boisé tout court ???

Sur un cépage aromatique, je critique tout boisé, sinon c'est l'excès que je n'apprécie pas.

Par contre le seuil de tolérance dépend de chacun, je ne mettrais pas un sou pour un vin espagnol, 100/100 Parker que Laurent à vu en boutique à bien plus de 1000€ la bouteille ... signe que d'autres apprécient!

blg
16 Avr 2007 19:03 #13

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Luc, merci d'avoir relevé le défi de cette discussion, car tu as une meilleure culture et expérience que la mienne.

Effectivement, ton exemple est criant, dans un cas on condamne, dans l'autre, on émet l'hypothèse que le temps fera son oeuvre.

Pour moi tout est question de dosage, récemment j’ai pu dégusté Brézé 05 et 06 sur fûts.
En cours d’élevage le bois était super présent, mais après quelques mois de plus et quelques années en bouteille, les tanins du bois seront au service du vin.

Laurent L
16 Avr 2007 19:32 #14

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Bien que n'ayant pas acheté une barrique neuve depuis 6 ans, il se trouve encore des dégustateurs pour souligner le coté boisé d'une de nos cuvée _toujours la même_ Parfois sur le ton du reproche.

J'en déduit qu'il existe peut être à l'état naturel, sur certains cépages/assemblages/terroirs, des mollécules arômatiques qui rappellent cet arôme. Ou bien sont les mollécules du goût de boisé.

Il me semble que plus on veut être subtil dans le dosage du/ou de l'absence du boisé, plus on prend le risque de s'exposer à une critique qui ne relativise pas toujours la proportion de boisé par rapport aux caricatures existantes.

Finalement un bon jus de chez planchu, ça ne laisse la place à aucun doute et on n'en parle presque moins que des cuvées au boisé plus discret.
16 Avr 2007 21:37 #15

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Bonjour,

C'est un sujet très intéressant et plein de subjectivité.

Ce qui est bien ou mal dans le bois n'est en effet pas qu'il y en ait un peu, beaucoup ou pas du tout. C'est la pertinence de sa présence.

Sur des Cabernets-Sauvignon il me semble souvent utile, quoique pas indispensable. Il apporte de l'équilibre.
L'extrême majorité des Bordeaux que je goûte, cependant, dépassent l'utile et abusent carrément : Le bois est très bon en attaque, mais contraîrement aux arômes fins, il s'accumule sur le palais. La première gorgée est meilleure, mais les suivantes deviennent ennuyeuses, décevantes.

Les Bourgognes ont une équation différente, mais si je trouve un gros boisé, ce sera effectivement pour moi bien plus inadmissible que sur un Bordeaux. En effet sur les pinots noirs, le bois apporte éventuellement un fondu imperceptible mais finalement judicieux. Par contre il est totalement injustifié qu'il apporte un goût, sauf dans une première jeunesse sur un vin destiné à vieillir, en quel cas on a un défaut non pas de bois, mais de jeunesse. A maturité, le vin de Bourgogne ne doit pas présenter d'arôme de vanille qui ne peut que gâcher sa finesse.

La Loire je connais moins bien, mais cela me semble similaire. Les côtes du rhône, ne devraient pas abuser non plus. Les languedocs sont trop complexes pour établir une règle, mais l'abus domine, dans le sens où ces vins ne sont pas faits pour vieillir, et le boisé n'est donc pas prévu pour se fondre, mais pour mettre de la poudre aux yeux.

Pour tous les mauvais vins sans goût, il vaut mieux un peu de bois que rien du tout. C'est du maquillage, mais cela ne gache rien, alors je n'ai rien à y redire, sauf que le vendre cher est scandaleux.

Ca c'est pour la théorie... En pratique, on juge ce qu'on a dans le verre, et parfois un éleveur réussira à faire un vin délicieux avec un boisé intense. Et bien dans ce cas on va pas descendre le vin. (Exemple en ce qui me concerne : les Vins de Vienne proposent des vins marqués par l'élevage mais on sent bien qu'ils ont trouvé leur style.)

Pour ma part je serais plutôt d'avis que les éleveurs doivent globalement revoir à la baisse (parfois une énorme baisse) le boisé, car je constate que j'ai bien plus de vins gâchés par un fort boisé que de vins qui en manquent. Mais par contre je ne descend jamais un vin sous pretexte qu'il est boisé, car j'ai parfois de très bonnes expériences.
Je suis aussi tout à fait susceptible de me tromper lorsque je juge de la pertinence d'un boisé.

