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Le Languedoc / Roussillon à  Paris

  • DidierT
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Réponse de DidierT sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Ces commentaires sont vraiment intéressants car effectivement la personnalité de certaines bouteilles ne peuvent laisser indifférents. Marc résume bien, on aime ou on déteste. C'est le cas apparement du Clos des Cistes qui effectivement est un vin d'une très forte personnalité et puissant, d'où des avis très tranchés. Syrah Leone plus en finesse fait plus l'unanimité même si cette unanimité se fait un cran au dessous (pour faire court) par rapport à  ceux qui ont aimé le premier.

Je pense que le cas Gauby, c'est l'effet inverse, j'ai trouvé un manque de personnalité même si je pense que les conditions n'étaient pas optimum et qu'il faut revoir ces bouteilles. D'autres avancent la pureté du terroir.

Enfin, le cas Clos des Fées, certainement le domaine le plus technique du plateau s'ouvre aussi à  ces mêmes avis tranchés pour des raisons liés à  ce coté.

Le plus surprenant aux vus des commentaires, c'est Terre Inconnue qui fait l'unanimité (Bravo Robert) avec des vins aussi de fortes personnalités.

En final, ces bouteilles de domaines inovateurs ont une expression qui ne peuvent laisser indifférent et je pense que les commentaires le montre.

Doit-on d'ailleurs rechercher cette unanimité au risque de faire une bouteille bonne, mais passe partout ou au contraire un vin à  forte personnalité qui par défaut s'ouvrira à  la critique de certains, mais avec des vins exceptionnels pour une autre frange?

J'ai tendance à  penser que le 2ème est la bonne direction. Maintenant, il y aura toujours quelques exceptions qui feront de très grandes bouteilles et remporteront l'unanimité mais celles-ci se feront très rares.

Clos de Tart? fait je pense parti de cette dernière catégorie vue notre dernière visite.

Qu'en penez-vous?

Didier
PS : Il est heureux que nous ayons des avis et goûts différents. La vie serait bien triste autrement et LPV bien ennuyeux sans les joutes Luc / Olif / Jérôme....
27 Oct 2004 22:31 #31

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Mon très cher Olif,

Loin de moi l'envie de tirer des conclusions hâtives, je me pose simplement des questions auxquelles je tente (sans doute maladroitement) d'apporter une réponse en me basant sur la lecture de vos comptes-rendus respectifs.
Cela relève donc effectivement davantage de la méta-analyse que de l'étude en double-aveugle, mais ce n'est peut-être pas sans intérêt pour autant...(bbb)
Je commence à  cerner un peu tes goûts et ta façon de déguster, il en va de même pour ceux de DidierT. Je ne peux que constater le fossé qui sépare vos deux approches en ce qui concerne, par exemple, les vins de Gauby. Cela me rappelle d'ailleurs nos interprétations disons quelques peu divergentes de la dégustation chez Frédéric Magnien...
Quand je vois que la cuvée de Vieilles Vignes possède une acidité dominante (c'est toi qui l'écrit) et des tannins un peu durs (ça, c'est de DidierT), surtout dans un millésime comme 2003, je m'interroge sur les raisons de ce changement radical de style pour un vin que je connais sur quatre millésimes (de 1998 à  2001) et qui m'a toujours enchanté par sa gourmandise et sa maturité. Car c'est effectivement ce que je recherche quand j'ouvre une bouteille sudiste, pas un vin acide aux tannins durs (il y a d'autres régions plus spécialisées dans ce type de production... et si quelqu'un pense à  la Bourgogne, ce ne sera pas de ma faute ! (bbb))
Alors quand je lis "qu'il cherche à  aller vers plus de pureté d'expression, ... le terroir ressort certainement beaucoup plus! Des vins effectivement plus tendus, sur le fil, qui vont mériter du temps...", je ne peux m'empêcher de me montrer méfiant car j'ai trop souvent entendu ce genre de discours de la part de producteurs tentant de justifier un manque de matière et de maturité dans leurs vins. Ce qui n'est tout de même pas le style de la maison Gauby, je m'empresse de le rajouter...
Mais tu as raison, il faudra bien que je me fasse une idée par moi-même et je me ferai un devoir d'en acheter quelques bouteilles pour tenter de comprendre.

Amitiés,

Luc

PS : si tu pouvais m'expliquer ce que c'est "une biodynamie intelligente", ce serait très gentil...(bbb)
28 Oct 2004 16:44 #32

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Réponse de Olif sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Une " biodynamie intelligente", Luc, c'est un pléonasme, en fait!(aaa)

C'est utiliser sa propre bouse pour faire ses préparations (enfin pas la sienne, celle de ses vaches!), préserver son microcosme levurien, tirer profit de son environnement pour l'améliorer, replanter des haies pour favoriser le retour d'insectes utiles et d'oiseaux prédateurs, c'est un retour vers un vin plus naturel, quoi! Et si ce vin doit par ce fait ne plus avoir "autant de gourmandise et de maturité", on pourrait aussi se demander pour quelles raisons d'autres vins du Sud en possèdent tant. Peut-être uniquement pour te plaire, Luc?(aaa)

Si les vins de Gauby devaient manquer "de matière et de maturité" dans un millésime comme 2003, ce serait à  n'y plus rien comprendre et même à  se demander pourquoi ils ont réussi des choses qui te plaisaient tant les années précédentes!

"Tenter de comprendre" est bien la moindre des choses que tu puisses faire, et je te fais confiance de ce point de vue-là !
Et pour finir, ce que je reprochais surtout à  ta "méta-analyse", c'est la formulation "singer l'équilibre septentrional", qui me semble au mieux inappropriée!

Olif
28 Oct 2004 18:09 #33

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Olif,

Merci pour l'explication. J'ai tout compris sur la biodynamie intelligente. En fait c'est du bio...(bbb)
Par contre, tes conclusions sont au moins aussi hâtives que les miennes, car lier le changement de style dans les vins avec un changement dans les modes de culture (si changement il y a eu) de manière aussi directe me semble aller un peu vite en besogne.

"Si les vins de Gauby devaient manquer "de matière et de maturité" dans un millésime comme 2003, ce serait à  n'y plus rien comprendre et même à  se demander pourquoi ils ont réussi des choses qui te plaisaient tant les années précédentes!"

