Quelques impressions à l’issue du giro della primavera dédié aux femmes du vin en Italie.
Tout d’abord un petit regret : la température de service (un peu trop chaude à mon goût) mais cela ne ternit guère la grande qualité globale de l’organisation et de l’accueil ainsi que celle de tous les vins présentés.
Venons-en aux domaines représentés (par ordre de préférence et non par ordre de dégustation).
Deux coups de cœur en forme de confirmation (ou l’inverse) :
Fattoria le Pupille (Toscane)
Des rouges qui combinent finesse de tannins, profondeur, élégance et sapidité ainsi qu’une belle fraîcheur de fruit et de la persistance. Au top, Saffredi 2004 et le Morellino di Scansano Poggio Valente 2005, d’un magnifique rapport prix plaisir.
Un joli blanc sec (Poggio Argentato 2007) également à l’assemblage original (traminer et sauvignon par moitié chacun) aromatique et plein en bouche et un délicat blanc doux, Solalto 2004, qui manque peut-être un peu de tonus et de longueur
Elisabetta Foradori (Trentin)
Toucher de bouche de classe, personnalité, élégance et longueur pour un Granato 2006 très élancé et dense en bouche. Rondeur fruitée et maturité pour le Teroldego 2006 qui s’est départi avec le temps du soupçon de rusticité qui le caractérisait dans le passé.
Les confirmations (là où se confirme l’attrait ou la déception selon les cas) :
Ronco del Gnemiz (Frioul)
Des blancs superbement en place, aromatiques, équilibrés, frais, de belle concentration, avec un élevage bien intégré. Mes préférences vont comme d’habitude aux deux sauvignons et au friulano. Le chardonnay ne présentant pas aujourd’hui une matière susceptible de compenser un élevage un peu plus marqué mais la finesse est incontestable. Millésimes 2007 pour la gamme de base et 2006 pour la ligne "SOL" (élevage en barrique plus long)
Le rosso 2004 m’a paru légèrement en retrait, le fruit ayant moins d’éclat que d’habitude dans un ensemble plutôt dominé par le merlot et manifestant un peu d’amertume en finale. Les tannins sont d’une très belle finesse mais un surcroît de concentration m’aurait plu.
Allegrini (Venetie)
Le Palazzo della Torre 2005 est élégant et discret, assez souple, moins marqué que certaines années par la technique du ripasso, mûr mais pas surmûri.
La Grola 2005 est nettement plus structuré mais reste juteux avec beaucoup de fruit mûr. Elégant et assez tonique. Très beau rapport prix / plaisir
La Poja 2004, toasté et épicé au nez, est puissant en bouche , plein, complexe avec une finale assez minérale derrière un élevage certes marqué mais pas tapageur. Très belle bouteille qui évite, à mon avis, l’écueil du profil international que d’aucun lui ont déjà attribué dans le passé.
Quant à l’Amarone 2004, il est fidèle à lui même, privilégiant la finesse et l’élégance à la puissance malgré des tannins gras et mûrs bien présents. La petite sucrosité liée à ce type de vin n’est absolument pas dérangeante.
Le Recioto 2005 est également d’une grande finesse avec un beau fruit, de la tenue mais moins d’ampleur que l’Amarone. Le sucre est bien intégré mais il faut aimer ce style de vin assez difficile à boire et qui n’a pas la complexité d’un VdN.
Le Macchiole (Toscane)
Ce domaine élabore de grands vins concentrés, puissants, remarquablement élevés, avec des tannins veloutés mais il leur manque la touche d’élégance et la tonicité qui emporterait mon adhésion.
Paleo Rosso 2004 manque à mes yeux du jus et du fruit que j’attends d’un cabernet franc et Scrio 2004 est une très belle syrah qui se rapproche davantage du style Barossa Valley que du Rhône et qui, à ce titre, manque singulièrement de fraîcheur et de minéralité (mais c’est une question de goût..)
Avignonesi (Toscane)
Rosso 2007 simple mais gouleyant avec un beau fruit mûr et une certaine élégance. J’aime bien d’autant qu’il était servi à température adéquate (comme tous les vins de ce domaine)
Je n’ai accroché à aucun des trois autres vins goûtés . Le Vino Nobile 2005 manifeste discrètement de l’élégance et une certaine complexité au nez mais la bouche, un peu fluide, ne suit pas. Desiderio 2006 , plus puissant et plus structuré mais de concentration et d’ampleur très moyennes ne parvient pas à décoller. Quant à 50 & 50 2004, il se présentait très compact mais aussi très fermé sur des notes sombres d’élevage qui l’empêche sans doute de s’exprimer.