Mais l'explication de ce "trop de bois", je l'ai donnée dans le texte : La première gorgée est meilleure. Et en dégustation, il n'y a qu'un seul verre, petit, parfois au milieu de concurrents qui ont aussi surboisé leurs vins ce qui écraserait un vin fin. Alors puisque ce sont ces dégustations à la chaîne qui influencent le marché, mieux vaut se donner toutes les chances d'y briller, quitte à vendre des vins qui, lors d'un repas, deviendront ennuyeux dès le second verre, et risquent même de couvrir la finesse des plats dégustés...

L'épouvantable suffisant. (c) PatrickEssa
16 Avr 2007 21:49 #16

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Pour moi, le bois est parfois un mal nécessaire ;), mais ce n'est jamais un élément positif de l'appréciation d'un vin. Je l'ai déjà dit, mais je suis toujours surpris quand un commentaire apprécie des notes boisées ("Un beau boisé luxueux" - "De jolies notes de boisé" etc). Quand je bois un vin, je veux des notes de fruits, de terre, de sous-bois, de cuir, etc, mais pas de bois. Si vous mettez la meilleure eau du monde, le plus pure, dans du bois neuf, elle sera beurk ! Pour le vin c'est pareil pour mon palais, sauf que, c'est vrai, quand le cépage le permet, quand la matière est suffisante, un élevage sous bois sera bénéfique et il faut accepter dans ce cas des arômes désagréables de bois dans la jeunesse du vin.

Philippe

Philippe
16 Avr 2007 22:08 #17

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Il serait réducteur pour le bois de ne lui trouver que des effets aromatiques sur le jus du raisin qu'il contient.
Le bois décline une palette de fonctions et d'interventions bien plus large...Il élabore le vin ! Il le façonne...
Penser aux tanins (importants les tanins), à l'oxygénation (même partielle!), à l'échange thermique...
La perception du boisé dans le vin change avec le temps, jusqu'au jour où le bois disparaîtra entant qu'élément aromatique, mais ses effets connexes sur le vin perdurent...
16 Avr 2007 22:44 #18

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Cher Nidal, pour la majorité des phénomènes que tu décris, le bois neuf n'est pas nécéssaire.
Lorsqu'on met du bois neuf, ce n'est pas pour l'échange thermique ni pour l'oxygénation -- qui sont possibles à moindre frais avec des futs vieux. Il existe même des matières synthétiques qui permettent une oxygénation similaire et mieux maitrisée, des échanges thermiques plus précis.

Bref tes précisions sont très vraies, mais elles ne rejoignent le sujet qu'à propos des tannins, car la question était le *goût* boisé...
Or c'est essentiellement en effet à ce sujet que je trouve parfois (très exceptionnellement) pertinent le *goût* boisé.

Mais je n'admets pas l'idée que des vignerons auraient raison de pourrir leurs vins avec un goût de bois saturé sous prétexte d'oxygéner leurs vins, il ne faut pas leur chercher d'excuses aussi tirées par les cheveux! En fait l'excuse est toute trouvée : (a) il y a des acheteurs (b) cela permet de briller en dégustation à la chaîne.

L'épouvantable suffisant. (c) PatrickEssa
16 Avr 2007 23:54 #19

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Quel est l'effet du bois sur les tanins ? il adoucit les tannins et rend le vin plus soyeux ou il ajoute des tannins. On entend parfois les deux versions, mais il faut bien choisir l'une des deux, car elles s'opposent.
17 Avr 2007 00:32 #20

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Ben non, elles ne s'opposent pas forcément; ils peuvent ajoutent des tannins doux (ce n'est pas toujours le cas hélas). Ce qui me dérange dans certains "élevages neufs", outre le goût boisé, c'est l'amertume laissée par le bois, parfois à la limite du supportable :(

Eric

Eric
Mon blog
17 Avr 2007 07:01 #21

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Réponse de Bertrand Le Guern sur le sujet Re: De la relativité de la perception du boisé et de la notation

c'est l'amertume laissée par le bois

Cette amertume peut avoir été apportée par un bois dont le séchage laissait à désirer, là le vigneron n'y peut pas grand chose, sinon écarter la barrique coupable ... mais aussi par une extraction trop poussée.