Ben j'en sais rien moi ! J'ai pas goûté les vins de 2002 et 2003... (bbb)
Et puis ce n'est pas moi qui dit qu'ils manquent de matière, c'est dans vos CR (pas dans le tien effectivement)... Pour le reste, il me semble qu'une des manières de faire des vins avec beaucoup d'acidité, c'est de récolter moins mûr. Mais encore une fois, je t'accorde que c'est de l'interprétation de ma part, sans doute abusive.

Je voudrais par contre que tu m'explique en quoi les derniers millésimes reflètent mieux leur terroir que les précédents.

Merci d'avance,

Luc
28 Oct 2004 20:00 #34

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Réponse de Olif sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Le bio revendiqué, c'est un label! Comme la biodynamie d'ailleurs! Et comme toi, tout le mysticisme qui va autour ne m'intéresse guère!

Le virage bio-ce-que-tu-veux a été pris au domaine Gauby depuis le millésime 2000, et ne me semble vraiment perceptible que depuis le 2002. Et Lionel Gauby est de plus en plus enthousiaste pour ses vins, de façon crescendo avec les millésimes.

Ils reflètent mieux le terroir car ils ont moins de puissance enrobée (jeunes) que les 99, par exemple, dont entre parenthèses je viens de regoûter un exemplaire de VV qui m'a paru déséquilibré par un excès d'alcool. Je sais que tu aimes le fruité intense, les vins à  grande opulence, de plaisir immédiat, mais là , il te faudra patienter car ce vin devrait se mériter. Et il ne manque aucunement de matière. Le but recherché n'était pas de faire de l'acidité, mais de faire un vin avec moins d'artifices. Récolter moins mûr en 2003, c'était impossible!

Olif
28 Oct 2004 20:41 #35

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Réponse de robert sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

"C'est utiliser sa propre bouse pour faire ses préparations (enfin pas la sienne, celle de ses vaches!), préserver son microcosme levurien, tirer profit de son environnement pour l'améliorer, replanter des haies pour favoriser le retour d'insectes utiles et d'oiseaux prédateurs, c'est un retour vers un vin plus naturel, quoi! Et si ce vin doit par ce fait ne plus avoir "autant de gourmandise et de maturité", on pourrait aussi se demander pour quelles raisons d'autres vins du Sud en possèdent tant. Peut-être uniquement pour te plaire, Luc?"

Petite explication sur le bio.
Excuse moi mais si on prend le Bio au pied de la lettre.
Rajouter des engrais même si c'est de la bouse de vache pour moi c'est pas bio. Le terroir devrait suffir à  nourir des vignes pas trop sollicitées. Le bio c'est laisser faire naturellement (laisser les feuilles et les sarments, comme ce qu'il se passe dans les forêts), mais c'est un travail de plus longue haleine.
Je ne dis pas ça pour dire que je fais mieux (car si un jour il faudra de l'engrais j'en mettrais mais du style aussi bouse ou fumier etc...).

"Et si ce vin doit par ce fait ne plus avoir "autant de gourmandise et de maturité" je ne vois pas comment puisqu'il y a apport d'engrais pour se substituer au travail de la plante. Et comment qu'il est mis l'engrais ?
Si c'est en surface c'est donner à  manger aux racines proche du sol et pas favoriser l'enracinement profond. Et faciliter des arômes faciles.
7 ans sans engrais et gain de minéralité assuré.

"préserver son microcosme levurien" rajouter des bouse veut dire changer le microcosme levurien. Parce que les bouses sont pas stérilisées que je sache.

"replanter des haies pour favoriser le retour d'insectes utiles et d'oiseaux prédateurs" replanter veut dire changer l'écosystème par rapport à  ce qu'il était avant.

Voilà  ce que j'ai retenu de mes quelques cours d'écologie.
PS : je n'ai pas goûté les vins. Mais bon quand on fait un argumentaire bio et écologique encore faut -il savoir de quoi on parle ( et je ne te critique pas olif juste je te dis de faire attention au discours qui peuvent orienter ta perception). Du style je fais du bio donc je fais plus fin.
29 Oct 2004 10:55 #36

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Réponse de Olif sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

"Du style je fais du bio donc je fais plus fin"

Ce n'est pas ce que je veux dire, Robert! Et je n'explique pas, j'en suis bien incapable! Je constate! Je constate un changement de style chez Gauby, un style radicalement différent de tous les autres vins goûtés ce jour-là . Et, j'espère, ne pas me laisser plus influencer par les arguments bio de Lionel Gauby que les arguments hédonistes de Luc. Ce qui m'intéresse néanmoins, c'est la démarche!

Et les bouses, si les vaches se sont nourries exclusivement de l'herbe qui pousse dans les vignes, elles respectent le microcosme levurien, à  mon avis, sauf si elles ont chopé une dysenterie!

Laisser une vigne à  l'état sauvage pourrait être du bio absolu, mais je doute quand même du résultat. L'anarchie risquerait quand même de s'installer rapidement.

Et pas d'accord avec toi sur le retour des insectes et des oiseaux! On change effectivement l'écosystème, mais pour le ramener, en théorie, à  ce qu'il était avant. Avant les engrais, les pesticides et toutes ces sortes de choses qui ont ruiné certains terroirs. Ce qui serait à  même de me convaincre, dans une approche bio-ce-que-tu-veux, c'est que tous les vignerons qui la pratiquent constatent que, au bout d'un certain temps, leurs sols revivent, se repeuplent de micro-organismes qui avaient jusque-là  disparus. Et les vaches sont là  pour entretenir la fertilisation de la manière la plus naturelle qui soit!

Mais, rassure-toi aussi, Robert, je n'ai pas une approche uniciste du vin, et je ne me contente pas uniquement de ces arguments pour me laisser convaincre! Je suis aussi hédoniste à  mes heures. Ya pas de mal à  se faire du bien!

Olif
29 Oct 2004 11:20 #37

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Réponse de robert sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

"Et les bouses, si les vaches se sont nourries exclusivement de l'herbe qui pousse dans les vignes, elles respectent le microcosme levurien, à  mon avis, sauf si elles ont chopé une ..."

l'herbe passe par le bidou des vaches (donc tu apporte les bactéries, levures etc... de la bestiole), la bouse passe par terre s'y dépose instantanéement de nouvelles pitites bestioles etc...

