Pour l’anniversaire de mon père, je recevais à la maison. Pour fêter cela dignement je lui avais promis de sortir quelques vins sympas, du moins sur le papier. Etant donné qu'il est grand amateur et consommateur de vins de Bourgogne, je ne lui en propose pas. Le but étant de partager des vins qu'il boit moins souvent chez lui.
Pour accompagner l’apéritif :
Vignoble des Agaises, Ruffus, Grande cuvée Franco Dragone 2014
Il s’agit la cuvée haut de gamme du domaine belge.
Robe dorée, profonde.
Le nez est assez mutique à l’ouverture. A l’aération, il va s’améliorer pour proposer quelques notes de fruits blancs mûrs et une pointe minérale.
En bouche, la bulle est fine, agréable, la matière est belle, mûre et bien équilibrée par une jolie finale portée par l’amertume. Cependant, le tout manque cruellement de complexité et de longueur pour le prix demandé. Bref, une petite déception.
Pour accompagner un Foie gras du Périgord, chutney de mangue, confiture de mangue ananas :
Domaine Stéphane Ogier, Condrieu "La Combe de Malleval" 2016
Ouvert 6 heures à l’avance, aéré 2h et carafé avant service.
La robe est dorée. Le nez n’est pas dans le démonstratif ou l’exubérance. Nous sommes face à de l’abricot, un peu de mangue et des épices.
La bouche est dans la finesse. Le bois est presque totalement intégré. L’équilibre en bouche est top. La rondeur de l’attaque étant bien contrebalancée par une belle fraîcheur. L’aromatique est portée par de jolies notes florales, d’abricot, de mangue, de vanille. Le tout est d’une longueur assez remarquable. Un Condrieu qui en a encore sous la pédale.
Le plat principal était composé d’une pièce de bœuf simmental saisie et rôtie, ratatouille de légumes du sud et pommes de terre confite à l’ail rose et romarin. Pour l’accompagner, 2 vins :
Château Ducru Beaucaillou, Saint Julien, 1994 :
Ouvert et épaulé le midi pour le soir.
La robe est brique, légèrement sombre. Le nez est complexe, sur les fruits noirs, les fruits rouges, la boite à cigare, un côté jus de viande et une pointe de poivron rouge. Un nez classique du médoc, mais diablement agréable. En bouche, à l’ouverture, l’aromatique est assez simple et portée par une matière un peu légère, mais encore tannique. Au moment du service, le vin est transformé. Il reste très élégant, aristocrate, mais développe une belle complexité aromatique, et surtout une longueur plus qu’appréciable. Le plus étonnant est que le vin semble de demi-corps, mais il accompagnera à merveille le bœuf et surtout la ratatouille de légumes qui était relevée. Une sorte de paquebot imperturbable. Un vin qui aura fait l’unanimité et qui en a encore sous la pédale. Pour une première rencontre avec le château, sur un millésime moyen, je suis conquis.
Le Saint Julien ayant été bu plus rapidement que prévu… j’ai sorti un joueur du banc pour monter sur le terrain.
Domaine Levet, cuvée Améthyste, Côte Rôtie, 2011.
Bon, le but était de changer un peu de registre. Cette belle syrah du nord, fera tout à fait le boulot.
Etant donné qu’elle est déjà très expressive à l’ouverture, elle ne subira qu’un léger carafage avant service. La robe est rubis, limite violacée. Le nez s’ouvre sur des notes florales (rose), de fruits noirs, une légère pointe de fruits jaunes et des épices. Un nez complexe, fin et charmeur à la fois. La bouche n’est pas en reste. Elle est juteuse, aromatique, longue et offrant beaucoup de plaisir. Les tanins sont fondus. Un vin à parfaite maturité. Une première sur ce domaine et cette cuvée. Certainement pas une dernière tant le plaisir fut présent.
Pour terminer, sur un gâteau glacé composé de sorbets framboise et mangue passion, j’ai voulu tenter le pari allemand en servant :
Markus Molitor, Wehlener Klosterberg Spätlese (demi-sec), riesling 2014.
N’étant pas encore un grand connaisseur des vins de Moselle, je pensais retrouver un vin sur une belle fraîcheur minérale, le citron vert, le kumquat. Ce ne fut pas vraiment le cas.
Le nez, très pétrolant et sur les fruits jaunes ressemble beaucoup à ce que l’on peut trouver en Alsace sur un riesling en VT. La bouche, bien que plus aérienne qu’un alsacien, ne propose pas l’exubérance sur les agrumes que j’avais goûté sur d’autres cuvées de la région. Le vin est digeste, d’une belle longueur, mais l’accord avec le dessert ne match pas tout à fait. Il est meilleur pour lui-même.