Samedi 12 septembre 2009. Nous devions rendre visite à Pierre Overnoy et Emmanuel Ouillon. Mais les deux compères ont été, en toute logique, dépouillés de leurs fantastiques flacons dans l’année : avec seulement quelques bibs de Chardonnay encore en réserve (alors que je ne rêvais que de les détrousser en Ploussard), nous avons donc choisi de nous retourner vers un autre domaine à la réputation discrète. Sauf pour les connaisseurs : la Tournelle. Autant le dire de suite, on ne l’a pas regretté !
Domaine de la Tournelle, Arbois
Accueillis avec le sourire par Evelyne à 11h15 un samedi matin en pleine vendange sans avoir pris la peine de réserver. Partis pour goûter les blancs, madame nous convaincs de débuter par les rouges. Soit.
Uva Arbosiana 2008 – 6,4 €
Un Poulsard (oui, nous ne sommes pas à Pupillin : ici, on n’inverse pas le ‘’l’’ et le ‘’ou’’ !). Un vrai hyper clair. Hyper léger également. Mis en bouteille depuis peu, sans doute trop peu de temps : nez quasi inexistant ; en bouche, il ne se passe pas grand-chose. Trop léger à mon goût. Décevant. Ca commence mal !
Uva Arbosiana 2005 – Prix NC
Pour nous réconcilier, Evelyne tente le même vin avec 3 années de boutanches supplémentaires. 2005 est une excellente année en Arbois, et le vin a pris une teinte un peu plus foncée. En bouche, on sent plus de densité. Plus de longueur aussi. Pas vraiment séduits, mais pas non plus déçus. A suivre …
Trousseau des Corvées 2007 – 9,2 €
Un Trousseau élevé un an en foudre. Très clair pour un trousseau. C’est pas vrai : elle nous a remis un Poulsard ! On est vite rassuré avec la mise sous nez : un poivré caractéristique du cépage, très agréable. En bouche, la sensation est des plus agréables : comme quand vous machouillez un vieux noyau de pruneau, le faisant tourner dans votre bouche à la recherche du moindre morceau de chair resté accroché à son support. Que tous les puristes qui apprécient les vieux Trousseaux goûtent celui-ci ! Sa jeunesse est sans doute la clé de son succès. Un vrai moment de bonheur.
Pétillant naturel de raisin – 8,9 €
Pour faire la transition avec les blancs, Evelyne nous propose de tester son pétillant naturel. Pourquoi pas ? Un Poulsard qui tire à 10°, mis en bouteille avant la fin de la maturation des grains. Bien frais, on a l’impression de croquer dans un grain de raisin noir. Les bulles sont fines mais pas agressives. Une grande gorgée, même pas mal ! Bref, une jolie découverte que l’on s’imagine partager entre amis en pique nique. Et même que je pourrais sortir cette bouteille en dessert, moi qui n’aime pourtant plus les bulles à cet instant du repas …
Terre des Gryphées 2005 – 8,9 €
On attaque les Chardonnay, et ce que nous avons goûté jusqu’à maintenant nous poussent à croire que l’on ne sera pas déçu. On attaque avec cette Terre des Gryphées, chardonnay ouillé vieilli 2 ans en fût, dans un millésime d’exception. Le beurre attaque les narines avec force mais beaucoup de délicatesse. Très agréable. En bouche, le gras de beurre est là, sur l’amande. J’adore ! Rapport qualité/prix hallucinant. Vivement la suite …
Les Corvées sous Curon 2004 – 11,3 €
Même vinification que les Gryphées. On s’attend donc à du très grand. Mais au nez, on ne retrouve plus ces effluves de beurre qui nous avaient enchantées. L’impression se confirme en bouche : le vin contient plus d’acidité, moins de longueur. Mince, on est déçu : serait-ce l’année ? Ou simplement nos palais qui apprécient moins, tout simplement …
Fleur de savagnin 2007 – 12,4 €
Un traminer 100% ouillé. Autant j’adore les Chardonnay ouillés, autant je suis moins adepte des savagnin. Même si celui-ci possède indéniablement du potentiel, je lui trouve encore trop d’acidité. Mais encore une fois, mon jugement ne vaut pas grand-chose, et je serais curieux de connaître l’avis d’un adepte de ce type de vin.
Savagnin sous voile 2005 – 14,2 €
Vieilli 3 ans et demi en fût sans ouillage, sous voile. Bref, un demi vin jaune ! La prune saute au nez : c’est du marc ou quoi ?!? Mais en bouche, le contraste est saisissant : une douceur sublime, une amplitude et une longueur extraordinaire. La noix est là. Quelle maîtrise du cépage ! Absolument divin …
Jaune 2001 – 30 €
Dans la lignée du Savagnin. Très clair pour un jaune. Le nez est d’avantage sur les épices que sur la noix. En bouche, tout est une question de souplesse. On est loin de l’image des jaunes du Jura qui vous explose et vous ruine une bouche durant 2h. Ici, c’est doux, c’est maîtrisé, ce qui n’empêche pas le vin de conserver une longueur interminable. Un pure régal.
Macvin du Jura – 14 €
Clair, à l’image de la gamme des vins du domaine : une robe jaune paille qui fait d’avantage penser à un bourgogne qu’à un ratafia. Au nez, on sent que le vin ne sera pas ultra alcoolisé. Il faut dire que Evelyne et Pascal se bornent à laisser vieillir leur marc un peu plus longtemps que la normale (3 ans, lorsque beaucoup n’attendent pas 1 an et demi). C’est confirmé par la mise en bouche : un manque de puissance certain, mais qui s’explique par une volonté de laisser s’exprimer les arômes. Les fruits secs, et le raisin en particulier. C’est divin, et celà nous fini de nous séduire définitivement.
Non testé : le poulsard de Monteiller, le Solstice (savagnin surmûri), le crémant et le vin de paille.
Près de 2 heures de dégustation plus tard, et de très agréables échanges avec Evelyne, parfaite dans son rôle (qui n’en joue pas d’ailleurs), nous repartons du domaine conquis. Tout nous a plu ici : l’ambiance de cette petite maison vigneronne au décor de salle de classe des années 70 ; l’accueil d’Evelyne, et les riches discussions que nous avons partagées ; et les vins bien sûr, qui reflètent parfaitement l’image du domaine : une volonté de rester discret, une rondeur et une douceur qui caractérisent chaque vin, et, j’allais oublié de le préciser, une culture de la vigne en biodynamie qui continue de me séduire de plus en plus. Bref, nous avons passé un excellent moment que nous avons prolongé au Grapiot à Pupillin : un autre grand moment !!!