Vins d’Espagne Blancs
Lundi 12 juin 2006
Une production Ganesh Club
Le contexte :
- Les vins sont carafés avant la dégustation et servis à température.
- L’ordre de service est aléatoire et les vins sont goûtés à l’aveugle mais découverts en séries de 5 puis 6.
- Nombre de dégustateurs : 18.
- JP : Jacques Prandi - PP: Pascal Perez - LG : Laurent Gibet
- Dégustation préparée par Pascal Perez pour le club Itinéraire des Vins.
- La synthèse des commentaires de dégustation est assurée par Laurent Gibet.
Les vins :
1. Penedes – Gramona – Vino Blanco Gessami 2004 :
JP12,5 – PP13 – LG12,5
- Muscat d’Alexandrie, Sauvignon.
- Robe pâle.
- Nez combinant des senteurs de végétal, de pamplemousse, de fleurs blanches. Il évoque un peu la confiserie (guimauve). L’aération ajoute des senteurs de cire, d’anis, de minéral, de menthol.
- Bouche modeste, gentiment citronnée, avec une finale un peu dominée par la chaleur alcoolique. Certains trouvent qu’elle accuse un déficit en acidité, d’autres en matière, tout simplement. Approche plutôt « techno » (aromatiquement racoleuse), sans grand intérêt.
2. Rias Baixas – Adegas Galegas – D. Pedro de Soutomaior Tempo 2002 :
JP13 – PP13 – LG11
- Robe pâle.
- Nez particulier : guimauve, menthe, citron, pêche. Boisé trop marqué : bois vert, noisette grillée, banane fraîche. Vraiment pas racé.
- On retrouve ce boisé violent dans une bouche plutôt légère, creuse (et courte), se terminant chaleureusement. Finale assez vulgaire sur des goûts de vanilline. Pascal trouve un vin glycériné, frais, pour des goûts de pêche et de menthol. Pour Jacques, matière correcte, légèrement chaleureuse derrière un boisé invalidant.
3. Valdeorras– Bodegas Las Tapas - Guitian Godello Fermentado en Barrica 2004 :
JP11 – PP11 – LG10
- Robe très trouble, sans grande intensité.
- Réduction initiale. Le nez se clarifie quelque peu pour révéler des notes plus seyantes de fruits (pêche jaune, abricot sec), de sureau, d’agrumes, de fleurs, d’amande, de crème catalane. Belle personnalité.
- C’est en bouche que cela se gâte clairement : elle s’avère désunie, très molle, abrupte, pour des goûts paradoxalement banals (amande, guimauve). Alcool et amertume prononcée.
4. Rueda – Belondrade y Lurton 2004 :
JP14 – PP14 – LG14
- Verdejo.
- Robe sans trouble mais très pâle, presque blanche.
- Nez muscaté, anisé aussi, articulé sur un fruit doucereux (pêche) et un duo végétal/agrumes qui donne une impression de sauvignon (bien mûr).
- Bouche pour une fois présente, propre, équilibrée. Ni grande longueur ni grande profondeur mais une certaine tenue pour une finale un peu épaisse. Pas sûr que le vin gagne vraiment à vieillir.
5. Rioja – Remelluri – Blanco 2003 :
JP15 – PP14,5 – LG15
- Petit Courbu, Muscat, Grenache blanc, Sauvignon, Marsanne, Roussanne, Chardonnay, Viognier.
- Nez parfumé, mûr, particulièrement prolixe qui dégage des senteurs intéressantes autant que multiples. Si on écoute ce qui fuse de l’assemblée, on pointe à la volée : pêche, limonade, menthol, réglisse, minéral ; en plus original, on entend aussi : lavande, bergamote, rose (ou plutôt jasmin enivrant), vernis, cire, banane, térébenthine, rhum, encaustique, fruits secs. Assurément complexe, il reste difficile à vraiment circonscrire.
- Bouche à l’avenant, très baroque mais elle tient la route dans son profil à la fois capiteux et tonique, extrémiste, légèrement oxydatif, un peu foutraque. Le vin, qui se termine sur des goûts réussis de poire à l’alcool, paraît prêt à boire.
- Plus extravagant que le beau 2000 bu il y a quelques années (noté unanimement 15,5/20).
6. Conca de Barbera – Torres – Milmanda 2003 :
JP15 – PP15 – LG14,5
- Chardonnay.
- Robe moyennement intense, sans trouble.
