Mes copains sont tous en cabane, ou à l’armée ou à l’usine...
Je suis un groupe de dégust à moi tout seul.
Invité à un déjeuner sur le thème de la Bourgogne par l’équipe de Great Domaines, rendez-vous est pris au Marble, nous sommes cinq: Derek et Simon qui ont répondu à l’appel de Saul: de passage à Johannesburg, leur client a lancé l’idée de cette dégustation. Malcom complète l’équipe pour cette première session LPV SAF. A l’exception de mon blanc, les vins seront bus étiquettes découvertes.
Champagne Pol Roger - Winston Churchill 1999:
Robe pâle sans trace d’évolution, nez sur la pomme avec une touche florale et des arômes torréfiés/grillés. La bulle est fine et la bouche est magnifique: punchy en attaque, elle est toute en élégance marquée par la droiture. La longueur donne une sensation de verticalité.
EXC
Nous n’avons pas encore passé commande et le champagne est terminé, je propose de goûter le vin suivant à l’aveugle:
Robe jaune dorée, nez sur des notes beurrées masquant un peu trop les fruits (jaunes), la bouche est ronde et ample un poil déséquilibrée par un léger manque de tension mais le vin présente quand même une belle longueur. Mes hôtes partent tous à Meursault et leurs aprioris sur le Mâconnais sont battus en brèche.
Mâcon-Pierreclos, Chavigne 2008 Guffens-Heynen B-
L’entrée arrive et sera accompagnée d’un
Chablis Grand Cru Bougros- Côte Bouguerots 2000 William Fèvre
La robe est assez peu évoluée alors que le nez commencé à l’être les notes citronnées laisse de la place à des odeurs de cire agréables. La bouche est surprenante : là où j’attendais des notes miellées, c’est surtout du gras qui se développe, je ne suis pas tout à fait convaincu par l’équilibre mais les huîtres lui ont sans doute fait tort.
AB+
Les choses sérieuses commencent en même temps que la sensation de ne pas être tout à fait à ma place, je propose de passer à mon rouge car il n’aura sans doute pas sa chance de s’en sortir plus tard.
Derek rétorque qu’avec trois rouges pour faire suite au trois blancs, il n’y a pas lieu de tout ouvrir: quand la raison parle, c’est difficile lui donner tort.
Les trois vins suivants seront donc bus en parallèle sans prise de notes, c’est par comparaison que mes souvenirs fonctionnent, trêve de suspens, les trois bouteilles sont
exceptionnelles:
Charmes-Chambertin 1999 Armand Rousseau: le plus “accessible” des trois avec un nez explosant de fruits rouges.
Musigny Vieilles Vignes 2000 De Vogüé: le plus élégant jouant une partition à la limite de l’austérité. Il en dévoile de plus en plus à mesure qu’il s’ouvre mais je reste sur l’impression qu’il n’a pas encore atteint tout son potentiel.
Bonnes Mares 2000 de Dujac: plus sauvage que ces partenaires, un très grand pinot à maturité, un toucher de bouche plus soyeux et un petit coup de griffe grâce un coté plus terrien que les deux autres: moins jeune premier que le Rousseau, moins aristocrate que le Vogüé mais le plus beau des (t)rois.
Difficile de comparer les trois, le dernier en bouche étant toujours le meilleur, c’est le Bonnes Mares que j’ai préféré mais si je devais recroiser leur chemin, je pense que les deux autres m’intéresseraient plus.
L’heure d’être raisonnable étant passée depuis quelques temps, nous avons ouvert
Mugnier - Chambolle Musigny 1er cru Les Amoureuses 2006 qui ne m’a pas laissé de souvenir
j’en déduis donc qu’il jouait dans la même cour que les précédents parce que le
Gevrey-Chambertin 2005 de Dugat m’a fait noté succinctement pendant ma pause digestive: dur et court,
B. Ça ne lui rend sans doute pas justice mais par cette brève note il passe à la postérité.
Très rarement affaire à de tels vins, encore moins à une telle série... rendez-vous est pris au Cap pour prendre une mauvaise habitude lors de la deuxième session de LPV SAF.