Le bio serait de ne pas mettre d'engrais et faire de l'humus avec ce qu'il y a sur place.

"Et pas d'accord avec toi sur le retour des insectes et des oiseaux! On change effectivement l'écosystème, mais pour le ramener, en théorie, à  ce qu'il était avant."
moi a calces je sais pas comment c'était avant (puis avant quoi les romains les cathares, la révolution industrielle).
C'est ce que je dis souvent aux écologistes du coin qui veulent rendre la camargue à  son état naturel. Ah il faut raser les digues alors. La en général je passe pour un sombre c...

"Ce n'est pas ce que je veux dire, Robert! Et je n'explique pas, j'en suis bien incapable! Je constate! Je constate un changement de style chez Gauby"
Sur un millésime celà  me parait peu pour juger d'un changement de style.
Mais dois je te rappeler l'année 2003. Année a maturité précoce. D'ou : on évite l'écueil de l'alcool pour avoir une maturité des tannins (phénolique) quasi instantannée avec l'alcool. Vendanges fin août début septembre (chez moi) ce qui veut dire que les pulpes et les peaux sont "moins sudistes que d'habitude".
Je crois qu'il n' y a qu'un ignare qui puisse penser : trop de soleil = sur maturité. Ah c'est sûr que celui qui a vendangé fin septembre aura ce genre de problèmes.
Par contre 2004 est l'année idéale.
29 Oct 2004 11:40 #38

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

"Et les bouses, si les vaches se sont nourries exclusivement de l'herbe qui pousse dans les vignes, elles respectent le microcosme levurien..."

Olif,

Ne me dit pas qu'ils laissent courir les vaches dans les vignes tout de même...(aaa)

Luc
29 Oct 2004 11:49 #39

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Réponse de Olif sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Chez Courtois, en Sologne, oui!(aaa)

Olif
29 Oct 2004 12:17 #40

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Et les vins sont "comme j'aime" chez Courtois père et fils (bbb)
29 Oct 2004 16:00 #41

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

J'ai laissé quelques temps à  ce sujet pour s'enrichir avant d'y ajouter mon grain de sel.

Pas sur l'engrais où sur les bouses : si faire de bons vins se résumait "à  en mettre ou pas", ce serait si simple :))). Et mettre dans le même sac les engrais chimiques, le fumier frais, le compost maison, le compost acheté et la matière organique du commerce me semble être pour le coup un débat d'une profonde débilité. Comme de penser qu'un pincée de bouse dynamisé change la vie levurienne ou bactérienne de 40 ha. Passons.

Deux réflexions s'imposent à  moi sur la réaction de certains mes vins et à  ceux de mes confrères.

1/Même si se voir critiquer n'est pas agréable, pour eux comme pour moi, nous qui rêvons d'être aimé de tous, je sais depuis longtemps que l'on ne peut pas plaire à  tout le monde, que le vin "universel" n'existe pas et que de la diversité des opinions naît le plaisir du vin. Mais n'oublions pas qu'il y a des conditions, des moments où un vin se goûte mieux ou moins bien, des vins plus à  l'aise dans ce genre d'excercice que d'autres (dégustation marathon, comparution immédiate, etc. comme ce jour là ), d'autres qui seront au contraire plus à  l'aise à  table, sur un morceau de jambon où à  la table d'un 3 étoiles. A cela s'ajoute des humeurs, physiques ou mentales qui varient aussi chez le dégustateur. Certains d'entres vous m'ont paru avoir des idées reçues très fortes, chez moi comme chez d'autres vignerons, qui les influencent dès la porte passée. Chez Gauby, certains par exemple n'arrivent pas à  passer le cap de l'acidité. Chez moi, le prix de la petite Sibérie, même si la dégustation est gratuite :), semble être un blocage culturel, une barrière existentielle voire l'expression d'une conviction politique. C'est dommage. Ce jour là , on ne leur demandait que de prendre leur pied (ou non). Pour certains (et pas que de LPV, bien sûr), c'est assez difficile. Pour d'autres, cela ne pose aucun problème. C'est simplement ce que ca devrait être : un canon d'un vin rare parce que produit à  2000 exemplaires, que l'on ne sait pas si on le regoutera un jour.

2/Cette dégustation était une dégustation professionnelle où des professionnels venaient VENDRE du vin à  des professionnels. Il aurait été "judicieux" de la part des non commerçants invités de s'interroger pourquoi certains proposaient des 99, des 2000 ou 2001... et d'autres terminaient leur 2002. Pour ma part, si j'avais su que le but était de vous faire faire ouahhh, j'aurais amené quelques 2000 ou 2001. Et pour impressionner (le ouffff), 2003 en élevage aurait été parfait. A chaque dégustation professionnelle son but, à  chaque dégustateur qui se pique de professionnalisme (c'est le cas à  mon avis lorsque l'on vient à  ce genre de manifestation et que l'on publie ses notes) de décoder les messages de chaque vigneron, d'en tirer des conclusions, de s'en servir pour modérer ses écrits (ou au contraire de les durcir, pourquoi pas) ?

Pour illustrer cela, on peut se demander si les jugements de chacun n'auraient été plus représentatifs si les CR avaient été fait simplement par millésime (la dégustation comme les textes...), comme l'a fait par exemple B. Burtschy ce jour là . Au delà  de la simple qualité du millésime (je comprend que certains ne présentent pas les 2002 pour l'instant...) interviennent les paramètres de la mise en bouteille (trois, deux, un an ou six mois après la mise, cela change un peu les choses...) ou de l'évolution de vins de garde, parfois austères dans leur jeunesse mais oh combien plus éclatants ensuite. Lorsqu'on fait des CR de pro, on se granit d'agir comme un pro et dans son C.R., en préambule, on explique les choses. Certains l'ont fait et leur réserves ou leurs précisions les honorent et, à  mon sens, enrichissent leur vision.

