Les fêtes de Noà«l, c'est un instant bien particulier, où l'on se retrouve en famille afin de partager les bons moments de la fin d'année. Mais moi j'ai toujours la bougeotte et si j'en ai l'occasion, je ne perds pas une chance d'assouvir ma passion.
Un retour auprès des miens, en Provence, du côté d'Avignon, va me donner l'occasion de mettre à profit ces quelques journées, riches en souvenirs et émotions diverses, afin de découvrir ou redécouvrir quelques ténors de la région.
Un peu plus haut, j'évoquais le partage en famille. Ici, c'est à un autre type de partage, tout aussi intéressant mais peut être pas aussi intime (bbb), que je vous invite. Et puis, LPV, c'est aussi quelque part un peu notre famille, non ? (bbb)
4 jours. C'est sur 4 jours que je vais étaler mes visites. Entre le 23/12 et le 28/12, et en dehors des retrouvailles familiales, je vais parcourir en long en large et en travers le Vaucluse (et un peu de Gard) de mon enfance et ce avec un grand sourire aux lèvres.
James, en famille du côté d'Uzès (30), va en profiter pour faire un bout de chemin en ma compagnie et nous en profiterons pour découvrir ensemble Vacqueyras (Montirius, La Monardière et Château des Tours) ainsi que 2 domaines de Châteauneuf (Clos Mont Olivet et La Charbonière).
Au total, + de 25 domaines au programme, sur toutes les appellations du coin. Dans un soucis de clarté, je ne vais pas faire un CR par journée mais plutôt 4 CR, 1 par groupe de communes. Quatre parties pour quatre journées. C'est logique n'est-ce pas ? (bbb)
Châteauneuf du Pape (en 2 parties car j'estime que Beaucastel mérite son propre CR), Gigondas/Vacqueyras et les Côtes du Rhône Village (Cairanne, Rasteau...).
Démarrons justement avec la plus glorieuse d'entre elles, j'ai cité sa majesté
CHATEAUNEUF DU PAPE
Château de Beaucastel
C'est la star de l'appellation qui m'accueille en tout premier lieu. Un RDV à 11h pour une dégustation superbe. Nous nous situons à la sortie sud d'Orange, sur la route de Courthézon. Le froid en ce matin de fin décembre est vif et piquant. Supportable mais il fait toutefois meilleur à l'intérieur.
Le domaine ne paie pas de mine. Une grande maison accolée à quelques bâtiments. Rien de folichon ni d'extravagant. L'accueil est formel mais cela n'est pas franchement un point primordial. D'ailleurs, le temps passant, le contact avec mon «guide» va s'accentuer et nous allons passer 2 bonnes heures à discuter, déguster, refaire la viticulture et les viticulteurs. Un excellent moment digne de la période festive qui s'annonce.
C'est dans le chai que nous dégusterons. Là , nous croisons François Perrin et entamons les choses sérieuses. On attaque fort avec la découverte sur fût du 2004 en rouge et blanc, tout d'abord par cépage puis après assemblage.
En Blanc : La
Marsanne tout d'abord, ronde et grasse à souhait. La
Roussane ensuite, fraîche et aromatique sur des notes de fleurs séchées et légèrement boisé. Puis vient la magnifique
Clairette vive et ample sur de superbes arômes d'agrumes. Le
Cinsault pour sa part promet d'être un élément déterminant dans la qualité finale du vin tant son potentiel me semble impressionnant. Le Grenache, rond et élégant, puissant et finement fruité suit cette belle tendance. Le Picpoul ferme la marche et le fait en beauté, montrant toute sa vivacité et la finesse de sa texture.
A l'assemblage, que mon hôte va effectuer avec moi, tant en Rouge qu'en Blanc, pour un instant magique, le 04 exprime fort justement sa fraîcheur, sa densité, l'expression de la fleur blanche, de la poire et de zeste de citron sur une souplesse de haut niveau. Ca promet !
En Rouge, on débute avec le superbe
Grenache au fruité massif et explosif suivi de la
Syrah, puissante mais encore terriblement austère, au potentiel énorme. La surprise vient de la
Cournoise et ses notes flamboyantes de framboise. Le
Mourvèdre poursuit la démonstration sur ses notes de fruits noirs et d'épices, de poivre. Le
Bourboulenc prend le relais, gras et souple sur des notes fortement épicées, puissantes et savoureuses. C'est le
Terret qui ferme la marche, rond et souple mais pas le plus expressif à ce stade.