blg
17 Avr 2007 07:15 #22

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L'amertume trop marquée,laissée par le bois ou non, est pour moi le brise plaisir n° 1 ,avant même l'excès d'alcool, et bien avant la perception de ce que je crois être le boisé.
17 Avr 2007 09:35 #23

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Il en ajoute, et en en ajoutant, il les adoucit. Lorsqu'on a une seule texture tanique en bouche, et surtout si elle n'est pas très fine, elle parraît agressive. Le bois apporte une diversification de textures tanniques et permet donc de mieux fondre les tannins d'origine dans un ensemble.

Si le vin s'adoucit en vieillissant, ce n'est pas que les tannins baissent, c'est qu'ils s'étallent d'une texture un peu unique au début vers un dégradé de textures avec moins de "pics" de sensation...

Cela tient à longueur des polymères et à leur manière de s'agglomérer. Certains se cassent, d'autres se collent...

N.B. : Je parle ici de mes conclusions personnelles qui ne sont ni scientifiques ni confirmées par les savants.

L'épouvantable suffisant. (c) PatrickEssa
17 Avr 2007 11:10 #24

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Il ne faudrait pas que ce débat sa cantonne aux apports plus ou moins positifs ou négatifs du boisé.
Ma question de départ était bien : pourquoi certains trouvent-ils que le Saumur Brézé du Clos Rougeard ou les vins de Richard Leroy son trop boisés alors qu'ils acceptent un boisé bien plus important sur des blancs de Bourgogne ?
Pourquoi un grand Saint-Emilion peut être boisé sans que cela ne dérange grand monde, alors qu'un Bourg ou un Poyeux du Clos Rougeard est jugé par certains étouffé par le bois (bien qu'objectivement il y a bien moins de bois qu'à Bordeaux) ?
Je devance la remarque de Bertrand, le chenin n'est pas pour moi un cépage particulièrement aromatique (pas plus que le chardonnay) et le cabernet franc, à ce que je sache, est également cultivé à Bordeaux, particulièrement en rive droite.
De plus, pourquoi donne t'on systématiquement plus de crédit à la bonne évolution d'un GC bourguignon ou bordelais quand on le trouve trop boisé au départ et qu'on ne semble pas avoir le même optimisme pour les plus belles cuvées ligériennes (par exemple, mais le raisonnement vaut pour toutes les régions) ?

Luc
17 Avr 2007 11:42 #25

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Réponse de Bertrand Le Guern sur le sujet Re: De la relativité de la perception du boisé et de la notation

Luc, puisque tu cites le cabernet franc, goûte Ausone et Clos Rougeard, jeunes, et dis où est l'excès de bois!

Il y a des vins dont la matière supporte le bois (c'est à dire qu'il paraît discret ou bienvenu), d'autres pas.

le chenin n'est pas pour moi un cépage particulièrement aromatique

Pour moi non plus, mais il est facilement oxydatif, vinifié en sec, en Anjou.

Je me demande d'ailleurs pourquoi il l'est beaucoup moins (oxydatif) vinifié en doux ou bien même en sec, en Touraine?

blg
17 Avr 2007 11:56 #26

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Bertrand, c'est la seconde fois que je lis cette affirmation, la première c'était Ptitphilou.
Je ne crois pas que les Anjou sec aient vocation à devenir oxydatif, à nous de choisir les bons vignerons qui travaillent à la vigne, qui vinifient, élévent et mettent en bouteilles sans prendre trop de risque.

Mais de toute façon, là n'est pas le sujet de la discussion.

Laurent L
17 Avr 2007 13:23 #27

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Et bien moi, je connais des chenins qui ne sont pas élevés en fût neuf et qui sont souvent oxydatifs voire même complètement oxydés... ;)

Cela dit, ne pensez-vous pas que le facteur le plus important n'est pas le cépage ni la région, mais le talent du vinificateur-éleveur qui ajuste au mieux l'élevage en fonction de la matière première qu'il a sous la main. Et je ne pense pas que le talent soit l'apanage des grandes régions "historiques", même si l'expérience y est sans doute plus grande, ce en quoi je rejoins Bertrand. En ce qui me concerne, je trouve que les vins du Clos Rougeard sont vinifiés et élevés avec talent, et j n'ai vraiment aucune crainte quant à leur excellente évolution, même s'ils peuvent paraître un peu boisés dans leur jeunesse.