Enfin, j'avoue avoir passé un court mais précieux moment avec Philippe Baret qui m'a beaucoup fait réfléchir avec ses réflexions délicieusement décadentes sur la petite Sibérie, trop belle et trop bonne pour être honnête, à  savourer en douce. J'aurais aimé pouvoir dîner avec sa femme et lui, autour d'une bouteille de petite Sibérie, d'un petit pigeon rôti, d'une tombé de cèpe et d'un simple morceau de Saint-Nectaire bien affiné. La discussion aurait été amusante et le plaisir... omniprésent. Car pour moi, le vin se résume au plaisir, certaines fois au luxe, jamais à  l'examen intellectuel de la démarche du vigneron ou à  la pratique de la dégustation non avec la bouche mais avec son cerveau, organe capricieux et solitaire, dont personne ne maitrise vraiment bien le filtre des névroses... Moins "conceptuel" que la petite Sibérie, c'est pour moi difficile et je me suis abondemment expliqué sur le sujet. "intéressant, rare, qui donne des sensations", ce genre de vin n'a pas été si courant dans ma vie d'amateur. Merci Philippe. Faut-il vraiment chercher autre chose dans le vin ? C'est cher parce que c'est simplement très bon. C'est pas parce que c'est cher que ca doit être compliqué, hermétique, réservé "aux élus". Pour certains, un grand vin ne semble pouvoir exister que s'il est (pas chez Philippe, je vous rassure...) synonyme de "souffrance gustative" ou de "démarche intellectuelle". Cela m'a toujours semblé étrange. Mais voilà  un bon thème pour un nouveau sujet...

Amitiés à  tous. Hervé Bizeul
29 Oct 2004 17:23 #42

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Réponse de Olif sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Merci à  Hervé Bizeul d'avoir pris le temps de lire nos (modestes) comptes-rendus et de tempérer nos approches d'amateurs qui se "piquent de professionalisme"!

Pourtant amateurs uniquement nous sommes, et c'est un statut que je revendique, même lorsque je fais part de mes impressions sur LPV, en raison d'une vision et d'une approche un peu décalées par rapport aux exigences d'un pro. Et peut-être aussi d'une certaine candeur m'amenant à  des considérations un peu naà¯ves sur les vertus de la bouse de vache!(aaa)

Par contre, je m'aperçois, en relisant mes notes, que je n'ai guère connu de déception, lors de cette dégustation mémorable, et ce, quelque soit le style des vins. Aucune ne transparaît, il me semble, car il n'y en a véritablement eu aucune! Le saut d'un millésime à  l'autre ne m'a en outre pas dérangé plus que cela, même s'il est vrai que cette question ne m'a pas véritablement interpellé! Pour moi, le millésime présenté était de manière évidente le millésime proposé à  la commercialisation. Et je ne suis même pas sûr que cela ait pu porter préjudice à  tel ou tel vin, cela a plutôt fait ressortir certaines caractéristiques inhérentes à  chaque millésime (fraîcheur et amabilité du millésime 2002, fruité mûr du millésime 2003), multipliant les angles d'approche de la dégustation. De même que le passage du rouge au blanc, et vice et versa, d'une table à  l'autre, n'ayant pas choisi l'option de faire un premier tour de table avec les blancs, suivi d'un deuxième tour avec les rouges.

J'espère pouvoir encore participer à  de nombreuses dégustations de l'accabit de celle-ci! Et rencontrer autant de vignerons aussi disponibles et conviviaux!

Olif
29 Oct 2004 23:51 #43

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

je prends un immense plaisir à  relire les messages de ce forum " LANGUEDOC " et partage l"avis de philippe BARRET au sujet des vins du MAS JULLIEN .....à  CHAMBERY ..nous avons le domaine TROSSET ..la même approche et le même respect du client .. ...pas encore de mondeuse à  50 e la bouteille .....mais aussi de plus en plus difficile de pouvoir acheter plus de 12 btlles ....la crise ce n"est pas encore pour lui ...
30 Oct 2004 01:15 #44

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Monsieur Bizeul,

Personnellement, j'avais adoré votre petite Sibérie 2001(ouverte pour la naissance de votre fille), et nous en avions acheté une bouteille sur place. En dégustant la 2002 lundi dernier, je recherchais plus ou moins les sensations éprouvées il ya 1 an et demi... Elles n'étaient forcément pas là , le millésime étant différent, et le nombre de vins dégustés auparavant non plus (un quarantaine environ...). D'où une certaine déception. C'est vrai que c'était plus un sentiment personnel qu'un jugement objectif... Aurais-je dû l'écrire sur LPV? Vaste question...

J'espère vous rencontrer de nouveau l'été prochain. Rendez-vous sera pris.

Eric
30 Oct 2004 08:23 #45

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Mr Bizeul,

Merci pour votre message dont le dernier paragraphe me comble d'aise, certains comprendront très bien pourquoi... Les longues et acharnées discussions entre les "hédonistes" et les "intellectuels" de la dégustation ont déjà  alimenté de très nombreux débats sur ce forum. Gageons que celles-ci sont encore très loin d'être terminées.

Mais ne vous méprenez pas, les CR que vous avez lu sont bien des CR d'amateurs qui ne se prennent pour rien d'autre que des amateurs, avec toutes les imperfections que cela implique au niveau de la méthode. Vos remarques ont, je pense, été bien entendues et comprises et permettront à  chacun lors d'une prochaine dégustation marathon de choisir un abord peut-être plus logique et systématique.

Cordialement,

Luc
30 Oct 2004 11:33 #46

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Merci Hervé de prendre le temps de jouer le docteur Freud de mes perceptions gustatives... ! J'ai essayé depuis lundi dernier d'analyser mes “blocages” (très relatifs) au sujet de La Petite Sibérie. Je pense que Sigmund Bizeul a vu juste en écrivant que mon cerveau a sans doute pris le pas sur mes papilles. Mais c'est ainsi... Je n'arrive pas à  faire autrement, je l'avoue, mes plaisirs gustatifs et sensoriels sont effectivement parfois un peu cérébraux. Les fantasmes sexuels aussi d'ailleurs... Il est toujours intéressant, pour se "débarasser" du filtre "cervical" de déguster à  l'aveugle, même si cet excercice a aussi ses propres limites, en faisant la part belle aux vins immédiatement démonstratifs et en pénalisant les fins plus fins sans compter que l'ordre de dégustation peut favoriser tel ou tel vin.
Je me porte donc candidat pour "une aveugle" avec la Petite Sibérie et, entre autres, L'Enclos de l'Ane de Sénat, Les Boissières de Chabanon plus deux ou trois Châteauneuf "grenachiens" et autres vins si pertinents. Si Hervé fournit sa bouteille, je veux bien acheter les autres... Toute interprétation vénale de cette dernière phrase est tendancieuse mais néanmoins acceptable !
Merci docteur !