Assemblé, ce 2004 exprime toute son élégance, le soyeux de sa texture et la finesse de son grain, le tout sur des tannins doux, souples et frais. Ample et tonique, le vin, encore à l'état embryonnaire bien sûr, laisse envisager une splendide réussite.
On laisse là la barrique et passons à la bouteille (bbb) et l'on démarre avec le
Château de Beaucastel Rouge 2003. Intense, profond, lumineux, exceptionnel tant sa droiture est exemplaire. Charpenté, séveux et d'une élégance rare, le vin cajole les sens sur de puissantes notes de garrigue et de fruits noirs. Vient ensuite le
Château de Beaucastel Rouge 2001 qui laisse découvrir toute sa palette de fruits noirs avec le cassis et la myrtille, les épices avec le poivre blanc et le cumin et un retour fruité avec la pêche. La bouche est onctueuse, fine et élégante avec une structure dense et homogène. Cela n'empêche nullement une superbe fraîcheur et une belle mache en finale. Un grand vin qui laisse la place au
Château de Beaucastel Rouge 1999 un ton en dessous dans son expression mais qui laisse découvrir de très belles notes animales, de fourrure et de foin séché. Encore très dense, linéaire et profond, le vin fait preuve d'une magnifique souplesse et d'une justesse de ses tannins, ronds et aimables, qui laisse en bouche la sensation d'un plaisir intense. Le vin suivant,
Château de Beaucastel Rouge 1994, apporte un vent d'élégance surprenant. Sa très belle structure, ses notes animales et de champignons très poussées mais finement en place, et la douceur de ses tannins exprime toute la finesse de ce vin. En léger retrait actuellement, on sent que ce vin est encore dans sa phase d'attente. Il commence à se libérer mais ne se dévoile que prudemment. Si vous décidez d'en ouvrir une bouteille, n'hésitez pas à la carafer. On termine la dégustation des rouges avec le
Château de Beaucastel Rouge 1989. On garde toujours le meilleur pour la fin (bbb). Subtiles notes animales au nez accompagnées d'arômes de fruits secs et d'épices. En bouche, l'élégance et grande, la structure ample et la matière noble. Les notes de fruits secs, de noix et d'amandes resurgissent, avec cette fois le sous-bois et le marron glacé (c'est la saison (bbb)), la fougère mais aussi la poire, et suivent des tannins d'une extrême douceur. Etonnant de vigueur et de race, le vin devient envoûtant et magistral jusqu'à sa longue et parfumée finale. Une grande leçon d'humilité face à un géant.
Le passage aux blancs se fait en douceur. Je repense à ce 89 quand on mon accompagnateur me présente un verre de
CDR Coudoulet Blanc 2003, rare car produit en toutes petites quantités. Un vin vif, frais, parfumé sur des notes d'agrumes et de poire avec une belle densité et une rondeur intéressante. On passe ensuite au
Château de Beaucastel Blanc 2003, ample et droit avec ses arômes de pêche et de fleurs blanches. Bien en place, sur un boisé très fin et une matière grasse et caressante, ce CDP est bien construit, sans défaut. Sans vraiment être extraordinaire non plus. Le suivant est d'une toute autre envergure.
Château de Beaucastel Blanc VV 2003. Au nez, fines notes boisés, d'agrumes, de fleurs séchées et d'écorces d'orange. En bouche, on retrouve les arômes floraux et d'orange et quelques notes de noisette qui s'ajoutent au plat présenté. La pointe d'acidité ressentie est superbe. Le vin s'équilibre parfaitement avec un gras et une rondeur splendide et se construit sur une matière ample et généreuse, d'une grande finesse et d'une puissance parfaitement maîtrisé. Intense, long et majestueux, ce vin est d'une classe à part.
On change de pièce, montons un étage, quittons le chai pour nous rendre dans la salle de dégustation. Le dernier vin de cette visite, c'est un
Château de Beaucastel Blanc VV 1996 qui ne me laissera pas un très grand souvenir. J'ai trouvé à ce vin un petit creux en milieu de bouche, une légère trace d'oxydation (qui me semble débuter mais dont on me dira qu'elle se termine au contraire (jjj)) mais cependant ce 96 fait encore preuve d'une belle fraîcheur sur des notes racées de champignons et d'humus. Finale moyenne et bonne persistance des notes tertiaires.
Je quitte mon hôte, ravi de cette première visite. Mon parcours vinicole en Provence commence vraiment très bien. La suite, c'est toujours sur Châteauneuf du Pape qu'elle va se dérouler. Je vais vous la conter dans le chapitre II de mes escapades au long du Rhône.