- Au nez, on discerne des senteurs de poire, de minéral, de muguet, de sauge, de citron, de brioche et presque d’iode. Finesse, réserve et complexité pour autant.
- Bouche fine et fraîche, subtilement élevée, plutôt chaleureuse mais sans lourdeur. Certains louent ses vertus de pureté, de densité et d’élégance. D’autres, tout en reconnaissant ces arguments organoleptiques, dénoncent son manque de reprise patent en finale (un côté « service minimum »).
7. Rias Baixas – Pazo Señorans – Albariño Seleccion de Añada 2001 :
JP12 – PP12 – LG11,5
- Robe peu intense, perlante.
- Nez dans un registre évanescent, plutôt muet : tandem végétal /citron de nouveau, amande fraîche, ananas, fenaison.
- Bouche à la douceur sucrée vulgaire (quelques grammes de sucre résiduel parvenant mal à masquer une finale un brin agressive sur le citron vert, expéditive - pas de longueur). Une manière de « non-vin », désespérément creux.
- Selon Pascal, une déception cuisante pour une cuvée particulièrement estimée.
8. Rias Baixas – Bodegas Gerardo Mendez - Do Ferreiro Albariño Cepas Vellas 2004 :
JP12 – PP12 – LG12
- Vignes de 200 ans.
- Robe brillant peu intensément.
- Réduction notable initiale. Puis sensation muscatée, avec du citron, de la réglisse, de l’anis.
- Matière peu profonde, finissant sur une acidité presque tranchante : fleur d’oranger, tranche de citron vert. Vraiment éphémère, amère de plus.
- Autre déception rageante.
9. Rioja – Benjamin Romeo – Qué Bonito Cacareaba 2004 :
JP15/15,5 – PP14,5 – LG14,5+
- Malvoisie, Viura, Grenache blanc.
- Robe simple, un peu troublée.
- Le nez, excentrique en diable, évoque fortement un chardonnay boisé, par exemple du mâconnais (on pense à Milmanda). Il pourvoie des senteurs multiples : noisette grillée, vanille, ananas confit, alcool de poire, menthe, café, riche mirabelle, minéral discret. Habillage luxueux qui peut aussi annoncer un caractère très blasant.
- Bouche solide, de belle personnalité, construite sur une bonne arête acide, à attendre encore quelques années. Elle a plus de force que Milmanda, sans sombrer dans le piège de la lourdeur. Grosse saveur de réglisse blanche pour accompagner la fin de bouche.
10. Catalunya – Mas Gil - Clos d’Agon Blanc 2003 :
JP15,5/16 – PP16 – LG15+
- Viognier, Roussanne, Marsanne.
- Robe brillante, pas trop intense.
- Le nez, qui sent initialement le gaz, affiche ensuite une signature très personnelle en développant une nette et belle complexité : fruits bien mûrs, anchois (iode), herbes aromatiques, anis (fenouil, badiane), réglisse noire, cédrat, et même ici de nouveau, ce qui n’est pas commun, muguet.
- Structure aux goûts muscatés (rose, reine-claude), solide (fraîcheur, densité, équilibre, longueur) même si richement dotée (glycérinée), pas encore tout à fait en place. Elle devrait bien évoluer.
11. Rueda – Bodegas Naia – Naiades 2004 :
JP14 – PP14 – LG14
- Verdejo.
- Robe pâle.
- Nez dominé par des notes centrales de fruit de la passion. Sans barrière, avec des notes complémentaires de pêche, de fleurs (violette, rose fraîche), pomelo, ananas.
- Dommage que la bouche ne suive pas totalement cette promesse résolument fruitée. La matière reste trop facile, passant vite. Elle est un peu grêle et semble excentrée (on se croit vraiment sur un Jurançon sec). Finale citronnée, végétale. Pour Jacques, bien fait mais limité. Pour Pascal, simple mais dense et droite.
Conclusion :
- Une dégustation hors des sentiers battus, qui adresse des cuvées le plus souvent ambitieuses.
- Contrairement aux rouges, nous connaissions très mal les expressions des vins blancs ibériques.
- Les nez sont souvent originaux, assez complexes, pas toujours faciles à caractériser (cépages originaux, hétérogénéité des appellations et des millésimes, …).
- Les bouches déçoivent souvent cruellement en raison surtout de structures défaillantes.
- On découvre quelques belles réussites à suivre, qui ne semblent pas pouvoir rivaliser avec les meilleurs vins blancs produits en France ou même en Italie.