Philippe Barret
30 Oct 2004 19:22 #47

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Réponse de M@nuel sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

C'est cher parce que c'est simplement très bon.

Je suis surpris que certains, ici, n'aient pas réagit à  ces propos.
Je pensais, naà¯vement, qu'il était possible de produire de grands vins à  des prix, disons, .... "raisonnables".

Amitiés,
M@nuel.

Message edité (30-10-2004 23:24)
30 Oct 2004 19:31 #48

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Moi aussi mais c'est tellement naà¯f que je n'osais même pas en parler !
Et pour toi c'est quoi raisonnable ?

Je pense qu'à  20 euros (et même beaucoup moins) on peut produire de grands vins… mais je comprends bien que ceux qui doivent tout acheter parce qu'ils n'ont pas eu de parents vignerons aient des "besoins" !

Sans moyens J.F. Nicq produit de superbes vins vendus à  des prix très différents de ceux des stars du Roussillon…
30 Oct 2004 20:32 #49

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

mais bien sûr que je réagis M@anuel et je m'oppose à  cette sentence, totalement.
Elle me heurte et aiguise mes convictions.
J'avais naguère eu une sacrée prise de bec avec Hervé Bizeul, et si nos rapport se sont détendus, ma conception n'a pas changé d'un iota.
"c'est cher parce que c'est très bon" implique qu'il y aurait une corrélation entre le prix et la qualité, or nous savons tous ici que ce n'est pas vrai. Combien de merdes chères sont parties à  l'évier? Combien de vins abortdables se révèlent excellent et bien plus que certaines cuvées starisées? Nous ne sommes certes pas des professionnels, nous ne sommes que des amateurs, mais nous sommes avant tout des consommateurs et c'est bien nous qui payons. Nous sommes donc les mieux placés pour dire le cas échéant ce type d'assertion.
Quoiqu'il en soit, Hervé, aussi bon qu'un vin puisse être, il ne devrait pas valoir ce prix.
Je préfère et de loin la thèse d'Olivier Jullien qui fait aussi de très bon et qui déclare qu'il ne pourrait pas regarder son miroir si son voisin ne pouvait pas se payer le vin qu'il fait.
C'est cher, parce que vous l'avez décidé ainsi. point Barre. Parce qu'en proposant un tel prix on s'assure d'emblée un éclairage médiatique dont on dispose déjà , et ça aide, et on attire un troupeau de bobos en mal de sensation mais aussi hélas des amateurs sincères qui vont se saigner pour goûter ce breuvage.
J'aime les vins d'Hervé Bizeul, je suis content qu'il intervienne sur ce forum, mais je ne vais pas lui servir des salamalecs parce qu'il daigne écrire sur LPV, surtout des phrases de ce type.
J'espère par contre qu'il n'y aura pas d'amalgame: ce ne sont que mes mots, mes convictions et elles n'engagent que moi.

Jérôme Pérez
30 Oct 2004 21:14 #50

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

"faire ouahhh!" à  ce prix là , on doit le faire dans tous les millésimes.

Jérôme Pérez
30 Oct 2004 21:50 #51

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Que ces tarifs existent est moins critiquable que les justifications avancées.

Aujourd'hui, un tel vin à  ce tarif : que le vigneron le fasse et se taise, je pense qu'il s'agit de la meilleure attitude.

Personnellement, j'ai pris autant de plaisir avec une Simone Descamp 94
( autour de 30 frs) qu'avec une porte du ciel 2000 ( autour de 400 frs) .

La différence : ce n'est pas le même plaisir et la douloureuse est vraiment douloureuse pour un cas.

Alors, j'inverse la vision des choses : pourquoi un vin comme la Simone Descamp n'est pas plus cher, tout simplement car il s'agit d'une politique mis en place par le producteur. La différence est là  et uniquement là , pas dans les vins. Alors qu'Hervé Bizeul essaye de justifier sa politique de prix par rapport à  quelques voisins qui font aussi bon et moins cher et là , on pourra parler du cerveau etc... .

Personnelement, je considère que je n'ai pas à  payer les investissements fait par un producteur qui rendent le prix d'un vin irrationnel. Ce d'autant plus qu'en terme de qualité objective ( profondeur, équilibre, fraîcheur ), au travers d'un prisme à  la fois intellectuel et de plaisir, le vin en question n'est pas supérieur à  bien d'autres.

Jmm
30 Oct 2004 23:59 #52

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

C'est bien j'ai la chance d'être suffisament pauvre pour que l'idée d'acheter une bouteille à  plus de 100 euros (et même 50 euros) ne m'effleure pas une seconde. Je n'ai donc pas à  me torturer l'esprit à  me demander si ce vin les vaut. Pour ne pas être déçu il faut que les 200 euros dépensés pour une bouteille ne se remarque même pas dans le budget.
200 euros c'est environ ce qui me reste à  dépenser une fois que j'ai payé les frais liés à  l'appartement et l'essence (pas de panne sinon c'est la galère) pour la bagnole… avec deux sales gosses…alors acheter ou pas une bouteille à  200 euros ça ne me concerne pas…

Ce qui ne veut pas dire que je ne peux pas boire de bons vins
et me dire que "C'est très bon parce que c'est simplement très bon"

J'espère pouvoir goûter un jour ce vin à  l'aveugle et sans avoir la moindre idée de ce que je bois… pour avoir un avis totalement indépendant du prix.
31 Oct 2004 01:20 #53

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Bon, en ce long samedi pluvieux, j'espère que vous ne m'en voudrez pas de me servir du "cas petite Sibérie" où "Clos des Fées" pour parler de choses plus générales qui, je pense,sont importantes pour le Languedoc-Roussillon.

Cher Philippe, le rendez vous est pris... Je propose de le faire sur 3 millésimes, 2001, 2002 et 2003, qui sera mis en bouteille dans le courant de l'hiver, où simplement sur 2002 si tu le souhaites. Reste à  trouver le lieu. Vers Châteauneuf, ce serait parfait. C'est accessible de chez moi et rapide en TGV depuis Paris. Une condition cependant, on parle "plaisir", "sensation", "ressenti", "émotion" et non "classement" ou "notation". Ce qui n'empêchera personne de dire ce qu'il préfère, ce qu'il adore ou ce qu'il déteste. Y'a t'il des amateurs ?