Ceci confirme la difficulté que j’ai à apprécier les vins de ce domaine.
Castello di Ama (Toscane)
J’ai assez bien aimé le chardonnay Al Poggio 2008, aromatique, fruité, très présent en bouche avec de la douceur et même un côté délicat étonnant pour ce cépage. En revanche, la finale est plus dure et de longueur moyenne.
En rouge, les vins sont concentrés, assez longilignes, ont une noblesse évidente et de la longueur. Toutefois le Castello 2005 présente des tannins un peu verts et une discrétion aromatique décevante. Ensemble trop monocorde malgré finesse et longueur. Bellavista 2004 (sangiovese), au nez de pâte de fruit et de pain d’épice manifeste une matière fine et élégante en demi-corps et l’Apparita 2005 (merlot) une belle structure mais les deux manquent un peu de complexité (aujourd’hui - car trop jeunes ?) de volume de bouche et de cette touche sexy qui emporterait l’adhésion.
Je ne suis jamais arrivé à apprécier ces vins et encore moins quand je regarde leur prix (respectivement 115 et 120 EUR) mais ceci explique peut-être cela…
Braida (Piémont)
Une fois de plus, je n’accroche pas à ce type de barbera, tout en élevage (remarquable d’ailleurs), en rondeur, en ampleur, jouant entre délicatesse des tannins et puissance alcoolique, pleins d’épices fines mais manquant de fruit et d’élan et donc au bout du compte de la fraîcheur juteuse qui fait le charme de la barbera.
Millésimes 2006 pour Montebruna et Ai Suma; 2005 pour Bricco dell'Uccelone et Bricco della Bigotta
Les découvertes
Villa Medoro (Abruzzes)
Le Montepulciano 2006 est un joli vin de soif, souple au fruit éclatant et mûr.
La cuvée Adrano 2005 exprime beaucoup de finesse avec des notes florales et épicées derrière un grillé discret. Belle concentration en bouche mais tannins un poil amers. Finale élégante de longueur moyenne. Un vin sérieux qui doit se fondre.
Le Rosso del Duca 2007 se positionne entre ses deux congénères, prenant au premier son fruit mûr et au second ses notes d’élevage et ses tannins. Néanmoins, la conjugaison reste modeste et je préfère le fruit du premier et la finesse du second au moyen terme.
Montevetrano (Campanie)
Trois millésimes en dégustation : 2006, 2005 et 2002
Nez sur les herbes aromatiques et les épices, avec un côté plus ou moins torréfié selon les millésimes (le 2005 est même à la limite du brûlé). La bouche est ferme, droite, avec peu chair mais de la finesse. Celle-ci est malheureusement un peu contrecarrée par des tannins secs (2006), plus ronds mais envahissants (2005), ou dévaluée par un léger manque de concentration (2002).
Ce vin demande sans doute 10 ans de cave pour s’exprimer. En l’état, il manque vraiment de charme…
Poggio al Tesoro (Toscane)
Co-propriété Allegrini.
Deux vins plutôt amples, mûrs, ronds, assez gourmands, de longueur moyenne. Mediterra 2006 , avec sa dominante syrah est plus épicé, tandis que Sondraia 2005 (assemblage bordelais) est davantage sur le fruit. Vins finalement assez « commerciaux ».
Je préfère largement les vins du Veneto pour ce domaine.
Les autres
Valdipiatta (Toscane)
Cette année, les deux vins m’ont déçu. Le Vino Nobile normal 2004 est évolué, souple, curieusement assez végétal malgré la maturité perçue du raisin. Elégant mais court.
La Vigna d’Alfiero 2003 présente certes plus de densité mais également un déséquilibre alcooleux (2003 il est vrai) assez dérangeant.
Je n’ai pas goûté les vins de la Tenuta di Ghizzano (Toscane)
Je renvoie au
site internet
pour les renseignements divers non indiqués ici (cépages, type d’élevage, prix, etc..)