Luc
17 Avr 2007 13:55 #28

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Réponse de Bertrand Le Guern sur le sujet Re: De la relativité de la perception du boisé et de la notation

Et je ne pense pas que le talent soit l'apanage des grandes régions "historiques"

Le talent NON, l'expérience qui permet d'éviter les excès OUI (en moyenne: il y a toujours des petits nouveaux qui frappent à la porte), et même dans les régions "historiques" certains se sont fait une place avec leurs excès, mais rejoignent vite le "bon goût" dès que leur notoriété est acquise.

Une question: le sur-boisage, une façon de se faire une place au soleil?

blg
17 Avr 2007 14:22 #29

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Une tentative d'explication : l'élevage prolongé sous bois neuf ( où à forte proportion ) n'est qu'un phénomène récent concernant les vins de Touraine et d'Anjou qu'elle qu'en soit la couleur. Dans les années 90, on ne connaissait qu'un élevage en fûts anciens ( de 5 , 6 vins et parfois beaucoup plus avec très peu de renouvellement en fûts neufs ). Et avec parfois quelques catastrophes gustatives faute d'hygiène et de sérieux.
Les précurseurs sont les frères Foucault, ce sont les premiers je pense, à avoir élever longuement leur vins blancs secs, moelleux et rouges dans des fûts neufs bien avant la mode du tout-boisé.
Ce n'est pas innocent, le père était tonnelier... D'où une certaine maîtrise probablement !
Pour le reste des vignerons , il y a sans doute un manque de savoir faire. Bref pas trop de recul, pour savoir si les vins "boisés-neuf" vont arriver à cette parfaite fusion que l'on peut rencontrer assez régulièrement dans le Bordelais en rouge,en Bourgogne pour les blancs.
Pour le cabernet franc, Le Bourg des frères Foucault est élevé très longuemment
en fûts neufs ( et sans doute plus longtemps que dans les grands châteaux du médoc , l'élevage dépassant souvent les 24 mois ). Les anciens millésimes semblent parfaitement supporter un long élevage. Je trouve que le bois , ici, apporte une sorte de moelleux et des tanins très fins que l'on ne rencontre pas dans les autres cuvées vinifiées en vieux fûts ou cuve.
Par contre pour le chenin, je m'interroge un peu plus. Je ne trouve pas que le bois neuf se fonde aussi bien que cela dans le Brézé ( blanc sec des Foucault). Mis à part le 1996 où le bois se fond dans l'énorme matière, j'ai toujours trouvé qu'il y avait du vin d'un côté et du bois de l'autre. Avec aussi , une tendance à l'oxydation ( 1995 c'est très net sur 2 flacons, et 1997 ). Pour les blancs , je trouve à chaque fois, et quelque soit l'âge du vin, un élévage trop violent ( là encore 24 mois au-moins, je pense qu'il y a une modulation selon les millésimes). Idem sur les moelleux, je trouve que le bois reste à côté.
Je trouve toujours que les vins de Bourgogne blancs "fusionnent" mieux leur bois que les vins de Loire et je ne sais pas pourquoi ! Mais par exemple ( je vais peut-être en sortir une grosse ) , s'il y avait une ressemblance de structure entre un Loire blanc et un Bourgogne, je dirais Vouvray et Chablis. Les arômes n'ont rien à voir, mais le côté minéral sur un fond d'acidité et un équilibre sur l'alcool se fait de part et d'autres chez les "reconnus" ( Dauvissat, Raveneau / Huet , Foreau ) , sans élevage "boisé-neuf" où avec un faible renouvellement de 10 % environ.
Leroy en Anjou ? J'étais resté impressionné par la matière des 2002 et m'était interrogé sur ce bois quand même insistant. Pas optimiste, j'en ai très peu en cave.
Le père Huet de son vivant disait que le chenin se marriait très mal avec le chêne neuf ( un moindre mal avec du chataîgnier ) et qu'il n'avait pas du tout besoin de ça pour exister...
17 Avr 2007 14:36 #30

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