Cher Eric, désolé, mais c'était (et c'est toujours...) un petit garçon :)). Mais l'émotion était grande, pour moi comme pour vous, si je m'en souviens bien. La petite Sibérie 2001 et la 2002, c'est très différent, effectivement. Mais c'est bien comme cela et en général, on aime soit l'une, soit l'autre. Je ne vous ferai pas le coup du "un grand vin se juge à  table" mais, avec ce vin, je n'ai jamais essayé d'impressionner qui se soit finalement. Qui aurait de toute façon misé sur un Grenache à  ce prix ? Je ne crois pas jamais oser refaire 2001 (je ne sais d'ailleurs pas trop comment j'ai fait ni pourquoi ce vin a été et est toujours si impressionnant) mais 2003 devrait vous plaire. Et puis, à  ce niveau de prix, un vin se juge sur 15 ou 20 ans. Celui-ci a le mérite d'être aussi très bon dès la mise, ce qui est le cas finalement de beaucoup des grands vins qui ont croisés ma route. Nous verrons combien se vendront les petite Sibérie 2001 dans une dizaine d'année et nous verrons qui en a gardé, qui les boit et qui les revend. Et nous relirons nos débats enflammés qui seront bien archivés quelque part sur le Web.

Cher Martinez, la petite Sibérie ne coûte pas beaucoup plus cher à  produirre qu'une bouteille de Clos des Fées. C'est de notoriété publique, même avec de minuscules rendements, une exploitation "adulte" (attention, il faut au moins 20 ans si tout va bien pour y arriver) ne peut produire de vins à  plus de 20 euros H.T. sortie de cave, sauf à  descendre à  moins de 10 hl/ha. La petite Sibérie, c'est autour de 13 000 euros/ha de coût de production, entrée du raisin dans la cave, comme mes autres vignes, ni plus, ni moins. Pour 2 400 bts sur 1,5 ha, environ. Tu rajoutes la vinif, l'élevage, la mise, les matières sèches, les amortissements, les frais financiers et les frais commerciaux. Et tu calcules. Donc, ce n'est pas les "investissements du producteur qui rendent le prix du vin irrrationel". C'est soit le prix du foncier (ce n'est pas notre cas :)) soit, tout simplement, la demande, aujourd'hui mondiale, ce qui n'était réservé, il y a moins de 20 ans, qu'à  quelques grands négociants bordelais ou bourquignons.
J'aime bien la notion de prisme "intellectuel" et de prisme "plaisir". On pourra en parler si on déguste à  Châteauneuf...

Cher Jérôme, nous en avons déjà  parlé, il ne faut pas à  mon avis confondre le "prix" des choses et la "valeur" des choses. Comme me le disait l'un de mes clients, un extincteur, cela vaut que quelques dizaines d'euros. Mais si votre fils prend feu, quelle est sa valeur, alors, pour vous ?
Ceci dit, je vous suis reconnaissant de reconnaître, dans ton exposé, qu'AUCUN vin ne devrait coûter cher. Voilà  qui est plus honnête que certains qui crient au scandale non parce que la petite Sibérie est chère, mais parce c'est un vin du L.R. cher... Nous vivons, heureux ou pas, dans un système capitaliste ou règne la loi de l'offre et de la demande. Pour ceux qui veulent pleurnicher sur les vins chers et sur l'injustice sociale, merci de le faire aussi pour les voitures, les appartements, les vêtements, les chaussures, les restaurants, etc, etc. Moi, une paire de Nike à  150 euros, fabriquée en Chine à  des millions d'exemplaires par des ouvriers exploités, ça me gène un peu plus que les vins chers. Parce que eux, ils n'ont pas le choix. Je n'ai jamais eu beaucoup d'argent dans ma vie, mais, devant une grande bouteille, je me suis toujours dit : "un jour, j'espère avoir la chance de le goûter » ; et non pas : "ce prix n'est pas social, (sous-entendu : parce que je n'ai pas les moyens). Alors, si je ne peux pas y goûter, je préférerais que personne ne le puisse. Donc, il faut supprimer ce vin". On s'arrête là  sur la politique ou la sociologie, ce n'est pas le thème du sujet. Encore que...

Malgré ses faibles ressources, Vincent a lui un comportement de vrai amateur de vin : il espère simplement pouvoir goûter ce vin à  l'aveugle. Non parce qu'il n'a pas (pour l'instant) les moyens de se l'offrir mais parce qu'il souhaite être DETACHà‰ pendant la dégustation. S'il se débrouille bien, cela devrait être assez facile car, finalement, lorsqu'on aime vraiment le vin, il est peu de bouteilles que l'on ne partage pas un jour ou l'autre. Les témoignages abondent sur LPV. Combien en ai -je ouvert pour des amateurs désargentés qui passaient au domaine ? Et puis, la petite Sibérie, c'est 160 euros en primeur. A dix, cela fait 16 euros le verre. Soit un bidon (petit) de super, un CD ou un mauvais croque monsieur à  la terrasse d'un bistrot sur les champs-élysées. Est-ce si hors de portée que cela ?

