Comme une négritude, cela peut se cacher ou se revendiquer. Cela peut se cacher parce qu’il est de bon ton d’encenser l’inverse.
Le sudisme, c’est un air de Nino Ferrer, c’est la brûlure du soleil sur les cailloux, c’est au détour d’une ruelle une odeur de feuille de figuier, ce sont des volets qui se ferment dans une ruelle inondée de lumière, bousculant les dentelaires et les bougainvilliers à l’heure de la sieste et ce village qui devient silencieux et seul le clapotis incessant de la fontaine vient rappeler qu’il y a de la vie ici.
C’est le bruit du soir dans ces mêmes ruelles, animées de feux follets, de pétards, de musiques.
C’est la garrigue environnante, ce sont ces pentes qui font mal aux jambes, c’est ce goût de poussière qui brûle la gorge au point qu’il faut se rafraîchir souvent, c’est ce lézard qui s’enfuit au passage, c’est ce chêne qui accueille la gourde de celui qui travaille la vigne d’à côté et sous lequel il viendra se reposer de temps à autre. C’est ce bruit assourdissant, ce concert ininterrompu jusqu’au soir des ailes des cigales que seuls les grillons de la nuit viennent relayer. C’est alors ce retour au calme quand la ville s’agite et ces odeurs de lavande et de romarin qui descendent des collines.
C’est ce village, à nouveau, au bout de cette route bordée de platanes, c’est cette place où des filles brunes à la peau mâte font virevolter leur jupe colorée en passant devant cet attroupement d’hommes duquel s’échappe des cris, des rires et des bruits de sphères de métal qui s’entrechoquent sous le regard des anciens qui assistent au spectacle quotidien depuis leur banc, ils se rappellent, dans les brumes des vapeurs anisées…
C’est le sentiment d’appartenir au pays du ballon ovale et des courses de taureaux, du grenache et du carignan, excessif et brutal, mais aussi généreux et accueillant.
Un peu image d’Epinal, mais Epinal, c’est quand même bien plus au nord !