Je n'ai jamais dit pour autant que la petite Sibérie DEVAIT ou NE DEVAIT PAS valoir un quelconque prix. Comme tout le monde en voulait, je l'ai simplement mise au prix d'un premier cru classé de l'époque (depuis, ils ont bien augmenté...). Le marché a fait le reste. En avais-je le "droit "ou pas comme certains s'évertuent à  me le reprocher ? Je ne me suis pas posé la question longtemps, c'est mon caractère. C'est la demande qui en a fait le prix (sans en changer pour autant la valeur, qui varie selon chaque dégustateur, nous sommes bien d'accord) et qui en fait toujours le prix d'ailleurs, puisque je vais avoir de la peine à  garder des 2002 après avoir épuisé les 2001.
Si fixer un prix élevé pour provoquer la demande sur un vin suffisait, je suis certains que nombres de mes confrères s'engageraient dans cette voie, surtout ceux qui sont en train de mourir sur place faute de rentabilité. Néanmoins, je n'ai nulle honte à  l'avouer : oui, il manquait un vin un peu "luxieux" au Languedoc-Roussillon ; oui, j'ai pris cette place parce que j'avais, en toute honnêteté, dans ma conviction intime de dégustateur, de sommelier, de vigneron et de journaliste, un vin extraordinairement différent. Son prix, il ne le méritait de ni plus ni moins que certains autres vins du monde vendus biens plus chers et toujours produits en bien plus grandes quantités. Oui, ce vin est et restera longtemps polémique. Mais, même si un jour je n'en fait plus (parce que je ne le vendrai plus, tout simplement), je pense que cela aura été bien pour les vins Languedoc-Roussillon qu'un tel vin à  un tel prix existe. Et que ce soit un Grenache. Et que ce soit une parcelle unique et non un vin de marque ou d'assemblage, car je pense que nous avons nous aussi une carte à  jouer en cherchant et en trouvant de grands terroirs à  la géologie ou à  la climatologie unique, comme en Bourgogne. Et que comme en Bourgogne aussi, plus on monte en prix, plus on soit "fin", je te rassure, je prends ça comme un immense compliment, surtout de la part d'un autre vigneron dont j'apprécie les vins et le travail et que dont je regrette de ne pas avoir eu le temps de goûter le vins ce jour là . Car c'est en cela que les amateurs, fortunés ou non, se retrouvent souvent sur cette bouteille : pour louer son raffinement, sa texture, sa finesse, sa complexité et non sa "phénoménale concentration". Les « dark » et les « deap » n'ont pas leur place ici. Et, pour le L.R., je trouve que c'est une chance extraordinaire.

A oui, puisqu'on en parle, on notera que tout cela s'est fait SANS notes de R. Parker. Alors que l'on arrête de dire que sans lui et en dehors de son goût, il est impossible de faire ou de vendre du vin.

En tant que vigneron et chef d'entreprise, j'avoue mais alors sans aucune honte que la petite Sibérie me permet enfin (pourvu que ça dure !), de travailler dans les vignes comme j'en ai toujours rêvé et comme tous les vignerons passionnés en rêvent. Un peu plus de 20 ha, 7 personnes équivalent temps plein, un chenillard + un bon tracteur pour labourer, sans doute l'année prochaine un emjambeur pour traiter, des travaux en vert quand je veux ou presque, la complantation des vieilles vignes en massale, des hautes densités, la sauvegarde des murets, des haies, des vieilles vignes en coteaux, la plantation sur échalas, les petits rendements, la culture sans produits chimiques, tout cela et bien d'autres choses me sont aujourd'hui permises ou envisageables. Ce n'est pas le cas de beaucoup de mes voisins, et j'en suis navré pour eux. Sans parler de la cave, petite mais bien équipée, des barriques neuves, des habillages : pouvoir me permettre cela en à  peine sept ans, en étant parti de rien, voilà  qui me rempli de joie et de fierté. Et c'est cette valeur ajoutée, qui, sans aucun doute, me permettra de progresser encore dans la qualité dans les années à  venir (et non de monter une équipe de polo), et, je l'espère de tenir mon rang dans un monde viticole ou faire de grands vins coûte de plus en plus cher, parce que le niveau est de plus en plus élevé et parce que les dégustateurs sont de plus en plus exigeants. De plus, depuis cette année, ma femme et moi avons pu arrêter nos métiers annexes et nous vivons de notre travail. Pas très bien, mais après sept ans d'horaires hallucinants, de bancos permanents, de paris insensés, d'endettement qui font peur, devrais je en avoir honte ? Non, et j'espère même en vivre mieux dans les années qui viennent, disons au niveau d'un bon cadre supérieur comme il y en a des centaines de milliers en France et qui ne risquent pas de tout perdre chaque année juste parce qu'ils prennent des risques et ne sont pas obligés de se remettrent en question tous les jours. Les vignes ici ne dépassent toujours pas 10 000 euros/hectare et on trouve des pioches sans difficulté : au lieu de critiquer le prix des vins du L.R., certains ferait mieux, comme ma femme et moi, de vivre leur passion jusqu'au bout et de venir faire un peu d'atomiseur à  dos sur les pentes !

Chacun est libre, que je sache, de préférer un Grenache à  5 euros à  la petite Sibérie comme l'a écrit une célèbre journaliste anglaise. à€ chaque vigneron de fixer librement le prix de ses vins. à€ chacun de les acheter ou non. Et loin de moi l'idée ou l'envie de me justifier. J.F. Nicq, dont la prise de risque me bluffe et dont j'admire le courage, a choisi de communiquer sur leur bas prix (c'est bon parce que c'est pas cher ?) et sur le fait que cela lui "suffisait pour vivre" comme je l'ai lu un jour dans la RVF. Comme certains qui se lancent en Roussillon dans le difficile et semé d'embuches métier de vigneron, je lui souhaite de continuer longtemps à  profiter du forfait agricole (pas de charges sociales, pas de TVA, pas d'impôts sur le revenu, pas de comptabilité), de ne pas se casser une jambe, de tout vendre en direct, de ne pas avoir d'impayés, de ne pas avoir une cuvée un peu trop "vivante" qui lui revienne sur les bras, de ne pas rater un millésime et que sa femme ne se lasse pas de ce genre de vie en plein air. Parce que sinon, je crains que son entreprise ne lui survive pas.

Bon, je dérive un peu mais le débat est intéressant. Amitiés à  tous

P.S. : je n'imagine pas un instant, Jérôme, que tu me cires un jour les pompes. Pourquoi donc, d'ailleurs, le ferais tu ? Ton avis est toujours argumenté, contrairement à  certains un peu trop "instinctifs" pour l'ancien journaliste que je suis. Je sais que, au fil du temps, tu en changes parfois et que tu le dis. Que demander de plus à  un amateur de vin ?
P.P.S : sur les millésime 78 et 90, la Tâche m'a fait faire ouahh ! Sur d'autres millésimes, j'ai poussé un autre genre de cris. Tu vois ce que je veux dire ?
31 Oct 2004 14:49 #54

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

On ne peut pas partager votre avis, mais ça a le mérite d'être honnête.

Je ne vois effectivement pas pourquoi vous ne feriez pas ce qu'a fait Thunevin il y a 15 ans en faisant jouer l'offre et la demande (son coût de production était aux environ de 20€)

Comme vous le dites, personne n'est forcé de l'acheter... Mais c'est vrai que l'émotion a un prix. Personne ne s'insurge du prix de vente de Yquem, alors qu'il n'a pas l'excuse de la rareté (environ 100.000 bouteilles par an). Je ne pense pas que son coût de production soit trois ou quatre fois plus élevé que ses voisins... Mais c'est Yquem...

Merci pour ces éclaircissements

Eric
31 Oct 2004 17:38 #55

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

En lisant ce message d'Hervé Bizeul, je me prends à  regretter qu'il n'y ait pas plus de vignerons de ce calibre qui prennent le temps de venir discourir un peu avec nous, tant cet échange me semble passionnant.
Alors que la cuvée Vieilles Vignes et Le Clos des Fées sont présents dans ma cave, je ne peux pas nier que j'ai toujours jusqu'à  présent refusé d'acheter La Petite Sibérie à  cause de son prix. Comme j'ai toujours refusé d'acheter un premier cru classé du Médoc, pour exactement la même raison. Ce n'est pas que je n'en aie pas les moyens, mais j'en ai toujours fait une question de principe. Peut-être changerais-je d'avis quand je l'aurai goûté, ce qui viendra bien un jour. Quand j'ai commencé à  acheter du vin, je culpabilisais déjà  en payant 20 € pour un Angélus 1993. Le plaisir que m'a donné et me donnera encore le 1995 ne m'a jamais fait regretter le fait de l'avoir payé plus du double. Le plaisir que m'a offert La Muntada, pour 20 €, dans un millésime moyen comme 1997 ne m'a pas fait hésiter quand on m'a demandé trois fois ce prix pour le 2000. Après avoir goûté le Clos de Tart 1997 chez DidierT, je n'ai pas hésité longtemps à  payer les 85 ou 90 € qu'on m'en demandait, tant à  nouveau, le plaisir et l'émotion avait été intense. J'en suis là  pour le moment dans ma montée inflationniste, encore assez loin tout de même des 200 €...
J'ai goûté tous les premiers crus du Médoc, malheureusement souvent trop jeunes, et ces expériences ne m'ont toujours pas décidé à  franchir le pas.
Je goûterai donc cette Petite Sibérie, car j'aime les grands vins de grenache, mais il faudra qu'elle soit bigrement bonne parce qu'en terme de grands vins de grenache, je paye mes Rayas moins de 60 €...

Pour le reste, je ne trouve rien à  redire au message d'Hervé Bizeul qui me semble plein de bon sens et qui a le gros avantage de ne pas utiliser la langue de bois. Merci à  lui.

Luc
31 Oct 2004 18:20 #56

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Cher Hervé (et autres potentiellement intéressés par une dégustation à  l'aveugle de divers vins de grenache comprenant La Petite Sibérie)

Sauf imprévu, je dois passer une semaine des vancances scolaires du printemps 2005 à  St Restitut, tout près de Bollène (entre le 30 avril et le 7 mai). Je loue une jolie maison qui peut très bien accueillir cette dégustation avec grand plaisir. Je sais, ça paraît un peu lointain, mais les conditions seront agréables car la maison est dans un assez beau site. Il faudrait faire ça à  midi car je ne pense pas pouvoir loger du monde, la maison n'est pas assez grande...
Qu'en pensez-vous ?
Cordialement.

Philippe Barret
31 Oct 2004 18:20 #57

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Réponse de Olif sur le sujet Le Grenache à  Bollène

Cela pourrait être une idée bigrement tentante, même si les conditions restent à  définir plus précisément. Il y a des jours fériés et/ou des ponts prévisibles à  cette période!

Olif
31 Oct 2004 18:54 #58

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

Merci Hervé de ta franchise et merci aussi d'accepter la nôtre et en particulier la mienne. Je ne t'ai pas épargné, mais la franchise est de mise ici.
Tu l'as bien remarqué, et je l'ai toujours dit: aucun vin ne devrait valoir ce prix. Ce n'est que du vin, ce n'est pas de l'art et il m'est insupportable de voir certaine bouteille se négocier comme telles.
C'est mon point de vue.
Je ne suis quand même pas d'accord avec toi quand tu dis que ton vin subit la loi de l'offre et de la demande, et il me semble bien que dans les cas de celui qui nous intéresse, le prix a été fixé avant la demande et ce n'est sans doute pas étranger à  la forte demande qui a suivi.
Il est sans doute plus facile de vendre du vin rare et cher.

Pour info: j'ai bu une nouvelle fois la cuvée Commandant Jaubert de la Casenove millésime 98 ces jours-ci: prix très correct pour un grand vin. Combien de vins de ce calibre ont été produits en Roussillon? J'ai failli me faire jeter un jour des caves du Roussillon de Collioure parce que j'avais osé dire que j'avais goûté ce vin avec Muntada (c'est combien déjà ?) du même millésime et que j'avais préféré Casenove. (et comment!)
Combien de Roussillon aussi bons que celui de Jérôme Sarda en 2001? Et ce n'est pas le plus cher! Des grands vins existent à  des prix abordables.

Jérôme Pérez
31 Oct 2004 19:53 #59

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Réponse de PhR sur le sujet Re: Le Languedoc / Roussillon à  Paris

C'est curieux comme les bon sens à  géométrie variable se rejoignent parfois lors d'échanges courtois!... (bbb)

Je rejoins Vincent sur sa perception du problème plutôt "premier degré"! Ce n'est absolument pas péjoratif dans mon esprit et j'ose y ajouter la trace d'une notion que l'on oublie peut-être trop souvent : la liberté! La liberté de ne pas accepter de consacrer de telles sommes pour une bouteille!

Certes, me direz-vous, cela cache sans doute une liberté surveillée! Par le manque de moyens financiers, tout simplement.

Mais, j'aime à  l'opposer à  votre liberté, vignerons, de pratiquer de tels tarifs!

Vous pourrez toujours invoquer des tas de raisons, elles ne suffiront jamais à  me convaincre d'espérer croiser la route de ces flacons "hors normes" autrement que lors de dégustations exceptionnelles. Et même si ce n'est pas à  l'aveugle!... Et même si je le pouvais soudain!...

Je me demande quand même si de tels tarifs ne cachent pas (parfois!) un besoin culturel, tout simplement, de s'élever à  la hauteur d'un Opus One, d'un Vega Sicilia, d'un Gaja ou autres...

Cordialement,

PhR
31 Oct 2004 20:10 #60

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